AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Sara Colaone (35)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Ariston Hôtel

Découpage audacieux et maîtrisé, trait charbonneux rappelant Jean-Claude Götting, histoire à tiroirs partagée à part égale entre secrets douloureux et moments de comédie pure, Ariston Hotel mérite toutes ses étoiles.
Lien : https://www.bdgest.com/chron..
Commenter  J’apprécie          00
Ariston Hôtel

Jolie histoire qui raconte un hôtel depuis son inauguration, sa patronne, ses clientes, ses employées. C'est féministe en ce sens qu'on sent l'évolution des mœurs par petites touches de l'après guerre aux années 70 en Italie. Du port d'un bikini dans les années 50 sur la plage qui fait scandale, de l'obligation de réparation d'un violeur par le mariage (sous entendu), de la guerre elle même, du divorce ...bref c'est une chronique à plusieurs voix avec des dessins fins et doux.
Commenter  J’apprécie          20
Ariston Hôtel

Une histoire de famille et de sororité globalement attachante même si les auteurs ont peut-être trop multiplié les pistes narratives.
Lien : http://www.bodoi.info/aristo..
Commenter  J’apprécie          00
Ariston Hôtel

C'est un ouvrage intéressant que de retracer en 3 épisodes distincts séparés d'une décennie la vie d'un petit hôtel de place situé au bord de l'Adriatique en Italie du Nord. La riche société vient en vacances dans ce lieu de villégiature assez prisé. La propriétaire Renata essaie tant bien que mal de diriger son personnel assez hétéroclite.



C'est une compilation de petites anecdotes qui concernent aussi bien la clientèle et que le personnel. On se rendra compte d'une certaine évolution au cours des années qui passent. Le thème principal est celui du choix de la vie qu'on souhaite mener même si c'est présenté sous l'angle de l'émancipation féminine.



Malgré des choix de cadrage assez audacieux et un graphisme qui a du caractère, on a du mal à rester concentré sur toutes ces petites histoires à tiroir car on passe de l'une à l'autre en perdant parfois le fil. On découvrira à la fin le passé de la petite Renata, propriétaire de l'hôtel qui ne faisait que compter.
Commenter  J’apprécie          50
En Italie, il n'y a que des vrais hommes

Dans les années 30 en Italie, l'homosexualité était réprimée : les hommes gays étaient confinés sur une île, vivant dans une grande pauvreté et déchus de leurs droits. Ils étaient surveillés par des gardiens tels des criminels.

Le récit débute dans les années 80. Deux reporters décident de faire la lumière sur cette partie inconnue de l'histoire de l'Italie fasciste. Ils ont décidé d'interviewer Antonio, ancien exilé de cette île. Mais celui-ci n'a guère envie de se remémorer ces instants sombres...



Très bonne bd ! Instructive et bien menée. Le récit alterne flashback et présent, entre le drame vécu par Antonio et ce qui lui en reste dans les veines maintenant qu'il est âgé. L' idée des reporters avec ce documentaire est de provoquer une prise de conscience auprès des nouvelles générations pour que plus jamais une telle injustice se reproduise. Mais Antonio ne se sent pas à l'aise, n'a pas envie de remuer le passé. Il craint que son histoire ne soit qu'une histoire du passé parmi d'autres, dénuée de ses douleurs, un sujet documentaire et non un drame humain. Chacun va devoir faire un pas vers l'autre pour que naisse ce reportage. Et c'est le second niveau de lecture de cette BD enrichissante. A lire !!
Commenter  J’apprécie          00
En Italie, il n'y a que des vrais hommes

Une leçon d'Histoire, un récit poignant, une oeuvre toute en contraste pour témoigner de l'homophobie d'une certaine époque. A méditer...
Commenter  J’apprécie          10
En Italie, il n'y a que des vrais hommes

Ce roman graphique nous propose de découvrir un aspect souvent méconnu de la Seconde Guerre Mondiale. En Italie, aucune loi ne fut crée à l’encontre des homosexuels, puisqu’ils étaient censés ne pas exister. Ils furent donc confiner sur de petites îles du Sud.

