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3.95/5 (sur 19 notes)

Nationalité : Suisse
Né(e) : 1917
Biographie :

Licencié en histoire et géographie, Roger Du Pasquier est un journaliste suisse qui a grandi dans une famille protestante et s’est converti à l’Islam, auquel il consacré plusieurs ouvrages.

Il était proche de l’orientaliste Jean Herbert et a été influencé par la conversion à l’Islam du métaphysicien français René Guénon.
Il s'intéressait aux auteurs de "l'école traditionaliste" qui, dans le sillage des travaux de R. Guénon et Ananda Coomaraswamy, ont fait découvrir au public occidental la profondeur et l'actualité des doctrines traditionnelles portées par les grandes religions: Frithjof Schuon, Titus Burckhardt, Martin Lings et Seyyed Hossein Nasr.

R. Du Pasquier a traduit plusieurs ouvrages sur la spiritualité comme "Qu'est-ce que le soufisme" de Martin Lings, "Lumières bouddhiques" de Marco Pallis ou encore "Le Chemin de la Mecque" de l'Autrichien converti à l'Islam Muhammad Asad (Leopold Weiss).
Il est aussi l'auteur de plusieurs études : "Découverte de l'Islam" (Seuil), "L'islam entre tradition et révolution" (Togui), "Le réveil de l'Islam" (Cerf) ou encore, en collaboration avec William Austin et Vincent Mansour Monteil, "Le Monde arabe: Tradition et renouveau" (Edita Lazarus).

Dans un article d’une revue trimestrielle suisse, Le Temps Stratégique (revue qui n’existe plus mais dont on peut lire un large extrait sur le site internet www.islamdefrance.fr), R. Du Pasquier a exposé sa perception de l’Islam dans le monde contemporain et son parcours d’intellectuel en quête de vérité absolue (cf. Le Temps stratégique, n° 22, automne 1987).



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Source : http://leslumieresdorient.com/84-du-pasquier-roger-
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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
Pour l'homme spécifiquement moderne, l'univers se réduit à un seul niveau de réalité, défini par l'espace et le temps. La création est une accumulation de phénomènes que seule une expérimentation fondée sur des normes quantitatives permet d’appréhender valablement. En conséquence, le monde apparaît comme un ensemble plus ou moins cohérent, plus ou moins absurde, d'objets d’où la pensée philosophique et scientifique a progressivement exclu toute intervention de principes supérieurs, finissant par admettre qu'il est régi uniquement par le hasard. Telle est notamment la thèse qu'un éminent prix Nobel, le professeur Jacques Monod, avait développé, à l'aide de démonstrations savantes, dans un livre célèbre, dont le succès a clairement démontré qu'elle exprimait bien la pensée contemporaine.

Pareille conception de l'univers détermine l'attitude de l'homme en face de la nature. Ainsi, les modernes la regardent comme un objet dont ils peuvent disposer a leur gré pour satisfaire leurs besoins, leurs ambitions ou leurs caprices. N'y voyant aucun sens profond ni rien qui mérite le respect, puisqu'elle est le fruit du hasard, l'ayant donc désacralisée, ils l'exploitent et la violentent, rompent son harmonie et aboutissent finalement à la crise écologique qui, à juste titre, inquiète si fort l'opinion publique.

A l'opposé, le musulman voit dans la création l’œuvre de Dieu, la manifestation de ses signes et de sa gloire. Le cosmos et tout ce qu'il contient sont pour lui symboles de réalités d'un ordre plus élevé. Rien n'est absurde ni fortuit dans la nature et chaque chose y est douée d'un sens que l'homme non encore aveugle par la mentalité et les préjugés modernistes est capable de discerner.

