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Critiques de Raluca Antonescu (24)
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Inflorescence

Gouffre du diable, Jura, 1911. Une femme implore le ciel ou l’enfer de la débarrasser de l’enfant qu’elle porte.

Jura, 1923. Rejetée par son père qui l’accuse d’avoir tué sa mère, Aloïse grandit en marge de la famille, enfant sauvage qui se nourrit de baies et pose des pièges dans la forêt.

Île-de-France, 1967. Amalia emménage dans un nouveau lotissement. Après avoir grandi dans une ferme, au milieu des bêtes et des odeurs, elle touche enfin le bonheur du doigt, dans un environnement aseptisé, une nature domptée.

Genève, 2007. Vivian vient de perdre sa mère. Son deuil est douloureux, elle se sent vidée, anesthésiée. Désormais seule, il ne lui reste plus que son beau-père qui l’invite fréquemment dans le jardin ouvrier qu’il cultive avec amour.

Patagonie, 2007. Catherine plante des arbres. Une entreprise de reforestation, comme un combat contre des moulins à vent, tandis que les exploitants forestiers continuent de scier, d’abattre, de brûler des arbres.



Quatre femmes liées entre elles par les liens du sang, ou plutôt les liens de la sève qui coule dans leurs veines. Quatre femmes issues de la même tige et qui ont forcé le destin pour s’épanouir. Quatre femmes avec leurs démons, leurs blessures, leurs rapports à la nature. Celle-ci est d’ailleurs le cinquième personnage de l’histoire. Du rapport primaire, presque bestial d’Aloïse avec la terre, les plantes, les animaux aux tentatives d’Amalia pour la contrôler, la domestiquer, la nature est omniprésente, mère nourricière, respectée ou bafouée.

Comme un fil rouge, le gouffre du diable est le symbole de ce que l’homme fait subir à son environnement. Qu’on y enfouisse des cadavres d’animaux ou les obus de la grande guerre, on croit qu’il garde les péchés et les secrets au plus profond de la terre mais le mal s’infiltre, polluant les eaux, faisant remonter à la surface les crimes du passé…

Roman choral, subtil et tendre, Inflorescence est le roman d’une lignée qui se fait par la sève, la preuve d’un atavisme de la terre qui transcende les générations, affleure plus ou moins selon les personnalités, mais ne s’éteint jamais. Un beau livre féminin et terrien.

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Inflorescence

"Quelque chose qui se nourrissait de tant d'éléments disparates, qu'elle ne put les démêler tous distinctement. Elle pensa à une inflorescence, un petit élément indissociable d'un tout, et nécessaire à l'enchevêtrement de l'ensemble. (p107)"



Une inflorescence : on nomme ainsi la tige d'une plante qui comporte plusieurs fleurs. Et ici il s'agit de quatre femmes sur un même axe, celui de la recherche de soi à travers la recherche d'un équilibre, comme au bord de ce gouffre dans le Jura dans lequel on jette au fil des années, tout ce qui gêne, pollue ou embarrasse et dont on ne sait pas quoi faire.



"Comme si le gouffre, enfin, se repliait sur lui-même, emportant encore plus profondément dans sa panse malsaine les erreurs du passé. Alors les eux se détournent, soulagés, débarrassés d'une honte si ancienne qu'elle ne les concerne plus. (p248)"



Quatre femmes, quatre parcours avec en filigrane les plantes, les arbres et plus généralement la nature, sur plus d'un siècle, qu'elles la célèbrent, la domestiquent ou l'ignore, leurs gênes portent en elles des traces, parfois indélébiles, les faisant disparaître ou ressurgir, de façon subtile ou brutale, des résurgences du passé qui surgissent telles des révélations.



Quatre histoires de femmes du Jura, de Seine-et-Marne, de Suisse ou de Patagonie, des époques différentes, de 1911 à 2008,  très différentes et pourtant...



"-C'est qui Eveline ? demanda Catherine

-Eveline est d'une beauté exubérante. D'un pourpre sombre, elle est veinée de bleu clair et rehaussée de pistils orange. C'est une fleur avec beaucoup de contraste. Elle est aussi très grande avec des sépales ondulés et veloutés.

-Je croyais que tu parlais d'une vraie personne, fit Catherine

-Mais c'est le cas. (p209)"



L'une Aloïse, la plus ancienne, est une enfant sauvage, abandonnée par son père car rappel permanent du décès de la mère, puis Amalia apparaît, elle vit dans un pavillon, dans les années 60, dans un lotissement où tout est aseptisé, prévu, réglé, organisé. Catherine et Vivian, elles, sont des femmes de 2007, la première vit en Patagonie, reforestant les territoires, une sorte de hippie qui espère le retour de son amour disparu et la dernière réside à Genève, reçoit un salaire pour "ne rien faire", vient de rompre avec son petit ami, d'enterrer sa mère et aide son beau-père à vider la maison familiale.



Chacune porte en elle ou sur elle des zones d'ombre, une blessure physique ou morale, un mal-être parfois dont elles n'ont pas toujours conscience ou n'en connaissent pas toujours les origines ou les raisons.



