Voilà un pitch qui ne met pas vraiment en valeur les atouts de ce roman… Au contraire de ce que l’on pourrait penser à la lecture de cette intro, « Premier pas » n’a rien d’une romance banale, transposée dans un univers un peu « spécifique », juste pour offrir la pointe d’originalité indispensable.
Shira Anthony a su parfaitement renouveler ce qui peut être considéré comme un choc culturel entre deux personnages issus de milieux très différents et cela, sans tomber dans les clichés habituels à ce genre d’improbables rencontres.
Tout d’abord, Reed Barfield, un journaliste en délicatesse avec la sphère politique où il évolue d’ordinaire et qui se voit envoyé dans un lieu paumé pour un reportage a priori sans envergure. La première caractéristique du personnage est d’être un véritable professionnel, à la fois enquêteur et photographe : il ne se limite pas à des bribes susceptibles d’offrir un scoop, et travaille au contraire son sujet à fond… Alors, oui, Reed est curieux, peut-être un peu fouineur, mais il sait aussi où s’arrêter. Une très bonne surprise ce personnage : intuitif, honnête, capable de se fourrer dans les difficultés, de se mettre en danger sans le réaliser. Chanceux, il va croiser à plusieurs reprises un « bon » et très séduisant samaritain : Justin Vance. L’homme, doté d’un sale caractère, n’apprécie pas qu’un inconnu l’étudie de trop près. Passionné par son métier de pilote, immergé dans cette activité qui l’expose au danger à chaque sortie en mer, Justin dissimule aussi des failles.
Et bien sûr, mis en présence de Justin l’irascible, Reed l’intrépide va s’intéresser à ce métier de pilote, exercé dans des conditions parfois extrêmes. S’accrocher à une simple échelle de corde pour grimper sur un énorme navire et le guider dans des eaux difficiles, réclame plus que des nerfs d’acier. Sommé par sa hiérarchie de coopérer avec le journaliste, Justin ne lui facilitera pas la tâche et les entretiens donneront lieu à de savoureux échanges. Rien qui puisse décourager un journaliste de la trempe de Reed.
Comme dans toute romance qui se respecte, l’attirance entre les deux hommes va s’affirmer, mais en douceur, sans précipitation. La retenue de Reed, la pudeur de Justin, des aspects qui offrent du relief à des personnages pas exempts de sensualité, qui sauront tout d’abord faire taire des envies primaires pour construire une relation sur des bases saines.
Shira Anthony est parvenu à déployer un décor crédible, un environnement riche, avec des personnages secondaires intéressants et des situations stressantes, décrites sans fausses notes. L’auteure se sera sans aucun doute appuyée sur de solides recherches et les exploite avec finesse pour nous proposer, entre autres, la découverte d’un milieu peu connu.
L’on achève ce roman avec le sourire, une forte envie de grands espaces, d’embruns, d’air marin, de soleil, mais aussi la conscience que face à la puissance de l’océan, un homme n’est rien qu’un fétu de paille.
À noter une traduction tout à fait correcte qui valorise le texte, mais une couverture pas assez en correspondance avec l’histoire : elle aurait gagné à plus de luminosité.
Claire
Lien :
http://meninbooks.eklablog.c..