L’homme ordinaire est possédé par ses facultés. L’Eveillé les possède.
Une civilisation basée sur l'activité du Moi n'aboutit qu'au désastres, aux guerres, aux conflits dont nous sommes de plus en plus les victimes.
Le Satori — cet état d’Eveil suprême et parfaitement naturel — se manifeste comme un envahissement de la conscience ordinaire par une acuité de lucidité qui fait éclater les mots et les symboles « par le dedans ». La force d’habitude qui nous liait aux mots et aux symboles en vertu d’une tendance à l’identification et à l’attachement du « moi » s’est éteinte.
Parce qu'il veut trop gagner sa vie, l'homme moderne est en train de la perdre.
En voulant trop construire, il se détruit. En cherchant trop avidement sa sécurité, il aboutit à son insécurité.
L’humanité vit consciemment et inconsciemment sous le signe d’une angoisse fondamentale. Elle augmente de jour en jour. Le culte unilatéral de l’intellect, la déification naïve de la technique ainsi qu’un orgueil infantile, ont poussé l’être humain à commettre des crimes de plus en plus graves contre la Nature. Et maintenant, plus personne ne l’ignore, la Nature commence à répondre.
Toute l'oeuvre de Krishnamurti peut-être considérée comme un énoncé des obstacles, en majorité psychologiques, qui paralysent les possibilités de perceptions naturelles les plus profondes de l'esprit humain. Il s'agit d'une véritable science naturelle de l'Eveil intérieur, science de la " connaissance de soi ", dont la mission essentielle consiste à rendre l'homme vraiment libre par la prise de conscience de ses conditionnements. En fait, nous ne sommes que " conditionnements ", à la fois physiquement et psychologiquement, mais nous ne nous en rendons pas compte.
Dans l’attention parfaite il y a cessation de toute dualité. Cette dernière existe forcément dans l’apparence extérieure des choses mais le sens psychologique d’une opposition entre le sujet et l’objet se trouve éteint. Il n’y a plus conscience « oppositionnelle et dualiste » de quelque chose ou de quelqu’un. Il y a conscience tout simplement, d’abord et avant tout.
Carlos Suarès rapporte qu'un jour quelqu'un demanda à Krishnamurti : "Dois-je quitter l'Église ?" Krishnamurti lui répondit : "Pourquoi devriez-vous quitter l'Église ?" L'autre compris qu'on lui conseillait d'y rester. Il n'en était rien : Krishnamurti invitait seulement son auditeur à se rendre compte des vraies raisons de son acte. Sa réponse est caractéristique.
L’ampleur des difficultés d’expression verbale met le chercheur dans l’obligation du vécu intérieur par la méditation. Toute tentative de conceptualisation est ici vouée à l’échec. Cet interdit est donc utile. Pour ces raisons, les Éveillés déclarent que seul le Silence est l’éloquence suprême dépassant le langage familier en évitant ses malentendus.
Au moment même de l’expérience nous sommes l’objet d’une véritable mutation psychologique. Il n’y a plus ni mots, ni symboles, ni sujet, ni objet, ni expérimentateur, ni expérience. Nous réalisons dans cet instant une sorte de « décollement » intégral de notre propre passé.