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EAN : 9782915453102
120 pages
Inculte éditions (11/05/2005)
4/5   2 notes
Résumé :
Publication : août 2005

Entretien
Jean-Pierre Faye, autour de Langages totalitaires, par Mathieu Larnaudie & Jérôme Schmidt

Dossier : Discours politiques
La langue des héros, Mathieu Larnaudie
Auguste en Appolon douteux, Arno Bertina, Bastien Gallet, Ludovic Michaux, Yoann de Roeck
Permanence d’Occident, François Bégaudeau
Séance parlementaire, Marc-Antoine du Hénault

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un puissant entretien avec Jean-Pierre Faye, et la saveur hybride des discours politiques

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/02/15/note-de-lecture-inculte-5-revue/
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Or la philosophie va recevoir un coup terrible, quand elle va enfin comprendre ce qui s’est passé avec ce penseur de l’être qui nous dit, dans sa Gesamtausgabe, que « l’expérience de l’être jaillit de la pensée de la race ». Quand on va vraiment voir, noir sur blanc, traduits en français, les prolongements en réseau de cette proposition, avec le texte même en note… Mais alors la philosophie, c’est quoi ? Si elle est capable de cette fraude intelligente, gérée avec une autorité extraordinaire ? Comment peut-on produire une telle fraude, où le fraudeur est lui-même fraudé – car on a l’impression qu’il n’aurait pu tenir le coup s’il n’y avait pas cru lui-même, au fur et à mesure que s’inventait ce discours ? Et nous ? Nous sommes devant l’atelier crucial de cette fraude. Il faut s’y plonger. Dans beaucoup d’autres aussi : toute la philosophie est un atelier, un atelier qui nous permet de déchiffrer les ateliers de l’histoire, du langage… Les cahiers de Nietzsche sont également un laboratoire complexe et difficile, car ils comptent des choses qu’on ne peut pas accepter. Mais lui, il retourne tout de suite le problème, il regarde autrement, il contourne la façade – c’est ce qu’avait vu tout de suite Lou Salomé : attention, il y a une « philosophie de façade » chez Nietzsche, il faut savoir la discerner de l’autre, de la sienne propre. Pourquoi expérimente-t-il ce travail de façade, auquel il ne croit qu’un instant, le temps d’en expérimenter l’hypothèse ? C’est une autre énigme de langage. Mais il permet, en tout cas, de mettre à l’épreuve les transformations, de son propre point de vue. Il pratique le retournement, ou bien la transvaluation, la pensée transformante, la pensée des transformants… Même s’il est parfois pris au piège un moment.
C’est cela qui nous intéresse. Notre siècle va être « heureux » d’entrer dans cette pensée des transformants, car nous avons vu tant de choses se retourner, la tête en bas. Il faut acquérir une sorte de souplesse, devant ce gymnase des langues. Quand on voit que le peuple qui a libéré l’Europe a voulu l’entraîner dans le trou noir de la Mésopotamie, mise au pillage… Le musée de Bagdad pillé, avec toute notre mémoire… L’invention de l’écriture, les tablettes sumériennes fracassées, sans même que l’on ait pensé à mettre un planton devant, alors qu’on a su en mettre devant les banques… Le renversement des rôles, là encore, est une tragédie effrayante, qui va faire se perpétuer l’inflammation.
Ce qui est important si l’on s’aventure dans les langages totalitaires, c’est qu’on y apprend nos propres langages, et à s’exercer à leur déchiffrement. Bien sûr, aucune solution n’est « livrée »… (Entretien avec Jean-Pierre Faye)
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Du fascisme déjà ringard au moment de sa remise en route par les rockers d’Occident, au goût de la compétition déclinée aujourd’hui dans tous les sens par le libéralisme qu’on appelle néo, il y aurait ce pont. Une certaine façon de priser la force, de reconduire par le libre jeu des échanges la lutte naturelle et de nettoyer les restes comme les loups se débarrassent de l’élément faible. Comme disait le philosophe Alain Delon, connu à une époque pour ses amitiés croisées avec Raymond Barre (autre libéral aux propos parfois douteux) et Jean-Marie Le Pen : les chardons, on les arrache. Entre un certain libéralisme décomplexé et la pensée fasciste, il y a, au plus profond, à la base si l’on veut, une volonté commune de rabattre les lois organiques sur le champ social. Et l’image du visage de l’octogénaire fatigué, et au fond inoffensif, à côté de celui de Chirac au soir du 21 avril, ne doit pas masquer celle, par exemple, d’un Haider habillé sportswear posant au milieu de la triomphale équipe autrichienne de ski. Prêt pour la compétition, bien décidé à gagner. (François Bégaudeau, « Permanence d’Occident »)
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Frappé par l’interdiction d’enseigner, de fréquenter les bibliothèques, de ses procurer des livres ; destitué de sa chaire à l’université de Dresde, réaffecté en tant qu’ « ouvrier juif » à une usine éloignée de la « maison de Juifs » où il était contraint de résider, c’est dans le journal qu’il tint clandestinement, et dont sa femme, « aryenne », parvint à mettre les feuillets à l’abri grâce à la complicité d’une amie, que le philologue, spécialiste de littérature française du dix-huitième siècle, exerça pendant toute la durée du Troisième Reich, le matin dès quatre heures, son acuité critique sur les mots dont il rencontrait et subissait les effets dans la journée, au travail ou dans la rue. Interroger dans ses transformations, dans le processus des tendances sémantiques qui s’y déclaraient, la « langue du temps », ainsi que Klemperer la dénomme, devint alors l’unique méthode de sa stratégie de survie intellectuelle. (Mathieu Larnaudie, « La langue des héros »)
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