La satisfaction qu'on tire de la vengeance ne peut durer qu'un temps, mais celle que nous donne la clémence est éternelle.
On dit que je suis chiche, mais je fais trois choses bien éloignées de l'avarice, car je fais la guerre, l'amour et je bâtis.
(Lettre de Henri IV à Sully - 1607)
Cher menon, je viens de prendre médecine, afin d’être plus gaillard pour exécuter toutes vos volontés. C’est mon plus grand soin car je ne songe qu’à vous plaire et à affermir notre amour. Il fait beau ici, mais partout, hors d’auprès de vous, il m’ennuie si fort que je n’y puis durer. Trouvez un moyen que je vous voie en particulier et que, devant les feuilles qui tombent, je les vous fasse voir à l’envers. Bonjour mon cher cœur, je vous baise un million de fois.
Lettre d’Henri IV à Henriette de Balzac d'Entragues 7 octobre 1606
Jamais absence ne m’a tant ennuyé que cette-ci.
Mes belles amours, ce sera demain que je baiserai ces belles mains par millions de fois ; je ressens déjà du soulagement en mes peines par l’approche d’un tel heur, que je tiens cher comme ma vie ; mais si vous me le retardez d’un jour seulement, je mourrai. Envoyez-moi aujourd’hui La Varenne, instruit de vos commandements. J’ai recouvert un coeur de diamant qui vous fera mourir d’envie. Si les anges portaient des bagues, il vous serait extrêmement propre. Jamais absence ne m’a tant ennuyé que cette-ci. Passer le mois d’avril absent de sa maîtresse, c’est ne vivre pas. Vous recevrez deux lettres aujourd’hui de moi, et moi deux baisers demain de vous. Bonjour, ma chère maîtresse ; je baise un million de fois vos pieds.
Le cœur blessé, les yeux en larmes.
Ce cœur ne songe qu'à vos charmes ;
Vous êtes mon unique amour.
Jour et nuit, pour vous je soupire :
Si vous m'aimez à votre tour,
J'aurai tout ce que je désire.
Je vous offre sceptre et couronne ;
Mon sincère amour vous les donne.
A qui puis-je mieux les donner ?
Roi trop heureux sous votre empire,
Je croirai doublement régner,
Si j'obtiens ce que je désire.
Lettre d’Henri IV à Henriette de Balzac d'Entragues (août 1599)
Mon cœur, j'ai reçu ce matin à mon réveil de vos nouvelles. Cela me rendra cette journée plus heureuse. Je n'en ai nulles du comte de Saint Paul, depuis vous avoir laissée. Je ne manquerai point de me ramentevoir (*) deux fois le jour aux bonnes grâces de mes chères amours pour l'amour de qui je me conserverai plus que je n'ai jamais fait. Vous verrez demain César, de quoi je vous porte bien envie. Aimez toujours votre cher sujet qui jusques au tombeau n'adorera que vous. Sur cette vérité je finis, vous baisant aussi tendrement que hier au matin, un million de fois.
(Le Roi à Gabrielle d'Estrées).
(*) Rappeler
Le roi à Gabrielle d'Estrées
Je ne sais de quel charme vous avez usé, mais je ne supportais point les autres absences avec tant d'impatience que celle-ci, il me semble qu'il y a déjà un siècle que je suis éloigné de vous. Vous n'aurez que faire de solliciter mon retour, je n'ai artère ni muscle qui à chaque moment ne me représente l'heur de vous voir, et ne me fasse sentir du déplaisir de votre absence. Croyez, ma chère souveraine, que l'amour ne me violenta jamais comme il fait. J'avoue avoir tout sujet de m'y laisser mener, aussi le fais-je avec une naïveté qui témoigne la réalité de mon affection, parce que je m'assure que vous n'en doutez pas.