Avec de courts chapitres, l'auteure nous entraîne entre les différents parcours de ces femmes pour nous dévoiler ce qui les relie, de façon subtile, mesurée, tissant les vies de chacune sur une trame où la nature est omniprésente,  que ce soit par les liens du sang mais aussi par des liens insoupçonnés, immatériels. Chacune d'elle trouvera sa manière de perpétuer ou de s'opposer pour se créer son propre univers mais où certaines absences ou blessures referont surface et devront être apaisées.



C'est un roman surprenant dans sa construction : il faut accepter de ne pas tout comprendre dans un premier temps, mais se laisser porter par ces quatre histoires de femmes, si différentes, très identifiables mais aussi par l'écriture, fluide tout en gardant une sorte de mystère, à la manière de ce gouffre sombre, objet de toutes les dissimulations humaines, animales et militaires, mais également le gouffre des secrets, des confidences, des rencontres.



Raluca Antonescu nous conte une histoire de lignée où chacune se défend, s'affirme ou est sauvée par une autre femme, des portraits où la transmission peut se faire par le sang mais également par la sensibilité et par l'invisible, où chacune accepte son sort ou le transforme au gré de ce qu'elle souhaite ou sait de son passé pour envisages pour son futur.



La nature imprègne la vie de ces femmes, d'une manière sauvage ou domestiquée, vénérée ou bafouée, aimée ou rejetée, mais telle la nature, les résurgences peuvent apparaître tardivement, qu'elles soient liées à la pollution, à l'insouciance des générations précédentes ou les non-dits, car la terre conserve les traces et attend son heure pour faire ressurgir les empreintes des générations passées. 



J'aurai peut-être aimé qu'il soit donné plus de temps aux personnages dans les chapitres qui alternent afin de mieux m'imprégner de chacune, de leurs caractères et j'étais un peu frustrée par la rapidité de passage de l'une à l'autre au début. Puis je me suis habituée à ce rythme, à commencer à voir les liens qui pouvaient les unir ou les éloigner, même si certaines ellipses m'ont laissée sans réponses, pas forcément nécessaires finalement, car là n'était pas l'essentiel qui est ailleurs : sur ce que le passé sème de façon consciente ou non, visible ou non, dans le terreau du passé et la manière dont chacune fera fleurir les graines dans celui-ci.



Une lecture douce et délicate dont les ramifications humaines et environnementales s'infiltrent progressivement pour se lier dans le destin de  quatre femmes.



J'ai aimé.
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Inflorescence

Quatre générations de femmes et leurs relations au jardin, aux plantes, aux arbres sont au cœur de ce roman . Nature  en danger, moyen de se reconstruire ou volonté de tout cadrer (dans ces lotissements  Levitt que j'ai découverts ici), chacune des héroïnes, à sa façon, entretient des liens  avec la nature, liens qui les révèlent plus peut être qu'elles ne le souhaiteraient.

De 1911 à nos jours, c'est aussi le corps des femmes qui  est en question , ainsi que la relation matrilinéaire, réelle ou symbolique.

Fil rouge de ce roman , l'histoire réelle du gouffre du Diable permet de mesurer l'ampleur des dégâts causés à l'environnement au fil du temps.

Raluca Antonescu , par son écriture fine et précise, parvient à créer des atmosphères différentes au fil des chapitres et des personnages qui sont évoqués, tout en maintenant une vraie tension  narrative.

On dévore ce livre, on le piquète de marque-pages et on en sort revigoré comme après une balade  à la campagne.





Et zou, sur l'étagère des indispensables.
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Inflorescence

Trois époques, et quatre ou cinq personnages féminins entrelacent leurs histoires dès le début du roman. Dans le Jura, en 1923, Aloïse, petite fille rejetée par son père trouve refuge dans la forêt auprès des animaux, et quelque réconfort près de sa grande sœur. En Patagonie, en 2007, une femme reboise les collines dévastées par les incendies. En Île-de-France, en 1967, une femme s’installe dans un lotissement aseptisé, où elle peut donner libre cours à sa phobie des insectes et des plantes. À Genève, en 2007, une autre jeune femme tente de se remettre de la mort de sa mère.

Sans vouloir en dévoiler trop, disons que chacune d’entre elle est à une période charnière de son existence, où elle va pouvoir ou devoir faire des choix, tourner une page, ou se reconstruire. Tout tourne aussi autour des plantes, arbres ou simples herbes, et de leur rôle dans la vie de chacune d’entre elle. Il y a aussi un gouffre jurassien et son histoire, la Patagonie, la création de jardins…



On se doute vite que des liens vont unir ces personnages, tout en mettant du temps à les identifier. Le roman prend un tour plus passionnant à partir du moment où des concordances se créent entre les différentes époques et les différentes personnes. L’écriture charnelle, privilégiant les sensations et les sentiments, s’accorde bien à la construction un peu labyrinthique. Souvent dans les romans qui alternent plusieurs points de vue, on s’attache davantage à l’un ou à l’autre, cela n’a pas été mon cas ici, chacune de ces femmes étant suffisamment bien dessinée pour intriguer et avoir envie de continuer à la suivre.

