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Citation de Charybde2


Tentative de comprendre : de la mort comme expropriation. Comme arrachement au corps, habitat primaire de ce qui est communément admis comme l’âme. Le shopping comme palliatif. L’addiction de ma mère au shopping, par exemple, est l’espoir de conjurer sa mort – qu’elle estime – prochaine, imminente. Longtemps j’ai cru qu’il s’agissait de panser une misère sexuelle ou la séparation avec ses enfants. Moi d’abord. Mais il s’agit plutôt de s’attacher, bec et ongles, à des choses matérielles, s’accrocher à, planter des pics, mordre à pleine bouche la terre, sa surface pour esquiver le trou, se lester, jeter des ancres : les habits, les torchons, les éponges, les passoires, les casseroles, les vernis à ongles, les habits pour les bébés, les nouvelles lampes, le nouveau canapé, le nouveau tapis, le nouveau caftan. Elle ne se répare plus. Elle laisse son genou en vrac, ses dents en ruine, ses articulations rouiller, ferme les yeux sur son mal d’estomac. Elle achète. Elle ne consomme pas. Elle entasse ou offre : elle se dissémine ; se répand. (« L’eau du bain »)
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