On comprend dans cette scène que la femme est un défouloir. Je ne pense pas que les Afghans sont des monstres congénitaux, mais que leur violence à l'encontre des femmes est le résultat de cet état de guerre perpétuelle qui gangrène ce pays. [Interviewée sur son documentaire " Afghanes "]
Du fait de la dictature, nous ne voyons pas à quel point ces mutations culturelles vont à une vitesse inouïe : les familles, qui en peu de temps sont passées de six à deux enfants ; l'explosion des divorces, une procédure d'ailleurs inscrite dans la loi islamique ; 60% des étudiants qui sont des étudiantes... L'Iran vit des transformations si profondes que le régime est bien incapable de les enrayer, un retour en arrière est impossible.
Ce n'est pas un peuple qui se tait. Les Iraniennes sont très émancipées. Il y a la vie que le régime leur impose dans l'espace public et il y a la maîtrise que le peuple a de sa vie dans la sphère privée. Les mollahs ne peuvent pas s'immiscer partout. Les gens réussissent tout de même à vivre leur vie de la façon qu'ils souhaitent.
[Le film "Nous, jeunesse d'Iran" donne la parole à six jeunes Iraniens et Iraniennes, et montre leur quotidien. Ce documentaire a-t-il été tourné en Iran ?]
Non, mon visa a toujours été refusé, je n'ai jamais pu me rendre en Iran. J'ai donc dirigé ce tournage à distance, avec des non-professionnels. Il n'y a d'ailleurs quasiment plus de professionnels [du documentaire] en Iran : les cadreurs sont soit en prison, soit suivis par le régime et fichés, donc c'était impossible de les faire travailler.
Nous avons identifié des gens qui avaient envie d'apprendre à filmer et nous avons gravité autour d'eux. On a formé au tournage la narratrice principale, Sarah, et deux autres jeunes femmes. [...]
Je leur ai appris à cadrer par messagerie sécurisée, avec des messages éphémères qui s'effacent automatiquement toutes les 24 heures. Il fallait être sûrs qu'en cas d'arrestation, ces messages disparaissent pour qu'elles ne soient pas inquiétées.
Le régime [en Iran] interdit toute critique et interdit à toute sa population de parler aux médias étrangers, même aux plus conservateurs. Montrer leurs visages les enverrait forcément en prison, cela aurait été cauchemardesque. Techniquement, nous avons changé les appartements, changés les villes, changés les voix [et les visages]. Il s'agissait de brouiller les pistes le plus possible.
[Elles ont accepté de témoigner] après de longues conversations, et surtout grâce à des liens de confiance qui se sont bâtis dans des communautés de femmes. Leur rôle est central dans le film. Celles qui ont accepté d'être filmées étaient des femmes et celles qui ont accepté de filmer étaient aussi des femmes. Le seul homme que l'on suit longuement n'a pas voulu être filmé. Il y a un plus grand courage chez les femmes et ce n'est pas parce que je suis une femme que je dis cela. C'est juste une réalité.
C'est la marche sèche et poussiéreuse
Des jeunes filles
Porteuses de douleur, aux corps meurtris,
La joie congédiée de leur visage, leur coeur
Vieilli,
Ni sourire au recueil de leurs lèvres,
Ni larme pointant du lit tari de leurs yeux.
Dieu ! Je ne sais pas si leur cri lourd
Peut atteindre les nuages
Ni même le ciel.
[p101-102]
Quand les soeurs se retrouvent, elles célèbrent leurs frères
Quand les frères se retrouvent, ils vendent leurs soeurs à d'autres
Landaï pachtoune
[p225]
Invitées d’honneur à leurs conférences, leurs dîners et leurs cocktails pendant de longues années, jusqu’à ce que le vent tourne en faveur des négociations avec les talibans, et qu’en conséquence, l’hospitalité des chancelleries occidentales se raréfie
J'ai vu des enfants sans foyer, errant pieds nus J'ai vu des promises aux mains tatouées de henné en habit de deuil (...)
O compatriote, ô frère, je ne suis plus celle que j'étais Je suis la femme qui s'est éveillée
J'ai trouvé mon chemin et je ne reviendrai jamais.
Meena Keshwar Kamal
Pères, oncles, maris, frères, ils donnent la mort et portent les cercueils.
[p115]