Un roman à choisir si vous aimez la nature et les plantes, de préférence le charme délicat de la violette plutôt que l’exubérance des glaïeuls, et si le regard presque exclusivement féminin porté sur les végétaux vous intéresse. Raluca Antonescu est en tout cas une jeune auteure à suivre.
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Sol

Le roman débute en 1979 dans la Roumanie communiste de Ceaucescu. Ion ouvre sa fenêtre et se fait piquer par une guêpe (ou une abeille, il ne sait pas)...juste une semaine avant l'arrivée, pour les vacances, de ses deux petites fille Dina et Alina, habitant la ville proche.

C'est le début d'une série noire pour la famille. Suite à la fièvre occasionnée par la piqûre, Ion, malgré les injonctions au calme d'Ibolya, sa femme, se met à délirer et à dire n'importe quoi à voix haute : il critique ouvertement les communistes et use de mots interdits, semant le trouble dans sa famille, puis la peur dans tout le village.

Au départ, tout le monde tente de couvrir les mots injurieux en criant plus fort encore que lui, mais vient un jour où plus personne ne peut le protéger : il est tabassé par des inconnus, puis peu de temps après... on vient l'arrêter.

Par qui a-t-il été dénoncé pour avoir proféré des injures à l'encontre du gouvernement ? Personne ne le saura jamais...

C'est alors que Viorel Cioban, son gendre, qui jusqu'à présent ne se posait aucune question sur sa vie quotidienne, se met à observer autour de lui. Il voit les arbres dans les vergers entourés de barbelés, non pas pour les protéger des oiseaux comme il le pensait jusqu'à présent, mais pour que les fruits ne soient pas volés par des gens affamés. La misère s'accentue autour de lui, le silence et le manque de liberté deviennent de plus en plus une souffrance pour le peuple obligé de se taire et d'obéir...

Alors que Viorel et sa famille bénéficient d'un régime alimentaire de faveur, grâce à Alina, qui a intégré l'équipe roumaine junior de tir, ils sont dénoncés aux autorités parce qu'une bonne odeur de cake traverse la porte de leur appartement. En Roumanie, du temps de Ceaucescu, tout plaisir est interdit... Chacun doit se priver pour son pays et tout contrevenant est sévèrement puni. Pour Viorel, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.



Alina s'est mise à faire du tir avec son grand-père et c'est pour elle une véritable passion. Elle vient d'être sélectionnée pour un championnat international et doit partir bientôt en Suisse. Dès cette annonce, Viorel n'a plus qu'une seule idée en tête. Dina doit impérativement accompagner sa soeur. Il impose cette idée à l'entraîneur : c'est avec Dina, ou pas, qu'Alina ira disputer le championnat international. Ses conditions sont miraculeusement acceptées.

Alors Viorel peaufine son plan : il veut obliger ses filles à ne plus jamais revenir en Roumanie, en espérant qu'elles puissent avoir une vie meilleure. La Suisse leur ouvrira les bras, il en est sûr, car elles ne sont encore que des enfants.

Elles partent en mai 1980...sachant qu'elles ne reviendront pas et ne reverrons sans doute jamais plus, ni leur pays, ni leurs parents...

Le lecteur les retrouve des années après, en 2016...



J'ai aimé la construction du roman en cinq chapitres qui nous parlent tous de la terre natale (donc du sol) : argile, sable, calcaire, humus...et terre sont les titres des chapitres.

J'ai aimé que le roman soit davantage centré sur Johan et ses difficultés à vivre que sur l'arrivée des soeurs en Suisse. Ce qu'elles ont vécu au quotidien est raconté ici ou là par petites touches au cours du roman.

J'ai aimé l'analyse psychologique des personnages et la rudesse des caractères qui cachent d'infinies souffrances.



J'ai également aimé, sans aimer les faits en tant que tels, vous vous en doutez, la façon dont l'auteur dévoile au fil des pages, ce qui se passait en Roumanie : la misère, les conséquences de la dictature dans la vie quotidienne des gens, l'absence totale de liberté, puis la découverte des horreurs après la chute de Ceauscescu, les terribles conditions de vie des enfants dans les orphelinats, les réseaux qui ont permis l'adoption de milliers d'orphelins, devenus au fil du temps, pour certains, trafics d'enfants...

(...)

L'auteur revient dans ce roman, sur sa propre histoire familiale, ce qui explique qu'il ressemble davantage par moment à un témoignage. En effet, d'origine roumaine, c'est elle qui a vu ses parents fuir à l'étranger avant de pouvoir les rejoindre. Elle vit aujourd'hui à Genève et enseigne les Arts visuels. C'est son second roman.

Merci à Babelio et à l'éditeur, de m'avoir fait permis de découvrir ce roman grâce à l'opération Masse Critique de septembre.



Lire ma chronique complète sur mon blog...


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Inflorescence

La filiation, féminine, par les fleurs, leurs silences et leurs obstinées résistances aux destructions humaines. Dans ce joli roman tout de sensations, de floraisons et de mouvements, Raluca Antonescu décrit quatre femmes égarées dans leur rapport à la terre entre déni, préservation et désir de compensation. Inflorescence où l'invention, pleine de troubles et de gouffres, d'un jardin à soi.
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L'inondation

Un roman fort, émouvant.

