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Critiques de Simon Spruyt (51)
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Le tambour de la Moskova

Nous sommes en 1812, en Russie. On commence par une boucherie sans nom (si en fait : Borodino ou Moskova selon les goûts, 70 000 morts) et on semble suivre un tambour de la grande armée . . . Puis retour en arrière, 1810 avec le jeune bogoss, non Bosse, Vincent Bosse le fameux tambour de l'armée Napoléonienne du début, de ses débuts. Une « gueule d'ange » qui commence par trahir le curé de son village et échappe grâce à son visage poupin aux affectations militaires périlleuses : les « chairs à canon » que sont les fusiliers, grenadiers...

Disons-le tout de suite, ces traits rayonnants, laisser-passer du héros de cette bande dessinée sont excellemment bien rendus par Simon Spruyt tout le long de l'album. Il fait un travail graphique remarquable, à l'instar de ce qu'on avait pu observer de lui dans Bouvaert.

Puis avance rapide, 1860 et le gars Vincent, toujours lumineux a vieilli, lui.

Un mystérieux inconnu l'interroge sur son passé. Il veut recueillir le précieux témoignage, parmi d'autres, de ce gamin devenu un homme, subissant toujours les évènements plutôt que les provoquant, (encore une fois quel talent de l'auteur pour nous le faire sentir graphiquement !). Pourquoi interroge-t-il ce « loin des balles » devenu fugitif sans grande importance, ayant été sauvé des cosaques par Denis Davidov lui-même, ce héros romantique russe ?

Que compte faire ce mystérieux scripteur avec les descriptions de Bosse de l'horreur des combats vécus et sa capacité ou sa chance à survivre jusqu'à aujourd'hui ? Des mémoires, un livre ? Quel livre ?

Magnifique, graphiquement et scénaristiquement.

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Papa Zoglu

Il étais une fois- stop - Prince en quête d'un héritier - Stop - sein de sa femme désespérément vide - stop - suites maintes jérémiades de son maître, le bouvier lui rapporta les rumeurs - Stop - Un paysan ayant pris une vieille femme errante sur le dos de sa vache décatie - Stop - En signe de gratitude, la vieille avait béni l'animal - Stop - le printemps suivant, la bête usée avait mis bas pas moins de 77 veaux ! - Stop - V'la dit Veaux - Stop - !! - le prince envoie ses sbires quérir la vieille - Stop - le prince la supplia de bénir son épouse comme elle l'avait fait pour la vache, avec promesse de lui donner le premier-né de son cheptel - Stop - Son épouse dûment bénie, le prince se mit à la besogner -Stop (carré blanc) - 9 mois plus tard surprise du prince : en lieu et place d'un garçon ou d'une fille, il vit sortir un veau - Stop - Et c'est pas tout - Stop - Avant de mourir d'épuisement, la princesse mit au monde un troupeau impressionnant de 77 veaux, tous occis par le prince. - Stop - Retour de la Vieille chez le bouvier près d'une vache sur le point de véler - Stop - Blablablasurprise ! Blablablapasunveau ! Blablablunbébé ! - Stop - Elle réclama le garçon comme son dû....et disparut dans la nature - Stop -



S'en suivent ainsi les pérégrinations du Prince aux Vaches ou Grandeur et décadence de la ville de Gniezno, détruite par le feu, ce grand fléau....

A la recherche de sa mère génétrice Bio

Capitale des bovins, j'aurais dit dans le Veaucluse...Espèce de VeauRien j'entends d'ici VeauLuciférer....

il marchera vers l'Ouest , et se prendra les pieds dans le même sabot...

Vau de ville ou veau des champs

femme à barbe et homme serpent

l' Enfant triton sans parents

Tous en quête de l'Etre Unique, du Grand Fondement ....



Grand Braveau pour cet imaginaire

Digne veaucation de la Sorcière

Dessins et textes d'un temps moyenâgeux

jubilatoire ironique il Veaumieux

dithyrambique j'ai trouvé ça fa-meuh .....







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Le tambour de la Moskova

Un bel album haut en couleur magnifiquement dessiné par Simon Spruyt. Les aquarelles et les pastels, très colorés donc, sont superbes !

