AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.76/5 (sur 32 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 2004
Biographie :

Inculte est une revue française trimestrielle qui se présente comme «littéraire et philosophique».

Créée en septembre 2004, elle est animée, outre ses membres fondateurs, par un collectif d'écrivains : Arno Bertina, Alexandre Civico, Claro, Mathias Enard, Hélène Gaudy, Maylis de Kerangal, Mathieu Larnaudie, Stéphane Legrand, Benoît Maurer, Nicolas Richard, Oliver Rohe et Jérôme Schmidt.

Structure éditoriale indépendante depuis 2007, Inculte publie aussi des livres, dans cinq collections :
- L'Arc/Inculte : série de rééditions en format poche de la revue L'Arc ;
- Inculte Monographie : monographies d'auteurs contemporains ;
- Afterpop : fictions ;
- Temps réel : essais et documents ;
- Idéal Standard : anthologies et beaux livres.

Chaque numéro d'Inculte ouvre une perspective particulière sur la littérature et la pensée contemporaines à travers un entretien, un dossier, de brefs textes d'écrivains et des interventions critiques.

Elle a également produit deux hors-série, l'un en 2006 consacré à la coupe du monde de football, l'autre en 2007 consacré à l'élection présidentielle française.

En 2011, le comité éditorial d'Inculte met fin à la "première série" de la revue, après la parution du numéro 20. Il poursuit cependant sa démarche collective, autour du même noyau d'auteurs, avec des volumes indépendants et grand format.

Depuis 2007, la maison d'édition a fait paraître une quarantaine d'ouvrages.

+ Voir plus
Ajouter des informations
Bibliographie de Revue Inculte   (24)Voir plus

étiquettes
Podcast (1)


Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
La fin de la guerre vit la naissance des hommes-bouteilles et des ruches à homoncules. La guerre avait laissé derrière elle la Terre saignante et boursouflée. Les plaies se remplissaient au fil des années d’eau et de sable, transformant les villes en désert et les continents en îlots.
Ce qui s’était vraiment passé personne ne le savait. Un glissement de forces, une haine incontrôlable…
Des hommes s’étaient retrouvés attirés par de grands malades, cancéreux, lépreux, diabétiques. Ils étaient tractés par une force mystérieuse, traînés comme des chiens le long des rues poussiéreuses. Aspirés. Et ils s’engouffraient, désarticulés, dans les couloirs des cliniques, des hôpitaux, pour terminer leurs courses dans les salles d’opération, collés au corps du mourant. De gigantesques pyramides se formaient, faisant éclater les murs des édifices, des bâtiments poreux.
De nouvelles montagnes envahissaient ainsi la géographie changeante du globe. (Jacques Barbéri, « Mondocane »)
Commenter  J’apprécie          20
Il n’empêche que de cette confrontation nous pouvons nuancer l’espèce de moralité péremptoire avec laquelle Nietzsche a condamné le surinvestissement du rôle de la mémoire – qui n’est pas rancune. Ce qu’il nous faut retenir, c’est que l’oubli n’est pas simplement un moyen – ni le seul moyen – d’accéder à l’avenir. Il peut au contraire être l’agent de la négation de l’avenir – l’agent de la reproduction infinie du passé. La difficulté d’exister, que l’on soit victime d’une horreur inhumaine ou né dans des draps de soie, résulte précisément de cette dialectique permanente que nous devons maintenir entre les forces de l’oubli et celles de la mémoire. Il n’y a pas à exclure l’un au nom de l’autre. L’avenir est à ce prix. (Oliver Rohe, « Entendre Jean Améry »)
Commenter  J’apprécie          20
Du fascisme déjà ringard au moment de sa remise en route par les rockers d’Occident, au goût de la compétition déclinée aujourd’hui dans tous les sens par le libéralisme qu’on appelle néo, il y aurait ce pont. Une certaine façon de priser la force, de reconduire par le libre jeu des échanges la lutte naturelle et de nettoyer les restes comme les loups se débarrassent de l’élément faible. Comme disait le philosophe Alain Delon, connu à une époque pour ses amitiés croisées avec Raymond Barre (autre libéral aux propos parfois douteux) et Jean-Marie Le Pen : les chardons, on les arrache. Entre un certain libéralisme décomplexé et la pensée fasciste, il y a, au plus profond, à la base si l’on veut, une volonté commune de rabattre les lois organiques sur le champ social. Et l’image du visage de l’octogénaire fatigué, et au fond inoffensif, à côté de celui de Chirac au soir du 21 avril, ne doit pas masquer celle, par exemple, d’un Haider habillé sportswear posant au milieu de la triomphale équipe autrichienne de ski. Prêt pour la compétition, bien décidé à gagner. (François Bégaudeau, « Permanence d’Occident »)
Commenter  J’apprécie          10
Je crois que nos contemporains sont particulièrement aveugles au monde où ils vivent. Ils sont incapables d’examiner cette psychologie de la vie de tous les jours. Et le but que je me suis fixé est exactement le contraire, cela consiste à inventorier les rapports entre ces mythologies modernes, les moyens de communication de masse, et les déformations des psychologies. C’est une géométrie secrète qui relie tous ces éléments entre eux, une logique interne de notre civilisation. Le sens général de l’évolution qui conduit du roman classique à la S.F., c’est ce passage du réalisme à ce que j’appellerais un néo-réalisme.Ce n’est évidemment plus le réalisme au sens où aurait pu l’entendre quelqu’un comme Flaubert, et pourtant, pour moi, La Foire aux atrocités est un livre profondément ancré dans cette nouvelle réalité. Je n’y parle que de ce qui est notre vie. Que ce soit la télé, la pub, les communications, les vedettes, je les traite tous comme des éléments de notre réalité. (J.G. Ballard)
Commenter  J’apprécie          10
