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Critiques de Stéphane Lemardelé (35)
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Le château de mon père

Le château de mon père, cela pourrait être un titre de Pagnol ! Mais il s’agit ici de Versailles. Un Versailles encore inconnu, difficile à imaginer, n’est-ce pas ? Du moins, ce n’était encore qu’un simple musée. C’est grâce à Pierre de Nolhac, nommé attaché au château en 1887 puis, très vite, conservateur, que nous pouvons visiter à présent ce magnifique lieu, symbole du pouvoir et du prestige. En effet, Pierre de Nolhac voulait redonner toute sa splendeur à l’édifice. Petit à petit, il va faire restaurer les salles, changer les collections, effacer les traces de la Révolution… au détriment de sa vie familiale.



Je ne connaissais pas cette partie de l’Histoire de Versailles. Il est vrai qu’on a l’habitude de se représenter le château avec ses beaux jardins, ses fontaines… un décor somptueux digne d’un film. Grâce à ce superbe album, j’ai pu en apprendre beaucoup sur cet événement méconnu.
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Le château de mon père

"Le Château de mon père - Versailles ressuscité" est un roman graphique qui retrace la vie familiale et professionnelle de Pierre de Nolhac au Château de Versailles, racontée par son fils Henri. Il y est arrivé en tant qu'attaché de conservation en 1887, et en est devenu conservateur en 1892. Pierre de Nolhac a bataillé dur pour remettre le Château dans l'état dans lequel il était sous l'Ancien Régime et faire revenir les visiteurs. Puis, lorsqu'a éclaté la Première guerre mondiale, il a dû faire tout son possible pour sauver le Château et ses chefs-d'œuvre, tout en faisant face à la perte de ses personnels, mobilisés. La dernière grande mission de Pierre de Nolhac à Versailles a été la mise en œuvre de la signature du Traité de paix.



Ce roman graphique est extrêmement beau, avec ses vignettes en lavis. Non seulement l'histoire de Pierre de Nolhac au Château de Versailles est passionnante, mais en plus, avec cette technique de scénarisation et de dessin, les émotions passent très bien. La profondeur et la ressemblance des dessins avec les véritables pièces du Château sont fantastiques: moi qui connais bien les lieux, je m'y suis crue! Une superbe promenade dans le temps, dans ce château que j'affectionne tant. Je vous recommande très fortement ce chef-d'oeuvre! Bravo aux auteurs!
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Le château de mon père

Un roman graphique qui réhabilite Pierre de Nolhac, attaché puis conservateur du château de Versailles de 1886 à 1920. Son rôle fut déterminant pour sauver le château et ses collections à l'abandon depuis la Révolution et lieu encombrant pour une troisième République qui cherche à s'enraciner dans le pays en s'opposant à la monarchie. Le récit met en avant ses actions, son travail acharné pour réhabiliter ce lieu, accueillir des visiteurs qui l'avait déserté, le remeubler, restaurer et exposer les peintures, meubles. Pierre de Nolhac eut indirectement un rôle politique puisque de nombreux événements se déroulèrent au château durant sa mandature (accueil de chefs d'Etat étrangers, élections des présidents de la IIIème République, Traité de Versailles en 1919).

Ce roman graphique passionnant nous fait saisir la rencontre d'un homme avec un lieu, son amour pour "son" château qui dévore tout, jusque sa vie de famille qui se délite face à cette passion dévorante. C'est également la photographie d'une époque, la Belle Epoque, ses mentalités, le portrait d'un homme complexe.
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Le château de mon père

Très bel ouvrage ! Je suis sortie de cette lecture en ayant appris beaucoup de choses et en ayant passé un excellent moment.



Une petite histoire dans la grande Histoire ! Pierre de Nohlac a sauvé le château de Versailles. Pour cela, il a fait d'énormes sacrifices. Il a fait passé sa vie pour sortir ce château de l'oubli et à en faire un monument au rayonnement international.



Le scénario et la succession des événements sont très bien ficelés ce qui rend la lecture fluide et agréable tout en étant dense. Les dessins en noir et blanc complètent parfaitement l'oeuvre !



Une super lecture !
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Le storyboard de Wim Wenders

Stéphane Lemardelé est un storyboarder pour le cinéma qui souhaitait depuis longtemps se lancer en BD. Il avait déjà « storyboardé » « Le château de mon père » et effectué un reportage dessiné sur le monde paysan au Québec mais « Le Storyboard de Wim Wenders » est sa première bande dessinée véritable parue tout récemment à La boîte à Bulles.



