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Citations de Rim Battal (47)


Non, il ne s’agit ni de perte
Ni de gain
Simplement des selfies
Qui se font
Et s’oublient soudain
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I
Qui du maître ou de l’esclave
vit plus longtemps
vit plus heureux
vit plus vaillant

l’esclave connaît mieux le repos
le soleil et le contentement
le maître
est un mystère

II
Le bronzage est-il beau parce qu’il
rappelle le travail dans le champ
le chant et le coude et le bois coupé
ou pour ce qu’il figure du repos sans fin
et de l’oisiveté du maître
ainsi qu’on l’imagine
[mon bronzage est ma levée de bouclier]

III
J’infuse dans l’eau
je bulle
mesure mon souffle
j’oublie
que pour quelques cocktails
j’accepte
un bracelet électronique
tout le séjour durant
là où mon pouls bat
le plus fort

IV
J’ai gardé de l’enfance le goût
du poème
du dessin
et le pipi dans la piscine [sans scrupules]

voilà tout ce que j’ai du maître
tel que je l’imagine
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J'ai enlevé à la douceur sa robe
pour être moi-même douceur un instant
la douceur avait un goût d'usine
et sa robe plastique brillant
-----
Les écouteurs n'empêchent pas le monde
d'entrer par tous les trous
ni les glaces de bouillir autour
et il faut s'entraîner à l'oubli
et au pardon et réparer
pour triompher et survivre
-----
Il pleut enfin et nous
passons entre les gouttes et nous en dérangeons d'autres
à celles que j'écrase contre mon crâne je dis
P P P P P P P P
A A A AA A A A
R R R R R R R R
D D D D D D
O O O O O O O O O
N N N N N N N
Sans m'excuser vraiment puisque je continue de marcher
-----
Chaque goutte grossit d'un centimètre
de diamètre à mesure que j'avance
puis deux et trois puis dix désormais
qu'elles font de diamètre jusqu'
à ce qu'elles s'associent se serrent
les coudes - le monde est une
piscine totale
à présent - et surprise ! je
respire sous l'eau
- des corps flottent devant les pixels de mes yeux
les larmes ne m'auront plus
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Vernaculaire

Quatorze heures, Tzara

La nudité tranquille de son corps comme élément
de langage d’une certaine nécessité
écrire sa nudité le plus tard possible
son corps tranquille et nu sur les draps

Nous prenons le temps que nous n’avons pas
nous folâtrons sur le coton d’Égypte
légers et nus

Parler de sa nudité
de sa façon d’être nu
la façon qu’a son corps d’être nu
la tranquillité caniculaire de son corps nu
comme élément de langage
d’une nécessité certaine :
le fer est sans issue pour les étoiles

Son corps tranquillement nu
solide et sain métal de transition ; fer
malgré l’abandon malgré la forêt
emballage tranquille de la terrible marée qui afflue
vers ma main quand je le caresse

Ce n’est pas un cinq à sept : nous cueillons le temps
son corps nu, tranquille, nom vernaculaire du désastre
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Chaque note de musique allait se loger comme une balle
dans mes doigts mes orteils mes tempes mes flancs
et toutes mes extrémités je me suis crue
musicienne quand j'étais danseuse
-----
La guitare n'a pas voulu de moi
ni le piano
l'amour, lui, m'a offert pour demeure
ses palais
a fait sien mon corps
sans me poser de questions
sans me demander
mes diplômes
-----
Danser n'est pas sans douleur
et je ne parle pas uniquement du monstre
qui me ronge tous les mois
me plie en deux
m'isole
me prive de piscine
-----
La musique
je ne la goûte que seule
et ici
je suis trop entourée
de qui je suis la sœur
de qui je suis le frère
de qui je suis la moitié
ou carrément tout