Une inondation dans un petit immeuble de 5 étages va déclencher des réactions en série parmi les habitants. Ils vont se dévoiler, interférer, se révéler à partir de ce prétexte (liquide), qui peut nous faire penser à «La vie mode d’emploi» de Perec. Il n’en sera rien, l’auteure construit son monde avec des moyens qui lui sont propres. Les personnages, très bien campés, profilés, attachants et bouleversants, peuvent s’avérer surprenants dans leur solitude.

Car la solitude est le thème majeur du livre.

La solitude avec les autres, la solitude en famille, la solitude comme raison de vivre et de s’en échapper.

Car si l’eau a envahi les appartements de l’immeuble, les ruisseaux et les cours d’eaux que nous sommes, s’unissent pour un bout de temps pour former des fleuves, des familles, des couples, pour se déverser dans l’océan seuls, pour se jeter dans le néant sans aucune pensée pour les autres.

Autant de personnages que de destins tendus, en cascade, prêts à jaillir dans votre salon.

Le langage poétique, truffé de belles comparaisons et de descriptions très réussies, rend le livre joliment littéraire et, à tout moment, on a l’impression qu’il pourrait glisser vers le fantastique.

Un petit bémol : l’éditeur a laissé traîner quelques coquilles. Mais cela n’enlève rien aux qualités susmentionnées.

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Inflorescence

1911, une femme, le cœur au bord des lèvres, le corps au bord du gouffre. Le Gouffre du diable, en plein Jura. Sa gueule ouverte au vent depuis une éternité… on y jette les animaux malades… après ce sera les obus et autres munitions de la guerre, et plus tard encore le tout ayant macéré, on posera des barricades autour de la cavité, comme s’il était possible d’endiguer la pollution engendrée. Le ventre de cette femme est rond et lourd d’un enfant qu’elle ne peut pas élever… Dans les années 20, Aloïse sera rejetée par son père, qui la hait d’avoir tué sa femme en couche. La forêt la prendra dans son antre, bienveillante et nourricière, puis la petite se blottira dans les bras de l’extravagante Mademoiselle Suzie et ensemble elles construiront un grand beau et bon jardin. 1967, Amalia s’installera tout sourire dans un lotissement neuf aseptisé et froid loin de la ferme de son enfance, de ses odeurs pestilentielles de ses affreux animaux de ses horribles insectes de la terre chaude et salissante. 2007, Vivian affrontera avec difficulté la mort de sa mère, une rupture amoureuse, un travail qui l’insupporte quand son beau-père lui fera des confidences et brisera un secret tout en jardinant. 2008, Catherine tout à sa quête en Patagonie, celle qu’elle avait commencée avec son amour aujourd’hui disparu, de reboiser des forêts brûlées, sentira en elle monter la culpabilité – un manque écrasant.



Inflorescence. Sur la même tige, plusieurs fleurs. Plusieurs femmes. Des racines identiques, des cœurs qui battent fort, les unes pour les autres. Toutes reliées, au-delà des générations. Des femmes cueillies par la vie, sa clameur, son agitation, ses barrières, ses contraintes… Des vies effeuillées entaillées façonnées apprivoisées… Des empreintes du passé, des territoires conquis des traumatismes compris des moments charnières des directions à prendre des libertés retrouvées malgré l’équilibre instable – en bordure du gouffre, toujours -. Et le végétal implanté dans chacune d’elles. La nature tour à tour sauvage fragile survivante forte domestiquée malmenée, rayonnante belle et courageuse, qui se déploie transmet répare calme console, et donne du sens. Un roman d’une grande puissance.
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Inflorescence

Inflorescence, c’est le récit de quatre femmes sur plusieurs générations de 1911 à 2008 et d’un personnage à part entière, le Gouffre du Diable, dans le Jura. Le roman débute en 1911, quand une femme au désespoir d’être à nouveau enceinte, se rend au-dessus du Gouffre, lui qui de sa bouche géante avale tout ce que l’humain ne veut plus. Animaux malades ou qui viennent de naître, obus de la première mondiale, le Gouffre absorbe tout.

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Au fur à mesure des pages nous faisons la connaissance d’Aloïse, une jeune paysanne, un brin sauvage qui n’a pas connu sa mère, de Vivian, une citadine dont la mère vient de mourir, de Catherine, occupée à la reforestation en Patagonie et d’Amalia, qui ne rêve que d’un foyer propre et sans microbes. Un roman choral, où la nature est au cœur de ces destins. Une nature sauvage ou domestiquée, reflet des traumatismes, matérialisant ce besoin de créer et de contrôler propre à l’humanité. Mais il est également question de liberté, de transmission, de filiation et d’émancipation.

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J’ai été totalement embarquée, et même agréablement surprise par ce récit. Je ne savais pas à quoi m’attendre ayant un peu peur du déjà vu, bien qu’aimant ces récits intergénérationnels. Des histoires de femmes, des non-dits, une trame « classique » que la plume de Raluca Antonescu aura réussi à magnifier.

 
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Inflorescence

Basé sur l’histoire réelle d’un gouffre de l’est de la France, l’auteure évoque cet endroit mystérieux, caché dans la campagne. Un trou qui a alimenté les peurs, les légendes et qui a été utilisé comme décharge, d’abord pour se débarrasser de carcasses d’animaux, puis ensuite pour y enfouir des obus de l’armée pendant la première guerre mondiale, polluant ainsi les eaux souterraines à long terme.