Il l’a réalisée quand il a été convié par Wim Wenders à effectuer le découpage des scènes d’ouverture de son film « Every thing will be fine ». Scènes difficiles par la thématique d’abord (un écrivain qui tue accidentellement un enfant) et par les conditions de tournage ensuite : dans le grand nord canadien,) en 3D avec un enfant et donc l’impossibilité de tourner plus de trois heures par jour. Lemardelé avait déjà souhaité « documenter le cinéma par le dessin depuis longtemps » et en avait fait la demande à un célèbre réalisateur et producteur français aux cheveux en pétard mais celui-ci lui avait opposé une fin de non-recevoir. Quand il a soumis la même requête à Wim Wenders, celui -ci a été, au contraire, enchanté par l’idée et a accepté avec enthousiasme. Nous lisons donc une BD doublement documentaire : sur le métier de storyboarder et ses enjeux d’abord ; mais nous assistons également aux échanges du réalisateur allemand et de l’auteur dans ce qui se révèle être une passionnante leçon de cinéma.



Tout au long de l’album, nous voyons comment le rôle du dessinateur s’avère crucial en amont du tournage. Grâce à lui le réalisateur concrétise ses idées et prépare totalement ses scènes tandis que, grâce à son travail, le chef décorateur peut anticiper les difficultés et décider ce qui sera finalement tourné en extérieur ou en intérieur ou les modifications à apporter aux décors. Mais la majorité de l’album est en fait un portrait de Wim Wenders. On ressent combien l’auteur éprouve une grande admiration envers ce dernier. Il a d’ailleurs complété les dires du cinéaste par des extraits de ses master classes et de ses essais (les références sont mentionnées en bibliographie si l’envie vous prend de les lire en intégralité) que Wim Wenders lui-même a relus et corrigé. On a donc un précieux témoignage sur la vision du cinéma du réalisateur, ses influences, son évolution et finalement une sorte de rétrospective de ses 50 ans de carrière.



Pour documenter ces deux aspects, l’auteur utilise différentes techniques qui permettent de rompre la monotonie des « talking heads ». Si de nombreux échanges se passent autour d’une table, on a également de grandes vignettes avec de superbes paysages canadiens : mais aussi différentes étapes du storyboard (les croquis de Wenders sont incrustés dans les cases, puis des photos de repérage avec des crayonnés superposés et enfin le rendu final) et enfin des reproductions de toiles de Hopper, de Vermeer ou d’Andrew Wyeth quand le metteur en scène allemand les évoque ainsi que des photogrammes issus de ses films.



Le québécois d’adoption révèle dans son récit qu’il a eu l’idée du « storyboard de Wim Wenders » après une discussion où il avait évoqué la célèbre BD reportage de Davodeau : « Les Ignorants ». Si vous aimez cet ouvrage, alors vous apprécierez cet album. Si vous aimez le cinéma il en sera de même et vous vous précipiterez sur le film (qui n’est pourtant pas le meilleur du réalisateur) en regardant les premières scènes d’un œil neuf et en prêtant attention à des détails qui vous avaient jusque là échappés. Cet album instructif sans être didactique donne l’impression d’être plus intelligent après sa lecture ! Mais l’on conçoit également que certains puissent s’ennuyer ou le trouver quelque peu hermétique.



Je remercie Babelio et la maison d’édition « La boîte à bulles » pour cette belle découverte !

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Le storyboard de Wim Wenders

A travers son expérience de storyboarder de cinéma, Stéphane Lemardelé nous raconte son métier et son travail lors de sa collaboration avec le cinéaste Wim Wenders sur le film « Everything Will Be Fine » en 2014.

Cette bande dessinée documentaire permet au lecteur de découvrir le métier de storyboarder et son rôle dans la réalisation d’un film. A partir du script du scénario, il y a les repérages et les prises de vue pour ensuite confectionner le storyboard scène par scène nécessaire pour le futur tournage…

C’est vraiment très intéressant de découvrir cette étape du travail pour la réalisation d’un film. De réfléchir à l’avance chaque image du film, plans larges, zooms sur un détail, les différents mouvements de la caméra… Stéphane Lemardelé nous explique avec précision le processus de son travail, il utilise les croquis de Wim Wenders superposés aux photos des repérages pour d’abord dessiner les principaux éléments de décor avant d’y installer les personnages et d’obtenir le dessin final en deux niveaux de gris.

