« Faire la coutume »
Quand on fait le geste coutumier, c’est le temps où l’on tisse la relation. La coutume est le moment où les mondes visible et invisible se rejoignent. Quand on fait la coutume, on est très respectueux. Les moments de silence préparent le corps à l’échange et surtout à l’écoute. C’est un moment où l’on se vide de soi-même pour se remplir de l’autre.
Pascal SIHAZE, Grand chef de Huathalo, district de Wetr, Lifou, aire Drehu
Dimanche après-midi, je remonte sur la crête où j’étais hier. Je décide de poursuivre ma progression jusqu’au sommet. Je suis seul. Dans l’ascension, très abrupte par moments, je fais fuir malgré moi quelques chèvres sauvages. J’arrive en haut à 14h. Face à moi, j’ai un panorama qui s’ouvre quasiment à 360 degrés. Par-delà un vallon, je vois encore la baie de Taiohae, mais je lui tourne le dos. De gauche à droite, la côte sud de Nuku Hiva se morcelle sur l’océan. Au loin, les pics de Ua Pou apparaissent à peine dans le ciel dégagé de nuages aujourd’hui.
Le soir, je suis attiré par la musique qui résonne dans toute la baie. Quand j’arrive, les répétitions ont déjà commencé. Environ 80 personnes sont là. Les musiciens frappent les pahu avec énergie. Face à eux, une trentaine d’hommes exercent leur danse. Je suis stupéfait par la force des mouvements et des cris guerriers. Puis, je tombe sous le charme quand les femmes les rejoignent et entonnent leur chant.
Je me souviens qu’il y a quelques jours, lorsque j’étais en montagne, je voyais cette ligne bien ciselée entre l’eau et la terre. Aujourd’hui, j’en dessine les contours à chaque pas que je fais. La route est longue, elle serpente pour suivre le relief.
Ce matin, je me suis levé avec le soleil. Je déjeune sur la terrasse. En face de moi, la baie se cache entre les arbres. Je situe dans le relief le passage conseillé par Fred. Je partirai bientôt en randonnée sur la côte est de Taiohae.