Dans cet album, deux journalistes rencontrent Giuseppe B. surnommé Ninella, l’un des seuls survivants de cette époque. Ils entreprennent tous les trois un voyage vers l'île où fut isolé Ninella. Avec son témoignage, on comprend la vie que ces homosexuels menaient sur cette île, ils n'étaient pas autant maltraités que les juifs mais enfermés pour cause de "pédérastie", ce qui été un scandale à cette époque. La dynamique du récit trouve sa force dans l'alternance des planches du présent et du passé. L'utilisation des seules couleurs, noir, blanc et ocre apporte de la sobriété au propos et aux personnages. Un très bel album pour lutter contre l'oubli.
Commenter  J’apprécie          90
En Italie, il n'y a que des vrais hommes

Les homosexuels ne sont pas les bienvenus dans l’Italie des années 30. L’arrivée du nazisme aggrave la situation. Retirés de la société, ils sont arrêtés et confinés sur une île. C’est l’histoire de cet enfermement racontée par deux reporters qui retrouve un ancien de l’île plus de 60 ans après. Le dessin aigu et le choix d’une seule couleur retranscrivent parfaitement l’intensité et la particularité de cette histoire inspiré de faits réels.
Commenter  J’apprécie          10
En Italie, il n'y a que des vrais hommes

Une fois n’est pas coutume, je me suis plongée dans la lecture d’un roman graphique dont le sujet m’avait interpellée, à savoir la persécution des homosexuels sous l’Italie fasciste de Mussolini.

Bien sûr je n’étais pas sans connaître le sort que leur avait réservé l’Allemagne nazie, à savoir la déportation dans des camps où ils étaient contraints de porter un triangle rose.

Mais j’ignorais totalement le sort que leur avait réservé le Duce, qui ordonna leur confinement sur une île de l’archipel des Tremiti. Le titre choisi par les auteurs fait d’ailleurs référence à une phrase prononcée par Mussolini, révélatrice d’un déni pur et simple de l’homosexualité.

Sara Colaone et Luca de Santis se sont intéressés à la question après avoir lu l’interview d’un homme qui avait vécu cet exil, interview reprise à la fin de l’ouvrage.



La suite sur mon blog...
Lien : http://tassedethe.unblog.fr/..
Commenter  J’apprécie          10
En Italie, il n'y a que des vrais hommes

Au détour des rayons de ma bibliothèque, j’ai trouvé cette bande dessinée. C’est d’abord le titre qui m’a interpellée et ensuite sa quatrième de couverture : « Les lois raciales de l’Italie fasciste ne prévoyaient pas de peines à l’encontre des homosexuels : cela était inutile, puisque, d’après Mussolini, tous les hommes italiens étaient mâles, actifs et virils.«



La bande dessinée commence par un prologue qui explique un pan de l’Histoire italienne à l’époque fasciste. Les homosexuels étaient « parqués » dans des lieux éloignés. Un de ces lieux était l’île de San Domino delle Tremiti. Quand la guerre éclata, ils purent retourner chez eux car ces îles allaient servir de prisons pour les détenus politiques. Leur retour « à la maison » signait leur déshonneur et tachait les familles d’un scandale difficile à cacher.



Le scénariste et la dessinatrice ont décidé de mener cette bd comme un reportage. Deux journalistes vont à la rencontre d’un rescapé d’une de ces îles, un certain « Ninella ». Celui-ci n’est pas des plus bavards et est assez avare en témoignage. Les deux journalistes vont avoir du pain sur la planche pour percer les souvenirs de ce vieillard.

Pour commencer, Ninella raconte quelques événements de sa vie avant son arrestation, sa mère était une couturière et il l’aidait à son atelier. Son frère l’a mis en garde contre ses agissements qu’il considérait inconscients mais Ninella n’en avait que faire.

Il est ensuite arrêté et envoyé sur une île où il retrouve plusieurs homosexuels. Il rencontre des hommes aux caractères bien trempés qui, même s’ils subissent le confinement, n’ont pas perdu espoir. Ils sont de tout âge et de tout horizon. On y rencontre des travestis, des jeunots, des grandes gueules.

