De l'aveu même de ses promoteurs, ce droit spécial répond à un objectif de prévention. A la différence du droit commun qui incrimine des actes, la pratique antiterroriste se satisfait d'intentions, voire de simples relations. Suivant le juge Bruguière, cité par Human Rights Watch, "la particularité de cette loi est qu'elle nous permet de poursuivre des personnes impliquées dans une activité terroriste sans avoir à établir un lien entre cette activité et un projet terroriste précis". C'est dans cette perspective qu'on a vu la possession de certains livres devenir un élément à charge, car ils constitueraient des indices sur des opinions ; et de l'opinion à l'intention, il n'y a qu'un pas.
Sara, 15 ANS 1/2
Je rêve que je galope.
Je rêve que je galope à cheval dans une prairie.
Je rêve que je galope à cheval dans une prairie verdoyante. Je rêve. Je rêve que je galope à cheval dans une prairie verdoyante remplie de fleurs. Je rêve. Je rêve que je galope à cheval dans une prairie remplie de fleurs. Partout des fleurs. Et des pétales. Des milliers de pétales. Je rêve. Je rêve ; je rêve que je galope à cheval dans une prairie verdoyante remplie de fleurs et de pétales, des milliers de pétales, des pétales d'or, je rêve, je rêve que je galope dans la prairie remplie de pétales d'or, de l'or scintillant, des pétales qui brillent et que je suis poursuivie par une horde de gens qui ne me rattrape jamais. Je rêve. Je rêve que je galope, je galope, je galope, je galope dans la prairie remplie de fleurs et de pétales d'or, je rêve que je saute, je saute, je rêve que je saute la rivière qui descend, je rêve que j'éclate de rire, j'éclate de rire, je rêve que je suis poursuivie par une horde de gens qui ne me rattrape jamais. Je rêve, je rêve que je traverse la prairie scintillante, que je grimpe la montagne, je rêve que mon cheval déploie en grand ses ailes, que j'éclate de rire, que je m'envole, je rêve que j'éclate de rire, je vole, je vole, je vole, je vole, vole, je rêve que je vole
Madame la juge,
Je n'ai pas grand-chose. Ma vie, oui, mais ma vie ne vaut pas grand-chose, même ma mère le pense. Je me sens incapable face à la vie. Je n'ai pas de père. Il y a mon beau-père. Il a été le meilleur père que je pouvais avoir. Je l'ai déçu plus d'une fois, pourtant il est toujours là pour moi. Ma mère me rejette, elle me déteste. Je sais qu'elle est en train de m'oublier. Je me sens seule. Ici, je suis un cas parmi tant d'autres . Les encadrants sont gentils mais ils parlent beaucoup trop. Les autres filles aussi, elles parlent beaucoup trop. Je veux dire à ma mère, pardon pour toutes les bêtises que j'ai faites et qui ont des conséquences. Pardon de ne jamais prendre les bonnes décisions. Pardon de ne pas penser à l'avenir. Je regrette.
Sara