Or la philosophie va recevoir un coup terrible, quand elle va enfin comprendre ce qui s’est passé avec ce penseur de l’être qui nous dit, dans sa Gesamtausgabe, que « l’expérience de l’être jaillit de la pensée de la race ». Quand on va vraiment voir, noir sur blanc, traduits en français, les prolongements en réseau de cette proposition, avec le texte même en note… Mais alors la philosophie, c’est quoi ? Si elle est capable de cette fraude intelligente, gérée avec une autorité extraordinaire ? Comment peut-on produire une telle fraude, où le fraudeur est lui-même fraudé – car on a l’impression qu’il n’aurait pu tenir le coup s’il n’y avait pas cru lui-même, au fur et à mesure que s’inventait ce discours ? Et nous ? Nous sommes devant l’atelier crucial de cette fraude. Il faut s’y plonger. Dans beaucoup d’autres aussi : toute la philosophie est un atelier, un atelier qui nous permet de déchiffrer les ateliers de l’histoire, du langage… Les cahiers de Nietzsche sont également un laboratoire complexe et difficile, car ils comptent des choses qu’on ne peut pas accepter. Mais lui, il retourne tout de suite le problème, il regarde autrement, il contourne la façade – c’est ce qu’avait vu tout de suite Lou Salomé : attention, il y a une « philosophie de façade » chez Nietzsche, il faut savoir la discerner de l’autre, de la sienne propre. Pourquoi expérimente-t-il ce travail de façade, auquel il ne croit qu’un instant, le temps d’en expérimenter l’hypothèse ? C’est une autre énigme de langage. Mais il permet, en tout cas, de mettre à l’épreuve les transformations, de son propre point de vue. Il pratique le retournement, ou bien la transvaluation, la pensée transformante, la pensée des transformants… Même s’il est parfois pris au piège un moment.
C’est cela qui nous intéresse. Notre siècle va être « heureux » d’entrer dans cette pensée des transformants, car nous avons vu tant de choses se retourner, la tête en bas. Il faut acquérir une sorte de souplesse, devant ce gymnase des langues. Quand on voit que le peuple qui a libéré l’Europe a voulu l’entraîner dans le trou noir de la Mésopotamie, mise au pillage… Le musée de Bagdad pillé, avec toute notre mémoire… L’invention de l’écriture, les tablettes sumériennes fracassées, sans même que l’on ait pensé à mettre un planton devant, alors qu’on a su en mettre devant les banques… Le renversement des rôles, là encore, est une tragédie effrayante, qui va faire se perpétuer l’inflammation.
Ce qui est important si l’on s’aventure dans les langages totalitaires, c’est qu’on y apprend nos propres langages, et à s’exercer à leur déchiffrement. Bien sûr, aucune solution n’est « livrée »… (Entretien avec Jean-Pierre Faye)
Commenter  J’apprécie          00
Pourtant il se pourrait que la littérature la plus intéressante, aujourd’hui, soit celle qui décide de sortir de cette zone de confort et d’aller chercher ses matériaux loin d’elle-même, dans des régions du réel que l’écrivain connaît peut-être moins bien, mais qui l’attirent, sans qu’il en sache précisément les raisons, sans forcément qu’il ait les capacités ou le besoin de les élucider. S’éloigner trop de soi-même, si le mouvement est mal négocié, peut conduire à devenir touriste de sa propre écriture, et à faire disparaître ce qui aurait pu s’y déposer d’authenticité et de justesse. Il ne s’agit donc pas de cela, mais d’aller chercher, loin de soi et de la littérature, quelque chose qui fasse écho à un trouble en nous, à une préoccupation de longue date – de sorte que la réalité la plus extérieure se trouve soudain accrochée, reliée au plus intime. »
Devenirs du roman (Vincent Message)
Commenter  J’apprécie          10
Si j’ai besoin de renouer avec cette part de l’Amérique qui n’est pas la mienne, me suis-je dit, pourquoi ne pas en inverser les termes, et raconter l’histoire de gens qui, comme moi, ont été élevés par un parent blanc, issu d’un milieu universitaire relativement aisé, cette Amérique blanche que je connaissais relativement bien, sûre de ses convictions culturelles. « Chacun peut décider d’être qui il veut, chacun peut chanter ce qu’il désire » – c’est le rêve américain qui affirme que chacun peut choisir son identité. Autrement dit, il s’agissait de raconter une histoire avec des personnages qui porteraient sur eux-mêmes un regard très proche de celui que je portais sur moi-même, mais qui, en s’aventurant dans le monde, seraient contraints de représenter autre chose, puisqu’ils seraient perçus comme Noirs. (Richard Powers)
Commenter  J’apprécie          10
D’emblée, le projet vollmannien pose divers jalons capitaux. Le premier, et le plus important, le plus audacieux aussi, est fixé par la question liminaire située au seuil de cette œuvre monumentale : Quand la violence est-elle justifiée ? La question de la justification est l’horizon de la somme qu’a rédigée Vollmann. Il est fort possible, effectivement, que l’esprit humain ait jusqu’ici fait l’économie d’une critique encyclopédique de la justification. Or, historiquement, la justification est souvent une parole qui vient recouvrir un acte, un récit servant à laver un crime, une écriture visant à structurer une série d’actions. Justifier n’est bien souvent qu’excuser, et ce en recourant à l’extrapolation. « Si nous n’avions pas tué notre ennemi, c’est lui qui nous aurait tués. » Certes, la justification peut intervenir avant l’acte, sous forme légale ou déclamatoire – on est alors dans le registre du diktat ou de la menace. « Nous allons tuer demain nos ennemis avant qu’ils ne nous tuent après-demain. » Etc. On le voit bien, il s’agit dans les deux cas de justification de fortune, destinées à se préserver des foudres du jugement historique et/ou politique.