Grâce à ses talents de couturier, Ninella peut avoir un travail, il se charge de raccommoder les uniformes des carabiniers. « Moi j’avais le meilleur boulot: j’étais le tailleur des carabiniers. Tous les matins, je les avais là, devant moi, à moitié nus… Il y en avait un qui s’appelait V. Qu’est-ce qu’il était beau! Même 50 ans après, je m’en souviens encore… »



Ninella le reconnaît: la vie sur cette île n’était pas des plus désagréables. Le pire a été le retour chez eux. Quand ils ont dû subir les brimades et les insultes. Même après la fin de la guerre, ces prisonniers n’ont jamais été indemnisés. Cette bd n’aborde pas cette partie et j’ai quelques regrets là-dessus. J’aurais souhaité que d’autres histoires soient abordées, qu’il y ait quelques témoignages en plus. Cette bd aborde un thème très intrigant mais les planches qui évoquent la vie sur l’île sont trop peu importantes.



Pour ce qui est du dessin, je l’ai trouvé assez beau, les couleurs oscillent entre le jaune moutarde et le noir, ça confère un sentiment de nostalgie. Les traits sont assez carrés mais ce n’est pas pour me déplaire.



Finalement, une bd intéressante mais qui manquait de quelques planches…
Lien : https://pagesversicolores.wo..
Commenter  J’apprécie          30
En Italie, il n'y a que des vrais hommes

L'exil. Le déchirement des proches quand l'un part pour assurer l'avenir de la famille. Se retrouver seul, arriver dans une nouvelle ville, être contrôlé, fiché. Un roman graphique aux couleurs sépia et au dessin onirique dans laquelle l'immigration est traitée sous tous ses angles.

Une BD silencieuse qui en dit pourtant beaucoup !
Commenter  J’apprécie          10
En Italie, il n'y a que des vrais hommes

Cette BD raconte comment, sous le régime fasciste italiens, les homosexuels étaient envoyés dans des camps isolés du reste de la société. Je pense que ce récit est très important, il permet de ne pas oublier cet épisode grave et injuste. J'ai néanmoins été un peu perdue par la narration et l'articulation des séquences présent/passé.
Commenter  J’apprécie          00
En Italie, il n'y a que des vrais hommes

Pour Mussolini, tous les hommes italiens étaient mâles, actifs et virils. Donc, aucune raison de prévoir une loi radicale envers la population homosexuelle. Aussi, les autorités fascistes trouvèrent une solution détournée et plus sournoise : "le silence", faire disparaître ces "pédérastes". Le livre nous raconte le témoignage d'un homme âgé de 75 ans qui malgré de nombreuses réticences accepte d'être filmé par 2 journalistes afin de raconter 50 ans plus tard son histoire. Celle d'avoir été emmené sur une île pendant 8 mois.



La construction de la bd est intéressante : aller et retour entre le témoignage sur l'île et les conditions du tournage du documentaire. Un témoignage fort et sensible...
Lien : http://fromtheavenue.blogspo..
Commenter  J’apprécie          20
En Italie, il n'y a que des vrais hommes

Deux journalistes viennent à la rencontre d'Antonio Angelicola, dit Ninella, 75 ans, qu'ils ont réussi à convaincre de raconter son histoire : Sous le régime de Mussolini, Ninella a été arrêté pour homosexualité et envoyé en exil sur une île (interné serait plus juste) où il vient grossir le nombre d'hommes mis à l'écart des regards du peuple, sous surveillance policière, pour ne pas faillir à la célèbre phrase de Mussolini, « En Italie, il n'y a que de vrais hommes ».

Les condamner ou les tuer reviendrait à reconnaître que le peuple italien n'est pas « parfait » ; les isoler, les « nier », les « passer sous silence » est la solution qui sera choisie.

Ninella se retrouve donc confiné, à l'abri du regard des braves gens et sous surveillance comme un véritable criminel, avec un minimum de moyens de subsistance.