L’autre intérêt de ce roman graphique, c’est la rencontre avec Wim Wenders qui a travers ses longs échanges avec Stéphane Lemardelé revient sur son parcours de cinéaste depuis ses débuts, ses influences et ses inspirations et sur la démarche créatrice qui l’a guidé pour chacun de ses films. Même pour quelqu’un comme moi qui ne s’y connait pas spécialement en cinéma, c’est passionnant et cela m’a donné envie de découvrir les films de Wim Wenders.
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Le storyboard de Wim Wenders

Stéphane Lemardelé voulait documenter le cinéma par le dessin depuis longtemps. C’est pendant la préparation du storyboard d’un film de Wim Wenders en 2014 qu’il a décidé de se lancer.



L’idée de faire une BD documentaire est donc née pendant les échanges riches que l’auteur a eus avec Wim Wenders lui-même. Des échanges qu’il nous fait partager et qui sont effectivement passionnants : Le réalisateur parle à merveille de son métier, de sa conception du cinéma, des liens avec la peinture et l’art en général et son désir de créer…



Au-delà de ces échanges, il est tout aussi intéressant de nous faire entrer dans les coulisses de la préparation d’un film. Repérages sur place, préparation des scènes, des cadrages, mise en dessin dans le storyboard… On suit cette préparation jusqu’au tournage de la fameuse première scène du film et le premier « coupez ! » de Wenders.



Je ne suis pas un spécialiste de cinéma, loin s’en faut et j’ai particulièrement apprécié d’être mené par la main pour apprendre, comprendre et écouter… c’est terriblement agréable de refermer le livre et de se sentir plus intelligent qu’on ne l’était avant de l’ouvrir.



C’est une discussion autour de l’album « Les ignorants » qui semble avoir déclenché l’idée de ce livre… Si tu as aimé la BD d’Etienne Davodeau, tu ne pourras qu’apprécier « Le storyboard de Wim Wenders ».

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Le storyboard de Wim Wenders

L'histoire d'un écrivain dont la voiture percute un jeune garçon qui traversait une route enneigée, c'est le résultat final. La BD de Stéphane Lemardelé elle, est une des coulisses du film. Celle d'un storyboardeur de cinéma qui retranscrit son expérience, ses échanges avec le réalisateur de Paris Texas. Stéphane Lemardelé s'y met en scène avec Wim Wenders et son directeur artistique. Il boit les mots du réalisateur : le tournage sera compliqué en 3D, avec un enfant et surtout, dans le froid mordant du Canada.



Le processus créatif de Wim Wenders



Stéphane Lemardelé dessine la neige, écoute, interroge. A l'intérieur, les plans sont fixes, autour d'une table, avec des tasses qui fument, au restaurant, les bottes dans l'entrée. Parfois des photos d'anciens films de Wim Wenders apparaissent, des captures d'écrans de Paris Texas, des Ailes du désir, de son documentaire sur Pina Bauch. Parfois, c'est une superposition, entre les croquis de Wim Wenders, les photos de repérages et le storyboard. C'est même le coeur de ce reportage dessiné.



J'ai été électrisé par Hopper. Pour moi, le cinéma est un prolongement de la peinture



On découvre au début, un Stéphane Lemardelé exalté à l'idée de travailler avec Wenders et puis au fil des planches et de ses questions, c'est le regard du réalisateur sur le cinéma, ses influences qui apparaissent. "J'ai été électrisé par Hopper. J'ai essayé d'avoir une structure identique, simplifier mes plans. Avoir des vues de l'intérieur vers l'extérieur et inversement. Pour moi le cinéma est un prolongement de la peinture." C'est un trésor que livre Stéphane Lemardelé. Il nous ouvre les portes d'un réalisateur complexe. On y apprend par exemple, que Wenders alterne les films avec scénarios et les films improvisés. En 1976, pour Au fil du temps, cas extrême : "Il n'y avait pratiquement qu'une seule page, la première scène." Pour Every thing will be fine, le scénario est ficelé. Stéphane Lemardelé glisse des pans de storyboard qui correspondent au plan près au film. C'est redoutable.



...



A sa manière, Stéphane Lemardelé fait lui aussi un portrait de Wim Wenders, mais il décrit surtout, sa démarche artistique, l'importance de la lumière, du décors parfait. Une histoire de cinéma. tout simplement. Le Storyboard de Wim Wenders chez La Boîte de la Bulles.



Laetitia Gayet, France Info
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Le storyboard de Wim Wenders

La matière parfois un peu touffue de l’album manque de respiration, malgré les superbes paysages d’Oka, petite ville proche de Québec. Heureusement, le dessin de Stéphane Lemardelé offre des couleurs éclatantes, avec un ciel bleu éclairant des paysages urbains saisissants et une nature pleine de variations. Il n’hésite pas à incorporer du noir et blanc, et même des images, tirées de films ou de séquences de travail.
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Le château de mon père

Quand ce livre est arrivé à la médiathèque, j'ai cru que c'était une adaptation d'un roman de Pagnol...pendant quelques minutes.... avant de me souvenir que le titre c'était "le chateau de ma mère".

