AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Salah Al Hamdani (8)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Deux enfants de Bagdad

En France en 2010, au Festival de la poésie méditerranéenne de Sète, Ronny Someck et Salah Al Hamdani « se sont embrassés alors que le monde attendait d’eux qu’ils se combattent ». Obligés de quitter l’Irak, Ronny vit en Israël et Salah à Paris, les deux hommes n’en sont pas moins imprégnés, et tout ce qui devrait les séparer est balayé par leur culture commune, celle de leur enfance, la culture arabe. Ce qui fait dire à Ronny : « C’est ainsi que la paix se fait. Par l’amitié et par l’intimité des êtres ». Gilles Rozier raconte l’histoire de ces deux grands poètes, le Juif et l’Arabe, les deux rives du même fleuve, le Tigre de Bagdad où ils sont nés la même année, mais ne se sont pas connus.



Un très beau livre porteur d’un message de paix qui donne un espoir pour un monde plus apaisé.

Commenter  J’apprécie          310
Bagdad mon amour

Des poèmes très sombres, parfois trois vers, parfois trois pages, qui suivent le fil de la vie de l'auteur, de Bagdad où il est né, à Paris où il vit en exil.

Il a connu l'enfermement : c'est en prison, à l'âge de 20 ans, qu'il commence à écrire.

Il a connu la guerre, ses généraux, "leurs têtes, leurs habits/leurs drapeaux et leurs salaires/et leur dévouement/quand ils égorgent les innocents."

Et il parle pour les victimes, pour dénoncer la guerre, dénoncer aussi l'intégrisme religieux : "Nous, nous connaissons les assassins/alors que les victimes seront toujours anonymes."



Mais pour beaucoup, ces poèmes chantent l'exil, le regret de sa ville et de son lumineux passé historique ; l'impossible retour et la nostalgie du pays perdu. "Si je rencontrais Bagdad au coin d'une ruelle/j'en mourrais de chagrin."



Et puis, ça et là, un poème d'amour : à sa mère, "regret de ne plus revoir ton châle/suspendu aux années de l'exil" et à sa femme, "rivière/où mes blessures apaisent leurs souvenirs".



C'est beau, c'est puissant, c'est poignant.

"On peut déraciner un homme sans l'abattre."
Commenter  J’apprécie          140
Bagdad à ciel ouvert

Le retour, angoisse du retour. Une particule d'inachevé sous les mâchoires de l'histoire.

Férocité d'un monde qui oblige l'arbre à taire sa foret, beauté du monde qui permet à l'hêtre de toucher le saule. Chercher sa maison comme on fouille sa mémoire sous les cendres.

« J'ai promis de ne livrer à personne ma colère ».

Il faut tenir sa promesse, alors il faut s'élever, s'éployer sur les scènes du monde.

Écrire aussi. Parler. Se confier. Partager.

Construire, travailler, assouplir son cuir d'homme , jouer, imaginer, rencontrer, créer , aimer.

Et puis un jour, à la porte d'une maison, voir, entendre un retour possible.



Il faudra tenter. Il faut quitter la chambre d'exil. Embrasser son front d'orphelin.

Un proverbe malien dit qu'on n'est pas orphelin lorsque qu'on a perdu ses parents mais lorsqu'on a on a perdu l'espoir. C'est peut être vrai.

Les guerres sont des navires fantômes qui vous plantent leurs épines dans les pores.

Les guerres finissent, mais elle ne meurent jamais.

Il faut parfois des centaines d'années lumières pour que les crimes sortent de la tête des hommes.

Nous n'avons qu'une vie pour les détester.

« Dans le creux du miroir » on pleure sa vie. La plus fragile partie de soi.

Celle qu'on a laissé au loin, jamais au lointain.

C'est une ombre qui vous dessine certains soirs et qui vous signe de sa main .

Cicatrice, cicatrice d''une lettre, d''un manque, d''une musique d''une lumière qui peut à tout instant venir défoncer les portes, .