Ce roman parle également de liens. Les chapitres alternent entre quatre personnages féminins, à différentes époques, allant de 1911 à 2008. Au départ, nous ne voyons pas le lien entre ces quatre femmes. Il est encore question de lien avec le parallèle tiré entre cette pollution environnementale et les secrets et drames pouvant empoisonner des générations.



Avec une plume très précise et fluide, Raluca Antonescu brosse avec soin la psychologie de chacune des femmes évoquées. Malheureusement, je ne me suis pas attachée à tous les personnages : les chapitres sur Catherine notamment ont été longuets tant cette femme était curieuse. L’auteure amène aussi une touche de fleurs et de végétaux à chaque époque, sujet intéressant qui sert de fil rouge.



En résumé, un roman transgénérationnel agréable à lire, sans plus pour moi…


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Sol

Merci à Babelio et aux éditions La Baconnière de m'avoir fait découvert ce roman qui parle de racines d'où le sol, d’origines et des liens familiaux. Beaucoup de thèmes qui me parlent....

L'auteur a découpé son livre en chapître en lien avec la matière du sol qui correspondent à des dates liées aux deux personnages Dina et Alina?

Tout commence en Roumanie en 1979/80, nous découvrons les deux jeunes adolescentes en vacances chez leurs grands parents. Dina connaît ses premiers émois sexuels. Alina, elle est qualifiée dans l'équipe nationale de tir. On sent durant tout se chapitre le poids oppressant du régime des Ceaucescu où on ne peut pas dire ce que l'on pense... C'est le père des deux filles qui prend la décision de leur faire quitter le pays suite à plusieurs événements.

Puis nous sommes en 2016, Dina vit en Suisse. elle est avocate et très impliquée dans les différentes causes sociales, politiques... Elle a élevé le fils de sa sœur, Johan, décédée avec sa famille dans un accident de voiture en 2002. Ce dernier semble torturé et on comprend que les sœurs ont pris de chemins totalement différents lors de leur exil au point de ne plus se parler.

Puis retour en 2002 où on retrouve Alina devenue Aline pour mieux s’intégrer. La chute des Ceaucescu a montré un visage de la Roumanie terrible et Aline se lance dans l'adoption des orphelins avec une froideur qui fait penser qu'elle le fait car c'est ce que l'on attend d'elle. 2002 est un tournant dans les adoptions car elles deviennent plus réglementées.

Puis retour en 2016 avec Johan qui a refoulé de nombreux souvenirs notamment l'accident. Il va devoir faire le chemin des souvenirs pour avancer tout comme Dina....

Un très beau roman facile à lire. La description de la Roumanie des Ceaucescu est oppressante. Viorel, le père prend conscience petite à petit de cette prison que devient son pays.

L'exil des deux adolescentes a été vécu différemment car chacune l'a compris à sa façon. Pour Dina, le retour est synonyme de mort tandis que pour Alina, elle perd un statut celui d'athlète.

Le sol s'est là que poussent les racines, qui on est vraiment. Ce besoin de retrouver ses racines surtout lorsque l'on est apatrides.

les personnages sont émouvants. on comprends mieux au fil du livre le mal être de Johan et sa violence.

Dina est attachante et elle ne comprend pas sa sœur Alina qui est devenue froide, rigide.

Un roman à découvrir...



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Inflorescence

Lorsque j’ai vu passer ce livre sur les réseaux sociaux c’est la couverture qui m’a attirée, ensuite c’est cette histoire de femmes. J’ai eu le plaisir de découvrir en ouvrant le livre que chaque partie est séparée par une page graphique qui représente une sorte d’empreinte de plante, en deuxième page c’est indiqué « élaboration graphique sur base des cyanotypes d’Anna Atkins (1799-1871) », tiens encore une femme.

Je ne connaissais pas cette jeune maison d’édition suisse. Le livre est agréable à tenir en mains, il est souple.

J’ai aimé les chapitres courts où on suit chaque femme, à la première ou troisième personne (cela dépend). Le nom et le lieu et date sont indiqués en titre ce qui permet de bien se repérer même si chaque histoire est clairement identifiable. Les écritures sont aussi différentes.

Il y a une grande vivacité dans l’écriture, c’est femmes ont cela aussi en commun.

La vie, la mort, le deuil et tout ce qui se déroule entre temps. La femme faisant partie de la nature. Il y a l’idée du tout, du cycle.

J’ai beaucoup aimé ce roman tant dans sa structure que dans les idées développées. C’est une autrice que j’espère suivre.

Lu dans le cadre de Masse Critique, je remercie Babelio et Les éditions de la Baconnière pour ce partenariat et cette découverte.

