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Citations de Selahattin Demirtas (21)


Notre passion grandira à mesure que se resserreront les liens qui nous uniront dans la lutte. Nous apprendrons à nous connaître en marchant main dans la main sur la glorieuse voie de la révolution. Passé par l'épreuve des interrogatoires, de la torture, notre amour deviendra aussi solide que l'acier trempé. Nous imaginerons et construirons un monde où les opprimés auront le pouvoir. Nous créerons l'amour par le travail, la liberté par la révolte.
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Dans nos ténèbres, il n’y a pas une place pour la Beauté. Toute la place est pour la Beauté.
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Quand ils arrivèrent, toutes les lumières des vingt-cinq ou trente habitations brillaient. Plus d'un mètre de neige recouvrait les toits en terre.
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Nous habitons à Mamak, dans le bidonville. ici, tout le monde se connaît. Tout le monde est pauvre, mais la pauvreté ne fait grincer les dents de personne. C’est quand on descend en ville qu’elle nous saute aux yeux.
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Tu es notre invité, monsieur. Nous ne te demanderons ni pourquoi tu es venu ni quand tu reviendras. Peu importe qui franchit le seuil de notre maison, tout le monde a sa place ici.
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Un an auparavant, exactement à la même période, tandis que ces garçons vivaient l'horreur dans les caves d'immeubles vides, ici, à Bodrum, on faisait probablement la fête la fête comme si de rien n'était. Et c'était vrai aussi dans de nombreux pays où les gens ignoraient que certains de leurs compatriotes se faisaient laminer jusqu'à l'anéantissement.
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Étrange métier que le nôtre ! il n'y a pas un client qui passe le seuil avec un sourire joyeux. En outre, on ne marchande pas quand on entre chez nous. L'étiquette ne figure pas sur les articles et, la plupart du temps, il ne vient pas à l'esprit d'en demander le prix. Quelle qu'en soit la raison, nul ne pende que les pompes funèbres puissent pratiquer des prix exorbitants ou chercher à rouler les clients.
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Le chef de gare
Une tristesse éternelle émane des vieilles gares. Les affres causées par les séparations, les adieux, les abandons, les allers sans perspective de retour se sont accumulées et comme sédimentées ici au fil des décennies, et cela fait bien longtemps que l'odeur de la sueur, du rail, du goudron et des larmes a imprégné ces murs décrépits. Au fronton de l'édifice, la grosse horloge semble indiquer perpétuellement la même heure. Le temps de la désolation, des ruptures...
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Des gens meurent, voilà tout, et par paquet. D'ailleurs la bombe qui explose à midi à Alep retentit peu aux oreilles des habitants de l'Australie qui, au même instant, sortent dîner au restaurant. Quant aux Canadiens de Toronto qui , à cette heure-là, courent pour ne pas être en retard au travail, ils ignorent encore tout de cette explosion. Ils l'apprendront bientôt aux informations, mais la plupart d'entre eux ne prêteront pas longtemps attention à cette explosion "ordinaire".
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On reconnaît tout de suite les voitures des gens de notre quartier. Elles leurs ressemblent. Des vieux de la vieille, usés, qui sentent la pauvreté, la peinture écaillée, les cheveux en bataille, de vieux modèles, les deux mains sur le volant, car le volant c'est la bouffe. Quand vous arrivez sur l'avenue principale, les voitures changent, les gens dedans aussi. Il y a des directeurs, des hommes d'affaires, des femmes qui conduisent, des beaux gosses. Leurs voitures sont plus neuves que celles de chez nous. Regardez par exemple l'homme et la femme dans la Passat grise qui arrive à notre hauteur...Sûr que les deux travaillent.
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Notre bourgade était vraiment misérable. Presque tous les habitants étaient brisés par la pauvreté, à l'exception de quelques familles. Les rares commerçants et marchands, dont la situation était un peu plus favorable, ne roulaient pas non plus sur l'or.
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« N’oubliez pas de passer à la fondation. Autre chose : ces cahiers sont pour toi, tel est le vœu de ton père. Il n’a rien voulu te révéler avant sa mort, mais il m’a aussi fait jurer de ne révéler l’histoire de ces cahiers à personne d’autre que toi. Prends-en soin, ma fille, ils sont précieux, c’est son testament, pour toi et pour l’humanité toute entière.

(Nouvelle intitulée "Seul comme l'Histoire")
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La ville la plus proche d’Alep est Antioche, en Turquie. Les habitants d’Antioche sont si proches d’Alep qu’en tendant bien l’oreille, ils pourraient entendre l’explosion de chez eux.
Les mezzés d’Antioche sont célèbres, sa cuisine est très variée. Riche de toutes les cultures qui s’y sont mélangées depuis la nuit des temps, il n’y a rien qu’on ne retrouve pas dans la cuisine d’Antioche. Tout ce que les Arabes, les Arméniens, les Syriens, les Turkmènes, les Kurdes, les Persans et les Grecs ont pu boire et manger, les habitants d’Antioche en ont pris note, en se disant que ça pourrait leur servir un jour. Et ils s’en sont servis tous les jours. Les voyageurs de passage à Antioche qui quittent la ville sans avoir goûté à ses délices ne savent vraiment pas ce qu’ils ratent.

