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Citation de Partemps


La Quatrième Symphonie, écrite cette année, est une pure fleur, qui garde le parfum de ces jours les plus calmes de sa vie. On y a justement remarqué « la préoccupation de Beethoven, alors, de concilier autant que possible son génie avec ce qui était généralement connu et aimé dans les formes transmises par ses prédécesseurs[28] ». Le même esprit conciliant, issu de l’amour, agissait sur ses manières et sur sa façon de vivre. Ignaz von Seyfried et Grillparzer disent qu’il est plein d’entrain, vif, joyeux, spirituel, courtois dans le monde, patient avec les importuns, vêtu de façon recherchée ; et il leur fait illusion, au point qu’ils ne s’aperçoivent pas de sa surdité, et disent qu’il est bien portant, sauf sa vue qui est faible[29]. C’est aussi l’idée que donne de lui un portrait d’une élégance romantique et un peu apprêtée, que peignit alors Maehler. Beethoven veut plaire, et il sait qu’il plaît. Le lion est amoureux : il rentre ses griffes. Mais on sent sous ses jeux, sous les fantaisies et la tendresse même de la Symphonie en si bémol, la redoutable force, l’humeur capricieuse, les boutades colériques.

Cette paix profonde ne devait pas durer ; mais l’influence bienfaisante de l’amour se prolongea jusqu’en 1810. Beethoven lui dut sans doute la maîtrise de soi, qui fit alors produire à son génie ses fruits les plus parfaits : cette tragédie classique, la Symphonie en ut mineur, — et ce divin rêve d’un jour d’été : la Symphonie pastorale (1808)[30]. — L’Appassionata, inspirée de la Tempête de Shakespeare[31], et qu’il regardait comme la plus puissante de ses sonates, paraît en 1807, et est dédiée au frère de Thérèse. À Thérèse elle-même il dédie la rêveuse et fantasque sonate, op. 18 (1809). Une lettre, sans date[32], et adressée À l’immortelle Aimée exprime, non moins que l’Appassionata, l’intensité de son amour :

« Mon ange, mon tout, mon moi… j’ai le cœur gonflé du trop que j’ai à te dire… Ah ! où je suis, tu es aussi avec moi… Je pleure, quand je pense que tu ne recevras probablement pas avant dimanche les premières nouvelles de moi. — Je t’aime, comme tu m’aimes, mais bien plus fort… Ah ! Dieu ! — Quelle vie ainsi ! Sans toi ! — Si près, si loin. — … Mes idées se pressent vers toi, mon immortelle aimée (meine unsterbliche Geliebte), parfois joyeuses, puis après tristes, interrogeant le destin, lui demandant s’il nous exaucera. — Je ne puis vivre qu’avec toi, ou je ne vis pas… Jamais une autre n’aura mon cœur. Jamais ! — Jamais ! — Ô Dieu ! pourquoi faut-il s’éloigner quand on s’aime ? Et pourtant ma vie, comme elle est à présent, est une vie de chagrins. Ton amour m’a fait à la fois le plus heureux et le plus malheureux des hommes. — … Sois paisible…, sois paisible — aime-moi ! — Aujourd’hui, — hier, — quelle ardente aspiration, que de larmes vers toi ! — toi — toi — ma vie — mon tout ! — Adieu ! — oh ! continue de m’aimer, — ne méconnais jamais le cœur de ton aimé L. — Éternellement à toi — éternellement à moi — éternellement à nous[33]. »
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