Les yeux rivés sur le plafond de sa chambre. Matthew essayait en vain de faire taire les miliers de questions qui se bousculaient dans sa tête. Jenny avait disparu, F.A.S.T. avait disparu, sa vie avait disparu.
_ Bordel, de qui est-ce que tu parles ? s'emporta-t-il en regardant à nouveau dehors.
De Tighelf, le Maître des Hordes. C e que tu vois, c'est le début de son œuvre. Il va infecter la population, étendre son influence pour tous les contrôler. Il les tue et remplace leur essence par un fragment de la sienne. Un morceau d'âme pourri, bestial, qui conduit à l'obéissance pure... Ils lui sont soumis, à présent, ne ressente plus ni peur ni douleur, et n'ont plus pour seules contraintes que les limites de leur corps physique.
... Les gens ont peur dès qu'ils entendent parler des anciens contes, des vieilles légendes... C'est une provocation, tu vpois ? Tout ce que ça dit de toi, c'est que tu ne reconnais pas le seigneur d'Onis Dars comme le seul et unique maître d'Hæna.
Jetant un œil à l'intérieur, Matthew vit aussitôt une demi-douzaine de corps immobiles, éparpillés du centre de la pièce jusqu'au sommet des deux luxueux escaliers, au fond, qui menaient de part et d'autre à l'étage dans une parfaite symétrie. Leurs armes, qui gisaient non loin d'eux, avaient toutesété compactées comme autant d'étonnantes boules de papier froissé.
_ Les oryls sont de grands animaux marins, énonça-t-il. Ils peuplent les océans d'Haëna et la mer de Lamsol, entre les deux continents. On raconte qu'ils pleurent chaque nuit, et qu'à l'aube leurs larmes solidifiées se retrouvent sur les rives. On peut en ramasser par dizaines, les tailler pour leur donner la forme souhaitée, puis les vendre.
Leerina atterrit au milieu d'une large rue bordée d'immeubles. Le sol se brisant sous le choc, jetant un réseau de longues fissures dans la croûte sombre du bitume.
Il ne désirait rien de plus que d'être sur les champs de bataille, en première ligne, et de mettre fin à la menace des Quatre Fléaux En y pensant, Brehnor ne put s'empêcher de serrer les poings.
_ Depuis quand ne sommes-nous plus de vrais guerriers ? demanda-t-il en s'efforçant de maîtriser sa voix.
_ Ne crache pas sur nos semblables. Nombre le sont encore.
_ Oui. Mais regarde les autres. Regarde mon père...
_ Fengar s'est battu plus qu'aucun d'entre nous.
_ Peut-être. Il se pavane devant ses fresques gigantesques et raconte toujours les mêmes histoires... Mais depuis combien de temps n'a-t-il pas brandi une arme ?
_ Il est devenu notre dieu-roi, Brehnor. Il ne pouvait plus que laisser aux autres les champs de bataille. Tu sais aussi bien que moi ce qu'il a accompli. Il est le seul de cette Ère à s'être opposé aux Fléaux. Sylor lui-même n'avait pas osé.
Pour sauver le monde, peut-être devrais-tu choisir de l'abandonner ? C'est à toi de voir ce que tu désires le plus.