Ce discernement, qui est aussi respect et capacité d’émerveillement devant l'œuvre du Créateur, permet d'apercevoir en toutes choses le témoignage de l’unité et de la toute-puissance divines. En effet, « toutes les créatures dans les cieux et sur la terre se soumettent a Dieu, de gré ou de force, et seront ramenées vers Lui. » (III, 83) (pp. 29-30)
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Afghan ayant étudié en France, Rashid Amin, lui-même originaire du Panchir, y a séjourné auprès de Massoud dont la personnalité l’a fort impressionné. Le portrait qu’il en donne laisse apparaître une sorte de moine-soldat entièrement voué à l’effort (jahd) exigé par le jihâd, la guerre contre l’oppresseur mécréant, mais en même temps parfaitement soumis à la volonté divine. Personne ne lui connaît de comportement impliquant le moindre manquement à la Sharî’a, la Loi coranique. Célibataire, il a toujours été d’une chasteté irréprochable et vit selon un mode ascétique qui en impose à son entourage et à ses troupes où son austérité a fait école et où rares sont, par exemple, ceux qui se permettent de fumer. On se presse pour accomplir les prières canoniques en sa compagnie et, pour chacune d’elles, une cinquantaine d’hommes au moins se rangent à ses côtés face à la qibla, la direction de La Mecque. Sa piété n’en fait pas un homme triste ainsi qu’en témoigne le titre du livre dont il ne se sépare pas plus que de son Coran, de son arme et de son petit récepteur de radio, L’Alchimie du bonheur, le célèbre traité de l’imam Ghazâlî où est soulignée la nécessité des œuvres en plus de la connaissance et de la foi. Le soir, dans un campement de montagne, une maison de village ou une grotte, entouré de ses compagnons d’armes, il en lit souvent des passages à haute voix, les faisant alterner avec ceux d’autres traités soufiques ou, parfois, du Mathnawi de Rûmî dont les vers inspirés font vibrer les cœurs de ces Afghans de culture persane.

Lui-même presque constamment en état de pureté rituelle, Massoud insiste pour que les moudjahidine, dont chacun porte un Coran sur soi, observent l’usage traditionnel consistant à faire l’ablution (wudhu) ainsi qu’une prière de deux rak’a (inclinaisons) avant de partir au combat. Pendant l’action et suivant l’exemple du Prophète et des premiers combattants de l’Islam, ils diront les prières intérieurement aux heures prescrites, sans accomplir les gestes rituels ni tenir compte de la qibla lorsqu’ils font face à l’ennemi. En période de Ramadan, tout le monde observe strictement le jeûne, mais les soldats de première ligne en sont dispensés, ce qui est également conforme à la tradition. A l’arrière, pendant les nuits du mois sacré, on visite des pirs (maîtres soufis) s’il y en a dans la région, on chante des qasidas (chants religieux) et on pratique le dhikr (remémoration de Dieu) sous la forme d’invocations comme celle-ci, courante chez les Naqshbandis : yâ Hayy, yâ Qayyûm (ô Vivant, ô Subsistant éternel !), ou de la répétition rythmée de la Shahâda, la profession de foi Lâ üâha illa’Llâh. (pp. 236-238)
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Il est à Istanbul une personnalité hors du commun qui a œuvré peut-être plus efficacement que quiconque pour la réha­bilitation de l’art traditionnel turc et musulman : Nuri H. Arlasez, couramment appelé Nuri bey, descendant d’une vieille famille de « deunmehs », ces juifs cabalistes de Salonique convertis à l’Islam au XVIIe siècle à la suite du fameux Sabbatai Zevi qui s’était proclamé messie, avait constitué une collection unique de chefs-d’œuvre à l’époque toute récente où la société turque, entichée d’occidentalisme, semblait avoir perdu toute notion de la valeur de son propre patrimoine culturel. Il en a donné la plus grande partie au Musée des arts turcs et musul­mans attenant à la merveilleuse mosquée Suleymaniye, enparticulier quelque deux cent cinquante manuscrits enluminés témoignant de la prodigieuse maîtrise atteinte par les calligraphes ottomans dans cet art si typiquement islamique.

Attiré par sa réputation, je suis allé voir Nuri bey chez lui, à Ortakôy, faubourg d’Istanbul voisin du gigantesque pont suspendu enjambant le Bosphore. Sous ses fenêtres, le tinta­marre de la circulation ne parvient pas à troubler la sérénité de ce sexagénaire au regard clair et d’aspect ascétique. Avant de me montrer quelques-uns de ses trésors et de conter leur découverte, il tient à préciser quelques notions fondamentales sur l’art et notamment sur ce qui oppose ses formes tradition­nelles aux conceptions modernes.