L'histoire se situe en 1812 pendant la campagne napoléonienne en Russie, à Borodino et à Moscou. En 1860, le narrateur, Vincent, raconte sa Retraite de Russie à un étranger...

En 1812, Vincent a 20 ans quand il part pour la Russie. Son visage d'ange et son innocence lui valent la sympathie et l'aide des soldats qu'il accompagne et plus généralement de tous ceux qu'il rencontre. Il est d'ailleurs persuadé que Napoléon lui sourit quand il le voit. Sa jeunesse fait que pour l'épargner un peu, on le nomme "Tambour".

Et c'est au rythme du tambour que l'on suit cette boucherie et l'absurdité de cette guerre.

L'auteur ne nous épargne pas les terrains de bataille remplis de morts, les couleurs font ressortir cette violence.

Vincent arrive à se sortir de toutes les situations où sa vie est en péril, opportunisme, lâcheté mais avait-il le choix pour sauver sa vie ? Il le dit lui-même il ment très mal et donc trahit beaucoup, vieillissant il semble plein de remords.

Historique et romanesque à la fois, ce récit ne manque pas de poésie malgré l'horreur de la guerre.

Le scénario, non dénué d'émotions, magnifié par les illustrations, invite à la réflexion sur l'absurdité, le courage, l'honneur, la loyauté, le hasard...

De la violence mais aussi de la douceur dans cette BD. Superbe !
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Le tambour de la Moskova

Le dessin est entièrement réalisé en aquarelle (ou technique le simulant), sans cernes, tout en surface, jouant sur les nuances subtiles, rendant superbement les effets de brumes glaçantes, de fumée des combats, d’humidité permanente. Le style est parfois un peu naïf, donnant l’impression de contes pour enfants, bien ancrée dans le style russe, frisant parfois avec les icônes religieuses comme sur la couverture, mais il ne nous épargne pas pour autant les horreurs de la guerre et les incendies nous offrent l’intensité rougeoyante des lumières infernales.

C’est la campagne de Russie de Napoléon, de l’avancée glorieuse à la déroute de la Bérézina. Vincent, un jeune engagé, va devoir confronter son innocence juvénile aux violences de la guerre. Simon Spruyt s’attache à un figurant de Guerre et Paix et lui donne une épaisseur, le chargeant d’une symbolique lourde à porter, l’innocent, est-il ange ou simple couard, c’est un personnage typique de la littérature russe, en équilibre précaire entre plusieurs rôles contradictoires. Derrière une simplicité apparente, une certaine naïveté dans le propos se dégage un récit fort et troublant sur la guerre et ses horreurs, d’une beauté en contradiction avec ce qu’il dénonce, et c’est aussi un hommage malin à la littérature russe, romanesque et romantique. Simon Spruyt a su intelligemment s'en imprégner pour nous offrir un préambule assez génial à Guerre et Paix.
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Junker : Blues de Prusse

PAN! T'ES MORT...



Difficile de chroniquer ce bel album (TRÈS bel album, devrai-je même préciser) après la remarquable critique de Belzaran dont nous conseillons vivement la lecture. Sans entrer de nouveau dans le détail de cette étonnante histoire, quelques précisions, peut-être ?



Sur ce titre un rien mystérieux pour nous autres français, tout d'abord :



Les fameux "Junker" sont aussi méconnus de ce côté-ci du Rhin qu'ils eurent leur importance dans l'histoire allemande. Ils sont même l'une des composantes originelles de l'Allemagne immémoriale et trouvent leur origine dans la très vieille Prusse féodale, principalement dans les régions correspondants à l'est de l'Elbe. Ce qui explique aussi, sans aucun doute, les références régulières et ce, dès les premières pages, à l'ancien ordre teutonique, ordre de moines-soldats (comme "nos" templiers) dont l'état se situait dans ces régions proches de la Pologne et des pays Baltes. Plus généralement, ces "Junker" finirent par désigner des seigneurs terriens. On retrouve même la trace linguistique de ce mot en néerlandais et en flamand, langue du jeune créateur de cette Bande-Dessinée, Simon Spruyt, sous la forme de "Jonkheer" (gentilhomme). D'emblée, l'auteur situe ainsi son ouvrage sous l'angle d'une certaine mythologie pan-germaniste, belliqueuse et belliciste, militaire jusqu'à la dernière goutte de sang, fière de donner sa vie ou ses membres (dans toutes les admissions du mot), telle cette jambe paternelle...



