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Critiques de Pierrine Poget (8)
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Warda s'en va - Carnets du Caire

Le Caire en apothéose !

Intime, intrinsèque, mouvements et retenues, « Warda s'en va  Carnets du Caire », spirales et lignes achevées, couleurs et sentiments, la belle oeuvre au réenchantement de sa vie. Le Caire est exactitude, fierté voyageuse, les fantasmes à fleur de peau, quasi exacerbés, Pierrine Poget rassemble l'épars, croisements d'images, mouvances. L'ubiquité s'efface, creuse les sillons, persiste le pas de côté, la quête de l'interdit. Attiser les braises des risques.

Le Caire, mégapole égyptienne, ville sensorielle et imprévisible, voiles et regards affrontés, la fébrile surprise du dépassement de soi. Croire l'autre, étrange (er), puiser les mystères, les doutes, les périlleuses rencontres hasardeuses. Les ruelles et marchés, fourmilière en furie, Pierrine Poget pénètre le labyrinthe . Qu'importe les peurs et les pertes de repères dans une ville installée dans ses preuves et habitus.

« Je suis jalouse d'une autre mémoire qui tient à l'écart le Caire que j'ai aimé sentir et redouter. »

Kaléidoscope et sable chaud, épices sur la peau, les agressions des méconnaissances des gestuelles, affronter le méconnu. Combler ce corps en recherche, la vulnérabilité est un écran sur ses regards qui naviguent au loin.

Écrire l'instant, le retour et l'après. Carnets mirages, le désert interpelle et acclame cette venue tellement empreinte de ferveur et d'apprentissage.

« Il m'a dit que, pour aujourd'hui, il m'appellerait Warda. -C'est beau, Warda. C'est la rose. »

Mémoires encensées, entrelacs et macrocosme, le séjour est l'expérience obsédante, tenace et imprévisible. « Le temps baigne mon séjour de courants divers, et mes souvenirs du Caire, rejoignent peu à peu le présent partagé de toute ma mémoire. »

Carnets salvateurs dédiés à d'aucuns qui sauront transmuer ce qui s'échappe ou s'apprivoise en connivence.  Journal, manuscrit, les pyramides assignent les destinataires comme des missives myriades, fédératrices et siamoises du moindre mot.

« Je vous cherchais dans le Caire immense. »

L'idiosyncrasie d'un pays, proie noire et vive, « espérant rencontrer des vivants parmi les morts, mais qui n'en trouvera pas, parce que les vivants ont été emprisonnés. »

Le Nil est une chevelure, l'encre et les mains de Pierrine Poget. Pour avoir un jour certain foulé cette terre fabuleuse, chargée d'histoire et d'évènementiel, « Warda s'en va Carnet du Caire » est un miracle-né, précieux, confident, féminin, et bien au-delà l'électrochoc d'une renaissance mutante jusqu'au lecteur ici présent.

« C'est ainsi que je voudrais voir les erreurs cairotes, les maladresses commises et les choses que je n'ai pas osé entreprendre. »

Ce livre clé, journal des intériorités, est un parchemin qui accroche ses bras autour de votre cou. Triptyque fabuleux, croisements, plan qui se retourne dans les contre-sens des errances et des points d'appui, l'épistolaire spéculatif, souverain et apprenant, le Caire, métaphore, stupéfiante et magnifiquement lucide. En lice pour le prix Hors Concours des éditions indépendantes. Publié par les majeures Éditions La Baconnière.

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Warda s'en va - Carnets du Caire

Impressions, sensations, peurs, du Caire par leur disparition. Carnet de voyage, Warda s'en va l'est surtout comme témoignage d'un retour, histoire d'une traversée du miroir, récit de l'incompréhension de l'ailleurs. Derrière la certitude de ne rien comprendre, de n'être pas à sa place, Pierrinne Poget livre, comme à travers un trou de serrure, une vision d'une ville, de son inquiétude politique, de ce que fait d'être une touriste étrangère, autrice ignorante mais surtout ce que peut la mise en fiction, en poème, du vécu.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Warda s'en va - Carnets du Caire

Le Caire en trois étapes : le temps du voyage, sa remémoration et le retour sur place quelques années plus tard. Aujourd’hui, la femme s’appelle Warda, c’est le nom qu’on lui donne ; c’est beau Warda, c’est la rose. Un carnet de voyage dans lequel elle note petites et grandes impressions au jour le jour. Il y a les rencontres, les errances, les découvertes, le réel et l’imaginaire qui se mêlent. Le dépaysement et le plaisir secret d’être ailleurs et d’oser être là. La crainte aussi, d’une femme étrangère dans un pays arabe. Ce qui peut arriver et ce qui est fantasmé.

