Très beau livre, richement illustré avec un bon tour d'horizon sur les différentes déesses selon les différentes cultures et endroits dans le monde.
Les déesses des religions vaincues ont été transformées par les théologiens des religions victorieuses en démons, monstres, dragons ou serpents qui demeurent dans les profondeurs sombres des eaux primordiales.
De nombreuses mythologies, pas seulement indo-européennes, célèbrent la victoire du dieu ou du héros, représentant le bien, sur un monstre reptilien, figuration ou substitut de la Déesse : Gilgamesh triomphe d’Humbaba, Zeus de Typhon, Hercule de l’hydre de Lerne, Apollon de Python, Persée de la Gorgone, Thorr du serpent, etc. Les religions monothéistes ont repris à leur compte ce thème mythologique.
St Georges et le dragon, de Paolo Ucello (1397-1475). À la suite de Michel et de Georges, de nombreux saints du christianisme (et quelques saintes) ont terrassé le dragon du paganisme. (page 47)
L'archétype de la Grande Mère
L'importance de la Déesse en tant que symbole de la maternité peut être examinée à la lumière des théories du psychiatre et psychologue suisse, Carl Gustav Jung (1875-1961). Selon la conception jungienne, la déesse mère, en tant que créatrice surnaturelle du monde, est un concept inné, en partie parce que l'expérience primordiale de tout individu est la vie intra-utérine. Cette idée prénatale se renforce après la naissance, lorsque la mère nourrit son enfant, et que celui-ci dépend totalement d'elle pour son confort et sa sécurité. (page 18)
Les déesses qui hantent de leurs grands corps fertiles l’histoire de notre humanité sont pour le philosophe les clairs symboles de ce qui dans l’Être demeure ouvert ou tend à se manifester.
La déesse est aux dieux ce que la Présence (Shekinah) est à l’Être (YHWH), à la fois son secret et son énergie déployée.
Dans la bibliothèque hébraïque, parmi ses rayons les plus grecs, un livre lui est consacré : Le livre de la Sagesse (Sophia).
Salomon l’a préférée aux sceptres et aux trônes et a tenu pour rien la richesse en comparaison de sa Beauté. (Jean-Yves Leloup)
(page 168)