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Citations de Roy Braverman (231)


Si on en croit Dempsey, il n’existe que deux sortes de littérature noire. Les romans policiers dans lesquels un enquêteur officiel, flic ou privé, cherche à élucider un crime et dans lesquels la narration suit la procédure, de telle sorte que le lecteur n’en sait jamais plus que le héros.

Et puis les romans noirs, dont l’enquête est menée par n’importe qui et dont la narration se libère de la procédure, faisant que l’auteur peut donner au lecteur plus d’information que n’en connaît l’enquêteur, pour la bonne raison que le but du roman noir n’est pas seulement d’élucider le crime, mais d’exposer les conditions sociales, politiques et économiques qui l’ont rendu possible.

Et puis il y a le thriller qui, selon Dempsey toujours, n’est pas un troisième genre, mais juste une technique de narration qui prend toutes les libertés. Comme celle de faire apparaître à n’importe quel moment des personnages inattendus.
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Aujourd’hui encore, ceux qui parlent à leur place affirment haut et fort que la cause justifie la mort d’êtres innocents. Kara n’a jamais accepté le sens de cette phrase. Qu’est-ce qui pourrait justifier la mort d’un innocent, sinon la folie de son assassin ? La mort d’un enfant est un crime, quelle que soit la balle qui le tue. Sa mort comme celle des autres civils. Il repense à ce conte arménien :
Sous un soleil de plomb, un homme en sueur, assoiffé, gravit la colline, suivi de son chien. À mi-chemin, il demande une gorgée d’eau à un berger qui lui refuse sa gourde, et lui désigne d’un signe une cabane au sommet. L’homme y grimpe et lit sur une ardoise qu’on y vend de la limonade. Il entre et s’approche du comptoir. Le boutiquier le regarde venir, une main sur son chat qui ronronne sur le comptoir, un œil sur le chien de l’étranger qui s’approche. L’homme ruisselle de sueur et un essaim de mouches vrombissent autour de lui. Le chat, comme tout bon chat qui se respecte, voit vibrionner les mouches et leur bondit dessus pour jouer. Croyant à une attaque contre son bon maître, le chien fidèle saute à son tour et broie le chat d’un claquement de ses crocs. Aussitôt le boutiquier brandit un bâton et fracasse le crâne de ce maudit chien qui vient de tuer son chat. Hurlant de fureur, le voyageur, voyant son chien mort, arme son fusil et tire sur le boutiquier qui s’enfuit pour revenir avec ceux de sa famille qui coursent le voyageur et le lapident à mort. De loin, l’enfant qui guettait le retour de son père court avertir sa famille qu’il a vu les autres le tuer. La famille déboule et décime l’autre famille sauf une femme qui a le temps de courir rameuter son village. Les villageois accourent, hommes, femmes et enfants, et massacrent la famille du boutiquier dont le village, alerté à son tour, envoie des renforts. Et de chaque côté le village en appelle à la ville voisine, qui en appelle à son canton, qui en appelle à son district, qui en appelle à sa région, qui en appelle à sa province, et les deux dirigeants, qu’ils soient présidents élus, rois par la grâce de Dieu, dictateurs ou autocrates, en appellent à leur peuple pour se déclarer la guerre… Pour une gorgée d’eau et un chat qui joue avec les mouches. Et cette vengeance. Cette terrible vengeance comme socle de toutes nos perversions pour trouver toutes les raisons de ne pas briser l’engrenage. Les pires raisons.
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— Je suppose que ce n’est pas une bonne nouvelle pour vous. J’en suis désolée. De toute façon, le genre de métier que vous exercez finit toujours par vous rappeler à l’ordre avec de mauvaises nouvelles. Mais je dois vous laisser, deux amis à moi vont jeter leur vie joyeuse et insouciante de célibataires dans le tumulte chaotique de la vie d’adulte, et je tiens à m’enivrer avec eux.
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C’est une jolie femme, Samy l’aime déjà, et son omelette était délicieuse.