Le sous-titre "Blues de Prusse" :



La référence au blues est évidente, immédiate - la tonalité de l'album est très largement à la mélancolie, à un certain malaise, à la description d'un monde sur le point de disparaître. Ce qui sera définitivement le cas à l'occasion de la grande boucherie internationale à venir en 1914. Souvenons-nous de ce film magnifique de Jean Renoir : La Grande Illusion, qui illustre cet anéantissement à merveille -, de même qu'à cette célèbre peinture bleue (autrement dénommée "Bleu de Berlin"). Une particularité de ce coloris tient dans sa découverte, relativement accidentelle, par un certain Johann Jacob Diesbach, fabricant de couleur de cette ville au début du XVIIIème siècle. Tandis qu'il cherchait à fabriquer un pigment carminé appelé "laque de Florence", il fut contraint de remplacer un des éléments, de la potasse, par un dérivé de sang d'animal. À la cuisson, ce n'est cependant pas du rouge qu'il créa mais ce bleu sombre et profond que nous connaissons aujourd'hui. Autant de références à ce que nous appelons communément du "sang bleu" et qui est l'apanage de la noblesse.



Il y a, aussi, ces magnifiques planches de ce jeune artiste doué et dont il nous faudra suivre les création prochaines, dont les fonds, les paysages, monuments, arrières plans sont des aquarelles peintes uniquement dans ces tons et nuances subtils de bleus plus ou moins sombres, plus ou moins gris, et qui donnent à l'ensemble cette ambiance si particulière, uniforme sans être jamais identique, parfois lourde, souvent oppressante et témoignant, dans son obsession monochrome, d'un passé révolu (une sorte d'équivalent pictural au fameux sépia des anciennes cartes postales).



Vous l'aurez compris à la lecture des critiques précédentes, cette histoire se déroule, pour l'essentiel, dans la première décennie du XXème siècle. Plus précisément, elle prend racine au sein de la famille von Schlitt, membre éminent de la très vieille aristocratie prussienne, mais d'une famille en grande partie ruinée par les grandes réformes agraires du siècle précédent). Ne subsiste, de ce glorieux passé, qu'une belle allée de tilleuls, qui n'est pas sans évoquer la grande et célèbre artère berlinoise nommée "unter den Linden" ("sous les tilleuls" en bon français) et voulue par l'Empereur Frédéric-Guillaume pour moderniser sa capitale. L'album s'ouvre ainsi sur une référence forte à l'absolutisme et au dévouement total de cette famille à l'Empereur. Une allée de tilleuls elle aussi mythologique, qui mène à une demeure qui l'est de moins en moins, le Château de la famille étant déserté par la domesticité - trop onéreuse -, la mère, malade, dans un sanatorium à Davos, le père, ingambe devenant son propre comptable obligé, le fils aîné, à l'école militaire des Cadets, le puîné, éternel rêveur... Ambiance crépusculaire.



Indubitablement, l'album situe cette histoire sous un angle assez peu habituel, au moins dans l'univers de la BD. C'est réalisé avec grande intelligence, avec une apparente économie de moyens, de mots - sans être jamais excessifs ou négligemment superflus comme il arrive dans certains de ces fameux et parfois fumeux "Romans Graphiques" tellement taiseux qu'on en cherche le sens-, l'alternance des descriptions, silences et dialogues est savamment proportionnée et cette alchimie sert l'histoire tout autant que l'image. Avec élégance. Avec Poésie. Même la presque-fin de l'album, se portant sans qu'on s'y attende vers l'uchronie, peut être perçue comme un simple rêve, celui d'un jeune homme haïssant plus qu'il n'est imaginable celui qui semble avoir entière maîtrise sur sa vie et son destin : Sa Royale Majesté. de ce qu'il en est précisément de ce rêve dément ou de cette Histoire déviante, le mieux est de se reporter à la source elle-même !