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Sol

Année 1979/1980, Ion est attaqué par une abeille qui va rentrer dans sa narine, s'affoler, le piquer sans vergogne. Episode banal, mais qui va voir s'enchainer une multitude d'événements qui vont bouleverser à jamais la vie de sa famille. Car à partir de ce jour, Ion vocifère et lance des insultes à l'encontre du pouvoir, des communistes, du dictateur tout puissant. Comme si la piqure avait libéré cette parole qui se doit d'être tue. Mai dans la Roumanie de Ceausescu, la parole n'est pas libre et la peur étend son manteau de silence jusque dans le moindre village. Tous craignent les conséquences et surtout les pires des représailles, jusqu'au jour où les hommes du village tabassent le grand-père. Puis il est arrêté et enfermé. Sa fille, ses petites filles, Dina et Alina, et sa femme Ibolya, la grand-mère, mais aussi Viorel Cioban, le gendre, craignent alors pour leur propre liberté.

La décision de Viorel est prise, les filles vont profiter d'une autorisation unique de quitter le pays, lors d'une compétition, car Alina est championne de tir. Les filles partiront seules et ne reviendront jamais. Elles s'installeront, jeunes adolescentes, en Suisse. Les années passent, on retrouve Johan, le fils d'Alina élevé par Dina. On comprend qu'un malheur est arrivé, mais Johan refuse d'écouter les souvenirs et de connaître ses origines. Son cheminement vers la racine de l'oubli est pourtant l'élément indispensable qui va lui permettre de continuer son chemin.

Et l'on se rend compte alors à quel point il est difficile d'obtenir cette liberté qui coûte si cher : l'abandon de sa famille, de ses souvenirs, il faut partir sans espoir de retour pour se créer ailleurs une vie nouvelle. L'auteur utilise la métaphore du sol – sable, argile, calcaire, humus- et donc ses différentes strates toutes si différentes et pourtant toutes indispensables à la survie de chacun, ces strates qui sont aussi la famille, la vie, la mémoire et l'avenir que l'on rêve et celui que l'on vit.

J'ai trouvé intéressant les informations sur la vie d'alors, la dureté du quotidien sous la dictature, la misère et les privations, le manque de liberté, jusqu'à l'envie de produits élémentaires qui parfois déclenche la délation. Egalement, les informations sur la politique de natalité à outrance, et d'abandon forcé des bébés dans les orphelinats où ils étaient maltraités, souvent victimes de malnutrition et de violence, et qui a entrainé un trafic d'enfants et l'adoption de ces milliers d'orphelins à l'étranger.

Sol est un très roman dans lequel affleure une grande tristesse, faite de violence et de mutisme, car les années de silences laissent des traces jusqu'aux générations futures.


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Inflorescence

Un très beau titre, « Inflorescence » ; s’agit-il d’un roman lié aux conditions des paysans ? Un panégyrique de la nature ? Voire de la condition féminine ? Ou bien du rapport de l’homme face à la nature ? ; certes non. L’ambition de l’autrice, suggère une portée éminemment plus grande. Sans doute, une symbiose entre tous ces paramètres.

Le dénominateur commun en sera la narration, sur l’échelle du temps de plusieurs générations de femmes. Ainsi s’inscrivent faits et méfaits sur différents sujets qui s’alignent, se déroulent, tels que : la vie la mort, l’amour.



La vie démarre et continue : Aloïse dans le Doubs, Amalia dans la Seine-et-Marne, Catherine en Patagonie, et Vivian à Genève. Au début, était la dure litanie du travail de la terre, avec ses contraintes, ses injustices, aussi bien envers les adultes que les enfants. Petit clin d’œil à Zola, Giono. Enfin, afin de cesser de subir l’esclavage domestique, ces femmes n’ont comme seul exutoire que de briser leurs chaînes et de partir afin de se reconstruire ailleurs. Ainsi en sera-t-il pour Catherine, qui foulera les terres de Patagonie ; et luttera pour la protection des indiens Mapuches et contre la destruction des forêts originelles. « En effet rentabilité et arbres centenaires, cela ne va nullement ensemble, ce n’est pas le même monde ». Pour Amalia, la vie ne peut se concevoir qu’en tant que nudité des objets, et surtout des insectes. Une phobie ; qui ne la quittera pas. Enfin pour Vivian, qui se cherche, sans vraiment se l’avouer, une opportunité pourra peut-être lui permettre de connaître sa parentalité ! La notion de famille, peut se perdre dans le tunnel de l’oubli, mais la lumière de la conscience la fera réapparaître. Ainsi, Raluca Antonescu, résume cette notion par cette métaphore sur l’inflorescence : un petit élément indissociable d’un tout et nécessaire à l’enchevêtrement de l’ensemble.



Tristesse, désillusion mais lutte pour la survie ou l’abandon ; qu’il est difficile de trouver sa place dans ce monde. Sans nulle doute, l’arbre, la fleur et le fruit représentent pour ces femmes un lien indissoluble, malgré les distances. De même le jardin sera le symbole de la résilience. Car « un jardin est la mémoire de la beauté », un moyen de s’évader…de planter l’avenir !



Également, surgi régulièrement le thème de la noirceur, par le biais du Gouffre du Diable ! Toutefois, il convient de noter qu’il s’agit d’un fait réel et indéniable. Le gouffre de Jardel (Jura) était un charnier pour les animaux morts, avant de devenir, en 1923, une décharge pour plus de 3 000 tonnes de munitions. Et voilà que se mêle la fiction et la réalité : la folie des hommes serait donc infinie !



