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Citations de Sarah Jollien-Fardel (207)


Ce dimanche de mai. J'aime ce mois qui ponctue pour un temps les nuits interminables. J'aime l'espoir qu'il amène avec ses journées qui s'étirent gentiment. J'aime les odeurs qui pépient sous chaque brin d'herbe. J'aime la fertilité qui point, les tulipes et les gentianes en grappes, le muguet qui essaime partout. J'aime la majesté des pivoines charnues qu'un orage peut saccager en quelques minutes. J'aime les amabilités encore tendres du soleil. J'aime devoir enfiler un pull le soir, mais rester dehors quand même.
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Elle m'avait choisie pour fuir son milieu.Comme moi. A l'envers. Je me rends compte que, malgré le déni, malgré les singeries que nous nous imposions pour nous métamorphoser, l'empreinte des origines restait. On avait beau lutter, Charlotte dirait toujours "zut" et moi toujours "putain".
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De mes quinze mille jours, combien disent l’espérance de la vie ? Combien en ai-je retenus ? Tout me ramène dans cet endroit que j’ai fui. Alors que maintenant je pourrais tourner la page, vivre sans la peur, ne plus sursauter à chaque bruit, chaque appel téléphonique, chaque éclat de voix, car il n’est plus là. Il est toujours là. Et des milliers de pages lues et des centaines de chansons ? Qu’est-ce que je retiens ? Si peu. Alors je sais. Je sais que je n’ai jamais trouvé de sens. Je n’ai pas fait semblant, j’ai vécu un jour derrière l’autre sans qu’aucun ait pu effacer la peur et la rage de mon enfance. Ce n’est pas grand-chose pourtant, une enfance. Mais c’est tout ce qui subsiste pour moi. Je ne sais pas me réfugier ailleurs.
Je sais que rien ne m’émeut jusqu’au bouleversement, jusqu’à déliter ma colère. Que les fondations de mon enfance ne sont pas assez solides pour que je tienne debout. Je pense à la terre des jardins qu’on retourne au printemps, à ce que disaient les vieux du village : « Y a pas moyen, t’as beau rajouter du fumier, ça prend pas. La terre n’est pas bonne. »
Je ne suis pas bonne. Ça prend pas. Mauvaise terre, mauvaise graine.
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Elle écoutait avec une tendresse inconnue, du bout de ses doigts, elle chatouillait ma main quand je butais sur les mots. Elle n'était jamais inquisitrice comme Charlotte, ne forçait pas le passage de mon chagrin.
(p.85)
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Je découvre la ligne ferroviaire Sion-Lausanne avec un émerveillement primesautier. Lorsque Villeneuve apparait, je le vois pour la première fois. Le Lac. Hypnotique. Fascinant.
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Qui n'a trouvé de ciel ici-bas -
N'en trouvera pas là-haut -
Où que nous allions
Les anges ont loué la maison voisine

Emily Dickinson
Cent dix-sept poèmes
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J'aurais tout donné pour me nourrir de réminiscences heureuses. Repenser, la joie au cœur, à cette gommette coccinelle qui avait ensoleillé le visage de maman, à l’écureuil qu'Emma et moi avions essayé de capturer, en vain, durant un après-midi entier, à Paul endormi contre mon dos, à mon corps plongé dans l'eau vivace du lac Léman alors que le ciel est prêt à imploser de rouges, aux baisers sur le front, au temps arrêté devant un coucher de soleil ahurissant à Querceto avec Marine, à cet inconnu qui dit merci avec un sourire, à l’eau turquoise du lac de Moiry, aux errances sur les bisses, aux terrasses, aux soirées, à Nina Simone ou à L'Homme qui plantait des arbres, que j'avais relu mille fois. À la place, infuser dans les limbes de mon chaos. Demeurer dans cette destructrice intranquillité. Je ne m'en arracherai pas. p. 195-196
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On sait tous que les paroles ne sont pas forcément la vérité, mais qu'elles peuvent modifier la réalité. Définitivement. Radicalement. L'avant et l'après. L'avant, rassurant. L'après, vertigineux. Alors on verrouille l'estomac, on clôt les lèvres qui veulent articuler, on les pince avec les dents, pour être bien certain qu'elle se tairont, ces insensées.
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(...) je suis gaie, soulagée d'être loin de là d'où je viens. Cent kilomètres. Une pécadille. Pourtant, l'un après l'autre, ces kilomètres ont poli mes origines jusqu'à les rendre invisibles. En surface.
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Ce moment où vous dites un mensonge. Cet instant suspendu, une fraction de seconde. Ça bascule dans un sens ou dans l'autre. Je savais manier le regard, le tenir sans faillir, l'enrober d'innocence. J'écartais bien les yeux et étirais mes lèvres dans un faux sourire fermé. Ça marchait toujours.
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C'était hier mon enfance, hier ma sœur. C'est tomber dans un trou, glisser sans réussir à s'accrocher, c'est avoir le cœur qui déborde du pull, sursauter au moindre son.
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Mon instinct de survie est plus fort que le lien. L’amour pour ma mère patauge, atone, quelque part au fond de moi.
(p.44)
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Je sais que rien ne m'émeut jusqu'au bouleversement, jusqu'à déliter ma colère. Que les fondations de mon enfance ne sont pas assez solides pour que je tienne debout. Je pense à la terre des jardins qu'on retourne au printemps, à ce que disaient les vieux du village : "Y a pas moyen, t'as beau rajouter du fumier, ça prend pas. La terre n'est pas bonne."
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Il me taquine, ça ne peut pas être autrement. Qu'est-ce qui est pire ? Etre un salopard ignare ou un homme subtil, mais suffisamment lâche pour ne pas voir qu'une gamine de huit ans a été rossée ?
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Je sais que je n'ai jamais trouvé de sens. Je n'ai pas fait semblant, j'ai vécu un jour derrière l'autre sans qu'aucun ait pu effacer la peur et la rage de mon enfance.
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Il me regarde avec une tristesse terrible. Il sait que son heure point. Avec ses croyances, l’enfer l’attend. Ou alors, malin comme il est, son repentir de chien battu, ses déclarations d’affection pour ma mère ne servent qu’à le laver de ses péchés. Dieu pardonne. Pas moi.
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L'attirance obsédante, je ne l'avais pas vue arriver, ni reconnue. Personne ne m'avait fait cet effet jusque-là. Personne ne me le ferait plus jamais, mais je ne le savais pas encore. Mon corps avait deviné bien avant moi.
(p.93)
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(..) J'ai entendu le hoquet de Marine, derrière mon dos, qui ravalait des sanglots. Filmé, ça aurait filé la chiale à n'importe qui. Je ne suis pas n'importe qui. Je suis la fille d'un monstre, je suis la femme qui trompe, je suis la femme qui a frappé, je suis la femme sèche de l'intérieur, je suis la femme aux entrailles pourries, je suis la fille qui n'a sauvé ni sa mère ni sa soeur, je suis la fille d'un meurtrier, (..)
(page 187)
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Je ne me suis jamais habituée à la violence. Pire, ne plus la subir me plonge dans un désespoir caverneux. C'est comme de l'huile bouillante déversées sur mes blessures jamais cicatrisées. Durant des jours, je suis mutique, hébétée, le moral ravagé.
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On sait tous que les paroles ne sont pas forcément la vérité, mais qu'elles peuvent modifier la réalité.
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