Il découvre une communauté qui s'est créée. Pour certains, malgré les difficultés d'existence, l'isolement et l'absence de liberté, c'est un havre où ils peuvent vivre sans se soucier du jugement des autres. Mais les conditions de vie sont difficiles et les rivalités sont exacerbées par le confinement.

Renvoyés chez eux, ils doivent faire face à la honte et au déshonneur subie par leur famille.



J'ai découvert un pan de l'histoire italienne que je ne connaissais pas ! C'est fou qu'il faille tant d'années pour qu'on puisse parler de ce sujet (et d'autres qui sont toujours ensevelis sous les pavés de la « bonne morale », celle des « braves gens » comme disait Brassens).

Comme il est dit en préambule : « Il y a ces histoires que l'on trouve partout dans les rayons des librairies et qui ont comme sujet récurrent les tueurs en série. Et puis il y a les autres... qui semblent se cantonner aux bibliothèques des universités. La persécution des homosexuels en Italie en fait partie. Ce pays a utilisé, contre les lesbiennes et ses gays, une arme souvent plus sournoise que la répression brutale : le silence. »



Ce roman graphique (et tant d'autres) contribue à ouvrir, et de plus en plus, les portes de ces bibliothèques et nous donne à connaître, à penser...

Les dessins sont sobres mais expressifs et j'ai aimé le ton sépia et les REC / PAUSE en noir et blanc pour l'enregistrement. J'ai aimé le regard caméra du Ninella de 75 ans...

Il ne sait plus s'il doit témoigner ou se taire, partir ou rester... Tout est tellement loin, tout est si vieux... A quoi sert de remuer tout cela, cinquante ans après les faits ? Toute cette misère, toute cette souffrance ?



« Je n'ai plus jamais eu de nouvelles des autres.

Après la guerre, il était difficile de les retrouver...

Et puis aussi, on voulait un peu oublier...

Mais on ne peut pas oublier, ni vivre sereinement...

Il faut vivre avec cette peine... »
Commenter  J’apprécie          160
En Italie, il n'y a que des vrais hommes

Le titre du roman vient d'une citation de Mussolini. Le dirigeant fasciste ne voyait pas l'intérêt de légiférer sur l'homosexualité, comme ses alliés nazis, puisque en Italie "il n'y a que de vrais hommes". C'est donc dans son dos, dans une sorte de no mand's land légal, que va s'organiser l'exil forcé des gays (uniquement les hommes) dans les îles du Sud du pays.



Ce roman graphique alterne entre deux époques. D'une part on suit deux reporters qui viennent interviewer Antonio Angelicola, alias Ninella, ancien déporté. Et d'autre part on voit le quotidien de ce Ninella à l'époque du fascisme.



Cet exil, Ninella va le vivre d'une façon assez ambivalente. D'un coté il y a la violence. Quand il se fait arréter, il est sérieusement passé à tabac, amené de force, puis bloquer sur cette île dans des conditions de vie peu enviables. Peu de nourritures, pas de chauffage, vie dans des cabanes... Mais d'un autre coté, cette île, peuplée uniquement de gays, est une sorte de refuge, à l'abri de l'intolérance du reste de la société. Les déportés sont prisonniers sur leur île, mais là ils y trouvent une relative liberté...



Cette bédé est un joli travail. Le découpage du scénario est parfois un peu maladroit, mais dans l'ensemble on se laisse prendre. Les dessins sont plutôt beaux, très pudiques. Et c'est une oeuvre qui parle d'un épisode de l'Italie qu'on ne connait pas beaucoup.
Commenter  J’apprécie          20
En Italie, il n'y a que des vrais hommes

Le titre, terrible, de ce roman graphique est une phrase réellement prononcée par Mussolini. L'album met en parallèle deux époques, celle du fascisme et la notre, quant à la perception, l'acceptation de l'homosexualité et le travail de mémoire.

A lire!
Lien : http://vivrelivre19.over-blo..
Commenter  J’apprécie          00
En Italie, il n'y a que des vrais hommes

Problème de ton.