C'est ainsi tout un monde - celui de Rainer-Maria Rilke et de son magnifique Chant de l'amour et de la mort du Cornette Christophe Rilke, celui décrit sans complaisance par Joseph Roth dans La Marche de Radetzky. Il y a un peu de l'ambiance de la Montagne Magique de Thomas Mann, aussi - que Simon Spruyt nous donne à découvrir dans ce livre, répétons-le, aussi étonnant que beau. Un monde aux idéaux aristocratiques en perdition d'une part, illustré par le frère aîné, irascible, brutal, violent mais finalement respectueux de l'héritage familial qui veut qu'il soit cavalier dans l'armée. Comme son père et tous ses aïeux le furent avant lui. Univers auquel s'oppose la rapide mécanisation de ces temps modernes, y compris dans ses trouvailles les plus mortifères - en l'occurrence l'arrivée des premières mitrailleuses - dont le cadet - principal personnage de l'histoire - deviendra un passionné. L'embourgeoisement marchand aussi - honni par la mère du jeune héros - de l'humanité aux commandes. Peinture subtile de la fin de plusieurs mondes, auxquels la première guerre mondiale mettra un point aussi apocalyptique que terminal, Junker : Blues de Prusse est de ces livres, assez rares dans le domaine du 9ème Art, qui ne laisse pas d'interroger, de perturber, de pousser à une réflexion bien plus large que le seul scénario vous conte. Admirablement !
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Le tambour de la Moskova

J'avais déjà entendu parler de cette désastreuse campagne de Russie de Napoléon. Il l'avait présenté comme une réussite en s’emparant de Moscou. Cependant, dans la réalité, ce sont les russes qui lui ont laissé Moscou en la brûlant. C'est le retour des troupes au pays qui fut marqué par une Bérézina.



On va suivre le récit d'un jeune homme qui fut tambour pendant cette campagne et qui a échappé presque miraculeusement au massacre et autres dangers qui guettaient. Certes, ce fut avec beaucoup de traîtrise, de lâcheté et d'opportunisme. A la fin du récit, on découvrira une petite surprise de taille qui donne de l'intérêt à cette œuvre.



Ce type de dessin presque picturale n'est pas mon préféré mais il a été bien réalisé en l’occurrence. Cela donne beaucoup de style à l'ensemble.



C'est un récit de plus qui souligne l'absurdité de la guerre qui profite surtout aux ambitions d'un général commandant en chef des armées mais au prix du sang. On ne peut blâmer un pauvre homme ballotté dans ce conflit qui essaie de survivre. Comme dit à un moment donné dans cette œuvre, un phare d'innocence dans un océan en perdition.
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Le tambour de la Moskova

Voici un ouvrage un peu étrange, ou comment mélanger douceur et barbarie.



Nous suivons un jeune homme, Vincent pendant les guerres napoléoniennes. Il n'est pas un simple soldat, mais tambour, c'est à dire qu'il accompagne les troupes au son de son instrument.



Nous allons découvrir son histoire, qu'il raconte âgé, à un visiteur bien curieux et dont nous découvrirons l'identité à la toute fin. A chacun de tenter de le découvrir avant...

Il dit n'avoir échappé à de nombreux dangers et à une mort certaine pendant la campagne de Russie que grâce à sa beauté angélique et sa pureté. Est-ce vrai, a t-il enjolivé la réalité pour se donner un plus grand rôle qu'il ne put en réalité jouer? Nous en découvrons un peu plus sur lui à chaque page.



J'ai aimé ce livre, les dessins et les couleurs sont agréables et la forme intéressante. Une belle découverte dans les bacs de la médiathèque Jean Moulin de Margny-les-compiegne.
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Le tambour de la Moskova

Avec un parti pris de couleurs très vives, comme des aquarelles, une histoire de guerre (campagne de Russie 1812) traversée avec la naïveté d'un jeune tambour que tout le monde aime et protège, et dont le regard ébahi ou incrédule nous montre un épisode dramatique : l'occupation de Moscou dévastée, au sein d'un petit groupe de survivants cupides et inconscients.

