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Critiques de Sébastien Vidal (141)
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Woorara

J’ai rencontré Sébastien Vidal début mai au Salon du livre à Tulle, on a fini la soirée à la même table, et ce fut extrêmement agréable.



Un roman policier basé sur une histoire qui se déroule en Corrèze sur le plateau de Millevaches, et se raccroche à un passé en Serbie. Le récit démarre sur la découverte d’un cadavre et va remonter crescendo vers une énigme bien plus tortueuse qu’elle n’y parait, sous une tiédeur oppressante.



Il y a quelque chose dans ce roman qui dégage de la chaleur émotionnelle, je ne sais pas l’expliquer autrement. Tous les personnages ont quelque chose d’empathique, le groupe de gendarmes ainsi que le meurtrier. L’auteur a su aussi dégager une agréable image de cette région qu’il nous fait découvrir, de beaux paysages. Une réalité sur la misère rurale que je visualise bien dans le Périgord voisin du Limousin. Le quotidien des gendarmes et leur passion pour ce métier.

J’ai bien noté qu’il y aurait un autre roman en approche : « Carajuru », et bien je vais l’attendre avec impatience et je vous conseille de vous plonger dans cette première enquête. Je compte bien retrouver Sébastien, l’année prochaine, au Salon de Tulle, j’aurais bien des questions à lui poser…


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Ça restera comme une lumière

Lorsque l'on ouvre un roman de Sébastien, on sait, je sais que je vais retrouver une écriture toute en sensibilité, à fleur de peau, malgré la noirceur de certains personnages. Que l'on ne se trompe pas c'est bien dans un roman noir que l'auteur nous plonge! Les sensations ressenties en sont exacerbées. Je m'attache aux personnages et c'est avec tristesse à chaque fois que je referme un de ses récits. Autant pour l'écriture lumineuse que pour l'histoire.



Parlons de l'histoire, Josselin personnage prédominant, rentre du Mali où il était en service. Une certaine nostalgie l'imprègne et il décide de revenir sur un passé qui pourrait le faire revivre, rejoindre ses amis de jeunesse. En route, il va rencontrer Henri, un fort personnage qui m'a beaucoup marqué - vous comprendrez en le lisant. Ils resteront ensemble quelques temps à "Missoulat", petite ville tranquille… le reste à vous de le découvrir.



On trouve entre certain paragraphes un journal de bord dédié à Erwan, la guerre, les conflits, les oubliés, j'en ai encore le cœur qui chavire. Un titre que je n'oublierais pas comme les précédents et suivants de Sébastien. Un chouette coup de cœur.



Vous pourrez aussi comprendre l'amour de l'auteur pour son environnement, ce lieu qu'est la Corrèze, au centre de la France, là où tout peut être lumineux mais aussi très noir.



"Missoulat. Un peu moins de dix mille habitants et, comme dans toutes les villes, l'envers du décor n'avait pas grand-chose à voir avec l'image officielle. La beauté du paysage au-dessus, la laideur des âmes en dessous…"



Ce titre manquait à ma collection de l'auteur, je l'ai acquis lors de notre dernière rencontre à l'Espace Culturel Leclerc Trélissac. Je ne manquerais pas de vous parler des deux titres d'une trilogie que j'avais enfouis dans ma PAL plus tard : "Carajuru" (2) et "Akowapa" (3) - Les enquêtes de Walter Brewski - que j'ai lu ce mois de mai.






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De neige et de vent

Parfois, la rencontre se noue au premier regard sur la couverture. 



Parfois, une image suffit à vous emporter dans un univers complet.



Parfois, vous saisissez un roman parce que vous faites confiance au nom de l'auteur. 



Mais rarement vous ressortez aussi bouleversé par une lecture.



Voilà, Sébastien Vidal vient de "m'avalancher". 



Ce roman est une pure pièce de joaillerie, aussi travaillée que mille flocons qui s'assembleraient pour former le plus tragique des tableaux.



Le cadre est planté dès les premiers mots : un voyageur arrive avec son chien dans un village du bout du monde, perché en haut des Alpes, proche de la frontière italienne. Il amène la tempête avec lui. Parce qu'elle hurle de sa voix de blizzard en furie, et parce qu'elle se lève dans le cœur des hommes en quête de justice. Un corps vient d'être decouvert, celui de la fille du maire ; et un homme blessé est une bête dangereuse. Surtout quand elle a une proie sous la patte.





"Contrairement aux humains la douleur n'a pas besoin de dormir, elle est à l'ouvrage à chaque seconde, tant que sa cible est vivante, elle vit et mâche, déchire, lamine avec une patience qui décuple sa force et son endurance. Et elle rit de son labeur, parce que, luxe suprême, quand sa proie est morte au bout d'une interminable agonie, elle se transmet aux proches et peut continuer son œuvre d'élision. Seule la parole peut la tuer, mais quand il en bave, l'humain se mure souvent dans le silence et bâtit ainsi son propre tombeau."





Ce roman est une nouvelle perfection de la main de l'auteur : je ne saurais dire quel est l'écrin, et quel est le bijou. L'intrigue est simple et d'une justesse redoutable ; la description du tableau humain est sans concession, une observation rigoureuse des imperfections de l'âme ; les nuances de blanc, gris et noir sont sublimées ; et les mots de l'auteur allient tous ces ingrédients apparemment simples pour en faire une recette majestueuse.



Je me suis prise plusieurs fois à comprendre les salauds de l'histoire, tant la mise en abîme est habile. Parce que les salauds ne manquent pas, dans ce village sclérosé, replié sur lui-même, en plein délire autophage. A leur tête, le Maire, Basile Gay, qui nourrit les hommes, à la fois par le travail dans son usine, et par la haine de l'étranger. Mais les membres de la meute ne sont pas en reste.