Une fresque qui déroute au début, Raluca Antonescu, multiplie les allers-retours, entre les personnages, les lieux, les époques…Puis nous arrivons, enfin à nous attacher à ces destins, à suivre leurs péripéties, mais surtout à appréhender leurs décisions, car celles-ci distillent avec parcimonie les raisons et sentiments de ses personnages. Cependant, un sentiment de non-dits m’a gêné dans le fil de ce récit.



Un roman sensible et subtil, qui donne libre cours à notre imagination, et nous rappelle les défis de toujours. Dont, notamment l’altérité, que nous ne savons toujours pas résoudre depuis la nuit des temps.



Je remercie Lecteurs.com et Les Éditions la Baconnière pour cette découverte.


Lien : https://bookslaurent.home.bl..
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Inflorescence

Très beau livre. Histoire de femmes et de jardins, de rapport à la Terre, de racines (au sens propre comme au figuré), d'échappée, de liberté et de transmission.

Un livre qui donne envie d'aller creuser la terre molle, s'accroupir dans les herbes, sentir les fleurs, se piquer aux épines, effleurer l'écorce d'un arbre.

Mention spéciale à la vivace petite Aloïse et à la folie de Mademoiselle Suzie. On aurait aimé en savoir plus sur elles, sur leur jardin, leurs vies.

Merci (encore!) aux jeunes libraires de l'Arborescence (quel nom approprié !) à Massy pour cette belle découverte.

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Inflorescence

Dans le canton du Jura, en Suisse, se trouve un trou qui est l'origine de bien des récits, de légendes ténébreuses ou de racontars sordides. Le livre s'ouvre alors qu'une femme cherche en priant les esprits bons ou mauvais du gouffre de lui enlever l'enfant qu'elle porte en elle. On est en 1911et la vie paysanne est rude, une bouche en plus à nourrir serait un vrai défi pour la jeune femme et son sévère mari. Une fille naitra tout de même, Aloïse, la rejetée qui devra survivre de restes, de petits gibiers chassés et de la revente de fourrures. On rencontre rapidement d'autres femmes, toutes issues de la même lignée matriarcale dans diverses époques : deux vivent au vingt-et-unième siècle, une dans les années soixante. Toutes racontent une partie de cette famille banale, qui s'est dispersée entre plusieurs pays ; du manque et de la fragilité émotionnelle, de la mort qui survient dans chaque vie et que chacun doit apprendre à gérer d'une manière ou d'une autre.



Aloïse se fait recueillir par une riche dame, alors qu'elle est laissée pour morte, tabassée par son père. Là, elle découvrira ce qui sera le leitmotiv de la famille : la nature, sa connaissance et sa préservation. Catherine, après avoir perdu son mari et renoncé à élever sa fille plante des arbres en Patagonie, sévère et distante de tout être humain, sauf d'un couple tenant une auberge reculée. Vivan doit faire face au décès de sa grand-mère qui l'a élevé à Genève, créant de nouveaux-liens avec son beau-père et son jardin qu'il adore. Et finalement Amalia, qui vit dans une banlieue huppée de France où elle essaye d'être parfaite en tuant chaque insecte et voulant se débarrasser du cèdre qui surplombe le quartier. Le gouffre, toujours, introduit les cinq sections du livre, à travers un petit résumé chronologique où l'on apprend que les militaires y ont caché des bombes de la première guerres mondiale dont la fuite des composants pollue aujourd'hui encore les cours d'eau de la région.



Lorsqu'on découvre le gouffre et Aloïse dans les premiers chapitres, on croit qu'on entre dans un roman historique sur la paysannerie jurassienne au début du vingtième siècle. Cette entrée est très agréable de part le sujet choisi et suivre cette pauvre fille rejetée est plutôt intéressant. Mais elle n'est pas le seul sujet de l'autrice Raluca Antonescu. Chaque femme a le droit à une part considérable du récit, avec une emphase sur celles des années deux-mille : Catherine et Vivan. Et là, tout s'effondre. C'était rapide, vous allez me dire, il n'aura même pas fallu vingt page pour rentrer dans des jérémiades inconsolables de femmes un peu perdues mais complètement dénuées d'intérêt pour le lecteur. Que dire ? Les cours chapitres paraissent de très longs monologues intérieurs pour nous raconter à quel point certains d'entre nous n'ont pas de repères et en vivent mal. Les petits éléments auxquels il serait possible de se raccrocher, outre les chapitres sur Aloïse qui perdent aussi vite leur intérêt, comme la main de Vivan ou la vie précédente de Catherine sont vite éclipsés, jamais complètement travaillés par l'autrice. Ne reste qu'un ennui profond, auquel j'ai réussi à faire face tant bien que mal, qui s'écoule sur deux-cent cinquante fastidieuses pages.