Si d'un point de vue intellectuel je comprends qu'être déporté sur une île, que d'être privé de ses libertés les plus essentielles est insupportable, cette bédé échoue à le faire ressentir.

En effet, on a souvent l'impression d'une colonie de vacances et non pas d'une prison. Il y a certes des événements dramatiques mais le récit les adoucit bien trop par son ton. C'était peut-être pour souligner l'importance de la solidarité entre les détenus mais c'est au détriment de ce qui voulait être dénoncé.

J'aime beaucoup le dessin très anguleux mais même cette caractéristique qui aurait pu rendre plus dur l'histoire ne suffit pas.
Commenter  J’apprécie          20
En Italie, il n'y a que des vrais hommes

Cette œuvre fait découvrir au lecteur, un épisode peu connu de la seconde guerre mondiale en Italie : la condition des homosexuels durant ce conflit.

C’est une histoire émouvante car elle nous plonge dans la vie de ces hommes mis a l’écart de la société.

Elle est aussi très captivante car elle est présentée sous forme de Bande Dessinée ce qui facilite la compréhension.

Commenter  J’apprécie          00
En Italie, il n'y a que des vrais hommes

Lorsque le gouvernement de Mussolini décide d'actualiser le code pénal, on prévoit de faire comme les voisins allemands : incorporer une loi discriminatoire contre les homosexuels. Que nenni ! rétorque Il Duce qui se justifie ainsi : " Nous n'avons pas besoin d'une loi pareille ! En Italie, il n'y a que des vrais hommes ! "



Pour cette bande dessinée, Luca de Santis met en scène un entretien qu'un journaliste avait eu avec un vieil homme sur son passé d'homosexuel dans l'Italie fasciste.

Deux histoires sont donc mis en scène : d'un côté celle de deux jeunes journalistes qui se rendent à Salerne pour rencontrer Antonio Angelicola, un septuagénaire aigri. Puis, il y a les souvenirs de l'homme, dans les années 1930, au moment où il vivait heureux, entouré par sa mère et son frère et travaillant comme tailleur dans la mercerie tenue par sa mère. Jusqu'au jour où … Ninella - comme on le surnomme à l'époque - se fait embarquer par l'OVRA, puis est condamné pour "crime contre la race" et part en "confinement" sur l'île de San Domino delle Tremiti. Officiellement, il est "déplacé" comme prisonnier politique.



En lisant cette Bd juste après " triangle rose ", je suis fascinée de voir à quel point la culture joue un rôle primordial dans le traitement d'un problème d'ordre "moral". Il y a bien sûr un dénominateur commun : le fait que l'homosexualité, dans les régimes fascistes, dérange la bonne société car dans un contexte où le sentiment (ultra) nationaliste est exacerbé, et bien ces individus manquent à leur devoir de faire grossir les rangs de la belle nation d'êtres supérieures ( ici, Italiens). Bien sûr, quand ils se font attraper ils se font tabasser - exercice de virilité oblige ! - et se font sermonner sur l'immoralité et la dangerosité de leurs pratiques.

Et côté italien, pour se débarrasser de ce problème gênant, on a la solution la plus simple du monde : on fait comme s'il n'existait pas ! Cela passe par la case : "on ne nomme pas" , puis "on les envoie loin" et enfin "on met une étiquette plus acceptable".



Le "séjour" sur l'île apparaît d'abord comme une espèce de colonie de vacances pour "tapettes", où se côtoient grandes follasses, travestis, tombeurs, prêtres, petits jeunes, etc avec de temps en temps des (vrais) prisonniers politiques qui demandent l'autorisation de venir pour se marrer un peu. Et petit à petit, on voit que les prisonniers sont soumis à un système de rationnement, qu'on leur donne un pseudo salaire (5 lires!) avec lequel ils doivent se laver, manger et s'habiller pour la saisons. Le flirt est dans l'air, puis les tensions montent … et c'est le drame.