Un appel du passé peut suffire à pétrifier le regard du présent.

Le temps ouvre des tombeaux et révèle la source.

« Je redescends à l'intérieur de moi même ». ,

«  à une distance de regret dans une valise l'oubli cherche à sortir ».

Le coeur, sous la chemise, la chemise dans une valise, les mots dans le livre , voici les paroles de l'exil. Voici aussi celle du retour.

Puisqu'il n'y a « rien pour couvrir la peau de ces jours dont on a ôté le coeur ». Rien, aucun dieu. Les nerfs écorchent les jours, dénervent les heures. A l'intérieur le cri progresse. « mes yeux rampent sous la terre ».

La lanterne de la nuit fait signe à l'attente du jour.

«  Ce soir il y aura en moi des villages en vrac sortis du ciel ».

Mémoire refuge, mémoire asile, mémoire retour, ...route, tunnel.

Souvenirs en tiroirs. Une lueur dessinée sur un vase suffit à projeter toutes les images.

Les lignes de la vie conservent le parfum de leur enfance.

C'est ce qui leur donne force, et c'est ce qui permet à l'arbre de reprendre racine, de retrouver un peu d'espoir

La terre se craquelle, on marche, on chuchote, les disparus reviennent.

Mais il faut rester vivant face à la tyrannie des chiens.

Il faut «  déshonorer le drapeau des assassins »,

Le lointain ne rend pas sourd. Il affûte l'acuité de la douleur.

«  J'ai deviné derrière les cris du vent les meurtres dissimulés de l'ombre. »

Comment alors partager «  les instants consommés par le silence »,

comment dire à cet enfant «  les années perdues » ?

Mais on sait que la parole viendra contre « l'alliance des ignorants et de la solitude ».

Rendre sa confiance à l'avenir, serrer la main de l'enfant pour renouer les fils de l'histoire.

L'exil a son langage .

« je vous écris de mon exil, je vous écris sans jasmin, ni couleur ».

L'exil n'est pas une victoire, le retour est un vertige.

L'exil tisse une deuxième peau.

Renter alors.

Dépendre les jours. Vider les lieux. Laisser, une nouvelle fois, derrière soi.

Puisque rentrer c'est aussi quitter. La peau se déchire. Cela parait impossible.

« N 'oubliez pas de fermer derrière vos jours, les volets de vos amours, de plier le jardin, d'arracher les saisons, de sillonner le ciel, de tirer sur la lune, de bousculer les étoiles.Puis une fois arrivés au pays , prenez tout et oubliez moi. » .

L'exil est un risque, le retour une inconnue. La-bas que reste t il encore ? Peut être les yeux de la mère ?

« Bagdad loin de son corps s''appuie sur mon épaule sur le temps et l'âge et et ainsi nous serrons nous l'un contre l'autre ».

La mémoire elle n'est jamais en exil. Elle garde. Elle garde les odeurs, les visages, les peurs, la colère.

« cet enfer peut revenir

le vieil assassin s'est déguisé en faux résistant

comme avant il tue à l'aube ce qu'il reste de nos songes ».

L'exil est un traumatisme. Le retour également.

Les fantômes sont prisonniers de la mémoire.

Ils ne connaissent pas l'exil.

L'instant du retour est à présent là.

« la maison avait changé d'adresse

ma photo avait changé de place

la table avait été pliée derrière la porte

la chaise de mon père, aussi,

seul le vieux tapis fleurissait le sol

Je t 'ai trouvé enfin

dans un jardin nu

avec ton grand châle noir

l'esprit en dérive

enfilée dans tes prières

l'âge cousu sur le visage

J'ai cru serrer un palmier agonisant

Puis dans mes bras,

J'ai reconnu ma mère. »

Bagdad,... 02 avril 2004.

Puis le retour devient solitude.

«  l'éxilé est toujours seul au monde, avec des mots à regrets, son amour blessé, il est un cri dans un hiver, un soldat inconnu qui défie les salauds ».

