Trois choses que j'aurais aimé savoir avant de devenir mère.
Un ami m'a un jour dit que les enfants sont profondément de droite : sens du partage très relatif, solidarité aléatoire, choix de la violence en cas de problème et individualisme à outrance. Je souscris.
Non, elle sait que c'est l'enfer. Et sur ce, elle m'invite élégamment à me taire, à respecter un vieux pacte de femmes. Un secret qu'elles tiennent depuis longtemps. Il ne faut pas que ça se sache mais, en fait, être parent et mère particulièrement, c'est l'enfer. Parfois, certaines délient leur langue. Mais le plus souvent, elles le font après que leur fille est passée de l'autre côté du fleuve. "Ah oui, au fait, j'avais oublié de te dire avant que tu traverses le pont, il y a beaucoup de boue par ici. Oups..."
Aujourd'hui, les parents ont peur que la frustration de leur enfant ne lui fasse du mal. Mais l'une des fonctions des parents, c'est au contraire d'accompagner les enfants dans leurs frustrations. Si ses parents sont aussi bouleversés que lui, c'est insécurisant pour l'enfant.
«Quand tu m'as annoncé que tu étais enceinte, j'ai été à la fois contente et triste pour toi. Je me suis dit: elle va en chier. » Et donc sa mère lui dit ça APRES qu'elle a accouché. Sérieusement? Y a-t-il beaucoup d'autres situations de la vie où l'on ment à ce point aux gens? Et si collectivement? Où on leur promet un conte de fées qui n'existe pas ? Je ne vois qu'un exemple: le père Noël. Qui a aimé le moment où on a compris qu'il n'existait pas? Personne. Là, vous pensez peut-être que j'exagère et que nous ne sommes que quelques aigries dans notre coin. Détrompez-Vous.
Le congé maternité tel qu'il existe aujourd'hui génère de mauvaises habitudes et instaure des inégalités plus larges. D'abord, parce qu'il construit notre charge mentale. Seule avec notre bébé, nous devenons la personne référente, celle qui sait mieux. Le congé maternité fait de l'enfant notre compétence. Ensuite, parce que nous prenons en charge les premières fois (premier vaccin, premières chaussures, premiers pleurs, etc.), et qu'il nous revient naturellement, sans rien forcer, d'y veiller aussi les fois suivantes. C'est un truc bien huilé du patriarcat, cette affaire.
C'est apparu dès la maternité quand je me suis retrouvée seule avec lui. J'ai réalisé le pouvoir incroyable que j'avais sur lui, simplement en restant ou en m'éloignant. Ça me terrifie.
« Son temps d'ingestion de l'information peut prendre beaucoup plus de temps que notre patience ». Allez, respirez (et continuez de répéter les trucs, donc).