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Critiques de Roxanne Bouchard (175)
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Enquêtes de Joaquin Moralès : Nous étions le sel ..

Lasse de son existence vide de sens à Montréal, Catherine Day décide de partir à la recherche de ses racines gaspésiennes. Elle est à peine arrivée dans cette petite ville portuaire située sur la Baie des Chaleurs, qu’un corps de femme est repêché par un bateau du coin. L’enquêteur Moralès, venu en ces lieux colmater les brèches de sa vie de quinquagénaire, doit faire face aux dérobades et au silence des gens du cru, peu enclins à faire remonter à la surface, et encore moins pour des étrangers, les vieilles rancunes et les passions cachées qui les unissent autant qu’elles les séparent.





Dans ce lieu oublié du monde en dehors de son classique circuit touristique, la vie se déroule modestement au seul rythme de la mer et de la pêche, comme en un curieux confinement ouvert sur le large, où les passions mijotent en circuit fermé sans pouvoir échapper à l’observation du voisin. Personne n’est dupe au village quant à cette affaire de cadavre qui vient couronner une bien longue histoire, mais pas question bien sûr d’éclairer la lanterne d’intrus, habituellement totalement indifférents aux réalités mornes de ce discret entre-soi. Cette « terre de pauvres qui a juste la mer pour richesse, pis la mer se meurt », est « un pays qui ferme sa gueule pis qui écœure personne, une contrée de misère que la beauté du large console », à laquelle on « s’ accroche comme des hommes de rien », qui, fièrement, ne demandent rien à personne.





Chaque personnage se dessine de manière inénarrable, au gré de dialogues savoureux et vibrants de naturel où chantent l’accent et les expressions de ce terroir québécois. Peu à peu se révèle un bout de terre envoûtant, que son isolement économique soumet encore davantage à l’emprise de la mer, exigeante mais enivrante, parce que « pour les marins, c’est pas le large qui est compliqué, c’est la terre », et que « tu vas en mer parce que t’es en porte-à-faux avec le monde et qu’y’a juste dans le silence du vent que t’es à ta place. » Avec le nombre de vagues comme mesure du temps et, à chaque page, le discours coloré et la sagesse imagée de gens simples, éprouvés par la vie, mais d'une authentique générosité sous leurs abords bourrus, le texte se teinte d’une grande tendresse pour ses personnages, tandis que leur solidarité, dans leur attachement viscéral à la mer et dans leur méfiance face à l’étranger, donne lieu à de magnifiques passages, empreints d’autant d’humour que de poésie.





Un charme irrésistible se dégage de ce roman, où l’enquête policière, en même temps qu’aiguillon à la curiosité, s’avère finalement prétexte à une immersion aussi amusante que poétique en terre gaspésienne.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Enquêtes de Joaquin Moralès : Nous étions le sel ..

Saint-Ciboire de Câlisse, quel magnifique polar, maritime et poétique en pleine Gaspésie ! Lorsque mère et mer ne font qu'une…



Une fois n'est pas coutume, je viens d'avoir un coup de coeur pour un roman policier. Les ficelles ne sont pas incroyables, le suspense n'est pas insoutenable, non, là n'est pas l'essence de ce roman canadien, nous pourrions même dire que la trame policière n'est qu'un prétexte. L'essence de ce roman, son sel, se situe dans l'ambiance distillée dont il se dégage un charme poétique totalement envoutant, une nostalgie qui nous berce au rythme des vagues, une tendresse à l'image de la communauté attachante que nous rencontrons, un chavirement provoqué par la beauté des femmes et la puissance tempétueuse de l'amour.



« Dormir entre ciel et mer, entre cent quatre-vingts degrés d'étoiles et cent quatre-vingts degrés de vagues, dans le ventre bruissant de la coque, avec la respiration puissante du vent dans mes voiles ».



Toute l'intrigue tourne autour de Marie Garant (je ne cessais de penser à Marie Galante tant ce personnage féminin est beau et ressemble à une île faite femme), une femme magnifique, une femme charismatique, courageuse, une femme fougueuse, une femme libre, une femme « qui, jadis, avait viré le coeur des hommes à l'envers » à travers tout Caplan, village de Gaspésie. A l'automne de sa vie, elle est retrouvée morte en pleine mer. Simple et stupide accident de bôme comme beaucoup semblent le penser, suicide ou meurtre ? En tout cas ce décès bouleverse tout le monde : les hommes qui l'ont aimée, les femmes qui l'ont détestée, sa fille qui la recherche, les autorités…

Marie Garant, toujours par monts et par vaux à bord de son voilier, le Pilar, était en train de revenir sur Caplan ayant donné rendez-vous à sa fille Catherine qu'elle avait mise en garde légale alors qu'elle était encore nourrisson. Catherine, trente-trois ans, aussi belle que sa mère, se cherche et ce rendez-vous est l'occasion, pense-t-elle, de trouver enfin des réponses quant à l'identité de son père biologique et de connaitre enfin sa mère. En plus de découvrir une femme trop aimée ou mal aimée, la mort de cette mère qu'elle n'aura finalement jamais connue va l'obliger à trouver des réponses autrement.

« Avec l'étrange poème testamentaire qu'elle m'a légué, je récris ce scénario troué dans ma tête ».

Le sergent Moralès, mexicain de Longueuil, homme en pleine crise de la cinquantaine, est mandaté pour enquêter sur la mort de Marie Galant. Alors que son couple bat de l'aile après trente ans de mariage, il ne sera pas toujours très habile, perturbé par ce qu'il traverse. Il découvre tout un monde qu'il ne comprend pas qui semble lui cacher des secrets et va tomber sous le charme de l'insaisissable Catherine. Paumé dans cette enquête il est…

Voilà pour l'intrigue.





Mais là n'est pas le plus important. le plus important réside dans le rôle de la mer, personnage central du récit, et dans les gaspésiens dont l'âme est venue me frôler avec émotion.



Oui, la mer est entremêlée totalement au récit, c'est elle qui décide des destinées, vivante, tempétueuse, poignante, intrépide et capricieuse. Au fil des pages, on sent les odeurs de la mer, ses embruns et son varech, on entend le bruit des vagues, on ressent l'atmosphère de ce petit village, sa situation isolée et miséreuse. La façon de parler de la mer de Roxanne Bouchard est immersive, enveloppante. Elle dote la mer d'un pouvoir d'attraction quasi magnétique.



« Cyrille, il disait que la mer était une courtepointe. Des morceaux de vagues attachés par des fils de soleil. Il disait qu'elle avalait les histoires du monde et les digérait longuement, dans son ventre cobalt, pour n'en renvoyer que des reflets déformés; il disait que les événements des dernières semaines sombreraient lentement dans la pénombre de la mémoire ».



Cette mer à la fois nourricière et tombeau, source de poésie et d'amertume, cette mer qui se vide de ses poissons du fait de la pêche intensive laissant la communauté des pêcheurs dans l'angoisse et la misère.

« La Gaspésie, c'est une terre de pauvres qui a juste la mer pour richesse, pis la mer se meurt. C'est un agrégat de souvenirs, un pays qui ferma sa gueule pis qui écoeure personne, une contrée de misère que la beauté du large console. Pis on s'y accroche comme des hommes de rien. Comme des pêcheurs qui ont besoin d'être consolés ».



