AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de mesrives


Travis s'enfonça un peu plus dans son siège et ferma les yeux. Pense à quelque chose d'agréable, se dit-il, et il fixa son esprit sur le poisson qu'il avait pris, pas la grosse arc-en-ciel mais la truite mouchetée. Assez grosse pour qu'on la mange, mais Travis était content de l'avoir relâchée. Il songea aux nageoires pectorales orange déployées comme de petits éventails éclatants quand la truite se cachait sous la berge, à l'abri des loutres et des martins-pêcheurs, ou de tout ce qui risquait de l'arracher au ruisseau. La truite mouchetée aurait la gueule abîmée et se méfierait de l'hameçon, mais elle ne tarderait pas à sortir du renfoncement sous la rive et à recommencer à se nourrir d'écrevisses ou de nymphes, peut-être d'une sauterelle ayant survécu à la première gelée. Puis au fur et à mesure que viendrait l'hiver elle s'alimenterait moins, resterait près du fond, là où l'eau n'était pas aussi froide, L'eau, un lieu sombre et calme devenant plus sombre et plus calme encore tandis qu'une coiffe de glace venait recouvrir le bassin, isolant la truite du reste du monde. Un lieu sombre et silencieux, Travis le savait, et la truite là-bas au fond, le métabolisme au ralenti, aussi proche de l'hibernation que pouvait l'être un poisson. Les chiens rêvaient. Ils les avait vus aboyer doucement et agiter les pattes arrières, les yeux fermés, tandis qu'ils poursuivaient un lapin ou un raton-laveur dans les bois obscurs de leur sommeil. Travis imagina la truite mouchetée sous la glace, montant dans ses rêves gober à la surface des éphémères jaune vif, rêvant du printemps en attendant patiemment que passe l'hiver.
Commenter  J’apprécie          130





Ont apprécié cette citation (10)voir plus




{* *}