Puis en regardant la couverture, j'ai reconnu le château de Versailles.

En feuilletant, j'ai pensé que les dessins me plaisaient bien.

mais il aura fallu plusieurs mois avant que je ne l'emprunte.

Et cette lecture est une grande surprise, car je ne savais absolument pas de quoi ça parlait.

Et j'ai trouve cela très intéressant.

Non Versailles n'a pas toujours été ce qu'il est aujourd'hui, il a même été assez dédaigné par la république. Et je trouve admirable ce travail de longue haleine mené par cet homme.

Je m'endormirai moins bête ce soir
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Le château de mon père

Quel coup de coeur pour ce roman graphique ! L'objet en lui-même est déjà superbe, c'est un plaisir de l'avoir en main : un grand album, relié de toile, dont la couverture illustre parfaitement le titre. Le château de Versailles, représenté de 3/4 aurait pu monopoliser cette 1ère de couverture ; or c'est une famille, de dos, aux enfants gambadant joyeusement, qui se détache nettement sur ce décor majestueux. Une famille dont le pivot central est le père, quasi au centre de ce lavis en noir et blanc.

"Le Château de mon père" est un hommage autant au domaine de Versailles, qu'à la figure paternelle que fut son conservateur en cette fin de XIXème siècle.



J'ai A-DO-RÉ visiter en noir et blanc ce château abandonné, comme endormi, oublié de tous, sous sa poussière monarchique, en des temps alors républicains.



Car le Château de Versailles ne fut pas toujours un joyau: après sa gloire au siècle du Roi-Soleil, fut un temps où le domaine traina sa mélancolie dans les vestiges silencieux d'un passé révolu. Versailles et son passé monarchique sont quelque peu encombrants dans le contexte d'une troisième république, souffrant de scandales (boulangisme, scandale des décorations, démission du Président Grévy...) générant une instabilité chronique. L'époque est trouble et l'on préfère se projeter vers la vision moderne d'une Tour Eiffel plutôt que de se retourner vers un passé que l'on préférerait enfoui.



Maïté Labat et ses accolytes livrent un roman graphique aussi beau que pertinent, dans l'angle de narration choisi. Raconter le château et sa quasi résurrection à travers le prisme d'un homme, (son conservateur, Pierre de Nolhac), mais aussi de sa vie intime familiale, et des évènements sociétaux et historiques, que l'homme, tout autant que le château, vont traverser.



Les auteurs traduisent pleinement cette incursion dans une autre époque. Ils savent attraper et figer ces petits moments, ce temps suspendu: le charme désuet d'une arrivée en fiacre, à Versailles, en octobre 1887... Il y a 134 ans. Ce n'est pourtant pas si éloigné de nous. Or, comme cette imagerie appartient à un autre monde ! Les hommes tout en barbe austère, les dames aux longues robes, encore bien corsetées; la voiture à cheval et les malles...



Le graphisme en noir et blanc, adouci de dégradés de gris, se prête délicieusement à la découverte de ces lieux, qu'un certain abandon a plongé dans une atmosphère surannée. Versailles n'est ici pas exposé dans une version dorée clinquante, mais au contraire, constitue une porte sur le passé. Y pénétrer, c'est pratiquer ce geste presque iconique de retirer les draps recouvrant un mobilier condamné au silence et à la poussière.

C'est le premier geste que fit Alix de Nolhac, accompagnant son époux, Pierre de Nolhac, lorsque ce dernier devient "attaché de conservation au Palais de Versailles" et s'y installe avec toute sa famille.



Ses déambulations dans un Versailles désert, notamment dans la Galerie des Glaces, sont un régal pour nos yeux. Que j'aimerais avoir ce privilège de flâner dans ce château où seuls mes pas résonneraient!

À son arrivée, Versailles est un lieu oublié, au point qu'il le qualifie de "Bel endormi", jolie référence au château de la "Belle au Bois dormant".



L'entrevue avec son supérieur, M. Gosselin, est savoureuse : alors que Pierre de Nolhac lui avoue que Versailles "n'était qu'un second choix" (puisqu'il visait en réalité un poste d'attaché à la Bibliothèque Nationale), cet homme d'un autre temps lui confie que les greniers du château regorgent de trésors, mais qu'en tant que conservateur, sa mission est de "n'en point ébruiter l'existence" !