Et puis, il y a les sentiments traduits par des sons, des couleurs, des odeurs, des formes. Ce qui est beau et laid, ce qui dérange ou attire. Que serait un voyage sans retour se demande la narratrice, ne plus bouger de cette chambre et renoncer à la Suisse natale ?

Premier texte en prose illustré de quelques jolis poèmes, Warda s’en va est un texte court qui se lit par petits bouts comme on picore des miettes de pain. Les mots décrivent parfaitement bien la solitude de la femme dans une ville aussi étrange que Le Caire, dans ce pays fascinant qui ne cesse de charmer tout en permettant la violence et le retour des croyances limitantes.

Je connais cette ville, j’ai pu suivre Pierrine Poget et m’identifier à elle. J’ai tenu des carnets de voyage, moi aussi, jour après jour. C’est un petit travail indispensable pour ne pas oublier les instants magiques qui filent et les étrangetés des rencontres. Mais n’est-ce pas trop intime pour être lu par une autre voyageuse ? Voilà la réflexion que je me fais en fermant ce petit carnet, je n’ai pas été portée ni enivrée par ce voyage au Caire, même si j’accorde à l’auteure une belle capacité d’écriture. Je crois qu’il y a du sacré dans les mots mais je n’y ai pas eu accès.

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Warda s'en va - Carnets du Caire

La Genevoise Pierrine Poget reprend ses carnets rédigés lors d'un voyage au Caire il y a quelques années et essaie de comprendre son désir pour cette ville, sa confusion aussi. À l'aide de la littérature, celle de Jorge Luis Borgès, Primo Levi et quelques autres, c'est un voyage dans le temps et l'histoire qu'elle nous propose, une quête de soi, de l'autre, du mot, de la sensation : "Ecrire en avril sur un printemps révolu qui semble pourtant revenir." Un voyage poétique.
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Inachevée, vivante

Un très beau texte, avec un titre si poétique et énigmatique, comme le texte. Une magnifique couverture avec cette lune troublée, découpée...

Avec de belles phrases, images, mots, l'auteure nous parle de la vie des femmes, des filles, petites filles. Elle nous parle si bien des maux avec de belles phrases face à des tableaux de Jean-Baptiste Camille Corot, Édouard Vuillard, Berthe Morisot et Heidi Bucher, qui l'ont aidé à se reconstruire, à comprendre, à oublier, à assimiler, à pardonner. Il y a des pages magnifiques (comme le récit de cette mère et sa jeune enfant, qui n'a pas encore les mots). Des mots pour décrire des tableaux, des petits moments dans la nature, des petits riens qui font la vie... Bouleversant aussi, car elle nous parle de violence, d'abus.. C'est un roman-poème du devenir «femme, mère, écrivain».

Un texte qui se déguste, il faut se laisser porter par ces mots, images, sensations pour comprendre, assimiler, se reconnaître. Quand la poésie permet de se reconstruire, de se sauver, de parler des maux, de résilience.

Merci Babelio, les éditions LA BACONNIERE et cette masse critique de m'avoir fait découvrir une voix et vais continuer à lire les mots de cette poétesse.







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Inachevée, vivante

« Nous n'aurons que des années, plusieurs fois quatre saisons. »



« Inachevée, vivante » , un havre où chaque degré est une aube nouvelle. Étreindre l'écriture, et laissez venir les mots qui écartent les branches cassées.

L'heure spéculative, irradiante, où la narratrice, inachevée, vivante, défie les vents contraires.

Cherche le point fixe et bouscule, l'infinie douleur. L'emprise dans son paroxysme et un viol, où son non, n'était que silence.

« Où l'on ne me brûle plus le ventre avec une cigarette. » « Je crois aujourd'hui que le féminin est l'autre nom d'une intimité avec le vivant. » « Cependant, les jours resplendissent d'une vie sans traduction. »

La hantise des fissures, les miscellanées à l'instar de ce qui maintient près du recommencement, autrement.