Et enfin, l'amour de l'autre, la richesse inouïe de Sébastien Vidal pour décrire son ouverture à la vie qui palpite dans un autre être, se révèle avec énormément de générosité dans les descriptions auxquelles j'ai été immensément sensible : celles de l'homme et de son chien ; fidèle, patient, protecteur et vivifiant. Oscar s'ajoute à ma liste de chiens litérraires aimés et animés par les auteurs.





Je garde une émotion particulière pour la Neige et le Vent, qui sont bien les personnages principaux de cette histoire, bien décidés à deployer toutes les danses possibles pour les spectateurs captifs du village. C'est un opéra unique qui se déploie à chaque minute, le chant s'alliant au geste avec brio. La partition se déroule sur 242 pages, et la symphonie résonne encore à mes oreilles.





"Comme un fol hirsute marchant dans la rue avec une cloche et un écriteau pour annoncer la fin du monde, le blizzard lance des incantations sur la montagne. Il pèle les contreforts, cisaille des arbres et cloue les rêves au sol. Sa puissance tue dans I'oeuf toute volonté d'opposition, il est vif, véloce, il peut deraciner un sapin comme on arrache un brin d'herbe. Il plane très haut sur les massifs, hors de la vue humaine il râpe les sommets et décapite leur coiffe de neige glacée en hurlant dans les aigus. Tout ce qui vit au-dehors est soumit au joug du vent déchaîné, et chaque animal attend, en boule dans le moindre abri, que la colère d'Éole faiblisse. Sa voix lugubre et omniprésente sape le moral des trois assiégés, parce que c'est ce qu'ils sont, des assiégés. Sa mélopée a des allures d'oraison funèbre et Marcus a de plus en plus l'impression qu'elle s'adresse à eux."





Si vous me demandez de quoi traite ce roman, je vous dirai facilement qu'il parle de la folie des hommes et de la beauté de la nature, qui les regarde faire d'un air navré. Je vous dirai aussi que c'est l'un de mes plus beaux coups de cœur, toutes périodes confondues. Rarement le nom de la maison d'édition aura aussi bien collé à un roman pour moi : il y a le Mot, et le Reste palpite encore bruyamment en moi.
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De neige et de vent

On dira bien ce que l'on voudra des prix littéraires, dont certains d'entre eux font l'objet de polémiques avec des suspicions de collusions et de favoritisme, il n'en demeure pas moins qu'ils projettent, tous autant qu'ils sont, un éclairage bienvenu tant sur la sélection que sur le récipiendaire permettant ainsi de faire basculer le destin d'un livre et de son auteur. Avec l'émergence des centres culturels Leclerc, son dirigeant, grand opposant du prix unique du livre, créait en 2008 le prix Landerneau, du nom de sa commune d'origine, se concentrant tout d'abord sur la littérature blanche, jusqu'à ce que d'autre genres apparaissent quatre ans plus tard, à l'instar du prix Landerneau polar qui est l'un des premiers événements importants de l'année célébrant la littérature noire. Parmi les lauréats figurent quelques figures imposantes du roman policier ou du roman noir telles que Hervé Le Corre, Sandrine Collette, Colin Niel, Gwenaël Bulteau ainsi que l'ancien policier Hugues Pagan. Pour l'année 2024, c'est Sébastien Vidal, un autre membre des forces de l'ordre, au sein de la gendarmerie cette fois où il a officié durant 24 ans, qui obtient le prix Landerneau polar avec De Neige Et De Vent publié auprès de la maison d'éditions indépendante Le Mot et le Reste qui a déjà édité deux autres de ses romans Ca Restera Comme Une Lumière (Le Mot et le Reste 2021) et Où Reposent Nos Ombres (Le Mot et le Reste 2022). Il est également l'auteur d'une trilogie mettant en scène l'adjudant de gendarmerie Walter Brewski enquêtant dans la région de la Corrèze où le romancier a d'ailleurs élu domicile, ce qui explique sans doute cette prédominance aux ambiances rurales qui imprègnent l'ensemble de son œuvre et plus particulièrement De Neige Et De Vent dont la magnificence du cadre hivernal se situe à la frontière naturelle que forme les Alpes entre la France et l'Italie.



Dans cette région reculée des Alpes, le village de Tordinona constitue la dernière localité avant le col conduisant vers l'Italie et qu'empruntent Victor Pasquinel, travailleur itinérant accompagné de son chien Oscar. Tant bien que mal, ils se frayent un chemin dans cette accumulation de neige tandis qu'une tempête s'abat sur la région les contraignant à trouver refuge dans l'unique café du village. Au même moment, le garde champêtre découvre le corps sans vie de la fille du maire ce qui suscite un regain d'émotion tandis que la bourgade se retrouve soudainement coupé du monde, suite à une avalanche qui emporte le pont, unique voie d'accès vers la vallée. Marcus et Nadia, composant la patrouille de gendarmerie également bloquée dans la localité, vont devoir s'interposer pour empêcher les habitants bien décidés à faire justice eux-mêmes en s'en prenant à ce voyageur égaré qu'ils considèrent comme le meurtrier tout désigné. Sous la conduite du maire, les hommes armés vont donc assiéger la mairie, où Nadia, Marcus et Victor ont trouvé refuge, en employant tous les moyens pour les déloger. S'ensuit un rapport de force de plus en plus tendu jusqu'à l'inévitable confrontation qui va faire parler la poudre. Sera-t-il possible alors possible de faire marche arrière et de revenir à la raison au sein de cet environnement à la fois hostile et isolé où la loi n'a plus cours ?