L'ironie de cette fonction est aussi désopilante que révoltante quand on perçoit toute la valeur culturelle et historique d'un tel lieu, survivance d'une Histoire traversée par les révolutions et les guerres !



Quelle vision terriblement passéiste et désuète que de considérer incompatible le témoignage d'un passé monarchique avec le choix d'une société qui se veut moderne et républicaine (quoique finalement très conservatrice et inégalitaire, puisqu'il est bon de rappeler que le droit de vote des femmes n'est pas au programme,... contrairement au bagne colonial, qui lui, n'est supprimé qu'en 1945, quand celui des enfants ne fermera ses portes qu'en 1977!!! Juste un petit encart historique pour bien reposer le contexte !)



Les réflexions de M.Gosselin, ce conservateur hors d'âge, (comme un bon vieux Cognac oublié au fond d'une cave!), donne le ton à l'arrivée de Pierre de Nolhac: "Vous pouvez lire et même écrire des livres sur Versailles si ça vous chante, mais laissons en paix ce musée qui n'intéresse plus personne en ces temps républicains" (P.15)



Versailles est alors un appendice parisien oublié et trop éloigné, que la République peine toujours à assumer. N'étant clairement pas encouragé à valoriser ce "géant endormi", Pierre de Nolhac en revisite au moins l'histoire , en partant des personnages qui y sont emblématiquement liés: il publie ainsi un livre sur Marie-Antoinette.



C'est une véritable histoire de séduction et d'amour que le lien entre de Nolhac et Versailles. Il l'approche, l'admire, l'aime respectueusement, mais amoureux platonique, n'ose y imprimer sa marque.

Puis, défiant une opposition conformiste et butée, armé de son courage et d'une motivation sans borne, animé par une vision de ce que doit représenter Versailles, Pierre de Nolhac inlassablement en ressuscite l'esprit. Il y accueille des hôtes étrangers prestigieux comme le Tsar Nicolas II, organise des évènements destiné au public, glane dans d'autres fonds que ceux de Versailles (notamment au Louvre) des toiles de maîtres, n'hésite pas à ouvrir grand les portes aux mécènes, bref, il redonne vie à ce lieu jusqu'alors gardé sous cloche.



Mais au fur et à mesure qu'il s'absorbe dans Versailles (et que Versailles l'engloutit), il finit par délaisser sa vie de famille, laissant, derrière ses absences, une traînée d'amertume...

Si les auteurs retracent bien le cheminement de cette renaissance de Versailles et l'implication personnelle constante de Pierre de Nolhac, ils n'oublient pas de glisser, à l'orée de cette quasi relation passionnelle, les oscillations de la vie familiale faite de bonheurs, mais aussi des chagrins de la perte de deux enfants, du sentiment de délaissement d'une famille et des désillusions d'une épouse.



Il y a une forme de simplicité dans le graphisme, qui met très en valeur les contrastes de gris, noir et blanc. Les visages sont la plupart du temps stylisés de façon épurée, presque schématique, ce qui n'en donne que plus de force aux quelques portraits plus détaillés.



Confier la narration à la voix d'Henri de Nolhac, un des fils de Pierre de Nolhac (notre conservateur passionné), est un choix judicieux, qui confère à l'histoire son aspect intimiste et souvent touchant. Henri nous raconte son père, son dévouement qui confine à la dévotion pour Versailles, l'émulation permanente et l'investissement de toute son énergie dans un projet de réhabilitation du château. Henri témoigne, avec tout le respect d'un fils, des conceptions finalement très modernes et dynamiques de ce père lorsqu'il s'agit de revaloriser Versailles, pendant que parallèlement, il ouvre les portes de l'intime et dévoile un papa aux positions paradoxalement très conservatrices, qui finiront d'abîmer cette famille...



Si j'ai aimé cet éclairage des lieux par un enracinement familial, j'ai aussi beaucoup apprécié de traverser les évènements historiques dont Versailles fut témoin, mais aussi acteur. Car il reste un symbole: Versailles, lieu d'une Histoire de France qui veut se montrer glorieuse, couronnée par un Roi Soleil. Mais aussi lieu des plus vives contestations révolutionnaires, puis d'une humiliation cuisante: l'outrage de la signature du Traité préliminaire de paix de février 1871, par Bismarck, au sortir de la guerre, qui proclame l'empire allemand dans la Galerie des Glaces ! L'affront à une France vaincue par les Prussiens et dont nous savons qu'il constituera un profond ressentiment, socle des conflits à venir.