Autre aspect central du roman : ses habitants, les Gaspésiens. Les pêcheurs taiseux et rustres au grand coeur, le barman maniéré et grandiloquent, le curé alcoolique, les épouses attentives et jalouses, toute cette communauté m'a touchée. le parler se fait avec l'accent du coin, un accent québécois mâtiné de patois, procédé totalement immersif rendant le récit coloré et tendre, voire drôle.





J'ai terminé le livre le coeur au bord des lèvres, triste de quitter cet endroit et l'âme subtile de ce roman si imprégnée de poésie, d'amour, de mélancolie…J'en voulais encore un peu plus, j'aurais aimé continuer à être bercé par les vagues, par la poésie, par l'âme de ces gens. Je me console en me disant qu'il s'agit du premier tome d'une trilogie. Je vais retrouver d'autres enquêtes de Moralès, La mariée de corail, le second tome, me tend déjà les bras. J'arrive, je plonge découvrir d'autres femmes de mer qu'il est si dangereux d'aimer…



« Tu vas en mer parce que t'es en porte-à-faux avec le monde et qu'y'a juste dans le silence du vent que t'es à ta place »





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Enquêtes de Joaquin Moralès : Nous étions le sel ..

À 33 ans, Catherine a l'impression d'être vide. Translucide. A perdu tout enthousiasme. D'autant que sa mère est décédée il y a 15 mois. Si elle s'était jurée de partir de Montréal, de naviguer sur les lacs, de hisser les voiles après le décès de ses parents, elle n'a pas osé le faire. Pourtant, une lettre reçue de Key West, il y a quelques semaines, lui donnait rendez-vous dans un petit village de pêcheurs gaspésien. Sur conseil de son médecin, elle ose enfin et prend la route pour Caplan, dans la Baie-des-Chaleurs. Elle logera chez Guylaine, la meilleure place pour dormir, aux dires de Renaud, le tenancier du bistro. Sa bonhommie et sa jovialité disparaissent presque soudainement dès lors qu'elle lui dit qu'elle cherche Marie Garant...

Joaquin Moralès vient tout juste d'arriver à Caplan. Alors qu'il devait bénéficier de 5 jours avant de prendre son service, sous les ordres de Marlène Forest, sa femme devant arriver peu après, le voilà déjà aux mains d'une enquête : le corps sans vie de Marie Garant a été repêché dans les filets de Vital Bujold...



Dans le petit village gaspésien de Caplan, où les jours, la plupart du temps paisibles, sont rythmés sur le même tempo que celui de la mer, deux visages inconnus viennent soudainement se mêler à ceux plus familiers. Catherine Day, une jeune femme qui a tout quitté pour rencontrer Marie Garant, et Joaquin Moralès, sergent d'origine mexicaine, qui va devoir résoudre l'enquête concernant la mort de cette dernière. Si la thèse de l'accident semble plausible, certains villageois, qui la connaissent bien depuis toutes ces années et ne veulent pourtant guère en parler, n'y croient pas. Car Marie connaissait la mer, savait l'apprivoiser, y trouvait refuge de longues années durant. Tant de mystères, de non-dits planent autour de cette femme, la rendant presque insaisissable, aussi imprévisible, aimée et redoutée que la mer. Autour d'elle, Roxanne Bouchard déroule une galerie de personnages de prime abord taiseux, rudes, burinés par la mer, écorchés par l'amour, mais qui se dévoilent peu à peu et se révèlent chaleureux, bienveillants, profondément humains et au grand cœur. Des personnages que l'auteure dépeint avec une vraie tendresse et un certain respect. De même que cette mer, mystérieuse, et ces paysages gaspésiens si magnifiquement décrits de par cette plume immersive, à la fois poétique et enlevée.

Un roman remarquable, empreint d'émotions, où le silence de la mer, les rendez-vous manqués et les secrets semblent, fatalement, vouloir séparer le cœur des hommes...
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Enquêtes de Joaquin Moralès : La mariée de corail

Très charmée par « Nous étions le sel de la mer » pour lequel j’ai eu récemment un joli coup de cœur, je me suis tournée vers « La mariée de corail », deuxième tome de la trilogie gaspésienne de Roxanne Bouchard avec confiance, ce qui n’est pas si simple me concernant lorsqu’il s’agit de roman policier, en lisant très peu et étant davantage sensible à l’ambiance, à la plume, à la poésie qu’à l’intrigue en tant que telle. La jeune auteure s’est-elle laissé influencer par certaines critiques reprochant à son premier tome d’être trop poétique, ou trop teintée d’humour, l’accent étant mis sur la gouaille canadienne ? Je me le demande car force est de constater qu’elle a opéré un sensible changement de cap ici, axant davantage son livre sur l’intrigue et beaucoup moins sur ce qui faisait sa singularité dans l’opus précédent dans lequel la beauté le disputait à l’humour. Pourtant il semble faire davantage l’unanimité sur Babélio que le premier tome, une fois n’est pas coutume, je suis clairement à contrecourant, mon ressenti cependant lors de cette lecture est très personnel, surtout ne vous fiez pas seulement à mon retour, ce d’autant plus que je ne suis pas une lectrice de polar, ce livre a su plaire et a fait l’objet de très beaux retours !



Ma lecture a été teintée d’ennui et si, par moment, quelques fulgurances ont refait surface, abreuvant une soif quelque peu inextinguible en matière d’ambiance poétique et de plume singulière, l’enquête, qui n’a rien de très originale, qui manque même de rythme et qui est très proche du tome précédent, a été centrale et non un prétexte comme dans le tome précédent. De plus, Roxanne Bouchard a distillé des ingrédients semblables, à savoir la mort en mer d’une femme au caractère fort, la présence sur terre de femmes également au caractère bien trempé que les hommes jalousent ou admirent selon leur degré de misogynie, femmes qui vont donner du fil à retordre à l’enquêteur Morales en plein questionnement existentiel et qui ne se sent pas trop à sa place ni au sein de son couple, ni au sein de cette communauté où les rancœurs larvées, les querelles secrètes entre familles, ou au sein même des familles, laissent ensuite place à une rancune tenace, voire à de véritables vendettas.



Nous suivons donc la seconde enquête du commissaire Joaquin Moralès, homme d’origine mexicaine venu s’installer récemment en Gaspésie. L’été avait été marqué par la disparition de Marie Galant, objet du premier tome, cette fois c’est Angel, pêcheuse de homard, qui a disparu en mer alors qu’elle célébrait quelques heures plus tôt son anniversaire de mariage dans une brasserie du hameau, et avait ainsi revêtu, comme chaque année depuis dix ans, sa robe de mariée. Son mari la raccompagne à la maison pour ensuite retourner faire la fête à la brasserie, et ce malgré la déception de sa femme qui préfèrerait que son homme reste avec elle. Lorsqu’il revient au petit matin, sa femme n’est plus là, son homardier non plus. Ce dernier sera retrouvé quelques heures plus tard sans Angel. Et le corps de cette dernière, sans vie, sera repêché peu de temps après. Elle avait été lestée avec l’ancre de son bateau. S’agit-il d’un suicide comme tous les indices, depuis le nœud auquel le corps est accroché jusqu’à l’absence de contusions et de traces de défense, le laissent penser ? D’un meurtre perpétré suite à une vengeance ou à une jalousie ?