Attentive à sa descendance intime. Les vérités cachées qui vont éclore dans une éblouissante virtuosité.

« Changer de forme, de nom, traverser les saisons et accomplir mon cycle. »

Elle revient à Briance, territoire de femme. La rencontre salvatrice avec le vivant. L'immobilité d'un instant de connivence. L'osmose avec la sève initiatique.

Étreindre l'enfant. Relire les gestuelles. La maternité comme les pieds dans une rivière glacée. Les rémanences et les doutes, et le petit coeur qui bat contre le sien. 

« Calme et pleine de lait, l'enfant porte sans bruit sa couronne. » « Parfois, j'écoute sa plainte, ce grelot, ses pleurs enroulés, ouvre la porte, frôle les cheveux. Je donnerais ma vie. » « Je ne suis par prête pour la grande suite, le retour au temps ordinaire. »

la langue approuve, émancipe l'attendu. La révélation au jour présent en prenant soin de laisser cet autrement advenir. La part de liberté absolue, l'hédonisme envers soi-même, enfin. Comme un pardon sans distance et apprivoisé.

Tableau de la vie, la déambulation qui fige son regard. Les traits d'une peinture signifiante.

Ici, tout est réminiscence, ferveur et destinée.

« Je me suis absentée au plus profond de mon corps. »

Ce récit est un edelweiss à flanc de rocher. L'intimité d'une trame-cime. On retient son souffle sous la beauté qui carillonne. Le temps est l'émancipation.

« J'aime le génie de leurs constructions. J'entends sur la mer leurs cloches cristallines.

- Sonnailles. Dit la plus petite. »

Ses filles comme des cerceaux de lumière sur le bout de ses doigts. La caresse lande et vague, le sommet de l'amour indestructible, sans zébrure, ni sommeil.

« Quand elles reviennent, je ne sais pas reprendre ma place que j'ai peur d'avoir perdue, comment refaire l'ourlet sur ces heures invisibles ? »

« Inachevée, vivante » un sentiment de grandeur.

Fascinant, ardent, un livre salutaire.

Pierrine Poget est digne d'un génie évident. Elle a publié des recueils de poésie dont « Fondations » qui a reçu le prix de poésie  C.F. Ramuz. N'oublions pas le fabuleux « Warda s'en va. Carnets du Caire », inestimable et lumineux.

« Inachevée, vivante » est la consécration.

Publié par les majeures Éditions La Baconnière.



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Inachevée, vivante

Ce livre est bouleversant dès les premières pages. Il est si percutant qu'il est difficile d'en sortir indemne.

La violence et la résilience de cette femme sont d'une beauté incroyable.

L'écriture est belle et simple. Les mots d'une telle justesse

Merci à masse critique d'avoir pu me faire accéder à ce livre.
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Inachevée, vivante

Comment ne pas succomber à la beauté de cette couverture bleue où la lune découpée en tranches, sombre et nacrée, revêt une aura mystérieuse ?

Mystérieux, je ne suis pas sûre que le terme convienne à ce récit dur et tranchant mais aussi profondément puissant et fascinant. Car dès les premiers mots, la première page, la douleur m’étreint, mon cœur se sert et j’ai mal.

La rencontre, hypnotique et paralysante, celle qui empêche, même de dire non ; alors le silence. Après la violence, puis l’emprise. Première tranche de lune, de vie, de mort ; nouvelle lune.

La reconstruction, à la luminosité imparfaite, jalonnée de tristesse et de culpabilité, zébrée par les cicatrices que l’autrice nomme “griffure”, succède à quelques années d'errance.

La (re)naissance, la vie de mère construite à mesure de l’enfant, son rapport à l’art comme source de compréhension d’elle-même, la femme en elle.



Difficile de mettre des mots sur cette lecture. L’envie de lire à voix haute à plusieurs reprises avec le sentiment de lui donner ainsi plus de place, une nouvelle voix. Une lecture en apnée dans les profondeurs du texte. L’incertitude d’avoir compris toutes les dimensions, des fêlures à la joie.



Cet ouvrage est sorti le 2 février aux éditions La Baconnière.

Merci à babelio et aux éditions La Baconnière pour l’envoi dans le cadre de la Masse Critique Babelio

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