Vingt ans plus tard exactement, la visite imposée de l'impératrice, (mère du kaiser Guillaume II), le 19 février 1891, montre à quel point le lieu est emblématique historiquement et politiquement, puisque Pierre de Nolhac fit tout son possible pour ne pas s'afficher "aux côtés de l'ennemi" en pleine Galerie des Glaces!

Le roman graphique nous fait traverser la guerre de 14-18 et le chagrin qu'elle sème, jusqu'au 28 juin 1919, où Pierre de Nolhac fut aussi témoin de la signature du traité de paix.



On sent tout au long de ce roman graphique le solide travail de recherche, historique et familial, et le dossier en fin d'ouvrage est un régal. Regroupant documents photographiques, journalistiques, épistolaires, archives, dessins et peintures, ce dossier permet de prendre la mesure du travail conséquent des auteurs, et des sources dont ils se sont inspirés (notamment "La résurrection de Versailles", les mémoires de Pierre de Nolhac).



C'est toute une tranche d'histoire que nous dévoilent les auteurs et, lier ainsi un lieu qui reprend vie à la trajectoire d'un homme, plein de paradoxes et traversant les évènements de son temps, m'a beaucoup touchée. Si de Nolhac a redonné vie à Versailles, les quatre auteurs ont, eux, conféré une couleur particulière à l'histoire de Monsieur Pierre de Nolhac : une teinte de nostalgie empreinte d'affection



Une lecture qui me fut inspirée par Lucilou, qui, par sa chronique enthousiaste de décembre dernier, m'a aiguillée direction Versailles!
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Le château de mon père

Bien peu nombreux sont les monuments qui sauraient évincer le château de Versailles dans mon cœur et à cet égard, je suis un peu comme Pierre de Nolhac: la première fois que j'ai eu l'occasion de visiter Paris et ses alentours, je n'ai pas manqué de déclarer à mes parents que le plus beau dans la capitale, c'était Versailles. On pardonnera à mon jeune âge l'approximation géographique de mon assertion... Il n'empêche que ce jour-là, Versailles avait fait son entrée dans mon cœur et mon imaginaire pour ne plus en ressortir. Bien sûr, les années ont passé et avec elles, d'autres châteaux, d'autres découvertes et la naissance de mon amour fou pour la ville Lumière, mais j'ai gardé bien au chaud sa place à Versailles que je ne me lasse pas de visiter et de revisiter. A chaque fois, je me délecte de son histoire, de sa richesse... Je n'y peux rien: c'est de la faute à Alexandre Dumas et à Lady Oscar tout ça!

Forcément et à défaut de pouvoir m'y rendre autant de fois que rêvé, je dévore Versailles: films, musique (non, pas la série, elle est une abomination!), romans ou ouvrages documentaires... et je suis difficile.

Lorsque "Le Château de mon père" est sorti, j'ai été à la fois très attirée par ce bel ouvrage se proposant de mettre à l'honneur Pierre de Nolhac et le Versailles méconnu de la IIIème République et on ne peut plus méfiante: le livre aussi beau soit-il est l'objet d'une co-édition, la Boîte à Bulles partageant la vedette avec la "franchise" Château de Versailles. Il y a donc fort à parier que "Le Château de mon père" soit une commande... et qui dit commande ne dit pas toujours qualité... Manifestement, ce roman graphique a été conçu plus dans le but d'alourdir les rayonnages des boutiques de souvenirs que par vocation littéraire...

Néanmoins, comme j'aime vivre dangereusement, j'ai quand même suggéré avec plus ou moins de subtilité à mon Père-Noël de glisser l'ouvrage dans sa hotte. Heureusement, l'homme en rouge maîtrise et comprend divinement mes accès de finesse.

Et bien, et bien... Quelle bonne surprise que ce "Château de mon père" qui fait certes le récit de la résurrection de Versailles entre 1887 et 1930 mais qui en creux nous offre aussi l'histoire de la famille de Pierre de Nohlac à travers le regard de son fils Henri, comme le laisse d'ailleurs supposer son titre, clin d'œil et hommage évident à l'œuvre de Marcel Pagnol.



Nous sommes donc en 1887 et à cette époque, le château de Versailles tombe en décrépitude, un peu comme le château de la Belle au Bois Dormant. Il s'endort, se recroqueville sur lui-même, laissé à l'abandon par les visiteurs qu'il n'attire plus, par l'Etat, qui a bien autre chose à faire. La Révolution, jeune centenaire, l'a vidée de tout ce qui faisait sa somptuosité et il ne reste dans cet immense palais que les collections banales du musée de l'Histoire de France qu'a créé Louis Philippe. Pas de quoi tomber en pâmoison.