et tous ceux qui veulent
l'ambre de ma peau
dans un système donné
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La pierre blanche tremblait des lézards
et tous les reptiles lui faisaient
tourner de l'œil
ou comme on ne dit pas :
tomber dans les paumes
-----
Ceci n'est pas un désamour
les lenteurs de l'un se superposant aux
accélérations de l'autre
et vice versa - on parlerait de
désynchronisation
si l'on osait parler de ça
-----
Les jardins vont à la lumière
comme une épouse
ils sont peuplés de lauriers roses
et blancs
de pins parasols et de roses
de membres et d'autres arbres
et d'autres fleurs que je ne connais que
de visage
d'ombres
il n'y a pas d'oiseaux hormis
les hirondelles et j'observe avec joie
les geckos
traverser les allées de granit
brûlantes
-----
Les jeunes femmes n'ont d'autre artifice que leur jeunesse
celles qui ont mon âge ont des faux cils
celles qui ont le double abordent la piscine
parées de bijoux
et je n'ai que mes cernes et mon persil
depuis qu'il ne m'est plus possible
d'habiter le mythe
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Les catins ne sont pas ici
ou alors mariées avec enfant(s)
ou alors
avec enfant(s)
les catins ici avec enfants et mariées
ou pas sont
ici avec ou sans
sont si peu catins ici qu'on
s'étonne de les voir avec enfants
sont ici et leur con
est là pour
pas grand-chose
-----
Moi la première
(l'All inclusive ménagère-moins-de-cinquante-ans-ise)
-----
Me suis toujours trompée sur tout
un poulpe ! et c'est une corde
un monstre ! et c'est une
ancre encore - un ventre
pour dormir et reposer
son fardeau et c'est une prison
sans faire exprès
voilà le secret de ma
longévité
-----
Ô catin tatouée !
Ô catin à la peau tannée
toi catin des hôtels
tant désirée
ton cocktail à la main
je me désire en toi
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L'épuisement. Ce n'est pas la fatigue, l'épuisement.
C'est la fuite de toute substance de la tête par les pieds qui fait flaque entre les jambes comme si dans un accès de démence, l'on eut pissé son âme.
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Faim

Des corps ont passé et ton poing
Nu de tout poids
S’obstine à croire à la pertinence
Du coup qui part seul
Comme seul argument

C’est la table qui le reçoit
Il n’y a pas mort d’homme

Quel dommage ! Nous aurions
Eu peut-être un nouveau jour
Férié pour servir au dehors
Une soupe à la rue pleine
De dents qui croient
À la morsure comme seul argument
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Tentative de comprendre : de la mort comme expropriation. Comme arrachement au corps, habitat primaire de ce qui est communément admis comme l’âme. Le shopping comme palliatif. L’addiction de ma mère au shopping, par exemple, est l’espoir de conjurer sa mort – qu’elle estime – prochaine, imminente. Longtemps j’ai cru qu’il s’agissait de panser une misère sexuelle ou la séparation avec ses enfants. Moi d’abord. Mais il s’agit plutôt de s’attacher, bec et ongles, à des choses matérielles, s’accrocher à, planter des pics, mordre à pleine bouche la terre, sa surface pour esquiver le trou, se lester, jeter des ancres : les habits, les torchons, les éponges, les passoires, les casseroles, les vernis à ongles, les habits pour les bébés, les nouvelles lampes, le nouveau canapé, le nouveau tapis, le nouveau caftan. Elle ne se répare plus. Elle laisse son genou en vrac, ses dents en ruine, ses articulations rouiller, ferme les yeux sur son mal d’estomac. Elle achète. Elle ne consomme pas. Elle entasse ou offre : elle se dissémine ; se répand. (« L’eau du bain »)
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Je passe comme un train
à côté de ma vie qui me salue
perplexe sur le quai
pourtant ma vie c'est aussi
le train et la gare et la société
ferroviaire
et la vache qui broute au bord
du chemin
-----
Arriver à l'heure
au mauvais endroit
n'est pas arriver à l'heure
-----
Arriver à l'heure
au mauvais endroit
est tout de même arriver à l'heure
-----
Il n'y a pas de mauvais endroit
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Le voilier au loin ne me fait pas rêver
ni celles qui font tresser leurs mèches
aussi blondes que l'Astre et le sable
ni les huit maillots signés
ni, ni
ni
-----
Le Martini du matin
a in goût de fourmi
écrasée
-----
Les vieux comme les vieilles
semblent plus légers
sans nostalgie
quand iels nous regardent
du haut de leurs années