Il existerait, selon Vollmann, un autre plan de justification, non pas imminent, mais fruit d’une réflexion historique. Voilà pourquoi, au terme de ses très nombreuses études de cas, l’auteur tente de dégager ce qu’il appelle des « calculs moraux ». Ces règles, Vollmann les voudrait utiles. Non qu’il ait la naïveté de penser qu’un individu puisse infléchir la courbe de son mouvement insurrectionnel en fonction de ces abscisses et ordonnées, mais il lui semble dangereux de faire l’économie d’une « leçon ». Justifier ses actes, philosophiquement, signifie moins les expliquer à autrui que les fonder en soi. Si recourir à la violence est inévitable dans certaines conditions, alors je dois m’assurer du bien-fondé du but que je me fixe en recourant à ladite violence. Ce « bien-fondé », comment le déterminer, même dans l’urgence, si je pratique l’amnésie et/ou l’hypocrisie historique. D’où l’importance cruciale d’examiner en profondeur toutes les justifications données par les innombrables acteurs de la violence humaine. (Claro)
Commenter  J’apprécie          00
L’étranger de Kafka est, littéralement, un hors-la-loi. Un vulgaire paria. Un usurpateur. Tout comme le sont les exilés qui cherchent à intégrer l’empire d’une Loi qui les ignore. Car une fois la nostalgie du pays perdu dépassée – mais l’est-elle jamais vraiment ? -, et à moins de s’enfermer dans son exclusion, l’exilé se doit d’attirer la bienveillance de son hôte. Or cette bienveillance s’avère aussitôt capricieuse et tyrannique ; elle ne tolère en réalité que ce qu’elle a elle-même autorisé et enfanté. Il faut donc lui sacrifier son ancienne identité, son histoire et sa langue. Et l’exilé s’y emploie.. Il veut en finir avec son statut d’exception à la règle ; il veut être logé à la même enseigne. Comme tout le monde. C’est de banalité dont il rêve. Il est l’Autre mais aimerait incarner le Même. Les faveurs de la Loi, du moins le croit-il, ne s’obtiennent qu’au prix d’un abandon de soi, c’est-à-dire d’un abandon de sa différence. C’est pourquoi l’exilé ment, usurpe, fait du zèle. Ne transige pas sur la pureté. Se montre plus royaliste que le roi. Maîtrise la grammaire mieux que ses propres sujets. Résultat des courses, l’exilé est doublement nié : et dans son identité passée et dans son identité présente.
À cette double négation s’ajoutent bien entendu d’autres supplices – qui achèvent, pour le coup, de transformer l’exil en condamnation perpétuelle. Le premier d’entre eux relève de l’incapacité de l’exilé à oublier complètement son identité d’origine. Son drame se nomme mémoire. Il porte et portera toujours en lui les traces de son monde antérieur. Il trimballe comme un paquet le souvenir d’une place qu’il ne retrouve pas dans son monde d’adoption. L’histoire qu’il croit avoir interrompue en s’exilant continue de travailler ses viscères. En sourdine, à son insu, son histoire se superpose à son présent pour en brouiller les coordonnées. Il ne peut rien apprécier de son présent sans qu’il ne recoure, sciemment ou pas, aux valeurs dans lesquelles il a été moulé. Ces valeurs déterminent son intelligence de sa terre d’accueil et de sa langue d’adoption. Elles faussent son jugement. (…) (Oliver Rohe, « La langue du paria »).
Commenter  J’apprécie          00
Elle se retourne parce qu’elle vérifie que je suis bien là et je sais que ça la fait sourire quand bien même son visage affecte l’ennui ou la peur je sais qu’elle sourit même quand je ne vois que sa nuque ses hanches son corps sourit le corps de toutes les femmes sourit et si ce n’est pas cette femme ce sera une autre femme le parcours me fait ricocher d’une femme à une autre femme sans doute la première n’est pas celle que je plierai sous mon poids ni même la deuxième je suis une femme puis une autre femme parfois l’une disparaît dans un immeuble et parfois l’autre rejoint des parents mais il y a toujours une femme qui marche et réapparaît au milieu de mon souffle et chacune est une étape qui mène vers celle qui connaîtra mon poids. (Emmanuel Adely)
Commenter  J’apprécie          10

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Revue Inculte (25)Voir plus

Quiz Voir plus

Quizz harry potter ( 1 à 7)

Quelle est le patronus de Ombrage ?

Un serpent
Un lapin
Un chat
Un tigre

10 questions
76 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}