« La femme flotte entre deux eaux, un mètre et demi sous la surface, les bras ouverts, les paumes de ses mains tournées vers le ciel comme si elle tentait de prendre son envol. Sa chevelure enrobe la tête, danse dans l’onde telle une méduse. Sa robe blanche, dans la transparence sombre des eaux, se déploie autour d’elle, camoufle ses jambes, ses pieds. Elle ressemble à un ange s’élevant des profondeurs de la mer ».



Heureusement, quelques passages sur la Gaspésie en ce début d’automne (l’enquête court sur quelques jours de fin septembre à début octobre) permettent de retrouver les paysages marins grandioses qui avaient fait le sel du tome précédent. Je m’y suis raccrochée comme on s’accroche à une bouée.

Ensuite, l’enquête prend de l’épaisseur au fur et à mesure des pages, je me suis sentie réellement bien qu’au tout dernier tiers du livre car alors les conditions de vie des pêcheurs, influencées par l’évolution des réglementations sur la pêche, sont bien expliquées et constituent une trame importante pour élucider la mort de la jeune femme.

Par ailleurs, la relation entre Joaquin Morales et son fils, Sébastien, trentenaire en plein questionnement existentiel comme son père, est bien amenée, touchante et authentique et interroge sur la transmission filiale.

Enfin, notons une carte de la Gaspésie en début d’ouvrage qui permet de visualiser les différents endroits, les biens nommés Cap-des-Rosiers, Rivière-au-Renard, Cap-aux-Os ou encore Coin-du-Banc-Percé…



« Quand le gouvernement a fermé la pêche à la morue, la moitié des pêcheurs du coin ont perdu leur source de revenus. Le bateau, le permis, l’équipement, ça coute cher…Quand tu travailles d’arrache-pied, comme tes pères pis tes grands-pères l’ont fait avant toi, que t’es pauvre depuis tellement de générations que tu peux retracer l’arbre généalogiques de ta misère jusqu’au navire qui a débarqué ton ancêtre en Amérique ; que tu viens d’hypothéquer ta maison jusqu’au balcon, pis ton chien jusqu’à la queue pour mettre ton bateau à flot, t’as besoin que la saison commence. Imagine : le gars est accoté dans les dettes, la banque lui court après pis il attend juste ça, que la pêche rouvre. Mais elle rouvre pas ».



Comme dans Nous étions le sel de la mer, les femmes occupent une place importante dans le livre. A la fois fortes, indépendantes, libres, mais aussi objets de convoitise et de misogynie, ce focus incessant où l’auteure répète maintes et maintes fois qu’il est difficile d’être une femme dans un milieu d’homme a fini par me lasser. Ce message sans cesse proclamé semble entrer en contradiction avec les allusions permanentes sur leur physique de la part du commissaire et de son fils, je n’ai finalement pas compris où voulait en venir l’auteure, brouillant son message entre féminisme revendiquée et femme objet fantasmée.





Une enquête prenant réellement son envol au dernier tiers du livre, les deux premiers tiers de l’enquête manquant de rythme, une ambiance contemplative et poétique moins prononcée que lors du premier tome, des personnages un peu moins charismatiques et moins attachants, un message sur les femmes un peu lourd, redondant et flou, la sororité laissant place à de l’agacement, ce livre m’a ennuyée comme le font souvent sur moi les polars manquant de singularité. Il faut dire que j’avais tellement été enthousiaste avec « Nous étions le sel de la mer », que j’ai mis la barre bien trop haut…Dommage pour moi.



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Enquêtes de Joaquin Moralès : Nous étions le sel ..

Ha cette Gaspésie!

Ha la mer!

Ha l'amour!

Ha la mort!

Pour moi, magnifique découverte que cette bienveillante autrice, Roxanne Bouchard. Bienveillante oui car dans Nous étions le sel de la mer, j'ai senti un véritable amour de l'autrice pour ses personnages, pour les lieux pour les éléments. Amour qu'elle a su admirablement me transmettre et donc, me procurer un immense plaisir de lecture.

Je ne tenterai pas de résumer l'histoire car tout comme cette Gaspésie, elle est complexe, secrète, cachottière et elle se dérobe dans toute sa splendeur.

Mais comment ne pas sourire de ravissement au fil de la lecture ? Comment ne pas apprécier la poésie des mots? Comment ne pas se sentir tout petit devant cette mer si capricieuse, infinie et mouvante? Impossible.

J'ai tout aimé de cette lecture. Les mots qui font de ces phrases superbes. Les personnages attachants, cocasses et qui deviennent des amis.

L'amour et le respect qui se dégagent d'entre ces pages.

Merci Roxanne Bouchard pour ce magnifique récit. Je lève la main et serai présente aux prochains rendez-vous.
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Enquêtes de Joaquin Moralès : La mariée de corail

Du gros bonheur lire Roxanne Bouchard. C'est poétique, c'est imagée, c'est authentique. Deuxième enquête de Joaquim Morales dans cette Gaspésie vivante de l'histoire de ses familles de pêcheurs. Dans cette Gaspésie où la mer est le personnage principal qui se le joue tantôt calme, paisible, tantôt déchaîné, meurtrier.

La seule femme capitaine d'un homardier est retrouvée noyée dans sa robe de mariée à des lieux de son bateau à la dérive.

La mariée de corail c'est aussi l'histoire de ses personnages. Des hargnes, des colères refoulées, des vendettas, des batailles pour prendre sa place et toujours cette mer qui module le cours de la vie. La mariée de corail nous parle tout simplement mais en beauté de divorce, de séparation, de manipulation, de loyauté, d'amitié, nous parle, de...bref, de la vie et Roxanne Bouchard manie la plume comme le capitaine son bateau, avec énormément d'adresse.
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Enquêtes de Joaquin Moralès : La mariée de corail

Réveillée par le bruit de l'eau, Angel Roberts prend peu à peu conscience de ce qui l'attend. Appuyée à la cabine de pilotage de son homardier, une corde enserrant ses mollets, la jeune femme glisse lentement vers la poupe, saisie par le froid de l'eau qui, peu à peu, imbibe le tissu de sa robe de mariée. Puis, immobile à la surface, elle se tourne vers le ciel, regarde la lune... avant de sombrer définitivement...

Ce dimanche 23 septembre, Joaquin Moralès, sergent au poste de police de Bonaventure, reçoit deux appels. Le premier, aux aurores, d'une agente qui l'informe que son fils, Sébastien, l'attend au poste de New Richmond. Une fois sur place, passé son étonnement de le savoir en Gaspésie, il peine à croire à son excuse d'expérimentation culinaire. Toutefois, c'est avec joie qu'il l'accueille chez lui, l'heure des explications pouvant attendre... Le second de sa cheffe, la lieutenante Marlène Forest, qui l'informe d'une disparition mystérieuse et que le poste de Gaspé a besoin de son aide. Si Moralès s'occupe plutôt des homicides, il ne peut refuser cet ordre, surtout lorsqu'il apprend que c'est une femme qui a disparu en mer, le jour de son dixième anniversaire de mariage. C'est ainsi que le sergent prend la route de Gaspé où l'attend Érik Lefebvre avec qui il fera équipe...



