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Citation de AMR_La_Pirate


EXTRAITS DE NYABINGUI :
Prisca, tu vois ces papiers, ils te concernent, nous savons tout sur toi. Nous savons, par exemple, que tu es intelligente, trop intelligente même, la République du peuple majoritaire n’a pas besoin de Tutsis femmes savantes. Mais la République peut aussi avoir besoin de quelques unes d’entre vous, de celles qui ont échappé à notre vigilance, qui, comme toi, ont fait des études qu’elles n’auraient pas dû faire ; toi, tu les as faites à cause d’un missionnaire blanc, et nous nous doutons bien de quelle manière tu as su l’envoûter. Vous, les filles tutsis, vous êtes les plus redoutables, vous savez toujours séduire pour servir votre cause, vous plaisez aux Blancs et vous en profitez pour dénigrer le peuple majoritaire et dresser les Blancs contre nous. Alors pourquoi ne seriez-vous pas aussi utiles à notre République ? Il est bon pour nos diplomates d’avoir des femmes comme vous et qui charment les Blancs. Alors tu vas employer tes charmes vénéneux doublés de ton intelligence à notre service. On va te donner pour femme à l’un des nôtres, tu seras sa charmante épouse et tu lui feras des enfants hutus, et toi, bien que nous sachions qu’au fond de toi-même tu resteras toujours un cafard, un inyenzi, tu vas quand même devenir une Hutu, tu sais bien qu’une fois mariée une femme perd sa race, son clan, qu’elle prend la race, le clan de son mari. Nous allons te trouver un bon mari, il y en a encore de notre côté qui sont fiers d’épouser une Tutsi, on va les contenter, on ne pourra pas dire que nous sommes racistes…

[…]

- Voilà ce que j’ai à dire : depuis très longtemps, chez nous, il y a un tambour, il ne nous appartient pas, notre lignage en a reçu la garde. […]. Je ne suis pas le maître du tambour. J’en suis son gardien jusqu’à ce que revienne celle qui nous l’a confié. Nous l’avons attendue, elle n’est pas revenue.. Mais à présent, au Rwanda, on n’aime plus les tambours. Et, peut-être que, si on le découvre, les militaires viendront le saisir et peut-être le détruire, et moi et ma famille avec. […] Mais si on détruit le tambour, cela portera malheur à notre lignage, nous serons considérés comme des rebelles, on nous jettera en prison bien que nous soyons des Hutus. […] Alors, nous sommes prêts à vous confier notre tambour, vous les « Américains », vous aimez les tambours, vous protègerez, vous soignerez le nôtre […].
- Mais qui vous a confié ce tambour ?
- […] Ce tambour, c’était celui d’une reine… de l’esprit d’une reine.
- Je crois que tu veux parler de Nyabingui.
- Ne prononce pas ce nom, malheureuse, je ne l’ai pas entendu.
- Et moi, ne sais-tu pas qui je suis ? […]
- Toi… oui, peut-être… j’ai entendu parler d’une jeune fille… ce serait toi ?
- C’est toi qui l’as dit.
- Si tu es celle que je crois, alors le tambour t’appartient. C’est ce que nos pères avaient prédit : un jour la reine reviendrait parmi nous. […]
- oui, grand-père, le tambour d’une reine a un cœur. Nous irons voir le tambour, s’il me reconnaît pour sa reine, je l’emporterai et il sera sauvé.
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