AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Sarah Jollien-Fardel (207)


Dans ce bled, réputé loin à la ronde pour son manque de solidarité et son inclination à la méchanceté, ils étaient venus en masse se repaître de notre misère publique.
Ma colère, compagne éternelle, éventrait mon estomac. J'aurais dû ne pas faillir en public. Je n'ai pas pu. Sitôt sur le parvis de l'église, endolorie, j'explose. C'est laid, ça entache la solennité du moment. Ma mémoire pourtant intransigeante et impeccable, a effacé le monologue que j'ai vomi au visage de mon père....
"Tu l'as violée, tu l'as tuée."

Grâce à sa sentence, probable coup de folie, de haine, de douleur même, j'ai obéi. Vivre ou crever. J'avais décidé.

Elle était liée, pieds et mains, sans formation, sans une idée que d'autres manières de vivre étaient possibles.
Commenter  J’apprécie          10
J'ai entendu le hoquet de Marine, derrière mon dos, qui ravalait ses sanglots. Filmé, ça aurait filé la chiale à n'importe qui. Je ne suis pas n'importe qui. Je suis la fille de ce monstre, je suis la femme qui trompe, je suis la femme qui a frappé, je suis la femme sèche de l'intérieur, je suis la femme aux entrailles pourries, je suis la fille qui n'a sauvé ni sa mère ni sa soeur, je suis la fille d'un meurtrier, je suis la fille vide qui regarde son père mourir, je suis la femme qui n'écoute pas sa compagne lui dire :"Fais la paix."
Je suis la femme sans rémission.
Commenter  J’apprécie          10
Je reste debout à ses pieds empantouflés. Il me regarde avec une tristesse terrible. Il sait que son heure point. Avec ses croyances, l'enfer l'attend.
Commenter  J’apprécie          10
Tu sais qu'il y a des abricotiers, mais pas partout, et que les agriculteurs les chouchoutent lors de leur floraison, la peur au ventre de perdre leur gagne-pain à cause du gel ? Les nuits trop froides, ils déposent au pied de leurs troncs des chaufferettes. C'est d'une beauté à faire pleurer, ces scintillements au petit matin.
Commenter  J’apprécie          10
Ici il y a des centaines de lieux sans prétention, façonnés par rien 'autre que la nature et qui te bouleverseraient, si tu avais un coeur.
Commenter  J’apprécie          10
Je pleurais sur l'amour infini de ma mère, sur ce qu'elle avait fait pour moi, en silence. Désespérément me sauver.
Commenter  J’apprécie          10
Je me rends compte que, malgré le déni, malgré les singeries que nous nous imposions pour nous métamorphoser, l'empreinte des origines restait.
Commenter  J’apprécie          10
Je dégote un emploi pour joindre les deux bouts. Impossible de servir dans un bar, trop de monde. Ni dans un magasin, ni dans une boutique, trop godiche. Par hasard, dans le quartier Sous-Gare, il y a un kiosque dans une maisonnette où je ne fais qu’écouter, servir, tendre la main par-dessus les journaux. Un bonjour, l’anonymat, le service, au revoir. Le samedi et quelques heures par semaine suffisent à payer mes courses. Lausanne fut une résurrection. Je découvre la ligne ferroviaire Sion-Lausanne avec un émerveillement primesautier. Lorsque Villeneuve apparaît, je le vois pour la première fois. Le lac. Hypnotique. Fascinant. Lorsque le train le longe, que je l’aperçois derrière la vitre, je ferme mon livre. N’importe quel livre.
Commenter  J’apprécie          10
Elle avait quatre ans de plus que moi, et même si l’apparence physique restait abstraite pour nous, hors des murs familiaux, sa séduction s’était révélée. Je ne la voyais pas clairement, je remarquais l’attitude des hommes lorsqu’elle se penchait pour verser les trois décis de goron aux habitués du café où elle travaillait. Je l’ai dit, elle n’était pas intelligente. Mais elle savait faire avec les gens. Rire pour rien, les amuser par une réflexion facile, les appâter d’un balancement de hanches, les envoûter tous, vieux, timorés, enfants capricieux, femmes revêches. Les séduire. Tous et trop…
Commenter  J’apprécie          10
Un roman ou une autobiographie ? C’est dur, violent et âpre. L’écriture est du même acabit : saccadée, hachée et sèche ce qui rend par moments le texte difficile à comprendre. Il manque d’adjectifs qui décriraient mieux les sentiments. Trop de mots régionaux. L’auteure raconte la violence faite aux femmes : le père cogne, le médecin constate les coups et se tait. La mère victime et aussi complice muette du viol imposée à la fille aînée par son « salopard » de père.
Commenter  J’apprécie          11