Les premières pages nous plongent aussitôt au cœur d'un drame puisque l'on assiste à la mort d'Angel Roberts sur son homardier avant qu'elle ne rejoigne les profondeurs marines dans sa robe de mariée. Et nous voilà ferrés. D'autant que l'on retrouve avec grand plaisir Joaquin Moralès (déjà croisé dans « Nous étions le sel de la mer ») qui devra, pour résoudre cette étrange disparition, quitter Caplan et le poste de Bonaventure et rejoindre la baie de Gaspé. Capitaine d'un homardier, Angel Roberts, qui fêtait son anniversaire de mariage vêtue de sa robe, chez ses beaux-parents puis dans une auberge, à Rivière-au-Renard, a disparu entre le moment où son mari, Clément Cyr la ramène chez eux dans la soirée et le lendemain matin. Si son homardier est très vite retrouvé par son aide-pêcheur, ses deux frères, eux aussi dans la pêche, et son père, son corps sera, malheureusement, retrouvé peu après. S'agit-il d'un meurtre ou d'un suicide, comme le laissent supposer les premiers éléments ? Au cours de son enquête, Joaquin Moralès devra faire preuve de patience et de tact face à cet univers rugueux et masculin qu'est la pêche. Peu à peu se dessinent les portraits d'Angel, femme courageuse, libre et têtue, de sa famille, des hommes âpres, rudes et rancuniers, et de son mari, un homme en apparence accablé par le chagrin. Des portraits finement et profondément dépeints, tout comme ce monde de l'industrie de la pêche et ses enjeux économiques ainsi ce coin de Gaspésie au cœur duquel Roxanne Bouchard nous emmène. Une région qui prend réellement vie et âme sous sa plume poétique et ancrée. Si l'enquête est captivante et originale, l'auteure étoffe son roman en décrivant la relation entre Joaquin et son fils. Une relation faite de silence, de questions tues, de gestes timides et de regards évocateurs. Un magnifique et intelligent mélange des genres qui, au gré des pages, nous étreint, nous émeut, nous berce, nous saisit et nous emporte...
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Enquêtes de Joaquin Moralès : Nous étions le sel ..

Je me suis pris à caresser

La mer qui aime les nuages



Paul Eluard



« Y’en a qui arrivent ici pis qui se vantent. Ils friment, ils veulent nous en mettre plein la vue. Il pètent dans la boue. On les appelle les touristes »



Bass, de Bonaventure



« La mer secoue mes images renversées dans le ressac dur et, au bout de mes bras ballants, pendent les alléluias décapités de mes naufrages. »



Marie Garant, de nulle part et de partout sur l’océan



Je ne comprends pas pourquoi je n’ai pas lu ce livre plus tôt. Il est paru en 2014 mais l’édition française date de 2012, aux Editions de l’Aube. Puis en poche, aux mêmes éditions en 2023 où il obtient justement le Prix des lecteurs Quais du Polar.

Je l’avais acheté à ce moment là, puis honteusement négligé.

C’est un très beau livre, tout à la fois polar magnétique, chant marin, poème épique et surtout délicieusement québécois. Pis gaspésien, j’vais vous dire.



L’intrigue convoque la mer, le vent, la désolation des pêches minuscules et des casiers à homards, homards qu’il faut caresser doucement avant de les ébouillanter.

Nous sommes rendus à Caplan où l’on remonte dans des filets le cadavre de Marie Garant. Son bateau est découvert plus loin, au mouillage sur les hauts-fonds du Banc-des-Fous. La bôme pivote, les écoutes de la grand-voile ont été lâchées.

Crime, suicide ou plus surement accident, on ne sait pas ? À l’aube de sa vie, Marie Garant, l’insaisissable, la voyageuse au long cours éprise de liberté, celle qui rendait tous les hommes fous d’amour, Marie Garant (Galante?) donc a donné rendez-vous à sa fille Catherine.

Catherine ressemble follement à sa mère et sa beauté sauvage ravage déjà les coeurs. On sait, grâce à un prologue saisissant, qu’elle et née sur le Pilar, le voilier indomptable de sa mère qui l’a confiée à un couple d’amis infertiles.

Catherine ne connait pas sa mère et ne sait pas qui est son père. Elle se désole à Montréal, en quête de sens et d’un bonhomme, un vrai, solide et sensible.

Alors elle part puis erre sur le port de Caplan et ravage les esprits . Il y a là des personnages forts en gueule et en couleurs : Renaud Boissonneau tient le bar accompagné du curé Leblanc, un grand amérindien veille sur elle, Cyrille le vieux pêcheur malade la prend en confidence, le coroner Robichaud s’active, les jumeaux Langevin ,croque-mort, vendent leurs sentences et enterrent les secrets etc.

Chacun joue à merveille sa partition, dans un registre à la Simenon qui parlerait comme Charlebois.

Que diable vient faire l’inspecteur Moralés dans cette galère rongée par le sel marin. Il a demandé sa mutation en Gaspésie pour sauver son couple mais le cinquantenaire (né au Mexique) débarque dans un environnement hostile. On le balade, on l’embobine. Une chose est sûre : la Marie Garant ne faisait pas l’unanimité.



Ce roman âpre m’a battu l’âme, salé les lèvres et puis les larmes. Hymne aux femmes libres et puissantes, aux navigatrices au grand coeur, aux Antigone de Gaspésie, c’est aussi un immense livre marin. Ici tout vient de la mer et tout est rendu à la mer.

J’ai aimé circuler au sein de cette communauté où l’accent québécois gomme les aspérités, les vielles haines et pis nous prend en tendresse et joie parfois amère.

C’est le premier livre d’une trilogie, déjà disponible chez nos amis du Quebec.



Le vague à l’âme, le yeux lavés, cheveux au vent (mais je suis chauve), je referme ce beau polar rongé de poésie.

Je l’ai logé au fond de mes pupilles, là où il restera longtemps rangé, Saint Ciboire de Câlisse ! Et pis je retournerai en Gaspésie.



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Enquêtes de Joaquin Moralès : Le murmure des ha..

Si vous cherchez une fin heureuse, si vous pensez trouver un dénouement sur un bonheur tranquille...passez votre chemin. Ce récit est un récit dur, d'hommes bruts, un récit presque de malveillance . Moins de poésie et beaucoup plus de rudesse. La neige, la banquise, la glace, le vent, la chasse d'hiver sont au coeur même de la cupidité. Simone Lord, l'agente des pêches, embarque sur un chalutier pour surveiller la chasse aux phoques et aux loups marins. Elle monte avec une bande , je dirais de clowns mais de mauvais clowns qui veulent tous revenir les poches pleines de dollars avec cette chasse . Vraiment ?

Pendant ce temps, Joaquim Morales, enquêteur, entreprend la traversée de la Gaspésie en ski de fond à des fins caritatives. Des vacances en quelque sorte. Des vacances pour se sortir son divorce de la tête, son fils venu le retrouver en Gaspésie et les femmes peut-être aussi.

Mais vous connaissez Roxanne Bouchard. Elle ne peut laisser tranquille son inspecteur qui se trouvera mêlé à un meurtre chez les Hell's, à du trafic illicite sur un chalutier, à une course contre le temps et la tempête...bref de vraies vacances...