Il faut se féliciter de cette mise en avant providentielle d'un roman tel que De Neige Et De Vent nous permettant ainsi d'apprécier l'écriture somptueuse de Sébastien Vidal, possédant l'indéniable talent, pas si évident que cela, de décliner une histoire d'une belle intensité en conjuguant l'introspection de ses personnages avec la description subtile de paysages rudes qui les enture et dont l’ensemble est entrecoupé d'une succession de confrontations aussi vives que brutales s'inscrivant dans un registre extrêmement réaliste. D'entrée de jeu, le romancier pose le cadre de cette oppression hivernale au gré d'une tempête de neige s'abattant sur cette localité de Tordinona dont le nom fait certainement référence à cet ancien quartier de Rome abritant une prison avant que l'on y bâtisse le premier théâtre public de la cité. Et c'est bien ce qui apparaît au détour de cette dramaturgie aux allures de western contemporain se déroulant dans cet environnement à la fois majestueux et sans issue présentant ainsi l'aspect d'une prison à ciel ouvert. A partir de là, émerge du texte une force évocatrice troublante, imprégnée parfois d'une note poétique nous permettant de saisir immédiatement cette ambiance à la fois âpre et puissante qui plane sur l'ensemble du récit. Il y est donc bien évidemment question de nature, mais également de nature humaine avec tout ce qu'elle a de plus atavique autour de cette communauté repliée sur elle-même n'acceptant pas la différence et observant d'un très mauvais oeil celles et ceux qui n'appartiennent pas à leur monde à l’instar du maire Basile Gay, figure toute-puissante du village et incarnation des dérives et de la folie qui embrasent les habitants dès lors que la colère les submerge à la suite du drame qui le touche. Entre chagrin et fureur, on apprécie le caractère nuancé du personnage dont on découvre le désarroi lorsqu’on le retrouve dans l’intimité de la chambre de sa fille désormais disparue à se remémorer quelques souvenirs épars tout en distillant sa haine de l’étranger et également de l’autorité qui entend se mettre sur son chemin de justicier vengeur. Ainsi, Sebastien Vidal, bâtit une intrigue aussi classique que solide où les événements s’enchainent dans une escalade d'affrontement mettant en scène Victor, cet homme de passage, dont le profil présente quelques similitudes avec son auteur et plus particulièrement sur le sujet de l’écriture, tandis que les deux jeunes gendarmes que sont Nadia et Marcus évoquent sans nul doute quelques réminiscence de son ancien métier au sein des forces de l’ordre avec cet idéal et les valeurs qui en découlent. Mais au-delà, de ces nobles sentiments, il y a la violence et les doutes qui jaillissent et ceci plus particulièrement pour Marcus s’interrogeant sur le sens de la mission et de sa capacité à l’accomplir en surmontant l’adversité. Il en va de même pour ce mystérieux vétéran qui voit dans cette flambée de violence, l’occasion de protéger les plus faibles ce qu’il n’a pas forcément eu à faire lorsqu’il était engagé sur les conflits. Tout cela, Sébastien Vidal l’intègre au gré d’un récit au lyrisme dynamique, qui nous questionne en permanence sur notre rapport à l’autre dans un contexte où les règles n’ont plus cours en libérant ainsi la part sauvage de l’homme, que ce soit pour le meilleurs et pour le pire.





Sébastien Vidal : De Neige Et De Vent. Editions Le Mot et le Reste 2024.



A lire en écoutant : Neve (Versione Integrale) d'Ennio Morricone. Album : Quentin Tarantino's The Hateful Eight (Original Motion). 2015 Cine-Manic Productions Limited.
Lien : http://www.monromannoiretbie..
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De neige et de vent

Je ne connaissais pas Sébastien Vidal, auteur. Une très belle découverte.

C’est un roman, pas un film et pourtant c’est la beauté des images, du son, bref l’ambiance dans laquelle baigne l’intrigue du début à la fin qui m’ont séduit. Le titre le dit bien : De neige et de vent.

L’action m’a fait penser à un western des temps moderne dont les deux policiers seraient le shérif et son adjoint (vision personnelle bien sûr) attrapés dans un village isolé. Un petit monde fermé ou l’étranger est suspect et où va régner la loi du plus fort et où resurgissent les rancœurs enterrées. (Voir résumé)

Intrigue, suspens tout y est pour captiver le lecteur mais c’est surtout l’atmosphère tendue entre les hommes et la nature qui donne le ton.

Je le recommande vivement.
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De neige et de vent

❤️❤️❤️❤️🤍



Un village paralysé par la neige, un corps mystérieusement retrouvé, voici le décor apocalyptique planté par Sébastien Vidal dans ce huis clos oppressant et glacial !

Tout d’abord la narration et la description des paysages sont sublimes, pleines de poésie, j’ai été totalement charmée par cette plume magnifique.

Le lecteur est en immersion totale au cœur de la tempête, le sentiment d’isolement chevillé au corps.

La tension monte crescendo au milieu de la violence, la folie et la haine des villageois envers cet « étranger ».

Les personnages, comme le récit, sont minutieusement élaborés.

Un polar prenant qui mêle à la fois une intrigue policière au rebondissement final inattendu et une histoire sombre et sociétale dans laquelle les hommes et les éléments se déchaînent, une réussite surprenante qui a obtenu le prix Landerneau Polar 2024
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De neige et de vent

Certains et certaines d’entre vous risquent de ne pas me trouver objective, puisque depuis ma découverte de cet auteur, je ne cesse de clamer des louanges à son sujet, mais voilà Sébastien Vidal est comme le bon vin, il se bonifie ouvrage après ouvrage méritant amplement son statut d’écrivain (là il vient de râler car monsieur préfère romancier, mais pas d’ordre de gendarme à la retraite avec moi) et De neige et de vent le confirme. 



Ce jeune retraité donc, de la gendarmerie met tout son savoir et toutes ses tripes dans ses romans et même ses colères envers certains humains s’y retrouvent, tout comme son amour pour la nature et la poésie. 



J’ai pourtant adoré ses précédents romans, mais celui-ci est encore un cran au dessus, pas étonnant qu’il ait été récompensé par le Prix Landerneau et même s’il n’écrit pas dans cet optique, ça fait toujours plaisir de voir le travail d’un auteur qu’on apprécie, reconnu à sa juste valeur. 





