Faire la queue, cela réveille en nous le souvenir des temps qui de détresse, la famine, la conscription. Quand nous faisions la queue avant la guerre, c’était une joie, pour une jouissance artistique. On se mettait en file devant l’Opéra, devant un théâtre, rongeant notre frein, mais joyeux, brûlant d’impatience, l’attente même augmentait le plaisir, enthousiastes, nous nous rassemblions en une allègre cohue, jeunes gens, amis camarades, étrangers.