J'ai trouvé cette bande dessinée intéressante, dans la mesure où je ne connaissais pas le sujet, mais assez incomplète. L'objectif est de sensibiliser un large public à ce passage de l'histoire, et le côté trop "colonie de vacances" et Dolce Vitta entre amis ne m'a pas permis de saisir les enjeux de cette période. D'ailleurs, dans la conclusion (que ce soit celle de De Santis ou celle du "vrai" journaliste à la fin), il cite une phrase du vieil homme qui dit que beaucoup ont pleuré en quittant l'île car ils avaient été mis dans une sorte de cocon dans lequel ils étaient protégés des ragots, des regards, des médisances, de la culpabilité de mettre le "déshonneur" sur leur famille - car c'est ainsi qu'était considéré le fait d'avoir un fils homosexuel. Dans ce cas quelles conclusions tirées ? Qu'est-ce qui fait que ces hommes ont préféré oublié cette période de leur vie ? Je me doute qu'ils en ont souffert, mais la façon dont l'histoire est mise en scène met tellement plus en avant "l'insouciance" et le côté "festif" de ce confinement sur l'île que finalement, c'est ce qu'on retiens de mieux.



En ce sens, j'ai préféré triangle rose car cette bande dessinée faisait bien mieux la part des choses.
Commenter  J’apprécie          220
En Italie, il n'y a que des vrais hommes

En 1987, deux journalistes se lancent dans un reportage autour de la vie d'Antonio Angelicola. Ce vieil homme, il y a 70 ans, a fait partie des exilés de l'île de San Domino, archipel des Tremiti. Si Mussolini affirmait qu' "en Italie, il n'y a que des vrais hommes", sous entendu que des machos fortement hétérosexuels, les homosexuels du pays devaient disparaître de la société, c'est pourquoi ils furent forcés à l'exil "politique". Sur cette île, un microcosme gay se forma, une sorte de nouvelle famille, avec ses jalouseries, ses conflits, ses joies et ses tendresses aussi. Une vie précaire éloignée de leurs familles, un exil douloureux dont on se remet difficilement, même quand sonne l'heure du retour.



A lire le titre et le résumé, j'ai repenser au roman "Interdit à toute femme et à toute femelle" de Christophe Ono-dit-Biot. Encore une île sur laquelle les femmes étaient exclues. Décidément les îles méditerranéennes ont eu de bien sordides usages...

Un graphisme assez franc (mais assez peu élégant), par le trait épais et la seule couleur sépia, soutient un récit qui se révèle très affirmatif. L'histoire de cet homme qui accepte de témoigner d'un passé douloureux, blessant, totalitaire, est poignante d'autant qu'elle a longtemps été passée sous silence.

Les auteurs sont parvenus à faire ressentir au lecteur la stupéfaction face aux arrestations arbitraires à peine motivée, l'humour à certains moment de la vie de ce groupe qui s'accorde quelques loisirs, l'absurdité de leur réclusion face à l'île d'Isola où étaient les prisonniers politiques, leur rendant parfois visite, la tristesse face aux jeunes années gâchées pour ces hommes vaillants, l'amertume face à l'impunité et à la douleur des familles montrées du doigts et privées de leurs fils.

L'album est très agréable à lire, au-delà de son attrait historique, le récit croisé conjugué au présent avec l'interview des journalistes et au passé avec le récit imagé d'Antonio, est très clairement rendu.



Un album vraiment réussi à recommander. Une fenêtre ouverte sur une nouvelle absurdité méconnue de l'époque du fascisme italien et la ségrégation homosexuelle dans l'Histoire européenne.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Sara Colaone (223)Voir plus

Quiz Voir plus

Écrivains et critiques face à l'impressionnisme

" Des femmes emplissent de leur accroupissement cucurbitant la coque des tubs... ; des avant-bras, dégageant des seins en virgouleuses, plongent verticalement entre les jambes pour mouiller une débarbouilloire dans l'eau d'un tub où des pieds trempent. " (😽)

Paul Bourget
J. K. Huysmans
Octave Mirbeau
Paul Valéry
Guy de Maupassant
Émile Zola
Félix Fénéon
Jules Laforgue
Stéphane Mallarmé
Guillaume Apollinaire

10 questions
42 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , peinture , poésieCréer un quiz sur cet auteur

{* *}