Racontée comme un témoignage a la première personne, que recueille un écrivain, par ce même tambour 50 ans plus tard... c'est aussi beau que surprenant !

Ca sonne juste et c'est un plaisir de lecture !
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Bouvaert. Élégie pour un âne

Jan Bouvaert, le personnage central de cette BD est un peintre imaginaire mais dont le style et tout un tas d’autres attributs renvoient à Rubens, le célèbre peintre flamand du XVIème siècle.

Pieter, le frère imaginaire du peintre, assez bizarre, austère, écrit quant à lui une ode à l’âne, et représente le côté rigoriste flamand.

Ce fils fidèle qui a veillé sa mère, récipiendaire des valeurs protestantes, présente son frère peintre plutôt raté revenu d’Italie à la grande bourgeoisie d’Anvers.

Je passe la suite de l’histoire, je l’ai trouvé intrinsèquement assez hermétique. Il y a certes de jolis passages, notamment au début dans les échanges avec les mécènes florentins et l’église romaine pour la commande d’un retable.

Les dessins sont bien sûr en rapport avec la peinture du modèle baroque flamand (en fin d’ouvrage, les références originales ayant servi d’inspiration) et c’est quasiment le seul intérêt de cet ouvrage à destination des amateurs de peinture et d’histoire.
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Junker : Blues de Prusse

L’avantage d’aller en médiathèque, c’est que l’on prend des risques. Tombé par hasard sur le pavé énorme qu’est « Junker », j’ai tout de suite apprécié le graphisme. Sans même me soucier de l’auteur que je connaissais pas (Simon Spruyt) ou du sujet, je l’embarquais chez moi. Et ce fut certainement la meilleure décision de ma journée. Le tout est publié chez Cambourakis pour 169 pages.



Début du XXème siècle. En Prusse. Les Von Schlitt périclitent. La société évolue et la noblesse se meurt. Malgré tout, les deux fils sont destinés à servir dans la cavalerie, comme leurs aïeuls avant eux. Mais en ce nouveau siècle, la cavalerie a-t-elle un sens ? C’est une atmosphère de fin de règne (fin de race, pour être plus juste !) qui nous prend dès les premières pages. Alors que l’industrie domine le monde, les Von Schlitt restent ancrés dans un idéal de noblesse et de chevaliers teutoniques.



Cet ouvrage fait d’affronter deux frères aux tempéraments radicalement différents. Le frère aîné est dur, violent. Le second est rêveur et fragile. La lutte fratricide est au cœur de l’ouvrage. D’ailleurs, si on dévore les pages à toute vitesse, on ne sait pas vraiment où l’auteur veut nous mener. Et c’est une des grandes qualités du bouquin.



« Junker » est un ouvrage original, une vraie curiosité, et c’est ce qui en fait un grand livre. Les partis pris sont forts et assumés, l’histoire originale dans un contexte peu traités et le graphisme marquant. La notion d’œuvre d’art paraît évidente à la fermeture de la dernière page. L’auteur maîtrise parfaitement sa narration, tant dans les cases muettes, les actions, les textes… L’émotion et l’empathie fonctionnent à pleins tubes avant que l’on s’aperçoive que l’auteur joue avec son lecteur.



Graphiquement, l’auteur a un trait très beau, relativement simple, mais très efficace. Il est magnifié avec virtuosité par une colorisation tout en bleu. Après tout, l’ouvrage n’est-il pas sous-titré « Blues de Prusse », référence évidente au bleu de prusse ? Ce dessin s’enrichit de choix graphiques audacieux. Au-delà des représentations symboliques (le roi, les chevaliers teutons, etc.), l’auteur représente le « peuple » (en tout cas les personnages secondaires) par des visages façon smileys. Cette représentation puissante donne vraiment du sens à la vision de la noblesse de l’époque. Ainsi, la nourrice, pourtant du peuple, garde un véritable visage.