De neige et de vent, nous entraîne dans un huis clos glacial, brutal où la noirceur de l’âme humaine s’immisce dans la blancheur hivernale.



Il suffit d’un rien, d’une rumeur pour que tout bascule, et qu’un village devienne une véritable zone de guerre, révélant la véritable nature de certaines personnes qu’elles soient bonnes ou mauvaises. 





La plume singulière soucieuse du moindre détail de Sébastien Vidal s’affirme, et nous offre un roman noir extraordinaire, avec des personnages de caractère dans une atmosphère sous haute tension, au cœur d’une nature indomptable, tout ce qu’on s’attend à trouver sur les chemins noirs de la littérature, nous amenant inévitablement vers un moment de lecture inoubliable. 





Alors n’hésitez pas à vous confronter à ces villageois de Tordinona, un peu de renfort pour ces âmes prises à partie ne seront pas de refus. 





Mais attention, couvrez-vous bien. 





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De neige et de vent

Un randonneur et deux gendarmes son retranchés dans les locaux de la mairie de Tordinona, un village d’une centaine d’habitants à la frontière des Alpes italiennes. En pleine montagne, l’isolement du village est aggravé par une tempête violente où les éléments se déchainent et détruisent les voies d’accès vers la vallée. Dans ce confinement climatique, le maire du village, dirige aussi l’entreprise du coin, qui fait vivre la plupart des familles du village. Forte carrure et caractère, il impose sa loi à tout le monde. Il vient d’apprendre par son cantonnier que le corps de sa fille sans vie git au bord d’un chemin dans la neige.

Vitor et son chien Oscar ont pris la route pour se rendre en Italie. Ils traversent le village, se réchauffent dans le seul café du village, puis profite de l’hospitalité de trois couples de jeunes gens dans leur ferme.

L’équation explosive dans un territoire aussi reculé s’aligne rapidement: d’une part la douleur insupportable d’un père qui perd sa fille unique construit le désir de trouver un coupable et de rendre une justice expéditive et exemplaire, et d’autre part un étranger et son chien, un vagabond, venu de nulle part. La violence entretenue collectivement, par une troupe masculine soudée et alignée derrière la bannière du magnat local, matinée de testostérone et de bêtise rance fait le reste des évènements.

C’est un état de siège qui va s’électriser de jour comme de nuit. Les dérapages sont annoncés, aucune dissuasion, de l’action, de l’agression. Les armes ont raison de toute humanité, de toute réflexion.

Le suspense va crescendo très rapidement. L’ambiance apocalyptique, glaciale participe de la tension, l’entretient, l’excite. Les éléments se déchainent comme déraille la folie des hommes contre l’étranger, l’autre, forcément un salaud, pire, un assassin. La construction de la spirale de la haine de celui qui ne nous ressemble pas, celui qui ne vit pas comme nous et bientôt celui qui ne pense pas comme nous, celui qui nous résiste, celui qui ne se rallie pas sans sourciller implacable. On est au bord de l’écoeurement, on a beau s’indigner, crier, se révolter, mais chacun a une « bonne raison » de se taire, se coucher et répondre présent à la « mobilisation générale» contre le criminel, derrière la seule incarnation de celui que ces hommes reconnaissent comme leur chef, leur autorité. Ce qui fait société ne fait pas le poids, ne fait plus le poids. Les dernières digues ont cédé, on y est !

Victor et les gendarmes sont otages de l’association de malfaisance violence+bêtise.

La nature est un personnage à part entière des panoramas qui font écho aux tensions et aux émotions, elle s’y reflètent, et s’en nourrissent. C’est très séduisant et parfois étourdissant.

Le style est d’une sublime élégance, le vocabulaire recherché, précis, parfois lyrique lorsqu’il faut faire parler, le vent, les tourbillons des flocons, les lumières, la chaine des montagnes ou les ombres maléfiques. Tous les personnages sont intéressants dans leur évolution, dans leurs motivations.

La fin vous frigorifie d’horreur; la scène d’affrontement final se la joue en monde western du cercle polaire. Exceptionnel. Vous serez glacé, mais vous aurez chaud aussi. Votre coeur va se caler dans vos tempes à faire exploser votre boite crânienne. La puissance est irrésistible.

Ce roman est mon premier coup de coeur de l’année 2024.

Ne passez pas à côté de cette histoire et retenez le nom de cet auteur : Sébastien Vidal, il est sacrément talentueux.

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De neige et de vent

C’est l’hiver. Un marcheur, sac à dos et chien, arrive dans un bled de montagne bien paumé pas très loin de l’Italie où il veut se rendre. La neige tombe à gros flocons et ce qui se prépare, c’est une tempête, une vraie, la pire de toutes. Il doit très vite trouver refuge pour lui et sa bête. Personne dans les rues de ce bled sans âme. Il se réfugie dans un café. Le patron n’est pas bien bavard. Il n’aime pas trop les étrangers surtout s’ils sont un peu basanés. Il lui conseille quand même d’aller passer la nuit à la ferme Arc-en-ciel où se trouve une bergerie. La nuit sera terrible…

La seule patrouille de flics qui traîne encore dans le coin a hâte de redescendre dans la vallée. Mais avant de partir, ils ont bien envie d’aller acheter quelques fromages de chèvre à la ferme Arc-en-ciel, paraît qu’ils sont très bons ces fromages... Faudrait quand même pas perdre trop de temps… Ils risqueraient de le regretter….

Allez, je me tais. J’ai adoré ce roman dans lequel l’atmosphère est particulièrement bien rendue grâce à un travail d’écriture exceptionnel. Franchement, c’est assez rare dans un roman policier de lire une évocation aussi vive et impressionnante des lieux. En effet, le paysage est presque le personnage principal de l’histoire tellement les descriptions sont saisissantes et l’atmosphère terriblement oppressante. On est plongé dans une tempête apocalyptique qui va retenir prisonniers dans un huis clos effrayant des gens qui se haïssent.

