C’est la diversité même du roman policier qui en fait sa richesse et son originalité. Pourquoi vouloir le réduire à l’unidimensionnalité ? C’est pourquoi, à la définition de Régis Messac : « Le roman policier est un récit consacré avant tout à la découverte méthodique et graduelle, par des moyens rationnels, des circonstances exactes d’un événement mystérieux », nous préférerons celle de François Fosca : « On peut définir sommairement le roman policier en disant que c’est le récit d’une chasse à l’homme, mais ceci est essentiel, d’une chasse où l’on utilise ce genre de raisonnement qui interprète les faits en apparence insignifiants pour en tirer une conclusion. »
Cette dernière définition, moins contraignante et plus ouverte, possède en outre l’avantage de jeter un pont vers le roman policier social qui va faire imploser les sacro-saints commandements du roman policier de type énigmatique dont les Anglais étaient passés maîtres.
"Un jour, j'ai été frappé par l'extraordinaire succès du roman: Le facteur sonne toujours deux fois, de James Cain, qui est devenu un classique. Je l'ai lu et je me suis dit que je pourrais essayer d'écrire moi-même quelque chose dans ce genre . Ce fut pas d'orchidées pour Miss Blandish . Il ne me restait plus qu'à m'assurer que l'ouvrage se vendrait.
Pourquoi n’avait-elle pas parlé à la police ? Elle ne se fit pas prier pour répondre.
« Parce qu’il y a deux espèces d’individus qui sortent par les pores : ceux qui sont nés sous le signe du Scorpion et ceux qui appartiennent à l’engeance des poulets. »
Genre littéraire prisé ou méprisé par excellence, le roman policier n’a pas à rougir ni à s’enorgueillir de la situation qui lui est faite, laquelle diffère fort peu, par ailleurs, de celle qu’a connue le roman généraliste lui-même et qui ne l’a jamais privé de connaître l’expansion sauvage que l’on sait, en un peu plus de trois siècles, rasant tout ou presque sur son passage, au point de faire tomber dans les oubliettes de l’Histoire des pans entiers d’expressions littéraires pourtant fort en veine à l’époque même où il se battait, seul contre tous, pour une reconnaissance officielle.
Pour ne pas être en reste, la Chine ancienne avait, pour sa part, affecté un fonctionnaire de police à chaque rue avec pour mission de tenir un fichier des habitants et de surveiller les éléments subversifs. Fouché et Vidocq n’ont rien inventé... Quant à l’empire Inca, il n’avait rien trouvé de mieux que de soumettre jour et nuit, au contrôle d’un mayoc, des groupes de dix familles, avec pour mission de surveiller chacun des membres dans son travail, ses relations et jusqu’au nombre des accouchements dans la maison.
C’est, en effet, en Égypte, trois mille ans avant notre calendrier, que se manifestèrent les premiers symptômes d’une police organisée, confiée à un nomarque qui cumulait les fonctions de commissaire du gouvernement et de président du tribunal. Le XIe statut du code de Ménès (l’un des premiers rois pharaons) stipulait : « On coupera le poing aux faux-monnayeurs, le nez aux femmes adultères et le membre viril aux hommes violant des jeunes filles. »
Les 89 romans qui composent l'oeuvre chasienne ont beau être de facture inégale, ils ne laissent jamais indifférent.
...incontournables qui soutiennent la comparaison avec nombre de romans en général, par ordre de parution: Pas d'orchidées pour miss Blandish, Méfiez-vous fillettes, Miss Shumway jette un sort, Eva, Le requiem des blondes, Elles attigent, La chair de l'orchidée, Traquenards, Garces de femmes, La main dans le sac, Lâchez les chiens, La petite vertu, La culbute, Partie fine, Pas de mentalité, L'héroïne de Hong-Kong, Un beau matin d'été, Chambre noire, Un hippie sur la route, Meurtres au pinceau.
Le roman policier (de type énigmatique, dit déductif, et de type social, dit noir) constitue une de ces armées qui contribuèrent, au cours du temps, à imposer le roman comme contrée dominante sur la carte littéraire.
Pour être juste, autrement dit pour avoir sa raison d'être, la critique doit être partiale, passionnée, politique, c'est-à-dire faite à un point de vue exclusif, mais au point de vue qui ouvre le plus d'horizons.
Par ailleurs, la consensualité n’étant que le sédiment de l’uniformisation de la pensée, qu’on n’attende pas de ce « dictionnaire » qu’il adopte le profil fuyant de la neutralité bienveillante. Dès qu’il s’agit de prendre parti, il n’hésite pas. Il faut dire que son auteur a la faiblesse de croire que, face à toutes ces idées bien arrêtées qui régissent et meublent le monde, les vôtres et les siennes ont su rester en alerte et donc en mouvement.