— C’est parce que je prépare les blancs et les jaunes séparément. Les blancs salés poivrés fouettés juste aériens ce qu’il faut, et les jaunes battus avec de la crème fraîche.
Ils se retournent sur elle qu’ils n’ont pas entendue revenir dans le salon, et se disent que oui, à sa façon, c’est une femme séduisante.
— Le secret, continue-t-elle, c’est de verser d’abord le jaune dans une poêle très chaude, et ensuite seulement le blanc sans vraiment mélanger. Juste en ramenant le tout vers le centre à mesure que ça cuit sur les bords. Avec une spatule en bois.
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Quand les embruns giflent les vitres, ils ruissellent des sanglots silencieux qui font pleurer Noaillac.
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- Une maison de campagne, se moque Kara, sur une île de huit kilomètres de large ?
- Venez vivre ici, et vous comprendrez le besoin absolu d’évasion qui ronge chacun de nous. Bon, de quoi parlons-nous alors ?
Kara explique à Noaillac l’ensemble du dossier Maalouf, et ce qu’il sait du dossier Irazoqui.
- L’arme et les munitions établissent un lien certain entre les deux affaires. Le fait que les victimes du tireur soient des enfants peut en être un aussi. Et dans les deux dossiers, nous sommes confrontés à des familles impliquées d’une façon ou d’une autre dans le marché ou l’utilisation d’armes de guerre.
- Si vous savez tout ça, s’interroge-t-elle, pourquoi avoir fait tout ce chemin jusqu’ici ?
- Parce que vous avez deux morts en plus que je n’ai pas dans mon dossier. Que pouvez-vous me dire sur eux ?
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- Patron, c’est quoi cette sonorisation chez moi ?
Un silence au bout du fil, suivi d’un soupir.
- Karakozian, moins je vous entends et mieux je me porte, et vous voudriez que je vous mette sur écoute ? Vous avez des indices ?
- Deux types dans une camionnette blanche à cent mètres de chez moi. Eaux et Forêts, qu’ils ont dit.
- Kara, les Eaux et Forêts ça…
- Ça n’existe plus, oui, je sais, c’est bien pour ça. Vous pouvez m’envoyer une équipe pour nettoyer ça ?
- Ils seront chez vous en fin de journée. Est-ce que vous pourrez la fermer jusque-là ? Vous avez appris quelque chose de Fouad Maalouf ?
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- Je vais devoir en référer.
- Alors référez aussi que j’ai de quoi faire capoter discrètement un dossier français en concurrence avec le numéro 2 de la défense américaine.
Ils roulent quelques instants en silence.
- Déposez-moi à la prochaine station de taxis, finit par commander Maalouf.
Avant de refermer la portière, il se penche une dernière fois vers son interlocuteur.
- Je suis en colère, monsieur CIA, dites-leur bien. Pas contre l’agence ou les États-Unis, mais très en colère quand même. Et il n’y a rien de plus imprévisible qu’un Libanais en colère.
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La vedette rapide rejoint les lieux du drame. Bixente a réussi à repêcher le corps de son fils. Les gendarmes le retrouvent prostré au fond du zodiac. Il berce son enfant mort, d’un geste mécanique, les yeux hagards. Il refuse de lâcher le garçon, ne serait-ce que pour le transborder sur la vedette. Il s’y accroche. Il s’y cramponne. S’y retient. Il n’y croit pas encore. Il est juste sidéré. Les gendarmes le connaissent tous. Ils ont bu et mangé dans son petit restaurant, y ont chanté et dansé, fêté des mariages et des promotions. Ils n’osent pas le forcer. Ils se résolvent à prendre le zodiac en remorque jusqu’au port, avec Bixente et l’enfant, et un gendarme à bord.
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Ils en ont fait, des bêtises, dans les bois et la garrigue tout autour. Ils chassaient les vipères pour faire peur aux filles. Plus tard, ils les embrassaient. Les filles, pas les vipères. Même si aujourd'hui Dany pense que c'est un peu la même chose.
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… vous n’êtes pas vraiment en position de faire le maroilles.
