[ à propos des César ]
C'était dingue, c'était grand, c'était fort, c'était engagé, impertinent - violent même !
Pour moi, la 46e cérémonie des César restera la plus transgressive de l'histoire de l'académie qui en a vu, pourtant, hein, des coups de gueule en Gucci, de la rebellitude en Louboutin, des diatribes en Prada...
Mais à la différence de toutes les autres, cette cérémonie était un concentré de l'époque : entre un très beau président, au discours un peu creux, une maîtresse de cérémonie drôle... et peut-être un peu bourrée (...) il est venu le temps des artistes engagés !
Avec une Jeanne Balibar plus mobilisée que jamais... pour les actrices de son âge à elle.
Un humoriste noir, venant défendre la cause... des artistes noirs.
Des intermittents venant défendre la cause... bah des intermittents !
En revanche, pas un mot, pas une allusion, pas une évocation du grand argentier du cinéma français, du propriétaire de Canal+, de celui dans la main duquel toute la grande famille du cinéma français a passé sa soirée de vendredi à se rebeller.
Aucun Che Guevara en smoking pour dénoncer le licenciement du comédien Sébastien Thoen, ni celui d'ailleurs de tous ceux qui au sein du groupe Canal ont eu le courage de le défendre.
Aucune égérie en Chanel pour s'inquiéter du bras de fer entre B*lloré et les sociétés d'auteurs. Personne, wallou, macache, nib !
Et vous savez pourquoi ? Tout simplement parce que sous les strass et les paillettes, nos révolutionnaires de gala savent parfaitement faire la différence entre ceux devant qui on se lève et on se casse, et celui devant qui tout le monde reste assis en silence et la main bien tendue.
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• 'On reste assis et on la ferme' - Le Billet de Sophia Aram, France Inter, 15 mars 2021
>> https://www.youtube.com/watch?v=QWQDf8RNLRk
Moi, c'est en travaillant au rayon canapés chez Ikea que j'ai pu observer le sexisme à l'œuvre selon la position sociale. Parce que, si aucune femme n'y échappe, je vous assure que celles qui sont au bas de l'échelle sont particulièrement bien servies.
Cela peut surprendre, mais vous n'imaginez pas le nombre d'hommes qui concluent l'achat d'un divan par cette blagounette : « Et si on l'essayait ensemble ? »
Nous devons promouvoir une forme d’élégance dans les rapports humains, et préférer découvrir notre prochain plutôt que lui vomir nos préjugés dans la tronche et lui assigner toutes les idées préconçues qui soient au sujet de ses « particularismes ».
Ces micro-agressions sont d'autant plus difficiles à saisir qu'elles n'obéissent à aucune qualification juridique comme le sont en France les déclarations racistes, homophobes, sexistes, antisémites et j'en passe. Elles n'existent finalement que dans le contexte d'une relation entre un individu mobilisant plus ou moins consciemment un volume de préjugés, de stigmates, de clichés envers un autre individu qui n'en est malheureusement pas à sa première confrontation sur le sujet. C'est la somme de ces expériences et la nature du préjugé mobilisé qui détermineront la violence de l'impact sur un individu. Ce qu'il y a de particulier dans l'ordinaire - qu'il s'agisse de racisme, de sexisme, d'homophobie, de grossophobie ordinaires - c'est la fréquence.
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