pour elleux
le temps suspend sa course
il a le ralenti des premiers jours
la musique de leurs os recouvre
celle du coeur :
serein,es
-----
J'ai compris pourquoi les raies
se promènent avec les poissons
me dit-il avec ses yeux d'hommes
les raies et les poissons qu'ont-
iels compris de sa promenade
avec femme et enfants ?
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Il y a les qui s'enfancent en moi
m'en demandent trop ou pas assez
mon foi est à bout de souffle
il lui faut son coquillage pour entendre
et un sein pour oreiller
-----
Tous les corps sont tatoués
tous les tatouages approximatifs
ils sont
[comme les poèmes] les essais des sans bagages
-----
Il est agréable de voir autant de nombrils
nœuds divers et sans métaphores
l'eau et la brasse et parfois
les brassières portent leurs dérives
les palmiers impriment en leur creux
d'éphémères histoires
en négatifs
-----
Je mange mieux quand je n'ai rien préparé
ni couru
ni brûlé le fond de la casserole
et j'aime mieux mon ventre soulevé
par autre chose que l'effort
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On a baissé les stores
que les verres et les serviettes ne s'envolent pas avec
le vent

Je suis bien assis sur mes cuisses
mon sexe s'est rapproché de mon anus
dans la douleur comme dans
le plaisir
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Les plats se suivent et - bien que variés - se ressemblent
la conversation, elle - c'est elle -, qui donne
le goût
si elle est menée à la baguette
-----
Mais ici et depuis longtemps
le pain est mal cuit - trop ou pas assez
on ne maîtrise plus le feu - on a perdu la main
la cuisine est sans mains et les recettes
se succèdent sans succès
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Si l'on trouve le champagne trop cher
refuse-t-on la joie
ou refuse-t-on le discours ?
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Je tourne le dos à mon écharde
elle a les contours d'un arbre qui brûle
tout ce qui respire - qui vit - autour
fuite fuite

même les moustiques
surtout les moustiques
------
Et quand son bois n'est plus que des cendres
il continue de brûler par la racine et renaît
plus que cendres et plus que le feu
fort de son savoir-brûler de soleil
-----
Je fais la planche
vis à ma surface
la cultive comme lieu suffisant
-----
Je les vois ridicules dans leur maillots Zara
trop pauvres à imiter les riches
- pourtant je n'en possède pas plus
et si seule je venais à entrer dans cet hôtel
je n'aurais pas de quoi m'y offrir le moindre cocktail
et je n'ai rien inventé
à part ces quatrains
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Tout est joli dans un corps qui va bien
qui porte ses dents pour rire
et ainsi prouver son sérieux
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Il et elles sont dans l'eau comme dans le ventre premier
le lien est visible
ainsi que cette fleur déposée sur mon nombril
par l'une de mes filles
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Je peux décorer ton ventre
me dit-elle
quand elle dépose cette fleur qui vaut mille
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Excepté dans le désert où dans la dune
et le silence
raccommodent tout aussi bien
racontent tout aussi bien
l'essentiel
comment vit-on éloigné des eaux
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L'horizon court
au-dessus de la montagne
le fond de l'air est brûlé
le feu est intentionnel
-----
Nous n'avons pas quitté les profondeurs de notre plein gré
l'eau nous a poussé à la porte et l'air
s'est engouffré
irrémédiablement
-----
Les dos brunissent
Les glaces fondent
Sur les mains des nouveau-nés
-----
Le poème, son écriture
est ici pour remédier à l'impuissance
et l'orage annoncé par les hirondelles
qui puisent l'eau chlorée de
la piscine pour s'hydrater
l'orage claque des dents
cherche le courage d'éclater
voici un poème sur le poème
suis-je enfin poète ?
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Le persil qui dépasse du panier
n'a pas la meilleure des presses
pourtant le panier est de bon goût
et le persil est entretenu aux huiles essentielles
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Entre repos et mouvement
cause et effet
le corps âprement gagné
s’immobilise
en chien de fusil

Viens chercher, s’entend-il crier
Viens chercher
Mais lui attend
la détonation dernière du maître fatigué
le feu dernier du maître sans munitions
pour lui sauter au cou
arracher une fois pour toutes
son droit le plus élémentaire
à tuer seul et pour son compte
ce que bon lui plaît
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le sentiment d’être un nouveau colosse de Rhodes,
certains jours – un pied de chaque côté de la méditerrannée – et d’autres, la sensation d’avoir le cul qui s’érode entre deux chaises
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