Cette tempête semble être la métaphore des tourments de certains, des haines qui les torturent et des souffrances intérieures qui les dévorent.

La pire des tragédies va avoir lieu. Et croyez-moi, vous êtes loin d’imaginer le degré de cruauté dont certains hommes sont capables par ignorance, bêtise et préjugés stupides ! Coupés du monde, les hommes deviennent des fauves. La justice, ils la font eux-mêmes ! Tout est permis… Le village devient alors le microcosme d’une société xénophobe et raciste renfermée sur elle-même, toujours prête à désigner du doigt des coupables et à user de la violence pour faire disparaître les boucs émissaires. La noirceur de l’âme humaine n’est pas belle à voir… C’est un gouffre sans fond… Effrayant...

Avec en sus un petit côté western pas piqué des vers… Faites gaffe de ne pas vous retrouver nez à nez avec une Winchester modèle 1894 calibre 30-30 ou un Colt modèle 1911 calibre 45. Ça fait des gros trous ces petites choses-là !

Si vous aimez les flics qui lisent Hugo et apprécient la poésie, allez-y, ce roman est fait pour vous !

Un prix Landerneau Polar 2024 archi-mérité !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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De neige et de vent

Attention, gros coup de cœur ! Ce roman est fort et l’histoire aussi prenante que difficile à lire. Victor est un voyageur solitaire. Lui et son chien Oscar traversent la France à la recherche de moments vrais et sincères. Il navigue d’étape en étape pour se poser quelques mois. Cette fois il a en tête d’aller jusqu’en Italie. Malheureusement, une tempête de neige et de très mauvaises conditions vont l’obliger à s’arrêter à Tordinona. Ce petit village isolé semble aussi accueillant que le blizzard, mais Victor n’a pas le choix : c'est s’arrêter ou mourir. Ce qu’il va découvrir à ses dépends c’est que son arrivée coïncide avec la mort et le viol probable de la fille du maire du village, Basile Gay. En plus d’être fort en gueule, cet homme emploie la moitié du village dans son usine d’embouteillage. Alors lorsqu’il décrète que Victor est le coupable de l’agression sur sa fille, personne ne pipe mot et tout le monde se rallie à sa cause. Une fille de 17 ans, morte, face à un étranger à la peau mate. Il n’en fallait pas plus pour échauffer les esprits et voir sortir les fusils. A deux doigts d’être lynché sans procès, Victor est arraché à ses hommes, devenus fous, par deux gendarmes, Marcus et Nadia, qui sont restés au village faute d’avoir pu retourner dans la vallée après une visite de courtoisie. Commence alors un huis-clos haletant entre les deux représentants de la loi et Victor d’un côté, terrés dans la mairie et les partisans de l’édile de l’autre. Le sang coulera, c’est certain. Qui cédera le premier ? Qui commettra l’erreur de trop ? Qui attaquera avant l’autre ? Le blizzard donne une excuse toute trouvée aux hommes devenus bêtes pour ne pas respecter les règles. Les traces seront effacées, mais les deux gendarmes vont tout faire pour sauver ce qui peut encore l’être ! La loi, la vie, le respect de l’autre et l’estime de soi. Un roman court et puissant qui sonne juste. Un déferlement de haine qui marque et qui laisse à penser que l’enfermement n’est sans doute pas le meilleur moyen de s’ouvrir aux autres et de réfléchir à la place de chacun dans cette société de plus en plus divisée. Fort et prenant ! A lire très vite !
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De neige et de vent

L'auteur, le livre (270 pages, 2024) :

Sébastien Vidal est un auteur français qui vit en Xaintrie, et qui, avec De neige et de vent, se lance dans le polar et nous invite dans les montagnes à la frontière italienne pour un polar noir.



On aime un petit peu :

• Un huis-clos à ciel ouvert dans un village reculé de montagne. Un étranger rejeté par les habitants. Une histoire qui lorgne du côté du Rapport de Brodeck. Un petit air de western et de Fort Alamo. Voilà qui avait de quoi allécher le lecteur qui passait par les Alpes à la frontière italienne.

• Mais Sébastien Vidal a choisi de brosser son tableau en noir et blanc, sans aucune des 50 nuances de gris. Ses villageois montagnards sont bas du front, violents, racistes et peut-être consanguins. C'est bien dommage parce que le trait est forcé au point qu'on n'y croit guère.

• La bonne histoire est finalement mal servie par une écriture empesée et le grincheux a eu un peu de mal avec la prose très affectée de l'auteur : les effets de vocabulaire, les mots à la mode (rrraah cet horripilant "coruscant" qui brille désormais trop souvent sous les plumes dites branchées !), tout cela ne rend la lecture ni très fluide, ni très agréable. Passe encore lorsqu'il s'agit de décrire les événements mais le texte perd toute crédibilité quand il s'agit d'entrer dans la tête des personnages.



L'intrigue :

Les Alpes près de la frontière italienne, un village reculé, isolé de la vallée par une tempête de neige. La fille du maire y est retrouvée assassinée. Au même moment un étranger arrive qui cherche un abri pour la nuit. Tous les ingrédients du polar noir sont donc réunis pour le drame !



Pour celles et ceux qui aiment les montagnards.

Ce livre a été lu grâce aux éditions Le mot et le reste.
Lien : https://bmr-mam.blogspot.com..
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De neige et de vent

Comment éviter de regarder les heures quand le sommeil fuit ? Ouvrir un bon bouquin et celui que j’ai dévoré cette nuit est l’excellent roman noir de Sébastien Vidal « De neige et de vent » récemment primé du Prix de Landerneau Polar 2024.