"Le murmure de hakapiks" c'est Simone qui prend toute la place et c'est Joaquim qui en subira les conséquences. C'est aussi beaucoup de malaises, de cruauté et d'agressivité mais c'est une très bonne lecture.
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Enquêtes de Joaquin Moralès : La mariée de corail

Tabarnak ! la Roxanne Bouchard c’est une satanée manieuse de mots, un genre de poétesse quoi ! Ce n’est pas étonnant qu’elle soit lauréate de différents prestigieux prix littéraires au Québec.

Je me suis vraiment régalé avec ce polar marin du bout du monde en Gaspésie (à l’embouchure du Saint-Laurent, sur la rive sud si vous situez !). Déjà, il faut dire que j’affectionne beaucoup cette région du monde et encore plus le langage fleuri des autochtones.

La mariée de corail correspond à la deuxième affaire du sergent enquêteur Joaquim Moralès (déjà à l’œuvre dans Nous étions le sel et la mer, roman multi-primé) installé en Gaspésie suite à un projet de déménagement conclu avec son épouse Sarah. Toutefois, il a l’esprit chiffonnée car elle tarde à le rejoindre et pour d’avantage lui chambouler la tête, son fils aîné Sébastien, débarque chez lui sans sa compagne. Ce dernier travaille dans la restauration et prétexte, curieusement, comme motif de son arrivée, vouloir réaliser de nouvelles expériences culinaires.

Notre héros rumine toutes ces situations, quand il doit quitter son poste habituel de Bonaventure pour aller aider ses collègues de Gaspé, suite à la disparition avec son bateau, d’une jeune capitaine d’un homardier. Pour l’épauler il est accompagné d’une équipe hétéroclite, une standardiste bien peu courtoise et des adjoints Erik Lefebvre, bureaucrate plus qu’homme de terrain et Simone Lord, physiquement charmante mais individualiste et au caractère très étroit. Lorsque l’on retrouve l’embarcation à une quinzaine de kilomètres ainsi que le corps de la disparue notre affaire se transforme en suicide ou homicide ?

Roxanne Bouchard montre un art avéré pour mener de front cette histoire policière passionnante sur ce littoral, aux effluves d’algues et d’iode, peuplé de marins taiseux où les vieilles chicanes entre familles se font jour et un véritable roman où se dessinent les portraits de protagonistes aux vies cabossées. On se trouve immergé dans ce monde si difficile de la pêche, entre vocation et écoeurement : « Des fois je me demande pourquoi je suis devenu pêcheur ! On est à la merci de tout le monde : du gouvernement qui décide, des acheteurs qui veulent pas payer ………. Regardez-moi, j’ai un diplôme en biologie marine, mais je suis endetté comme mes ancêtres, les mains dans la graisse, devant un enquêteur habillé ben propre qui me demande comment ma vie m’a sali ».

En alternance, l’auteure nous dévoile des pans de vie de la famille Moralès, les difficultés dans la vie de couple du père et du fils que l’on pressentait, cette difficulté de dialoguer ensemble, leurs interrogations sur leurs vies mutuelles. Laissons s’exprimer Sébastien : « il pense à ce que son père cache derrière ses années d’enquêtes. Il se demande s’il ressemble à ces enquêteurs de romans qui sont hantés par les désordres du monde, les cris, les crimes, les yeux fixes des victimes, les blagues vulgaires des agents, la cruauté des assassins. Il songe à ce que son père a dû voir et tenter non pas de réparer, mais de comprendre, de résoudre et qui, au fond, ne résout rien. A tout ce dont il ne parle pas. Son père est un silence qui ne s’ouvre pas, qui s’entrebâille à peine ».

Ah j’oubliais ! cerise sur le gâteau, les descriptions des paysages marins, des jeux de lumières sur l’océan selon les variations de la météorologie et soudain miracle gicle un jet d’eau précurseur de l’apparition inoubliable d’une baleine.

Un vrai moment de bonheur de lecture dont je remercie les Editions de l’Aube.

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Enquêtes de Joaquin Moralès : Nous étions le sel ..

« - J'y m'en vas vous dire : le bar-hôtel de la plage de Caplan ? Y'est brûlé, mam'zelle !

Il a ouvert le lave-vaisselle trop tôt et un violent nuage de vapeur en est sorti. Il l'a refermé d'un coup et s'est tourné vers moi. Il a tendu le cou par-dessus le comptoir. Il voulait mettre son oeil dans la lettre de Key West que j'avais réouverte, question de vérifier l'information, mais je me suis reculée.

[…]

Tout le monde est au courant. Je comprends pas que vous ayez pas vu ça, ça a fait la première page de « L'écho de la baie » ! Y'avait même un reportage spécial avec des pages en couleurs ! L'incendie est probablement criminel, qu'y disent, pis les assurances veulent pas payer […] »



Catherine Day, 33 ans, vient de faire dix heures de route pour se retrouver dans ce trou perdu, ce petit port pêche de la Gaspésie, pour se rendre à un rendez-vous fixé par une lettre deux mois plus tôt.



« Il a rouvert le lave-vaisselle qui fulminait encore, en se tenant à bonne distance. Il a attrapé un linge carreauté rouge, comme un dompteur de cirque, il s'est mis à fouetter la vapeur. Puis, il a pointé un menton de fierté locale vers une grande maison, juste à l'est du café. Accoudée à la falaise, elle observe la mer d'un oeil tranquille. Une charmante auberge aux mains ouvertes ».

[…]

« - Si vous cherchez quelqu'un d'ici, je peux sûrement vous aider… ».



Catherine hésite : « J'ignorais encore comment parler de cette femme. Elle avait toujours été imprononçable, et voilà que, du jour ou lendemain, je devais dire son nom d'une manière détachée. Fallait-il le tourner sept fois autour de ma langue, le rouler dans ma bouche comme un vin rare ou le concasser avec les molaires, pour l'attendrir ? ».

[…]

- Marie Garant… Vous la connaissez ?

Il a reculé d'un pas. Son visage allumé s'est éteint comme la flamme d'une chandelle soufflée brusquement. Il m'a détaillée, attentif et suspicieux.

- C'est une amie à vous ?

- Non. A vrai dire, je la connais pas…

Il a repris le verre, qu'il s'est mis à frotter de bon coeur.

- Ouf ! Ben, j'ai eu peur ! Parce que j'm'en vas vous dire que Marie Garant, c'est pas une femme qu'on aime, surtout qu'à votre place, comme touriste, j'en parlerais pas trop trop parce que ça vous donnera pas des amis vite vite… ». (p.22-3)



Nous sommes dans le café de Renaud Boissonneau, situé dans l'ancien presbytère. Bientôt, nous allons faire connaissance des autres personnages avec leurs signes distinctifs, tics de langage et traits grossiers.



Renaud Boissoneau, il est vêtu d'un tablier neuf avec l'inscription AIDE-CUISINIER en lettres brodées et coiffé d'un « petit chapeau idiot ». Il ne cesse de répéter : « Je m'en vas vous dire rien qu'une affaire ».



Voici le premier marin qui arrive, c'est Vital Bujold surnommé « Saint-Ciboire de Câlisse », en raison de ce juron qu'il a toujours au bout de la langue. Il est accompagné de son aide-pêcheur, Victor Ferlatte, dont le discours est facilement reconnaissable parce qu'il bégaie.