Impossible de trouver un seul défaut à ce « Junker ». Œuvre à la fois puissante et originale, elle est tout droit sortie d’une véritable vision d’artiste. On est bien loin d’ouvrages classiques, reprenant des codes et des ficelles connues. Simon Spruyt instille à tous les niveaux – narratifs et graphiques – des choix audacieux et pertinents. Un livre d’exception et profondément unique.


Lien : http://blogbrother.fr/junker/
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Le tambour de la Moskova

Une très intéressante variation autours d’un personnage mineur de Guerre et Paix de Tolstoï, réflexion sur la guerre et ses horreurs, le mirage de l’innocence et son pouvoir sur les autres et la nécessité de l’espoir en temps de malheur et de destruction. Graphiquement, les peintures à l’eau de l’auteur sont superbes, tout à la fois douces et terriennes ; joliment contrastées, elles servent le dynamisme des planches, soulignent la barbarie des batailles et l’omniprésence de la mort jusque dans les marges. Le personnage principal trouve une épaisseur insoupçonnée, pièce centrale d’un univers où gravitent des individus flirtant avec la folie ou l’inconscience.
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Le tambour de la Moskova

Sous la figure tutélaire de Léon Tolstoï et de son œuvre majeure « Guerre et paix », Simon Spruyt revisite la bataille de Borodino, l’incendie de Moscou, la débâcle de la grande armée à travers les yeux d'un jeune tambour anti-héros, aussi couard que débrouillard et innocent. Les mythes révolutionnaires français et la figure culte du tambour martyr Joseph Barra sont au cœur du récit.



Toutes les bassesses de la guerre et son environnement de violence magnifié sont successivement évoqués : rapines, individualisme, alcoolisme... La culture slave y est présente à travers un graphisme tenant presque de l’imagerie orthodoxe.



Tout au long du récit, l’aquarelle alliée au pastel, confère au dessin un caractère ouateux et vaporeux. Que le contexte soit l’incendie de Moscou ou les espaces enneigés de la débâcle, les couleurs sont profondes, presque chaudes. Les personnages, pantins de la grande Histoire, apparaissent tels des personnages grotesques de la comedia’dell arte. Des traits rouge-orangés, saisissant, accentuent les lignes de leur visage burlesque comme les masques dans l’opéra chinois. Ils ajoutent de l’intensité à l’expression du contexte chaotique.



Les visages peuvent être successivement anguleux, ronds comme des ballons, oblongs, épais. Les détails sont gommés alors que le graphisme ne s’attarde presque exclusivement qu’aux personnages.



La calligraphie, accessoire de la bd, fait appel à un format légèrement gothique qui positionne ce récit épique dans un passé lointain. Le tout peut conférer au récit un caractère enfantin contredit par le fond violent.



Le naufrage de cette grande armée dite invincible, sert de toile de fond à Simon Spruyt pour donner corps à l’âme russe cher à Nikolai Gogol à travers l’intervention de moujiks, babouchkas et autres tatars
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Le tambour de la Moskova

Simon Spruyt a très finement mis en scène un récit dramatique, riche en émotion et en couleurs. Une épopée émouvante, traitant d’un épisode tragique du Premier Empire et du désastre de la campagne de Russie. Raconté par un jeune soldat qui n'est autre que Vincent Bosse, l'un des personnages secondaires du célèbre roman Guerre et Paix de Tolstoï.

Cette chronique très détaillée nous dévoiles de nombreuses informations sur l’armée napoléonienne de ce qu’a pu être la vie, la mort, la souffrance des soldats de l’Empire et montre sans artifice les atrocités de la guerre en général.

Le trait, le cadrage, associant pastels, encres aquarelles et crayons, font ressortir un dessin semi-réaliste, et les visages proches de la caricature ont un rendu très impressionnant.

Un superbe album très prenant de quoi attiser la curiosité de tous bon lecteur... Archi recommandé !
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Le tambour de la Moskova

Un visage d'ange peut beaucoup et parfois même sauver la vie. C'est toute l'histoire de Vincent, tambour au service de Napoléon, dont la pureté du visage et une certaine naïveté dans le regard vont lui permettre de traverser la campagne russe en échappant à ses massacres. Un visage d'ange donc, une innocence perdue de tous ... ou alors une bonne dose de couardise doublée d'une chance inouïe qui n'arrive qu'aux vrais opportunistes.

