Les chevillards, maraîchers, fleuristes, poissonniers négocient âprement en langue verte avec les grossistes, les bouchers s’interpellent en louchebem, puis concluent leurs accords avec les détaillants en se tapant dans la main. Les transactions se traitent en cash, sont discrètes, rapides, formelles et consensuelles. Ici, pas de chèque, pas de trace. Une poignée de main vaut contrat.
Un certain jour, par un concours de circonstances, Marinette la serveuse du Merle Moqueur qui plaçait les gens à la venvole, un plat dans chaque main et l'addition de la quatorze ou de la quinze... entre les lèvres - ce qui n'était pas plus mal, car avec elle, seul l'écho avait le dernier mot -, proposa entre deux services d'un simple coup de menton de m'installer par défaut à la table de ce curieux personnage, celle des habitués. J'acquiesçai aussitôt. L'occasion était trop belle.
Cantiques à l 'amour. Robert Bruce
Elle était mon amante
Passionnée, soeur aimante
La mère de mes caprices
Elle était toutes les vertus, tous les sévices
Elle était lac paisible
dévergondee, force invincible
Océan, de révolte et de rage
Elle était pluie douce, et violent orage
Elle n 'avait pas froid aux yeux
Connaissait les mers et tous les cieux
Insolente, parfois timide
Elle folle, souvent lucide
Elle était noyée dans la foule
Se plaisait sur la houle
Insolente, et pourtant volontaire
Elle était gaie, et ne savait se taire
Elle était chanteuse des rues
De goualantes maintenant disparues
Putains ou femme du monde
Elle s 'égarait souvent à la ronde
Elle était toujours hantée d 'ailleurs
Pour le pire, et pour tous les meilleurs
Naïve, croyait en l éternité
Elle n est plus , on l à prise, LIBERTÉ.