C'est le tour de Jérémie, le grand Amérindien.



Le lendemain, nous allons rencontrer un personnage clé, le marin Cyrille Bernard, celui qui ponctue ses phrases par « hiiii », et aussi, le curé, toujours bourré, qui a deux paroisses, l'église et le bistro.



C'est plus tard qu'intervient, Joaquin Moralès, l'enquêteur.



Je ne vais pas vous présenter tout le monde ! Je vous donne juste un échantillon des personnages hauts en couleur qui habitent Nous étions le sel de la mer.



Tout le monde s'interroge, sur ce qu'est venue faire cette belle touriste en Gaspésie.



« - Je ne suis pas sûre de m'intéresser aux activités touristiques, mais j'ai peur de trouver le temps long…

Les hommes ont ri, comme si j'avais manqué une marche d'escalier avec des talons hauts.

-Saint-Ciboire de Câlisse !... Y'a juste ça, en Gaspésie, du temps long ! » (p.30)



Le temps est particulier. Il se mesure en nombre de vagues. Les saisons se nomment en fonction de la pêche : « le retour du tourteau » …



« Long » mais pas calme.



Catherine se sent tout de suite bien avec ces marins et accepte de partir à la pêche avec eux, mais le destin en décidera autrement. Ce matin même, le cadavre de Marie Garant est ramené dans les filets de Vital Bujold.



La mort de Marie Garant est-ce un accident ou un crime ?

Quel est le lien entre Marie Garant et Catherine ?

Pourquoi Marie Garant c'est la loi de l'omerta ?

Pourquoi Catherine a démissionné de son travail pour venir en Gaspésie ?

Que recherche-t-elle ?



Nous allons plonger dans les secrets des uns et des autres, et de rebondissement en rebondissement, les pièces du puzzle vont se mettre en place.



Le fil rouge c'est là mère et la mer, mais j'en ai trop dit…



Le récit est majoritairement en « je » (Catherine), mais intercale des passages en italique et des moments où le narrateur est extérieur, ce qui nous permet d'avoir accès aux pensées des autres personnages, et aussi d'avoir des informations sur leurs histoires. L'intrigue se passe en 2007 mais il y a des flash-backs en 1974. C'est rondement mené.



Roxane Bouchard réussit magistralement à rendre son roman vivant. Je me suis très vite faite aux tournures de langage québécoises, avec ces expressions pittoresques comme « ça dort en cuillère », « on s'en va jaser », « passer le moulinet à gauche » … J'ai vraiment eu l'impression d'être en Gaspésie, aux côtés de Catherine. C'est un langage savoureux et une belle écriture.



À noter les magnifiques passages sur la mer (à découvrir en citations).



Il m'a mis du baume dans le coeur, après quelques lectures difficiles comme « Triste Tigre » et « L'enragé ».



Je remercie chaleureusement ma nouvelle Babelamie Chrystèle, @hordeducontrevent, à qui je dois ce chouette voyage.
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Enquêtes de Joaquin Moralès : La mariée de corail

« Partons, la mer est belle! » Embarquons pour une enquête policière sur l’océan des pêcheurs de homards et de crevettes.



Un coup de cœur pour ce polar, où se mêlent la Gaspésie des pêcheurs et des touristes, les rancunes familiales et les histoires de couples.



Bien sûr, il y aura une victime, une femme disparue dans sa robe de mariée qu’elle portait pour célébrer son anniversaire de mariage. C’est une femme forte, qui est capitaine de son propre homardier. Il n’y a pas beaucoup de femmes dans ce milieu et elle en a bavé pour réussir. Est-ce qu’elle en aurait eu assez et décidé de mettre fin à ses jours?



Quant à l’enquêteur, c’est Joaquin Morales, d’origine mexicaine mais qui a passé sa carrière dans la police de Montréal et s’est s’établi en Gaspésie pour répondre à un souhait de sa femme qui n’est pas venue le rejoindre. Au moment où démarre l’enquête, il reçoit la visite inattendue de son fils qui semble aussi avoir des problèmes de couples et de grands silences à surmonter avant de parler à son père.



L’auteure a une belle écriture pour décrire avec autant de bonheur la banalité des filets de pêche que la complexité des relations humaines, la cruauté de l’amour ou la beauté du soleil qui se lève sur la mer.

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Enquêtes de Joaquin Moralès : Nous étions le sel ..

La mer est belle, la mer est cruelle, elle donne et elle prend, elle cache aussi bien des secrets.



Pour combler le vide de sa vie, elle part à la recherche de ses racines gaspésiennes. Mais ce ne sont pas des racines qu’on peut y trouver, plutôt des amarres pour y rester ou des boussoles pour nous entraîner vers le large.



Un policier quinquagénaire tente aussi de rebâtir sa vie au bord de cet océan, mais s’il connait bien son métier d’enquêteur, il doit apprendre ce pays pour démêler les filets qui relient entre eux les habitants du village, les rancunes d’autrefois, les amours de toujours.



Une intrigue policière poétique, dans une histoire d’amour de la mère et des vagues, pour sentir l’air salin de ce côté de l’Atlantique…

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Enquêtes de Joaquin Moralès : Nous étions le sel ..

« Y’ en a qui arrive ici pis qui se vantent. Ils friment, ils veulent nous en mettre plein la vue. Ils pètent de la broue. On les appelle les touristes » Bass de Bonaventure.

Catherine Day est justement une touriste même si Renaud qui tient le bistro de Caplan l’appelle la belle belle touriste. Elle s’installe dans une pension, celle de Guylaine, passe du temps chez Renaud ou au café du Havre, n’ose pas trop poser de questions sur Marie Garant, la raison de sa présence en Gaspésie, car les visages se ferment quand ce nom est prononcé…

Les gens de Caplan calent leur vie sur le rythme de la mer, sur le rythme de la pêche, calent les pauses de leurs conversations sur le rythme des vagues…

Et quand le corps d’une femme est repêché, ce qui n’est pas coutumier car les noyés de Caplan sont en principe emportés au large, le sergent Moralès qui vient de prendre son nouveau poste est chargé de l’affaire. Confronté à des difficultés personnelles, aux silences des Gaspésiens dont il devine les non-dits, envouté par la beauté de Catherine, il se devra percer à jour des ressentiments anciens pour résoudre l’énigme.

L’enquête est lente comme la houle qui va et vient sur la grève. Je me demande même si elle n’est pas un prétexte pour évoquer la mer avec une poésie envoutante, pour parler de ces habitants de Gaspésie.

Les images pour parler de la mer sont juste magnifiques.

« Cyrille, il disait que la mer était une courtepointe. Des morceaux de vagues attachés par des fils de soleil. Il disait qu’elle avalait les histoires du monde et les digérait longuement, dans son ventre cobalt pour n’en renvoyer que des reflets déformés ; il disait que les évènements de ces dernières semaines sombreraient lentement dans la pénombre de la mémoire. »

La langue chantante, inventive du Canada francophone est délicieuse.

- Saint Ciboire de câlisse ! …. Y a juste ça en Gaspésie, du temps long !

- C’est si plate que ça ?

- Plate, non. C’est autrement. La Gaspésie c’est un temps arrêté, une terre qui bouge pu. Si tu veux rester à Caplan, va falloir que t’apprenne à rester immobile.