Un roman aussi noir qu’est blanche la neige tombée en quantité pendant une monstrueuse tempête qui isole un petit village de montagne. Un village ou le maire tient la population sous sa coupe, personne n’ose se frotter à lui et à son cercle de partisans. La tranquille apparence du village va voler en éclat lorsque la fille adolescente du maire est retrouvée assassinée juste avant que la tempête coupe les habitants de toute aide extérieure. La tension monte inexorablement dans ce huis clos ou la vengeance, la méfiance, la haine de l’autre prennent ici des proportions hors de tout contrôle. Même l’autorité des gendarmes ne pèse pas lourd face aux enragés savamment aiguillés par le maire ivre de vengeance.

Une écriture riche, élaborée et incisive, des paysages et des personnages taillés à la serpe agrémentent ce roman noir intense et palpitant.

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De neige et de vent

L'histoire

À la frontière des Alpes italiennes et françaises, le village de Tordinona est l’isolement incarné. Voyant la tempête qui se prépare là-haut, la patrouille de gendarmerie composée de Marcus et Nadia s’apprête à redescendre dans la vallée quand le garde champêtre du village découvre le corps de la fille du maire. Dès le lendemain, alors que le seul pont reliant le village au reste du monde a été détruit par une avalanche, le maire et une partie des villageois s’en prennent à un voyageur de passage qu’ils soupçonnent d’être l’assassin. Attachés à leur devoir, Nadia et Marcus s’opposent à leur haine et à leur désir de se faire justice. La tension ne cesse de monter, et avec elle, une question qui traverse les âges : que reste-t-il de notre humanité quand il n’y a (presque) plus personne pour faire respecter la loi ?



Mon avis

Un magnifique moment de lecture. La plume est poétique, le rythme est vif et dynamique, l'écriture est ciselée, l'atmosphère saisissante et le récit grandiose.

Un huis-clos dantesque où le mal règne quand le fragile vernis de la civilisation se dissous piétiné par une bande de villageois xénophobes et consanguins.

Quand la situation bascule dans le chaos, le courage peut-il être développé ou la lâcheté guérie ?
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De neige et de vent

Vous qui recherchez un roman d’ambiance, vous allez vous régaler. Vous qui aimez les thrillers bucoliques de Franck Bouysse, vous avez trouvé la bonne plume. Vous qui avez savouré La vallée de Bernard Minier ou essuyé la Tempête Yonna de Cyril Herry, vous êtes à la bonne adresse !



Dans une ambiance de fin du monde aux confins de l’Italie, notre société en modèle réduit va se déchirer parce que Victor, l’étranger, le marginal, passe par là. Alors que le corps de la fille du Maire, principal employeur de la vallée, est retrouvé, les clans vont se positionner sans nuance : soit on est pour, soit on est contre. Point de discussion possible. Pris au piège de cette guerre des clans qui va opposer les bobos écolos aux villageois obtus, deux gendarmes vont tenter de faire respecter leurs valeurs et leur mission de protection des populations.

Les habitants inféodés au Maire, les écolos qui fournissent la vallée en fromage et les villageois … en cachette, vont prendre parti radicalement, pour ou contre Victor, tandis que les gendarmes seront obligés de se retrancher avec lui dans la Mairie, en mode survivance.

Notre société est ainsi passée au crible de ses incohérences et de ses extrémismes dans ce western alpin et enneigé. Une intrigue en huis clos qui questionne sur notre capacité collective à dépasser les clichés avec un suspense qui monte efficacement en puissance. Et l’humanisme dans tout ça ? Le lecteur en trouvera une part chahutée dans chacun des protagonistes.



Mention particulière pour le vétéran Vosloo qui incarne à sa façon une forme de sagesse, faisant preuve de recul face aux événements sanglants que le village traverse. Il a une certaine filiation avec le sculpteur de Ca restera comme une lumière ou l’Indien de Où reposent nos ombres. Que j’aime ces personnages !



Une fois le livre terminé, il ne cessera pas de vous habiter et à son souvenir vous aurez encore longtemps matière à réflexion sur vos choix.

Avec ce thriller Sébastien Vidal confirme son talent de conteur engagé pour notre plus grand plaisir.

Je remercie les Editions Le Mot Et Le Reste pour leur confiance et la pertinence de leur catalogue




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De neige et de vent

"En souvenir de notre rencontre 2024…" Lorsque j'ai su que Sébastien venait à l'espace Culturel du Leclerc de Trélissac, j'avais mon après-midi de fixer. Je lui ai donc demandé une dédicace pour ce titre ainsi que pour "Ça restera comme une lumière" que je n'avais pas!



"De neige et de vent" est avant tout un roman d'atmosphère. Glaciale et envoutant, ce thriller policier nous emmène dans le village de Tordinona, isolé, enneigé. Deux gendarmes pour ce petit village : Marcus et Nadia, ils se retrouvent coincé par une avalanche qui a détruit le seul passage pour redescendre dans la vallée. Entre temps, le garde champêtre découvre un cadavre, celui de la fille du maire, aussi, un randonneur de passage se trouve lui aussi bloqué ici.



"Côtoyer la détresse humaine ronge l'âme, même si on se protège, car la sensibilité ne supporte pas les armures…"



La question du résumé fait tout le roman. De la violence il y aura, un environnement hostile, d'une froideur inhospitalière autant que les humains qui logent à Tordinona et vouent un culte sans réserve à leur maire. Nous voici dans un huis clos, oppressant à souhait, écrit d'une main de maître.



"Un autre grondement arrive, porté par le souffle des sommets. L'homme pense à un bloc qui s'est décroché d'une falaise, quelque part. Son chien s'est arrêté lui aussi, il est là, posé sur ses pattes puissantes, oreilles dressées en direction du bruit suspect. Sa truffe s'articule pour décrypter le monde, elle trie les odeurs, lit dans l'air vif, un langage formant une écriture évanescente inaccessible à son maître…"



La plume de l'auteur est sublime, les mots sont choisis avec précision, la lecture fluide et entrainante, l'intrigue sombre et les personnages décrits minutieusement. L'auteur est à l'image de ses récits, posé et réfléchi, une personne adorable. Merci Sébastien pour ce petit moment partagé. À lire sans modération…



*Prix Landerneau 2024*






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De neige et de vent

Un huit clos à hauteur d’un village, avec une ambiance où rien ne semble propice au repos.