(Nouvelle intitulée "Les délices d'Alep")
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Je m'appelle Mina. J'ai cinq ans. Il y a deux mois, nous avons quitté Hama. Nous n'avions jamais vu la mer de notre vie. Cela fait une semaine que je suis au fond de la mer, je suis la petite sirène, la fille de la Méditerranée, et maintenant la mer est devenue ma mère. Elle me serre très fort et ne me lâche pas. Car toutes les mères aiment leurs filles.
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Un jour, quelque temps plus tard, tu mis dans une timbale un peu de yaourt que tu avais laissé fermenter à la maison, et tu nous dis : Allez porter ça à vos grands-parents Hadji. » Mon frère et moi traversâmes joyeusement les quatre quartiers de la ville qui nous séparaient de chez eux. Nous arrivâmes vers midi, épuisés. Mamie nous dit : « Vous devez avoir faim maintenant » et elle nous donna un peu de pain pour accompagner le yaourt que nous venions d’apporter. Nous engloutîmes toute la timbale. Mamie la rinça, nous la rendit, et nous rentrâmes chez nous. « Pourquoi vous arrivez si tard ? » demandas-tu. « On a déjeuné chez mamie, c’est pour ça. » « Qu’est-ce que vous avez mangé ? » « Du yaourt.» « Vous voulez dire le yaourt que je vous ai demandé d’apporter ? » « Oui. » Nous répondîmes sans avoir l’impression d’avoir fait quoi que ce soit d’anormal. Ce que les gens ont pu rire quand on leur a raconté. Pour ma part, je ne voyais rien d’étonnant là-dedans. En y repensant, je trouvais même ça tout à fait normal, quoique sans savoir exactement pourquoi. A force d’y réfléchir, j’ai fini par trouver la solution, en prison. Ce n’était pas pour ce yaourt dont ils n’avaient pas besoin que tu nous avais envoyés chez nos grands-parents, mais pour leur faire le plaisir de nous voir. Effectivement, ils étaient très heureux de nous voir arriver avec le yaourt. Et encore plus heureux de voir leurs uniques petits enfants manger tout le yaourt. Tu avais compté leur faire plaisir grâce au yaourt, et nous, en le mangeant nous leur en avons offert un deuxième ! Et depuis trente-six ans, vous continuez à vous moquer injustement de nous, bande d’ingrats.

(Nouvelle intitulée "Règlements de comptes avec ma mère")
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(J’allais lui dire que son Asuman, c’était comme dans Nietzsche « une fois que tu auras fait ma connaissance, le plus difficile sera pour toi de m’oublier », mais je laissais tomber).

- Nouvelle intitulée "Ah, Asuman !
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D’autre part, je ne suis pas écrivain ni rien. Même si je ne nie pas que d’avoir grandi entre une mère artiste et un père écrivain a pu laisser quelques traces.
Voyez plutôt : quand j’étais petit, nous nous réveillions tous les matins au son du piano. Nous habitions dans deux pièces, les frères et sœurs dormaient tous dans la même chambre. C’est aussi là que se trouvait le piano de ma mère. Ma chère maman s’y asseyait tous les matins et en jouait avec ardeur. Cette musique, croyez-moi, résonne encore à mes oreilles. Quand j’eus un peu grandi, ma mère me dit : « un piano, quel piano ? C’est une machine à coudre ça, imbécile, c’est pour qu’on gagne un peu d’argent en plus. » Soit, mais enfin, on pouvait aussi bien imaginer que c’était un piano, n’est-ce pas ? Chère Commission, que Dieu vous pardonne, si vous voulez que vos enfants aient l’oreille musicale, c’est le rythme qu’il faut leur faire entendre, pas des chansons. Regardez, les plus grands virtuoses de la musique traditionnelle, comme Arif Sag, doivent beaucoup aux crécelles des moulins de leur village.

(Nouvelle intitulée "Lettre à la Commission de lecture du courrier de la prison)
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Tandis que le minibus transportant les ouvriers avançait lentement sur les sentiers boueux, Hüseyin jeta derrière lui un dernier coup d’œil au bâtiment qu’ils avaient fini de construire. Juste au-dessus de la porte, on avait fixé une immense pancarte : « Centre pénitentiaire de haute sécurité de type F d’Edirne.

(Nouvelle intitulée "Salut aux yeux noirs")
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Je suis la fille de mon père. D’un homme qui rêvait de Mustang et qui a fini sous la vieille carcasse d’un bus municipal. Je suis ici parce que je suis une prolétaire. Je n’ai jamais de ma vie participé à une manifestation, pourtant ça m’a permis de voir notre quartier d’un autre œil. Peut-être que je ne resterai pas longtemps en prison, mais ces six mois auront suffi pour que j’apprenne à mieux me connaître. Et puis, j’ai découvert une chose importante : si tu marches droit devant toi, avec courage et détermination, tu arriveras plus vite que beaucoup de voitures. C’est moi, « Nazo, femme de ménage », à nous deux Ankara !

(Nouvelle intitulée "Nazo, femme de ménage")
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Un soir, dans la forêt, trois hommes ont volé les rêves de Seher.
Au milieu de la nuit, sur un terrain vague, trois hommes ont pris la vie de Seher.

(Nouvelle intitulée "Seher")
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