Il n'en faut pas beaucoup pour parler d'une déception, et le prix 2022 des lecteurs de Lausanne en fait hélas partie. Il y a aussi moins à raconter que sur une bonne découverte, où l'on s'attardera facilement sur des éléments qui nous ont plu ou intrigué. Ici, ma lecture a été un calvaire qui a pris du temps, pour laquelle j'ai dû me forcer à continuer alors que j'étais démangé de tout arrêté et de me lancer dans un autre ouvrage. Il faut dire qu'Antonescu, en terminant chacune des cinq partie du récit ravive la flamme de l'espoir qu'on revienne au roman historique qu'elle maîtrisait tant et qui donnait envie d'en apprendre plus sur la jeune Aloïse, survivante d'une époque difficile, et de son parcours. Au final, je ne tire personnellement rien de cette lecture et les espoirs ont été tous effacés par les très inintéressants personnages de Catherine et Vivan, qui prennent une place immense dans le récit. Certains en tireront peut-être de la joie de savoir que d'autres subissent la vie comme eux, comme une insoutenable épreuve qu'il faut traverser avec les pauvres moyens du bord, mais moi ce n'a pas été mon cas, du tout.
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Sol

Pour commencer, il y a l’objet… On oublie trop souvent, pire… les maisons d’éditions oublient trop souvent, qu’en plus d’être un récit, le livre est également un objet. Les éditions La Baconnière nous offrent un livre élégant, une couverture poudrée, un vert qui en dit long… Je ne sais pourquoi, mais ce vert intense nous mène à sentir que l’on va découvrir un roman vrai, un roman qui nous plonge dans une certaine mélancolie, que l’on entre dans la réflexion d’une vie…. Ce vert de l’exil, de la recherche de soi, de la reconstruction…. Les pages également sont à la fois rugueuses et douces, épaisses, de celles qui marquent l’importance de ce qui est dit ici….



Ce thème du sol, de la terre qui le constitue, de l’ancrage dans la matière interpelle nécessairement. Ce sol qui peut se montrer fertile, aride… L’exil est avant tout une histoire d’ancrage, d’adaptation à une terre différente et Raluca Antonescu se montre prodigieuse dans cette analogie.



Les personnages sont attachants… L’acceptation de cette nouvelle terre, l’intégration obsédante de l’une, la révolte politique de l’autre… Ces deux sœurs ont des manières bien différentes de s’approprier cette nouvelle terre, de garder en elle leur terre natale… La problématique de l’exil est combinée ici avec la quête de soi, et la relation entre le sol et les racines amène nécessairement à la réflexion…. Comment transmettre également ce passé, le garder suffisamment pour ne pas en souffrir trop et l’oublier également pour s’adapter…. Et puis le sol qui nous ancre dans la folie, la folie d’une vie passée dans ces terres… En ce sens, les grands-parents ont une importance capitale dans la construction des fillettes…. Et puis il y a Johan, celui qui n’est pas né en Roumanie, celui pour qui ce sol importe peu… celui qui malgré tout pâtit de ce passé dans un pays natal qui n’est pas le sien…. Tout s’imbrique, l’exil pèse sur tous : les exilées et ceux qui ne le sont pas… Chacun souffre avec rudesse de lui…. faisant de tous des apatrides….



C’est un roman fort…. Je remercie Exploratology pour ces lectures qui m’émeuvent… Pour ces lectures dans lesquelles je me plonge avec une totale confiance sachant pertinemment que les romans seront matière à réflexion et à plaisir littéraire….
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L'inondation

Joli roman. Ce n'est pas une lecture, mais une navigation. On vogue dans les eaux troubles ou limpides, calmes ou déchainées de la destinée des habitants de ce vaisseau et l'on se laisse entrainer dans leur quotidien mais aussi par les sirènes du monde des souvenirs, des rêves et du mystééééérre !
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Inflorescence

A la lecture , je me suis rapidement demandé comment ces diverses histoires allaient se rejoindre pour créer UNE histoire. Je n'ai pas été déçue, en effet, la fin recompose tout le puzzle et place chacune des femmes dans la chronologie, ses liens familiaux et sa propre histoire au regard des autres.

J'ai également apprécié comme les jardins, les fleurs, la terre les unissaient toutes par delà les générations.

Et puis ... il y a le Gouffre, celui qui fait peur ... et qui symbolise si bien l’épée de Damoclès de nos actions à nous humains, actions monstrueuses et irréfléchies.

Un regret, certains passages sont longs et répétitifs. Le récit aurait gagné en puissance à être plus ramassé.
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Inflorescence

J’ai cru que je lirais quatre destins bien distincts. Et pourtant, chaque personnage est lié aux autres avec comme fil rouge la nature, principalement les plantes et les arbres. Chacune de ces femmes à un rapport bien différent à cette nature, mais toutes finissent par y trouver un certain réconfort, même quand celle-ci devient menaçante et fait perdre beaucoup.

J’ai apprécié voyager d’une époque à une autre (de 1911 à 2008) et traverser le monde (Jura, Suisse, Seine-et-Marne, Pentagonie et Suisse), j’ai senti un véritable travail de recherche de l’auteure pour décrire les paysages et les coutumes, notamment de la Patagonie. J’ai compris pourquoi en lisant les remerciements. Ce roman avait voyagé bien avant d’être édité ! ☺️



La construction du roman est telle que je me suis perdu au début. Mais je me suis laissé bercer par les mots de l’auteure et petit à petit tout se met en place, et le roman se dévoile tout en gardant un part de mystère, à l’image de ce gouffre.

L’écriture est fluide, c’est rythmé, parfois un peu trop à mon goût, mais cette rapidité est contre balancée par les passages sur la nature et les plantes.



Une jolie découverte ❤️
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