J’ai beaucoup apprécié ce roman. D’abord pour la plume de Sébastien Vidal que je retrouve et dont la beauté donne un souffle particulier à la lecture. Les phrases sont belles ; on s’arrête sur les descriptions, on les relis, on les médites. Il y a une telle manière d’écrire la nature ou encore les hommes, qu’on les redécouvre avec un regard différent. On les vois à la fois vulnérables et fragiles, puis violents et hors de contrôles.



Ici, nous plongeons dans un petit village reculé, avalé dans une tempête qui l’isolera de tout et laissera les plus viles instincts de l’homme resurgir. Il y a l’effet de meute, l’isolement, la peur d’une partie de chasse incontrôlée. Il n’y a pas de répit, une perte de contrôle totale qui donne à la lecture une dimension d’autant plus marquante.



C’est une belle découverte, un roman qui se lit vite et dont l’ambiance glace jusqu’au sang.
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Akowapa

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RAFFRAICHISSANT & HONNETE



Très et pas trop tout en étant vrai. Et c’est vrai.

C’est vraiment une petite trilogie sympa. Ce n’est LA trilogie du siècle, mais suffisament pour passer un bon moment.



Les histoires sont correctes et bien ficelées, dans un coin de fond de France comme il y en avait tant. Le héros est un peu rambo tombeur, mais cela passe parce que l’on sent la simplicité et l’authenticité de l’auteur.



Et pour bien empaqueter le tout nous avons ses reflexions socio-politico-philosophiques du genre anti Manotti. Et ça j’ai adoré.









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De neige et de vent

« La vengeance vient comme la brise, elle repart comme le tonnerre. »



L’inscription à l’entrée du village était pourtant claire, ici à Tordinona l’accueil ne sera pas des plus chaleureux : « VOUS POUVEZ ENCORE FAIRE DEMI TOUR ».



Contraint de trouver rapidement un refuge à cause d’une tempête de neige, un voyageur va pourtant oser passer outre l’avertissement. Son espoir, trouver un toit pour s’abriter pour la nuit. C’est sans compter sur le « sens de l’accueil » plus que relatif pour ne pas dire inexistant des habitants.

Au même instant, deux gendarmes sont en visite dans le village pour y rencontrer le maire dans le cadre d’une de leur patrouille habituelle.



Les conditions météorologiques deviennent alors apocalyptiques. Une avalanche détruit la seule route d’accès à Tordinona bloquant ainsi ensemble villageois, voyageur et gendarmes. Bientôt l’électricité est coupée, puis c’est au tour des lignes téléphoniques. Le piège se referme.



« C’est un vent féroce. C’est un hurlement. C’est un lieu perdu. La bise violente une armée de flocons affolés. Elle passe en sifflant comme un serpent sur un corps à demi enseveli dans la neige. Sous son souffle, une mèche de cheveux se soulève et frémit. À côté de la tête dont les yeux éteints fixent le ciel, une larme rouge cinglante sur les cristaux blancs ; une unique goutte de sang figée par le froid. »



Comme si la situation n’était pas assez difficile, on retrouve le corps sans vie de la fille du maire. Pour ce dernier le coupable est tout désigné, il s’agit forcément du nouvel arrivant. Aveuglé par la douleur, la colère et surtout par sa haine de « l’étranger », il entraine avec lui une partie du village dans une vengeance aussi violente qu’impitoyable.



Sébastien Vidal excelle à faire entrer le lecteur dans son huis-clos oppressant grâce notamment au soin apporté pour décrire l’atmosphère des lieux, mais aussi la force des éléments. Ça souffle fort, le froid est cinglant, la nuit noire et profonde. On sent l’amateur de nature writing tant ses descriptions sont soignées, souvent très contemplatives, voire poétiques. C’est pour moi le gros point fort de ce roman.



J’ai en revanche quelques réserves sur le village en lui-même. L’auteur m’a semblé y aller parfois un peu fort sur le côté bas du front, barbares et ultra racistes des habitants de Tordinona. Par contre la contamination insidieuse à tout le village de la vengeance et de la violence est très intéressante et raconte bien les rancœurs qui gangrènent les hommes au fil des années.



Cette exagération se retrouve aussi dans l’intrigue qui connait, surtout vers la fin, des rebondissements pas toujours très crédibles. Pour autant l’histoire est prenante, sans temps mort et profite bien de ce format plutôt court.



Merci à Wyoming dont le billet m’a permis de découvrir ce roman et cet auteur. Charmée par le style de Sébastien Vidal, j’irai certainement piocher de prochaines lectures dans ses autres livres.
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De neige et de vent



Aujourd'hui je vous parle du roman ayant remporté le prix Landerneau 2024. Un auteur qui m'a été fortement recommandé par @ophelie_cohen_ avec son précédent roman



Sébastien nous embarque et nous séquestre avec habileté dans un petit village isolé à la frontière des Alpes italiennes. Un huis clos à ciel ouvert qui nous diffuse dès les premières pages une atmosphère chargée pour nous envelopper sous son poids à laquelle se lie une sensation de danger permanent.  Un voyageur de passage avec son chien vient trouver refuge alors qu'une tempête fait rage. Au petit matin, la fille du maire est retrouvée, sans vie gisant dans la neige. Le coupable est très vite désigné, l'étranger est pris pour cible par le père de la victime entraînant avec lui un groupe de villageois. Nadia et Marcus deux gendarmes vont tout mettre en œuvre au péril de leur vie pour s'opposer aux hostilités des habitants qui veulent se faire justice.

Les interactions entre les gendarmes et les assaillants deviennent très vite tendues et imprévisibles.



