Deux récits distincts dans un seul volume.
"Cachemire", c'est le récit d'un prisonnier pakistanais en Inde, devenu rebelle du fait de l'oppression indienne et des injustices, parti se former au Pakistan puis en Afghanistan.
Il revient en Inde mais doit rester caché, jusqu'au jour où il veut revoir sa famille et est récupéré par un groupe d'activistes dont il réalise qu'ils ont plus l'air de mafieux que de révolutionnaires.
Il va être trahi, son ami Aziz tué, et de ce jour là, les armes le dégoûtent, il se retire de tout ça.
Un jour, il est contrôlé par la police, or il porte des armes et des grenades, mais au lieu de s'en servir, il se rend, et c'est en prison qu'il livre son histoire à Ali, son compagnon de cellule.
Quand Ali est libéré, on comprend qu'il va aller se faire exploser au nom de cet intégrisme aveugle et meurtrier, auquel le narrateur avait voulu le mettre en garde...
Dans la seconde histoire, "Kerala", Hamid a quitté l'Inde depuis 12 ans et vit et travaille à Edimbourg, en Ecosse.
Il revient en Inde pour la mort de sa grand-mère, retrouve sa famille et particulièrement son frère Rashid.
Ce dernier n'a jamais aimé étudier et est devenu charpentier.
Quand Hamid le retrouve, il s'est radicalisé et est un personnage important de la communauté.
Il rejette son frère "occidentalisé" , et Hamid rejette l'Islam violent que prône son frère.
Ils vont se retrouver malgré tout avant de se perdre à jamais, quand Rashid meurt sous les balles de la police indienne.
Hamid repart en Ecosse avec sa mère.
J'ai préféré la seconde histoire, plus forte en émotion, du fait de la relation des 2 frères.
Mais ces 2 récits sont intéressants sur la radicalisation, ses causes, ses conséquences et le caractère souvent moins simpliste qu'on veut bien nous le montrer, sur les raisons qui peuvent amener les hommes à la violence, en l'occurrence ici l'oppression et l'injustice.
On voit aussi comment c'est un engrenage duquel il est difficile de sortir.
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Deux histoires séparées, ayant pour cadre l'une le Cachemire, l'autre Kerala (sud-ouest), dans une Inde en proie à la montée de l'intolérance ethnique et de l'intégrisme religieux dont on n'a pas souvent l'occasion d'entendre parler (surtout pour Kerala). Ici, les deux monologues témoignent de l'implication dans des réseaux islamistes (comme le fait supposer la couverture), le premier sous forme du repentir d'un ex-djihadiste, le second comme narration du retour épisodique au pays d'un émigré, intellectuellement épanoui et partiellement occidentalisé, stupéfait face aux transformations de la communauté musulmane (minoritaire) de son village et meurtri de l'implication de son propre frère dans un groupe terroriste. Les deux histoires prennent donc le parti du désaveu.
Cependant la première nouvelle, au texte plus fort - bien que je me sois un peu perdu dans la multiplicité des groupes combattants rivaux -, m'a moins plu sur le plan graphique : trait trop épais, couleurs trop vives, trop de plans rapprochés cinématographiques ; la seconde nouvelle, dont l'aspect graphique m'a plu davantage, m'a semblé un peu trop attendue dans la narration, trop scolaire, voire parfois presque mièvre (ex. dessin du djihad "bon" vs. djihad "mauvais", version Milou-ange vs. Milou-diable dans Tintin au Tibet !). Le final possède quand même de l'intérêt et de l'originalité. (J'ai bien aimé : "Amma s'habitue à faire le poisson au curry avec du cabillaud. ça n'a pas si mauvais goût." p. 215).
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