Pour la République, à quoi bon prendre soin de ce fleuron de l'Ancien Régime après tout?

Un homme pourtant, futur conservateur éclairé et visionnaire, va se passionner pour le chef d'œuvre de Louis XIV et y consacrer sa vie, son énergie et rendre au domaine sa splendeur d'antan, au détriment de sa vie de famille.

Cet homme, c'est Pierre de Nolhac qui prend ses quartiers à Versailles avec les siens cet automne-là et c'est son fils Henri qui, depuis 1935, où il visite son père malade et âgé, nous raconte l'épopée des Nolhac à Versailles.

Au fil de la lecture qui suit la chronologie des évènements avec quelques bonds en 1935, on prend la mesure du travail et de la volonté de Pierre pour que le château devienne le joyau patrimonial qu'il est aujourd'hui encore, on le suit dans ces projets, on le voit évoluer dans ce cadre gigantesque et sublime, on le voit devenir enfin ce conservateur émérite qui n'aura de cesse de résister aux architectes prêts à dénaturer les lieux, de chasser et pourfendre les copies, de révéler au grand jour les œuvres oubliées, de restaurer tout ce qui peut l'être.

On est aussi témoin de la force écrasante de ce cadre grandiose qui finit par l'engloutir tout entier, jusqu'à lui faire négliger les siens, on devine la solitude son épouse et la révolte de ses enfants pour qui le château se mût progressivement en un ennemi qui leur vole l'homme qu'ils aiment, ou qu'ils voudraient continuer d'aimer, malgré une certaine dureté.

J'ai beaucoup aimé la manière dont ces deux aspects s'entremêlent dans le récit, nous donnant à voir une histoire forte, passionnante et sous tension, sans aucun manichéisme. Si le récit rend hommage au travail et à la passion de Pierre de Nolhac, il n'omet pas sa part d'ombre ou les souffrances des siens et pose la question -d'une certaine manière- de la vocation et de sa place dans la vie d'un homme. C'est tout aussi passionnant que la résurrection du château de Versailles, mélange de labeur et de passion, de foi et de luttes administratives!

"Le Château de mon Père" ajoute encore une dimension à ce lieu magique, loin de Louis XIV, de la Pompadour ou de Marie-Antoinette, il fait la part belle aux artisans de l'ombre qui en ont aussi été les rois, pour nous permettre de nous repaître encore de sa beauté.

Le scénario est à cet égard virtuose car infiniment intelligent, quant aux graphismes, noir et blanc, mélancoliques, ils sont tout simplement magnifiques!

























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Le château de mon père

Ce titre m'a un peu induis en erreur car j'ai cru naïvement qu'il s'agissait d'une œuvre de Marcel Pagnol. Il faut dire que les personnages pouvaient correspondre à ce standard.



En réalité, il s'agit de relater la vie de Pierre de Nolhac qui s'installe en 1887 avec sa famille dans le château de Versailles laissé à l'abandon par la Troisième République. Ce dernier va consacrer une vie à le restaurer afin de lui rendre son prestige d'antan et il va y parvenir non sans quelques difficultés.



Il y aura par exemple la Première Guerre Mondiale où le château servira de refuge à des soldats blessés. Il y aura également la signature de l'armistice dans ce lieu hautement symbolique où Bismarck avait fait la même chose en 1871.



Je dois reconnaître qu'il a su mener à bien sa mission mais cela s'est fait au détriment de ses relations familiales car il a privilégié son château à son épouse et à ses enfants par exemple.



En effet, cet homme ne m'est pas du tout paru sympathique avec ses grands airs et le fait qu'il se considère comme le chef de famille régissant les mariages de ses enfants sans tenir compte de leurs sentiments. On dit qu'il a été le produit de l'éducation de son époque pour l'excuser. Certes.



Pour le reste, la lecture a été assez intéressante. On a du mal à croire qu'il y a moins de 150 ans, ce château était tombé dans l'oubli. Il a fallu toute l'obstination d'un homme pour le faire renaître. La France lui doit beaucoup incontestablement surtout au vu de ce qu'il a sacrifié pour y parvenir.

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Le château de mon père

Les dessins en noir et blanc m'ont quelque peu dérouté au départ. J'aurais aimé plus de couleurs. Mais au fil de la lecture on s'y habitue et on se rend compte que cela convient au thème de l'histoire.