Avec ce récit Sébastien excelle dans l'exploration des tensions et des dynamiques sociales qui déploient entre les personnages. Il nous invite à réfléchir sur la façon dont les relations humaines et les comportements interagissent sous la pression et les circonstances.



Un roman que j'ai dévoré et qui m'a tenu en haleine jusqu'au bout, les rebondissements sont légion et s'enchaînent sans jamais nous laisser reprendre notre souffle. Pour ceux qui connaissent le film, ça m'a parfois fait penser à "Assaut sur le central 13".



Je ne peux que vous recommander ce roman pour lequel je ne suis pas passé très loin du coup de cœur. J'ai découvert une plume qui m'a totalement convaincu et que je vais dorénavant suivre de très près. 



Merci aux éditions Le mot et le reste pour cette découverte !
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De neige et de vent

 De neige et de vent », crépusculaire, vertigineux, dans les boucles d’une nature indomptée, hivernale, d’une beauté surprenante. C’est un roman sidérant de maîtrise, contemporain, sombre et tempétueux.

Un décorum emblématique, l’atmosphère à l’instar d’un brouillard épais. Ici, le reflet des noirceurs de l’âme humaine.

L’intensité d’une histoire, qui attire les torpeurs manichéennes. L’ombre et la lumière, la dualité et les disparités.

Les gravités sourdes et sournoises, des faillites sociétales. Bien au-delà d’un récit captivant, l’adrénaline fois mille, les signaux vifs des vulnérabilités. Le passage à l’acte sur un fil de plus en plus mince, où tout peut vite basculer dans l’épaisseur des paysages.

Aux lisières qui retiennent immanquablement les désenchantements, les jalousies, les rêves blessés, les affres intestines. Ce qui diffère du vertigineux et de l’enchantement.

Ne pas oublier que : « L’homme est un loup pour l’homme » selon Hobbes. Ici, tout prend sens.

Dévorant de messages, efficace, ce récit bouscule avec évidence et rigueur, le point d’altitude de la sérénité.

Le village de Tordinona est lui aussi un protagoniste central de ce huis-clos.

C’est une mise en abîme finement politique, sociétale, et sociologique. Une plongée dans le microcosme des préjugés prégnants. Entre la violence, la radicalité des a priori.

« C’est un vent féroce. C’est un hurlement. C’est un lieu perdu. La bise violente une armée de flocons affolés. Une silhouette se dessine à peine. »

Un voyageur des hasards, l’étrange (er), arrive subrepticement dans ce village où d’aucuns n’échappent aux virulences du rejet de l’autre. Qui, du regard, de l’hostilité, guetteurs (euses) des ombres.

Défendre le territoire, l’exigence de tranquillité. Il est ici. Cet homme. Victor Pasquinel.

« Ça fait des années qu’il marche à travers la France, et aussi en Italie. C’est là-bas qu’il veut se rendre. »

La tempête s’élève, insidieuse. Le vent tourne. Il fragilise, embrase et se métamorphose, insensible et irrémédiable.

L’écriture coopère avec ce temps des vulnérabilités.

« Les flocons jetés contre le visage de l’homme deviennent des balles cinglantes. »

On ressent le tumulte des neiges chahutées, l’effroi presque gémellaire avec ce qui va advenir d’implacable.

La langue d’une trame sublime, qui happe entre la fureur et le calme. Elle laisse surgir les profondeurs obsédantes dans une orée d’une nature writing majestueuse. Victor Pasquinel se dirige vers la ferme des jeunes marginaux. Des néoruraux, dont les villageois se méfient. Tout est mêlé, au corpus des éléments. Dans un même tempo, Orazio prévient le maire qu’un drame vient de se produire. Basile Gay, le maire, un homme xénophobe, anti-héros, rude et pervers, apprend de plein fouet qu’il s’agit de sa fille. Ils vont auprès d’elle. Le maire comprend que sa fille a été assassinée.

C’est le basculement dans le chaos. L’électrochoc qui va enclencher les haines et le vertige glacé des similitudes avec notre monde. Un absolu de rage, une scène au ralenti, filmique, irrévocable. L’hostilité ténébreuse et le froid qui gerce les cœurs. Tout est lié au délitement de ce village dont les frontières mentales vont être un exutoire de rejet.

Victor Pasquinel est soupçonné. Ce ne peut être que lui. Les frontières entre l’Italie et la France, le cœur des Alpes est foudroyé. L’unique pont qui relie le village du reste du monde vient de s’écrouler sous une avalanche. Prémonition. Le piège tarentule devient une parabole. On ressent d’emblée les déchirures d’un village où l’ambiance délétère est l’idiosyncrasie d’un racisme aux abois. Un village, emblème de faux-semblants, des hypocrisies, d’un racisme, celui du maire qui dirige les habitants d’une poigne de fer. Un gourou. Les anciens contre les justes arrivés. Le liant ne prend pas. Un village où d’aucuns est une cible. Une cabale est lancée. L’étau se resserre. Nadia et Marcus, sont les deux seuls policiers de ce village damné, virulent et prêt à imploser. Ils vont faire bloc contre le maire et ses acolytes qui accusent d’emblée Victor.

« La malédiction de ce lieu est le manque, le manque d’amour et le manque de mots. Il n’y a que le vent, qui ne fait jamais que passer, pour pousser son hurlement et enfeindre la règle de la saison froide et muette. »

« Et peu importe le prix à payer. Ce qui compte, c’est assouvir ses bas instincts et ses passions tristes. »

« De neige et de vent » est un huis-clos palpitant et lucide. La nature signifiante peinte avec l’art des mots de Sébastien Vidal. C’est un livre charnel, magnétique.

« Nous avons tous un destin, mais nous avons le libre arbitre. »

Un roman profondément humain, fulgurant et hypnotique.

Une canopée ténébreuse qui tient en haleine jusqu’à l’apothéose du point final. Publié par les majeures Éditions Le Mot et le reste.

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