Nous nous baladons au Tour du Mont, une bonne heure, en traînant le pas. Nous ne nous disions rien ou alors une réflexion sur la végétation, une exclamation lorsqu'au détour d'un arbre un chamois téméraire, commun dans ce coin, fait craquer des branchages. Nous nous arrêtons sur un banc posé entre les aroles, les yeux plongés vers la vallée. C'est tout. Il n'y a rien d'autre, il y a tout ce dont j'ai besoin.
Commenter  J’apprécie          00
Je sais que, des lieux que j'ai visités, peu vibrent encore en moi. Du sable beige ou grossier, des ruelles étroites et sales, des villes rutilantes, des monuments glorieux ou délabrés, des épices dépaysantes, des tableaux admirés ou incompris, quelles empreintes ? Des églises visitées, alors qu'en mon sein ne gronde que le vide de cet Amour divin qui m'a délaissée, des cierges allumés avec un espoir puéril, mais qui n'ont jamais calmé ma colère, qu'est-ce qui perdure vraiment à la fin ? De mes quinze mille jours, combien disent l'espérance de la vie ? Combien en ai-je retenus ? Tout me ramène à cet endroit que j'ai fui.
Commenter  J’apprécie          00
Ce dimanche de mai. J'aime ce mois qui ponctue pour un temps les nuits interminables. J'aime l'espoir qu'il amène avec ses journées qui s'étirent gentiment. J'aime les odeurs qui pépient sous chaque brin d'herbe. J'aime la fertilité qui point, les tulipes et les gentianes en grappes, le muguet qui essaime partout. J'aime la majesté des pivoines charnues qu'un orage peut saccager en quelques minutes. J'aime les amabilités encore tendres du soleil. J'aime devoir enfiler un pull le soir, mais rester dehors quand-même.
Commenter  J’apprécie          00
Je sais que rien ne m'émeut jusqu'au bouleversement, jusqu'à déliter ma colère. Que les fondations de mon enfance ne sont pas assez solides pour que je tienne debout. Je pense à la terre des jardins qu'on retourne au printemps, à ce que disaient les vieux du village : "Ya pas moyen, t'as beau rajouter du fumier, ça prend pas. La terre n'est pas bonne."
Je ne suis pas bonne. Ça prend pas. Mauvaise terre, mauvaise graine.
Commenter  J’apprécie          00
La haine et la colère restaient comme figées. Je suis devenue rance. Je détestais celle que je devenais. Incapable de pardon, incapable d'avancer ou de me défaire des frasques puantes de mon enfance.
Commenter  J’apprécie          00
Filmé, ça aurait donné la chiale à n'importe qui. Je ne suis pas n'importe qui. Je suis la fille de ce monstre, je suis la femme qui trompe, je suis la femme qui a trompé, je suis la femme sèche de l'intérieur, je suis la femme aux entrailles pourries, je suis la fille qui n'a sauvé ni sa mère ni sa sœur, je suis la fille d'un meurtrier, je suis la fille vide qui regarde son père mourir, je suis la femme qui n'écoute pas sa compagne lui dire "Fais la paix."
Je suis la femme sans rémission.
Commenter  J’apprécie          00
Combien y en avait-il, de ces souvenirs qui me bouffaient de l'intérieur, qui montaient des entrailles sans crier gare, qui ne s'expurgeaient pas par les reflux gastriques ou mes désespérantes nuits de veille ? Je n'avalais pas le souper.
Commenter  J’apprécie          00
J'ai l'estomac encore engourdi de brisolée, ces châtaignes grillées dans la cheminée, avec des fromages, du pain de seigle, du moût offert par un vigneron dans une bouteille de limonade vide.
Commenter  J’apprécie          00
Un samedi soir, nous nous installons sur des bancs en bois bancals autour de la cheminée construite par son père, dehors, sous des mélèzes. Son mari racle une demi-meule de fromage, nous attendons d'être servis chacun à notre tour et, entre deux raclettes, papotons ou écoutons le crépitement du feu, nous enveloppons dans des couvertures. C'est typique de chez nous et, pourtant, c'est la première fois que je mange une vraie raclette. Trop conviviale pour notre famille isolée et esseulée. Elle est la modestie et le partage.
Commenter  J’apprécie          00
C'est typique de chez nous et, pourtant, c'est la première fois que je mange une vraie raclette. Trop conviviale pour notre famille isolée et esseulée. Elle est la modestie et le partage. En même temps que je me console, je découvre ce que mes parents auraient dû me donner : une identité.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Sarah Jollien-Fardel (1425)Voir plus

Quiz Voir plus

Le problème avec les femmes

Qu'est-ce qu'une femme déchue, selon le livre ?

Une femme qui se fait battre
Une femme qui ne sait rien faire
Une femme qui sort de la sphère domestique

6 questions
13 lecteurs ont répondu
Thème : Le problème avec les femmes de Jacky FlemingCréer un quiz sur cet auteur

{* *}