— Dans une société traditionnelle, l’art n’est pas une fin en soi ; c’est un moyen de parvenir à un but qui est l’Un. En revanche, dans la société contemporaine, l’art est son propre but ; en conséquence il s’égare dans l’extravagance. L’artiste traditionnel tend à l’anéantissement de son ego et son art est lié à la quiétude intérieure. Il se préparait autrefois au travail par la purification, de manière à être en paix avec soi-même et avec le monde. Au contraire l’art moderne est marqué par l’inquiétude et l’angoisse ; c’est son propre ego que l’artiste contemporain tend à exalter et ce sont ses problèmes person­nels qu’il exprime, sans pouvoir s’élever à un plus haut niveau.

L’artiste musulman, pour sa part, accepte ce qui vient du Ciel, car Islam signifie acceptation ; il devient un instrument dans la main de Dieu. Possédant la paix intérieure, il met en pratique cette vérité déjà énoncée par la Bhagavad Gita : « Qui ne dérange pas le monde n'est pas non plus dérangé par lui » (pp. 143-144)
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La légende déclare : « Les Moudjahidine afghans bénéficient de l’entier soutien d’Allâh Tout-Puissant ; aucune puissance terrestre ne saurait les abattre. »

Pareille expression pourrait se comparer à la propagande du régime révolutionnaire iranien en guerre contre l’Irak et à l’insistance avec laquelle elle revendique le patronage divin. Mais on aura tôt fait de constater la différence. Tous ces Afghans qu’on rencontre partout à Peshawar, réfugiés, cadres des mouvements de résistance ou combattants « en permission », ne semblent ni exaltés, ni excités, ni haineux. Ils paraissent le plus souvent en paix avec eux-mêmes, calmes, presque détachés, si profondément et si naturellement convaincus de marcher et de combattre « dans la voie de Dieu » qu’aucune propagande ne saurait rien y ajouter. Il y a certes entre Persans et Afghans une dissemblance de tempérament renforcée par leur pratique respective de la piété chiite et sunnite, mais surtout s’impose l’évidence que la guerre afghane est un jihâd authentique et indiscutable pour une conscience musulmane, alors que celle de Khomeini est pour le moins douteuse.

A la même évidence se sont aussi rendus tous les observateurs et reporters étrangers, en particulier ceux qui ont accompli des tournées à l’intérieur de l’Afghanistan : l’Islam est le principal ressort, avant les mobiles politiques ou « patriotiques », du combat des Afghans et de leur résistance à l’envahisseur soviétique. Les études et enquêtes publiées en Occident sur ce conflit ne le soulignent peut-être pas toujours suffisamment, mais aucune ne le conteste ; il s’agit d’une guerre dont la motivation, pour les mujâhidîn, ceux qui mènent le jihâd, est réellement transcendante et relève du sacré. A cet égard, aucune comparaison avec, par exemple, les mouvements de résistance à l’occupation pendant la dernière guerre mondiale, ne saurait être adéquate. Ce n’est pas pour ou contre une idéologie comme la démocratie ou le communisme, ni même pour leur patrie conçue comme notion terrestre, que les résistants afghans luttent et meurent, mais, comme ils disent volontiers, surtout parmi les troupes groupées sous l’autorité du célèbre commandant Massoud, pour al-Haqq, c’est-à-dire pour Dieu en tant que Vérité suprême et dispensateur de justice. (pp. 221-222)
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A la différence du Christianisme, l'Islam religion de l'évidence et de la certitude, n'a jamais attaché d'importance essentielle aux miracles.
Assurément, la tradition rapporte que Muhammad en accomplit de nombreux, mais il n'y a aucune nécessité d'y ajouter foi pour croire qu'il était vraiment le Messager de Dieu investi de la dernière mission prophétique.
Le miracle central de l'Islam a été et demeure la révélation du Coran.
Personne jusqu'à présent n'a pu raisonnablement expliquer comment un caravanier illettré du début du VIIe siècle aurait pu, par ses propres moyens, produire un texte doué d'une beauté aussi inimitable, d'une telle capacité de remuer les âmes, ainsi que d'un savoir et d'une sagesse dépassant de si haut les connaissances et les idées des hommes de son temps.
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Or, l’Islam a été donné aux hommes précisément pour les aider à traverser sans se perdre cette phase ultime de l’histoire universelle. Dernière révélation du cycle prophétique, il offre les moyens de résister au chaos actuel, de rétablir l’ordre et la clarté à l’intérieur de soi-même ainsi que l’harmonie dans les rapports humains, et de réaliser la destinée supérieure à laquelle le Créateur nous a conviés.
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