Je suis épuisé d'avoir à te résister chaque jour. Je ne sais pas trop ce qui me pousse à vouloir être près de toi en permanence ... c'est peut-être l'univers, une réaction physique ou le destin, que sais-je encore. Je ne vais pas prétendre que je suis d'où ça vient parce que je suis aussi perdu que toi. Mais je ne veux plus lutter. Je me fiche bien de ce que pourraient en penser Luck ou mes frères, ils n'ont rien à voir avec ça. Je veux juste arrêter de me poser des questions, parce que la seule certitude que j'ai, c'est que je ne veux plus jamais avoir à m'éloigner de toi.
Je le connais si sûr de lui, voire arrogant à bien des égards, mais je me rends compte qu’il ne s’agit là que d’un masque. Il s’efforce de paraître intouchable, invincible, pour que personne ne soupçonne ce dont il a honte. Il se dissimule d’un monde effrayant pour survivre. Comme moi.
La douleur est insupportable. Je ne m'entends même plus hurler. Je tente de m'accrocher à quelque chose, n'importe quoi, alors que la bête me tire vers elle, ses canines plantées dans ma chair.
Je suppose qu'on ne sait jamais vraiment quand la mort nous attend au tournant.
Et aujourd'hui, je n'ai plus que ça. Plus que les bras de ma sœur, qui me berce comme une enfant qui viendrait de faire le plus affreux des cauchemars, et cette voix dans ma tête qui me hurle que je ne suis plus rien. Que je suis morte.
Morte et enterrée.
…tu me fascines, Willow. Tu es comme un être maléfique et sensuel venu tout droit de mon enfer personnel pour me torturer. Une créature divine à laquelle je ne peux pas résister, comme si tu avais été faite pour me faire perdre la tête.
Aydan me détaille de la tête aux pieds et je me délecte de cette expression abasourdie que j'ai souvent rêvé de voir sur son visage. Ma tenue semble produire l'effet escompté – ou bien est-ce simplement le fait de me voir avec autre chose que mon uniforme ?
Son regard s'arrête un instant sur mon décolleté avant de marquer une pause au niveau de ma bouche, pour finalement venir sa planter dans mes yeux.
— Je ne t'ai jamais vue aussi...
— Normale ? complété-je.
Il sourit avant de secouer la tête.
— « Normale » n'est pas le mot qui me vient à l'esprit quand je pense à toi.
Où sont passées les danseuses, les vraies ? Les filles passionnées et sensuelles, celles que rien n’effraie et qui contiennent un trop-plein d’émotions qu’elles ne libèrent qu’une fois sur les planches ?
…je ne me sens pas normale. Ça n’a jamais été le cas. Depuis toujours, j’ai l’impression d’être complètement déconnectée du reste du monde. Comme s’il me manquait quelque chose pour le comprendre.
Depuis que j'ai goûté à ces sensations, je les cherche partout où je vais. Cette étincelle qui a envahi mon cœur, qui m'a laissé entrevoir l'idée quelque peu utopique que, peut-être, la vie n'est pas quelque chose de si compliqué. Qu'elle ne se résume pas à compter le moindre sous, à se demander si on ne ferait pas mieux de garder quelques vêtements troués encore un peu plus longtemps pour pouvoir manger à la fin du mois. J'aimerais pouvoir envisager un avenir plus radieux, plus simple.
Ce n'est pas seulement ça le bonheur. Le bonheur n'est pas ponctuel. C'est un chemin compliqué, semé d'embûches, et parfois, il peut nous paraître bien loin, voire inaccessible. Le bonheur, ce n'est pas seulement un ensemble de choses, de possessions ou de situations. Le bonheur, c'est avant tout les gens qui nous entourent, qui nous aiment inconditionnellement et qui nous le montrent chaque jour.
Mon bonheur à moi, c'est lui. Mon punk, mon voyou.
Mon rebelle.