Elle aimait les fruits, avec une préférence marquée pour la framboise et le raisin bien mûrs, que je désignais, pour elle seule, sous les noms de "frambouééze" et de "rrheuzin" ( l'h fortement aspiré, je vous prie). Quelquefois, j'oubliais les rites, et je lui disais : "Voulez-vous une framboise ? Un raisin ?" Elle me regardait d'un air buté, et ne répondait rien. Je rectifiais : "Une petite frambouééze ? Un rrheuzin ?" Sur quoi Souci s'élançait, soulagée, avec des marques de joie et d'acquiescement. Jusqu'au jour où, ayant découvert que non seulement la vigne, mais la framboiseraie fructifiaient à hauteur de bouledogue, elle se passa de mon aide et des vocales corrompus pour prendre, vers sept heures du matin, son petit déjeuner de frambouéézes et de rrheuzins.