Le retour s'est creuser encore l'empreinte de ses pertes.

« J'écris des ruines de ma nausée telle une mère du haut de sa douleur ».

Mais il faut bercer le ciel , traverser la frontière, tenter de donner un peu de paix à sa mémoire .

« J'ai promis de ne livrer à personne ma colère ».

« J'ai bu ton ciel jusqu'à mon cri ». ... » :

« De Bagdad ici, nous vous disons que nous sommes vivants !  ».

Après tant de doutes, de jours, d'années, de poussières, après la peur, après toutes ces lueurs, ces regards, on reconnaît la raison de son coeur.

«  l'amour s'apprend à mesure de la vie de la haine des hommes et de la mort aussi ».

L'amour est le seul rivage possible.

«  mais j'ai encore un soupir en triant nos victimes un fardeau à tirer avec mes ailes, comme le remords de l'absence pour toi ma ville perdue près du cimetière ».



Astrid Shriqui Garain

Commenter  J’apprécie          101
Je te rêve

En ce mois de mars qui célèbre le Printemps des Poètes et la presse (Semaine de la presse et des médias dans l'école du 19 au 24 mars 2018), voici un bel ouvrage qui permet de lier les deux manifestations.

Je te rêve est un poème incantatoire adressé à une enfant dans lequel Salah Al Hamdani, poète irakien exilé en France, évoque la guerre et l'exil. Dans ce triste poème illustré en noir et blanc par Sylvain Boisel, Salah Al Hamdani confie l'espoir à l'enfant, source d'espérance :



De cascades en cascades

nuits contre nuits

neige en été

printemps volés

la mort contre la mort

jusqu'au vertige

d'une naissance
Lien : https://roxane-feuilledeblog..
Commenter  J’apprécie          20
Adieu mon tortionnaire

Treize récits composent ce court ouvrage. Ils sont à la fois des mémoires, des réflexions sur le présent, le passé, l’expression de rêvent, et la juxtaposition d’extraits poétiques.

Adieu mon tortionnaire surprend par le mélange des temporalités.

C’est l’œuvre d’un déraciné, obligé de quitter sa terre et les siens pour échapper au dictateur qui tente de se reconstruire par le rêve, la poésie, et l’entretien des souvenirs.

Récits décousus, mais remarquablement écrits ; trop sans doute s’en imprégner complètement. En effet, la forme et le style maintiennent le lecteur à la marge, et ne l’incitent guère à l’émotion.

J’y ai vu une certaine forme d’élitisme ; à moins que l’ouvrage ne se révèle au cours d’une ou plusieurs relectures. Qui sait ?


Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
Commenter  J’apprécie          10
Rebâtir les jours

Un jolie recueil de poésie sur l'exil, l'envie de reconstruction d'un pays (ici Bagdad) et la vie.
Commenter  J’apprécie          10
Adieu mon tortionnaire

Adieu mon tortionnaire c'est le retour au Bagdad de l'enfance, de la jeunesse, de l'opposition politique, celui d'avant l'exil. C'est aussi la diffculté de cet exil, celui de l'homme qui n'a pas pu revoir son pays et les siens pendant vingt ans et qui lui sont devenus en partie étrangers. Adieu mon tortionnaire c'est finalement le chemin du retour au pays natal par le combat de la poésie contre la dictature.

Le récit et les souvenirs se mêlent aux légendes et aux rêves, les temporalités se superposent. La langue, poétique et vivante, nous plonge dans ces évocations qui toutes ensembles construisent le sens d'une vie.

Commenter  J’apprécie          00
Adieu mon tortionnaire

Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Salah Al Hamdani (31)Voir plus

Quiz Voir plus

Antigone de Jean ANOUILH

D'où le dramaturge a-t-il tiré l'idée ?

De Sophocle
De Homère
De Sofocles
D'Erasme

30 questions
359 lecteurs ont répondu
Thème : Antigone de Jean AnouilhCréer un quiz sur cet auteur

{* *}