Rencontre avec Serge Camaille à propos de son dernier roman, "L'Enfant du Carladès", en librairie le 6 juillet 2017.
Tous les jours, René passe devant la boutique de Maxime. Tous les jours, il hésite. Aujourd'hui, il se décide à entrer et à faire appel aux services de l'écrivain public. A quatre-vingt-quinze ans, il souhaite que Maxime l'aide à mettre sur le papier l'histoire de sa vie : son arrière-petite-fille doit savoir d'où elle vient ! Depuis les années 30, la Seconde Guerre mondiale, les années hippies jusqu'à l'époque moderne, la vie n'a pas épargné René et son épouse Irina. Un douloureux récit pour transmettre la sagesse et le bonheur à sa descendance...
Tour à tour libraire, pigiste de presse, chroniqueur radio ou chef de publicité pour des journaux, Serge Camaille a désormais décidé de ne plus se consacrer qu'à l'écriture. C'est dans les campagnes d'Auvergne et du Berry, celles de ses plus jeunes années, qu'il puise l'inspiration de ses histoires.
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Le bistrot, cet endroit convivial où, devant un café, un demi ou autre chose, on pouvait se retrouver pour un instant de chaleur et de partage. Peu à peu, cette chaleur a laissé place à la froideur des écrans d'ordinateur. Ne croyez surtout pas que je suis un dangereux réactionnaire... Juste nostalgique, un peu.
Il referma soigneusement l'auto et nous nous dirigeâmes à pied jusque devant le numéro 8. Il appuya vigoureusement sur la sonnette du premier. Après quelques secondes, une fenêtre s'ouvrit et l'amateur de rugby s'écria en nous découvrant :
— Encore les clodos ! Et à deux, maintenant !
Il allait refermer la croisée quand Fabri hurla en exhibant sa carte :
— Police!
L'air complètement décontenancé, l'homme murmura :
— J'arrive.
Il avait dû dévaler les escaliers quatre à quatre, puisqu'il nous ouvrit la porte au bout d'une poignée de secondes. Avant que l'inspecteur ait pu proférer la moindre parole, il se justifia :
— Désolé... Il faut dire que les flics ont une drôle de dégaine, de nos jours ! Que puis-je pour vous ?
"Malheur au passant! Le gnome effrayant lui saute sur les épaules, enfonce ses griffes dans sa chair, l'éperonne de ses talons pointus et, aprés une couse d'épouvante, ils arrivent devant un marécage .
Là, haletant, épuisé, le malheureux avance encore sous la poussée du nain qui se fait lourd, lourd comme une meule de moulin et pése sur sa victime jusqu'à ce qu'elle ait disparu dans la vase mouvante et putride .."....
Légendes brennouses: Extrait .....XII ° siècle .( l'enlisement )
"Le diable était le plus beau des anges, le premier aprés le bon Dieu qui l'aimait beaucoup et qui l'avait pris pour associé , mais il ne répondait pas à cette confiance: il était hargneux, jaloux et traitre .
Et pourtant la bonté de Dieu ne se lassait pas et le mettait toujours à l'aise....."
- Que faites-vous dehors à cette heure et par un temps pareil ?
Elle murmura, au bord des larmes :
- On a eu un accident, mon ami et moi, par là, plus bas…
- Votre ami ? Où est-il, cet ami ?
- Dans la voiture… Son genou a sans doute heurté la colonne de direction… Il avait très mal, alors il m’a demandé d’aller chercher du secours… Et puis j’étais mieux équipée que lui pour marcher, il n’avait que des chaussures de ville et un petit pardessus sur son costume… Je peux téléphoner ?
- Quoi qu'il arrive maintenant, je penserai toujours que nous avons payé le plus lourd tribut pour une faute qui ne nous incombait pas...Et quoi que vous en pensiez, messieurs, nous n'étions pas des monstres.. Nous voulions juste redonner le sourire à notre petite sœur.. Quand je pense qu'il avait cet argent qui aurait pu tout résoudre sans drame, je le maudis, où qu'il soit, le professeur Vidal.
Si lui se considérait comme une victime dans le drame qui venait de se dérouler, ce ne serait pas le cas des gens de la rue dits normaux qui, déjà, considéraient son mode de vie comme marginal. Avant, il le savait et s’en fichait… Mieux que ça, il s’en amusait, pensant à juste titre ou non qu’il était dans le vrai. Mais aujourd’hui, il savait qu’il ne pourrait plus éviter les regards malveillants, les sous-entendus blessants et sûrement aussi les attaques frontales avec quelques anciens avinés se croyant bien pensants. Autant pour chasser ses idées noires que pour se désaltérer, il commanda un autre demi qu’il avala d’un trait tant la chaleur devenait accablante en ce tout début d’après-midi.
Il crut, en s’approchant d’elle à la toucher, déceler dans son regard un petit sourire moqueur. Mais quel regard ! Il n’avait pas pu s’en apercevoir encore. Elle avait les yeux d’un bleu limpide, contrastant encore une fois avec la noirceur de sa chevelure. Il lui vint alors en mémoire la pochette d’un vieux 45 tours que sa maman écoutait en boucle quand il n’était encore qu’un enfant. La chanteuse se nommait Marie Laforêt et le titre de la chanson était Cadeau. Naïvement, il y vit alors comme un signe en se disant : « et si c’était elle, mon cadeau ? »
Pour lui, la cause était entendue : il ferait sa vie avec Françoise. Mais la jeune fille avait une vue un peu différente : si elle aussi savait qu’elle se plierait à la volonté datant d’un autre siècle de son père afin de devenir une des grandes dames du canton, elle voulait cependant profiter de ce que sa jeunesse lui avait accordé, à savoir un physique avenant. Et si elle ne cédait à personne en public pour ne pas entacher sa réputation, elle avait trouvé avec le beau Frédéric un arrangement qui convenait apparemment à chacune des deux parties.
Il espérait toujours voir débarquer sa copine Brigitte, et s’inquiétait même de ne pas avoir de nouvelles depuis plus de trois semaines. De temps en temps, il sortait son portable de la poche arrière de son pantalon pour voir si elle ne lui avait pas envoyé de message… Rien ! Il pensa même à sortir un moment pour l’appeler, mais se souvint de leur pacte : le téléphone entre eux n’était prévu que pour une urgence, un grave problème du genre ennui de santé. Sinon, chacun devait rester libre de ses mouvements sans jamais en rendre compte à l’autre.