- Le mariole, corrige Kara, l’expression c’est faire le mariole, pas le maroilles. Le maroilles c’est un fromage qui sent le cul de la vache commandé par l’évêque de Cambrai en 960 et qui …
- Et « ferme ta gueule », je crois que c’est français aussi, non ?
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Paris est ce que les politiques ont fait d’elle. Une capitale tremplin pour de mégalomaniaques ambitions et dont on néglige la gestion. Une ville sale qu’on enlaidit de travaux incohérents et un plan de circulation irrationnel et chaotique. Une cité où on a réussi à créer des embouteillages de vélos et où, quand toutes les voitures seront électriques, en s’enliseront quand même dans d’inextricables encombrements qu’aucun policier de viendra tenter de réguler. Une politique d’exaspération qui condamne la ville à l’asphyxie.
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Ils filent à travers le trafic et se dirigent vers l’endroit où des ingénieurs sous acide ou Lexomil ont tissé l’incroyable écheveau qui tresse ensemble le flux de la Francilienne avec ce qu’on appelle encore l’autoroute du nord, l’A1, l’A3 et l’E19.
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Paris est ce que les politiques ont fait d’elle. Une capitale tremplin pour de mégalomaniaques ambitions et dont on néglige la gestion. Une ville sale qu’on enlaidit de travaux incohérents et un plan de circulation irrationnel et chaotique
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La douleur est dans l'âme de chacun, à la mesure de sa propre incandescence. Le feu que les athlètes se transmettent le long de la course olympique est issu de la même flamme. Il a la même force. Le même sens. Il illumine le même serment. La flamme qui arrive à Athènes n'est pas celle partie de Marathon, mais le feu est le même.
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Il se vexe. Il s'habille maintenant. Noaillac n'est plus ni une amante ni une maîtresse. Pas même un coup d'un soir. Elle est redevenue la chieuse neurasthénique capable de foutre le bourdon à une fanfare de la fête des Basques.
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La foule qui l'anime a, comme toute multitude, son propre mouvement, sa propre dynamique. Ceux qui partent, ceux qui restent, ceux qui attendent. Ceux qui surveillent. Chacun son rythme. Il y a tous ceux-là, et les autres.
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Cette maison de leur enfance est toujours aussi belle sous le ciel d'été. Ils en ont fait, des bêtises, dans les bois et la garrigue tout autour. Ils chassaient les vipères pour faire peur aux filles. Plus tard, ils les embrassaient. Les filles, pas les vipères. Même si aujourd'hui Dany pense que c'est un peu la même chose.
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Alors le patriarche, fier comme un roi de légende, lève le bébé à bout de bras au-dessus de sa tête, comme pour le montrer au ciel et au monde entier. Quand claque le coup de feu, le visage d’Assad Maalouf gicle de sang. Le cri de la jeune femme strie alors le vacarme des cigales qui se taisent. Un hurlement de mère animale, bête blessée dont la gorge se déchire. Elle se met à genoux au pied du vieil homme et ramasse à pleine mains des choses sanguinolentes qu’elle garde dans ses bras et qui maculent de sang son caftan blanc.
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Sur la terrasse d’une propriété nichée dans les calanques, le patriarche s’assied en bout de table, à la place qui lui revient. Son fils Faoud à sa droite, et Haroun Saïdi, un homme du même âge que le patriarche, mais moins ostensiblement parvenu, plus discret, prend place à sa gauche. Quelques hommes s’assoient à table, eux aussi. Des gardes corps. Des enfants sortent en courant de la maison. Une jeune femme à la beauté captivante irradie de bonheur. Sur un geste du patriarche, elle virevolte sur ses pieds nus et se dirige d’un pas glissé de danse jusqu’au berceau. Elle se penche, prend le bébé qu’elle couvre de baisers, et revient vers la tablée joyeuse… La femme s’approche du vieil homme qui réclame l’enfant. Assad Maalouf prend le bébé dans ses mains de chef, l’embrasse, l’embrasse à nouveau, l’embrasse dix fois, et le montre à l’assemblée.
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