Mais à quoi bon ces preuves de l'ardeur au travail de nos jeunes gens et de l'enthousiasme de leur ami l'abbé, elles sont inutiles. Les vrais témoignages sont ces sanguines si librement traitées, que Ion attribuerait presque indifféremment à Robert ou à Fragonard, les lavis de bistre et de sépia reproduisant les divers aspects de la villa d'Este, eaux limpides, cyprès séculaires, escaliers en perspective, tous ces dessins crayonnés en courant la campagne aux environs de Tivoli, dont l'abbé de Saint-Non nous a conservé la Heur dans ses piquantes eaux-fortes qui retracent l'un des coins les plus heureusement arrangés, pour le plaisir des yeux, de toute l'Italie.
Dubosc a gravé, en collaboration avec son maître Bernard Picart, les Travaux d'Hercule, d'après Louis Chéron, en 12 pièces. Il passa en Angleterre avec Beauvais et Lépicié pour graver les cartons de Raphaël, plus connus sous le nom de Cartons de Hampton-Court, château royal des environs de Londres, où ils étaient placés. L'entreprise n'eut pas de succès. Dubosc continua néanmoins à séjourner en Angleterre. Il grava, aidé de Beauvais et de Baron, une suite des Batailles du duc de Marlborough et collabora à la gravure des Cérémonies et Coutumes religieuses de tous les peuples de Bernard Picart.
Parmi les artistes-amateurs du XVIIe siècle, Antoine de Marcenay fut l'un de ceux qui montrèrent le plus de véritable talent. Il avait un sentiment très fin de l'art et une réelle habileté dans le maniement de la pointe ses eaux-fortes, d'une saveur et d'une originalité qui les font immédiatement reconnaître sont, à tout prendre, fort au-dessus d'un travail d'amateur. II faut dire d'ailleurs que, vu l'insuffisance de sa fortune, Marcenay en faisait ouvertement le commerce.
Illustrateur de livres hors pair, plus particulièrement des Contes lie La Fontaine où il se montre inimitable de verve et de gaieté, il est encore miniaturiste exquis et le graveur à l'eau-forte ne le cède chez lui ni au peintre ni au dessinateur. C'est donc une personnalité artistique très complexe et qui méritait une étude détaillée. Le succès toujours croissant de ses ouvrages, venge bien du reste Fragonard des dédains de l'École de David et de la réaction qui suivit.
Ces études sur les artistes et leurs dessins sont précédées d'une Introduction où les différentes phases par lesquelles a passé l'art d'illustrer les livres, plus particulièrement dans le cours du XVIII siècle, sont rapidement examinées; elles sont suivies d'un appendice contenant une série d'artistes, dont l'absence aurait constitué une lacune regrettable, mais dont la notice s'y trouve beaucoup plus restreinte.
Le nom des Drevet est l'une des gloires de la gravure française. Élevés dans la tradition des Audran les Drevet ont été, à la fin du XVIIe siècle et au commencement du XVIIe, les plus remarquables représentants de la gravure de portrait, qu'ils ont portée à un degré de perfection qu'on ne saurait dépasser.
Le goût des livres illustrés est déjà bien ancien, et les amateurs enthousiastes de figures se trouvent avoir de nombreux ancêtres ; on peut même dire, sans crainte de tomber dans le paradoxe, qu'avec le premier manuscrit est née l'ornementation du livre. Sans remonter jusqu'à l'antiquité proprement dite, il nous suffira de prendre pour point de départ les premiers siècles du moyen âge ; à cette lointaine époque, l'ornementation des manuscrits, à la fois archaïque et rudimentaire, s'inspire à peu près exclusivement de l'art byzantin, lui-même dernière émanation directe de l'art antique.
Dans le seul domaine des Arts, combien d'artistes, peintres, sculpteurs, musiciens, graveurs même, ont laissé des œuvres pétries de ce goût que l'on pourrait appeler national, et quel temps plus fécond que le XVIIIe siècle, lui qui eut l'heureuse fortune de trouver à son aurore un Watteau, à son déclin un Fragonard pour le peindre! Était-il artiste mieux doué de ces qualités toutes françaises que celui qui fait l'objet de cette étude? D'autres ont eu plus de génie, Fragonard aura toujours pour son lot, l'esprit.
Martini avait reproduit au trait, à la plume, les différentes compositions du Régent pour Daphnis et Chloé. Il grava ses dessins en 1788 et les fit tirer au bistre pour en orner les éditions du roman de Longus. On a encore de lui un grand nombre de pièces d'après les dessins de Moreau, auquel il semble visiblement avoir plu comme graveur, pour les Oeuvres de Rousseau, de Marmontel, d'Imbert et pour les Figures de l'Histoire de France etc.