Et les personnages… Cyrille bien sûr mais aussi Renaud, Vital, le géant Jérémie, Yves Carle, le curé..… Ces hommes qui se connaissent tous depuis si longtemps, qui nombreux ont aimé la même femme , belle, insaisissable, trop éprise de liberté, de la mer et qu’ils auraient tant voulu conquérir pour mieux la garder.

Merci à Roxanne Bouchard pour ce portrait de cette région et de ses habitants qui m’a tant séduite que je me verrais bien y faire un petit séjour de quelques jours, quelques semaines…

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Enquêtes de Joaquin Moralès : Nous étions le sel ..

« On vit et on meurt en mer parce qu’on est fait pour l’horizon ».



Qui était Marie Garant, cette femme retrouvée morte noyée au large des côtes de la Baie-des-Chaleurs, en Gaspésie ? Elle qui n’a cessé toute sa vie de partir seule en mer et de revenir sans prévenir, parcourant la plage comme une folle en tapant dans le varech et se saoulant chaque soir ?



C’est sur les traces de son énigmatique mère qui l’a abandonnée à sa naissance que Catherine débarque dans ce village de pêcheurs, à la fois bavards et débridés, mais fermés et taiseux lorsqu’il s’agit d’évoquer le passé et ses drames.



Car à l’exception de Catherine et de l’inspecteur Morales, les deux horsains, tout le monde semble se satisfaire de la thèse du banal accident en mer pour expliquer la mort de Marie. Mais Marie et la mer, c’était une telle histoire d’amour qu’on ne peut imaginer une issue aussi banale.



Dans Nous étions le sel de la mer, Roxanne Bouchard réussit un parfait polar d’atmosphère, aux personnages tous plus haut en couleurs – et en gueule ! – les uns que les autres. Dans un style attachant, dynamique et enlevé, elle distille ci-et-là ses petites expressions québécoises, délice de lecture supplémentaire.



Mais son vrai sujet, c’est la mer et la fascination que lui portent celles et ceux qui sont nés et vivent à côté d’elle. Une fascination et un attachement qui ne s’expliquent pas ; des liens sanguins qui ne se défont généralement pas. « Nos vraies amarres, Catherine, elles sont pas faites en nylon. Elles sont pas largables. »



C’est toute la beauté et la singularité de ce livre, qui te prend et t’embarque pour une parenthèse polardo-poétique, belle et fraîche risée littéraire dans mes lectures sombres du moment. On en redemande !



« La mer, c’est pas un choix, Catherine (…) On va en mer parce que c’est la seule porte qui s’ouvre quand tu sonnes, parce que ça te réveille la nuit, Catherine. Chaque fois que t’accostes, que t’entres dans la foule, tu sens ta différence. Tu te sens étranger. Tu vas en mer parce que t’es en porte-à-faux avec le monde et qu’y a juste dans le silence du vent que t’es à ta place. »

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Whisky et Paraboles

Quelle belle écriture ! Toute en métaphores, pleine d’émotions et teintée de musique, de poésie et d’humour !



Le roman se présente comme le journal d’une jeune femme québécoise qui se réfugie dans un chalet au bord d’un lac pour tourner la page et commencer un nouveau chapitre de sa vie.



Ni les whiskys pris au bar du village, ni les paraboles qu’elle a tenté de lire en ouvrant la bible ne sont cependant d’aucun secours pour lui permettre de faire face au lourd secret de son passé. Malgré la beauté du paysage, l’amitié de son voisin musicien, le piano de son ami amérindien ou le violon chargé de traditions d’André, Élie traîne son mal de vivre. L’arrivée d’une petite voisine de huit ans, une enfant maltraitée, en grand besoin d’amour, l’obligera-t-elle à rompre sa solitude ?



Une écriture poétique, qui joue des métaphores, mais aussi d’étonnantes ellipses, sous forme de phrases qui se terminent brusquement. Il faut imaginer la suite de. Et peut-être que.



Une bien agréable lecture qui réussit avec brio à marier les profondeurs de l’âme humaine avec le merveilleux de l’imaginaire des contes.



Merci à la Babéliote Canel, dont le commentaire à permis d’ajouter ce livre sur ma PAL.

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Enquêtes de Joaquin Moralès : Nous étions le sel ..

« C’est pas l’homme qui prend la mer

C’est la mer qui prend l’homme

Moi, la mer elle m’a pris... »



Dans un coin de Gaspésie.

Mais elle prend aussi la femme

Et c’est bien là le drame,

Car dans la Baie des Chaleurs

Y a aussi le malheur.



J’m’en vas vous dire, j’ai arrêté d’chauffer mon char, j’l’ai r’misé près d’la galerie, pis j’ai bloqué mon cellulaire.

Hiiii, j’ai réglé mes yeux sur le large, pis j’ai pu bouger. J’suis resté là, las.

A contempler la beauté qui rassure. « La Mer Veille ».



« Des fois, on veut tellement rien que le temps finit par nous devancer ! »



La vie des marins, c’est pas toujours marrant, alors, quand on est pêcheur, on est aussi pécheur.

« Faut dire que chez ces gens-là, on n’vit pas, on triche ! »



« C'est malgré nous. Nous embarquons et larguons le monde parce que nous portons l'infini et que notre seule réponse, c'est l'horizon ».



J’m’en vas vous dire, la terre est austère, y a rien à y faire, alors ces gens-là, y prennent la mer, pis y s’disent que ça s’ra moins amer, pis qui s’f’ront d’la tune, pour chasser l’amertume.

« Faut dire que chez ces gens-là, on n’cause pas, on compte ! »



« La mer, c’est pas un choix. (…) On va en mer parce que c’est la seule porte qui s’ouvre quand tu sonnes, parce que ça te réveille la nuit. Chaque fois que t’accostes, que t’entres dans la foule, tu sens ta différence. Tu te sens étranger. Tu vas en mer parce que t’es en porte-à-faux avec le monde et qu’ y’a juste dans le silence du vent que t’es à ta place ».



Les embruns, ça rend brun, ça rembrunit.

Les embruns, ça rend ferme, ça renferme.

Sur le sol, ils s’isolent, camisole.

Sur l’eau, y a des vagues, ils divaguent.



« La Gaspésie, c’est une terre de pauvres qui a juste la mer pour richesse, pis la mer se meurt. C’est un agrégat de souvenirs, un pays qui ferme sa gueule pis qui écœure personne, une contrée de misère que la beauté du large console. Pis on s’y accroche comme des hommes de rien. Comme des pêcheurs qui ont besoin d’être consolés ».



J’m’en vas vous dire, à force euh d’penser, y dérivent vers la nostalgie. Pis alors, celle qui s’pointe, c’est la mélancolie. Passé l’phare des hallucinations, y se r’trouvent dans la baie des déprimés, y a pas que dans l’ciel qu’on devine la dépression.



« Le présent n’avait de beauté qu’en regard de l’hier et n’assumait pas les comparaisons »



Dans l’eau, y a des remous qui durent, ça active le sang, mais ça peut l’modifier, quand un gêne mute, le corps lutte pour garder l’esprit sain.

C’est les vagues « qu’enserrent » le panier de crabes.

Quand la mer se calme, c’est que la « mort fine » a rempli son rôle.

Mais faut toujours se méfier de l’eau qui dort.