Dans cet album aux couleurs de feu et de sang se disent la violence des combats, la brutalité des hommes quels qui soient. Le vernis de l'éducation et des valeurs humanistes craquent bien vite face à la soif de conquête et puissance.

L'utilisation des couleurs, la maîtrise de l'aquarelle doublée d'un parti pris stylistique affirmé montre avec talent l'absurdité de la guerre, le pur hasard qui décide du destin des hommes mais aussi les notions toutes relatives de loyauté) une nation et de courage.

A l'instar de son héros, sous des dessous candides, Simon Spruyt a produit une œuvre profonde qui ouvre à réflexion.

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Le tambour de la Moskova

Une bande dessinée artistique et historique sur la campagne napoléonienne en Russie, on y conte le destin d'un jeune soldat tambour au visage angélique mais qui ne l'est pas tant que ça dans ses actes, la guerre et ses horreurs sont adoucies par un dessin au coloré en flou aquarelle, très beau, un bel objet, une belle couverture attirante.
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Le tambour de la Moskova

Vincent est promis au séminaire, mais est fasciné par la majesté des uniformes militaires. C'est donc armé de baguettes qu'il va suivre les troupes de Bonaparte sur la route de Moscou. Il va tout vivre: l'incendie de la capitale, les rapines dans les maisons bourgeoises, la retraite meurtrière et la capture par les cosaques. Il ne doit la vie qu'à son visage angélique et à une certaine dose de lâcheté assumée. Il sera finalement sauvé de la lame d'unsanguinaire cavalier par un certain Denis Davidov, soldat-poète et commandant des hussards. Beau roman qui tombe à pic dans le cadre du bicentenaire consacré à Napoléon. Un roman plein de panache et rempli de force.
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Sgf

Une belle édition, un album critique et corrosif sur certains agissements qui influencent notre passion commune, la BD. On ne peut que vous le recommander...
Lien : http://www.avoir-alire.com/s..
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Le tambour de la Moskova

Vincent le tambour traverse la guerre avec une chance de cocu. A Borodino, il est persuadé que Napoléon lui sourit. Son air ingénu charme tout le monde.

Un graphisme particulier, des couleurs éclatantes. Le dessin est réalisé à la peinture à l'eau. Une autre façon de voir la guerre.
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Le tambour de la Moskova

Je suis le conseil de livressedesbulles et texturelibrairie en poursuivant ma séance de rattrapage 2021 avec Le tambour de la Moskova de Simon Spruyt.



Interrogé par un mystérieux inconnu, Vincent Bosse raconte son histoire. De 1810 à 1860, il explique comment il s’est retrouvé tambour dans l’armée napoléonienne en déroute à Moscou et sur le retour vers Smolensk.



Le récit est passionnant, riche historiquement mais aussi humainement. Le témoignage nous fait entrer dans les combats, dans les rangs de la Grande Armée en fuite, dans les traversées des villages… Vincent n’épargne rien, n’omet rien de son histoire… Innocent ou coupable, chacun tranchera.



Que dire du travail graphique… c’est somptueux ! Entre aquarelles et crayons de couleurs, Simon Spruyt nous brosse un Vincent Bosse angélique dans un pays en guerre… chaque planche est remarquable de puissance et d’évocation !



Au final, surtout ne passez pas à côté de ce Tambour de la Moskova, un bijou graphique au service d’un récit historique prenant ! Pas loin de rejoindre mes must de l’année 2021 !

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Le tambour de la Moskova

L'auteur a opté pour le flash-back comme mode de narration. Nous retrouvons régulièrement le protagoniste en 1860, questionné par un mystérieux personnage dont l'identité ne reste pas longtemps secrète. Cela permet d'apporter une respiration dans le récit et une réflexion sur les horreurs de la guerre, la douceur de la vie et la lâcheté des hommes. Du grand art. Simon Spruyt est résolument à placer aux côtés des grands raconteurs d'histoires.
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