Sophie Irwin

Trois jours durant, elle leur enseigna la bonne façon de marcher, de se vêtir, de se coiffer dans le style en vogue, de tenir un éventail, une fourchette, un réticule. Kitty comprit très vite que pour être une femme du monde, il fallait se contrôler au point qu'on ne respirait plus qu'à peine; le corps devait se transformer en corset pour contenir vulgarité, gaucherie et traits de caractère.

Lorsqu'elles entrèrent dans l'immense foyer, elle chuchota à l'oreille de Kitty pour que sa soeur n'entende pas :
- Est-elle niaise ?
- Intellectuelle, répondit Kitty tout bas.
- C'est ce que je craignais" , soupira sa tante.

L'honneur est un luxe que seuls les riches peuvent se permettre, répondit-elle froidement.

Kitty avait entendu d'innombrables récits sur Londres, dont ses parents parlaient avec nostalgie comme d'une chère amie qu'ils avaient perdue.

Vous avez pourtant témoigné si peu d'effroi en apprenant que j'avais failli être assassiné, répondit-il avec aigreur (et un amour-propre profondément blessé), que j'ai bien envie de ne pas vous révéler si je l'ai été ou non.

Depuis la mort de son père et son accession au titre de comte, Lord Radcliffe avait prtéféré séjourner dans le domaine familial du Devon plutôt que d'affronter les foules déchaînées.

"En outre, reprit Kitty, les hommes de ce milieu sont tous voués à faire des mariages de raison. Puisqu'une femme doit profiter de sa richesse, pourquoi pas moi ?"

"L'ambition et l'orgueil ne sont pas des muscles que les femmes sont généralement encouragées à faire travailler, reprit Lady Caroline. Cela ne signifie pas pour autant que nous soyons incapables d'apprendre. Si votre véritable appréhension est de manquer de talent, soyez rassurée : mon frère a fréquenté suffisamment d'artistes pour le discerner quand il le voit. "

Mère et moi sommes d'accord sur ce point. Etre fier de sa famille et de son nom. C'est pour cela qu'elle tient à ce que j'épouse une bonne chrétienne avec un excellent pedigree, ce qui m'aidera à lancer ma carrière politique."
Kitty songea que le terme "pedigree" ne devrait s'employer qu'au sujet des animaux, et certainement pas des femmes.

« Vous voudrez bien m’excuser, monsieur Pemberton, d’avoir seulement sous-entendu ce que j’avais l’intention d’énoncer sans ambiguïté. »

« Pourquoi jouerais-je au whist avec un lord si je peux jouer au pharaon avec un prince? »

Ce n'est pas ... Nous n'avons pas le temps de nous apitoyer sur eux, lança-t-elle sèchement. Sois triste pour nous si tu dois l'être. Ce sont des hommes, riches de surcroît, qui peuvent décider de leur avenir. Ou de moins le choisir. Pas nous. Nous ne pouvons pas avoir qui - ce que - nous voulons ! (p 262)

- S'ils t'aiment et pas toi, tu les prives de quelque chose de beau, réagit sa sœur avec force. Je trouve cela très triste. (p 261)

Qu'éprouvait-on lorsqu'on savait dès sa naissance que son avenir était assuré et qu'il serait radieux ? Lorsqu'on dominait le monde dans une loge privée ? Ils semblaient à leur place là-haut. Aurait-elle pu se sentir à la sienne auprès d'eux ? (p 36)

Après tout, le clignement était le geste le plus aguicheur que l’on pouvait faire avec les yeux.

il possédait un titre, une fortune importante et, contrairement à quantité de lords, toutes ses dents.

"Elle ne savait pas très bien ce qui la mettait en colère, ni pourquoi son irritation se concentrait sur lui, bizarrement, hormis qu'elle était une fois de plus consciente qu'il la comprenait presque trop bien, consciente de son regard intense sur elle. Elle se fit à nouveau la réflexion qu'il observait vraiment, il ne se contentait pas de voir, et elle n'était pas certaine de pouvoir le supporter."

"Vous me voyez telle que je suis, dans ce qui a de pire et de meilleur, comme personne ne m'a jamais vue"

c’était assurément un bel homme. Cela ne jouait pas en sa faveur car d’après l’expérience qu’elle en avait, plus un homme était beau, moins il avait de caractère