« Toute vérité est mouvante et insaisissable. Ceux qui vont en mer le savent : ce qui est déposé sur la vague se brise et se reconstruit constamment. Autrement. Le vent, le courant et la houle sont insatiables et il faut être vigilant, même sur une mer d’huile. « Ce qui est là maintenant te fera mentir dans dix minutes. » Il disait que nous n’existions que grâce au mensonge émouvant de la vie ».



Celui qui fait retourner les mots dans tous les sens.

Le sel de la vie qui ment, le vent de la scie qui mêle, le sang de la mie qui vêle.

Le flux et le reflux qui alternent inlassablement.

Rester ? Partir ? Aller voir ailleurs si l’eau est plus bleue ? Franchir la ligne d’horizon.



« L'exotisme, c'est un leurre, doc, un divertissement temporaire pour les amateurs de photos qui font du scrapbooking avec leur vie ».



C’est aussi un moyen d’aller à la recherche de ses origines. Partir pour comprendre, arriver pour apprendre, se poser pour se méprendre.

Chercher l’ailleurs pour faire le point sur sa vie, c’est se rendre à l’évidence, revenir au port ne fera pas changer le sort. Et accepter la mort…



« Le ciel s’ennuageait, promettant une pluie lasse. La mer frappait fort les cailloux de la grève qui brisaient leur bruit de verre à mes pieds. Les goélands cassaient les carcasses crispées des crabes sur les rochers. Grise et lourde, sans soleil ni enfant, la mer n’est-elle qu’un tombeau fermé et silencieux qui secoue ses ossements de corail? »



Avec les humains, c’est comme avec les éléments.

C’est qu’avec les taiseux, faut marcher sur des œufs, si tu les bouscules en pleine cuite, y se r’ferment comme une huître.



Est-ce que la bôme a heurté la môme ?

L’inspecteur est mené en bateau, il a mis les voiles pour faire le vide, pour se donner un avis sur sa vie. Mais ça se voile dans sa quête, tout autant que pour l’enquête.

Le voilier a chaviré, le corps a basculé, mais c’est lui qui touche le fond.

Trop de présumés coupables, ça l’accable. Bonaventure lui rend la vie dure.

Mais elle ne dure pas pour tout le monde, la vie. La mer a pris la mère, la fille se perd, qui est son père ?

Ici, tout le monde se connaît, donc tout le monde se tait. Le cadavre ranime les souvenirs, mais c’est déjà loin, ça va pas la faire revenir.

Les indics font grève, pas d’indices sur la grève.

A qui profite le crime ? Mais si ce n’était qu’un accident ?



Roxanne Bouchard aime la Gaspésie et les Gaspésiens. Elle tire les ficelles d’une histoire en dentelles, y a des trous dans la corde à nœuds, autant que dans les filets, bien difficiles à remonter. Les personnages sont forts en gueule et truculents, comme leur parler. Beaucoup de dialogues qui rendent le texte attrayant, malgré la sombritude des lieux et des situations.



Et la mer qui mène la danse, qui recule et avance, à son rythme, ça fait marrer. C’est à Caplan et c’est accablant. Les mensonges, les omissions.

Mais c’est un roman policier poétique, où les femmes sont à l’honneur. Et elles le gardent leur honneur, elles ne se font pas démonter, par la marée de marins pas toujours marrants, qui picolent et bricolent, pour se donner une contenance, et qui commencent à s’faire vieux, à défaut de faire mieux.

St Ciboire de Câlisse, du désespoir et de la malice, un cocktail salé, j’en ai encore des traces sur la peau, et les yeux qui piquent. Ne pas frotter, juste apprécier, la baie des chaleurs, qui emplit de bonheur.

Y a une suite, pis j’m’en vas vous dire, j’vais pas la lire, trop de souvenirs, à garder en mémoire, restons-en là, au sel de la mer. Hiiii !



« Dans le miroir brisé de l'eau, je suis un vitrail explosé, une mosaïque éclaboussée, une mémoire dysfonctionnelle au temps désajusté, un amas d'images en vrac qu'un orfèvre fou a agencé dans un ordre dyslexique ».

























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Enquêtes de Joaquin Moralès : Nous étions le sel ..

ÉNORME coup de coeur pour ce roman écrit par la plume de Roxanne Bouchard. Je l'ai lu d'une traite... la plume est sublime, poétique, rempli de fougue, de houle, de fébrilité... Ça se lit comme on regarde la mer ; avec les yeux remplis du grandiose, du merveilleux, du plus grand que soi. Je n'ai d'autre mot pour décrire ce roman que majestueux. Ce bouquin mérite amplement la note qu'il lui est accordé sur le site. La demi-étoile qui lui manque pour une note parfait est juste parce que ce ne fut pas assez long... mais sinon, tout était parfait. Je ne peux qu'en conseiller la lecture.
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Enquêtes de Joaquin Moralès : Nous étions le sel ..

Voilà, je viens de refermer le livre de Roxanne Bouchard et pourtant j'aimerai encore être dans la galerie de Vital posée dans la chaise berçante à essayer de comprendre pourquoi tous ces garçons sont tombés amoureux de Marie Garant. Pourquoi, ils se sont tus tous au fil des drames.



Quand à l'inspecteur Moralès, perdu dans cette Baie des Chaleurs, abandonné par Sarah, le questionnement sur son couple et sa vie va-t-il lui laisser échapper le coupable de son enquête policière ?



Tout dans ce livre vous fait embarquer et perdre la terre. Catherine a raté son rendez vous avec sa mère mais connaîtra-t-elle son père ? Cyrille l'a-t-il réconciliée avec cette mère rebelle appelée par la mer comme tout marin qui ne se trouve à sa place que sur les flots ? Même si aux yeux de tous ce virus là ne peut toucher que les hommes.



J'ai aimé l'intrigue, les personnages, les lieux, les amoureux, la force de leur amour, leurs blessures et leurs peurs. Ils sont devenus vivants, sortis de la platitude du papier. J'ai été amenée là par l'auteure dont la force de l'écriture, la poésie des descriptions même dramatiques ont fait que moi aussi, comme Jérémie le grand amérindien, je suis restée là quelques instants à contempler l'horizon à me demander si Joaquin retrouvera la paix, si Catherine trouvera l'amour sur son cap... C'est pour ce genre de livre que j'aime la littérature !
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Enquêtes de Joaquin Moralès : Nous étions le sel ..

Merci à Babelio et aux éditions de L’aube pour l’envoi de ce roman.

J’ai beaucoup apprécié cette lecture étonnante, parfumée aux embruns, bercée par la mer, elle fut reposante et à la fois intrigante. La poésie s’invite en filigrane, amplifiant cette ambiance ouatée du roman bien que des ombres flottent entre le passé et le présent. C’est comme un roulis entre la mère et la fille ou la mer et la terre. C’est une étrange sensation qui m’a portée tout le long de l’histoire. On est comme envoûté par ce tourbillon qui nous emporte. Les expressions canadiennes sont parfois déstabilisantes mais on s’y fait vite.

C’est une histoire touchante et originale.

Je recommande cette lecture qui change de nos romans à la française, c’est dépaysant et apaisant si toutefois vous aimez l’ambiance marine. C’est tout à fait bluffant. Un grand merci pour ce partage et cette découverte

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