Citations de Ross Armstrong (15)
David Kentley est blond. Il est un peu mince et un poil efféminé, mais ça n'écarte pas la possibilité qu'il soit un assassin. Norman Bates, ça te dit quelque chose ?
On a tous besoin que quelqu'un nous prenne dans ses bras.
Je pose le doigt sur la vitre. Il suffit d'une infime brisure pour que le reste du monde pénètre à l'intérieur. Pour tout gâcher.
Sa voix est chaleureuse et douce. Si c'était une couleur, ce serait un bleu clair et délicat.
J'en conclus donc que mieux vaut tuer quelqu'un qu'on ne connaît pas. Enfin, si je devais tuer quelqu'un. On est beaucoup plus difficile à retrouver. Juste un petit tuyau pour toi.
Quand parfois il nous arrive de percuter un inconnu sur la ligne Piccadilly, et celui-ci nous lance un regard comme s'il voulait nous arracher membre après membre. Nous sommes une espèce en colère ces temps-ci. Nous sommes vraiment trop nombreux dans cette ville.
Ce n'est pas bizarre ni rien. D'avoir un ami homme, je veux dire. Ça va, pas de problème. Et on est potes, non ?
- Ouais. Ouais, potes", dit-il avec une grimace.
Dans une autre vie, je l'aurais peut-être embrassé à cet instant. Juste pour qu'il se sente mieux. Mais je ne suis plus étudiante. Ce temps-là est révolu. Je suis une femme très mariée.
Il n'y avait de toute manière que peu d'indices à glaner du Nokia 8210 de Jean. En y entrant mon numéro, j'avais noté que je n'étais que le quatrième contact dans son téléphone. Les trois autres étaient :
Gaz
Electricité
Salopards (mairie)
Je rôde, examinant l’immeuble. La plupart des autres appartements sont condamnés. Des lattes de métal fermement fixées aux fenêtres pour que rien n’entre. Ni le mauvais temps, ni les squatteurs, ni les animaux. Le côté gauche du bâtiment est presque complètement vide. Ses entrailles pendouillent au vu et au su de tout le monde.
Je suis un catalogue d’informations inutiles. Un disque dur de statistiques et de vieilles absurdités qui refusent d’aller à la poubelle. Je suppose que c’est pour ça que j’aime les oiseaux. Et les gens – du moins à distance. Je vois leurs marques distinctives, et en un instant je les assimile et ne les oublie jamais. Et ensuite elles m’appartiennent, dans un sens. Des choses magnifiques, mémorisées, que je garderai éternellement.
Alors ne me prête pas ton téléphone, ne serait-ce qu’un instant, car qui sait quels secrets je découvrirai.
Ils savent que je suis une imitation d’être humain. Les gens doivent voir que j’ai décomposé le million de choses insignifiantes qu’ils font inconsciemment pour survivre, et que je les fais une à une, les empilant minutieusement, consciente de tout, me plaçant moi-même dans un état de soumission, actionnant manuellement les rouages qui me permettent de traverser péniblement la journée.
Comme nous sommes détachés. A l’abri dans nos logements minuscules. Loin du monde naturel, nos fenêtres et nos télés telles des lentilles qui embellissent tout.
Il y avait des compétitions nationales de serrurerie.Je crois qu'elles existent toujours quelque part.Mais, au fil du temps, la course aux armements entre la serrure et la clé a été dominée par la clé. Ou plutôt par l'explosif, le rossignol, le pistolet. Les fabricants de serrures sont désormais réticents à garantir leurs produits, à moins qu'ils ne soient fabriqués sur mesure, ce qui,naturellement, coûte très cher. Et nous sommes de nouveau arrivés à un système de code d'honneur.
Je regarde dans sa direction. À environ cinquante mètres, derrière un panneau de verre, se tient une femme. Elle a les yeux tournés vers le réservoir. Elle est dans l'immeuble d'en face. J'ai déjà vu l'homme dans ce bâtiment, mais pas elle. Lui, je l'ai observé. Elle fait à peu près la même taille que moi, a la même corpulence. Ce pourrait être mon reflet. Mais pas vraiment, parce qu'elle est un peu plus mate, elle a un air particulier. Européen. Sa main repose doucement sur le montant de la porte. Elle est perdue dans ses pensées. Non, elle est soucieuse. Elle mordille sa lèvre inférieure. Elle porte du rouge à lèvre. Elle a une frange sombre en désordre, une robe bleu clair, pour l'été. Je tourne la molette de mes jumelles, pour régler la mise au point. Ses sourcils, parfaitement épilés, sont froncés d'un air mécontent. Son visage est à demi éclairé par le soleil du début de soirée qui s'engouffre par sa fenêtre. Orientée vers le nord. Ou peut-être que ce n'est pas sa fenêtre. Je suis certaine de ne jamais l'avoir vue jusqu'alors. Là-bas. Avec lui. Ce qui est étrange.
« C'est ainsi que ça fonctionne généralement. Dans la vie. On fait confiance aux personnes qui nous ressemblent. »