Cet album est tout simplement passionnant. Le château de Versailles est au centre de l'histoire. On suit la vie de Pierre de Nolhac (1859-1936) et de sa famille qui devient conservateur du musée du château de 1892 à 1919. Il mettra tout son savoir-faire et son énergie pour remettre celui-ci en état au détriment hélas de sa famille. Le scénario est basé sur les mémoires du conservateur. Les dialogues sont très écrits et retranscrivent à merveille le langage et l'ambiance de l’époque. J'ai apprécié en fin de volume le dossier d’une douzaine de pages sur la famille de Nolhac et le château de Versailles commenté par Maïté Labat (photos de l’époque, lettres manuscrites, esquisses du dessinateur). Une vraie réussite.

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Le château de mon père

C'est bande dessinée est une vraie merveille. Elle a beau être en noir et blanc, elle n'en est pas moins chaleureuse ; elle respire la vie, le grand air, et la liberté ! C'est absolument fou de penser qu'il y a encore peu de temps, le château de Versailles était par endroit ouvert aux quatre vents et sujet à de tristes infiltrations d'eau. Les auteurs donnent chair à ce magnifique château en retraçant l'histoire de Pierre de Nohlac, celui qui, avec Louis XIV, aura peut-être le plus participé à la renommée du lieu.

Les auteurs et dessinateurs ont su avec talent se hisser à la hauteur de la majestueuse demeure.
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Le château de mon père

En 1887, Pierre de Nolhac est nommé conservateur du château de Versailles, pas vraiment une promotion quand on comprend dans quel état et surtout quel est l’intérêt que porte le ministère de la culture, ou plutôt son équivalent de l'époque, pour ce château qui incarne encore si fort la monarchie et l'ancien régime.

Pierre de Nolhac s'installe au château avec femme et enfants. D'autres enfants suivront, nés dans ce cadre certes somptueux mais qui dévore totalement la vie de Pierre de Nolhac, au détriment et pour le malheur de son épouse et de sa progéniture.

Henri, l'un de ses fils, nous conte ici son histoire. Il vient rendre visite à son père en mai 1935. Celui-ci est désormais conservateur du musée Jacquemart-André, très affaibli, il fini de rédiger ses mémoires sur les heures vécues dans le château de Louis XIV.



Quatre chapitres pour dire le retour à la vie de l'un des musées préféré des français et des touristes qui visitent la France. L’arrivée à Versailles (1887-1892), la redécouverte de Versailles (1892-1900), Versailles à la mode (1900-1913), Versailles entre guerre et paix (1914-1936). Puis un dossier composé de nombreuses photos et portraits conclue cette BD.

Les auteurs mêlent subtilement l'histoire de la renaissance du château à celle du délitement de la famille de Pierre de Nolhac. Cet homme si passionné par son métier et par ce qu'il envisage de faire à mesure de ses découvertes du château et de ses trésors n'aura pas su vivre à la fois son métier passion et sa vie de famille. Son absence ou son indifférence devant les nombreuses naissances, les décès de certains de ses enfants qui affectent durablement son épouse, puis le départ de celle-ci, montrent qu'il n'aura jamais su gérer avec autant de ferveur sa vie personnelle.

Par contre, la résurrection du château, la façon dont il a été protégé en particulier pendant la seconde guerre mondiale, les œuvres cachées ou exfiltrées en province, le Grand Canal et les nombreuses fenêtres occultés, et cette énergie mise à restaurer sans le dénaturer ce splendide ouvrage que l'Histoire lui a confié, parfois en se battant contre sa propre hiérarchie, ont fait de la passion et du dévouement de Pierre de Nolhac le musée que nous pouvons visiter avec tant de bonheur aujourd'hui.



Au niveau du graphisme, le parti pris du noir et blanc, avec ses dessins esquissés, les visages ou les traits parfois à peine définis, nous plongent dans le passé avec une subtilité qui ne se voit pas forcément de prime abord, mais qui devient vite une évidence. Rendant parfois bien sombre le majestueux château du Roi Soleil, sans doute pour être aussi en symbiose avec ce qu'il était à cette époque. La grande qualité de cet album vient aussi des éléments historiques fouillés, de véritables révélations pour ma part, tant il semble évident au commun des mortels dont je suis que ce château a toujours connu la même splendeur et le faste que nous pouvons admirer aujourd'hui.
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Le château de mon père

Je ne connaissais la figure de Pierre de Nohlac que vaguement ; quelle belle idée d'avoir utilisé le noir et blanc pour peindre un personnage aussi haut en couleurs !! Il faut imaginer ce château au début du siècle dernier triste et froid avant que le formidable conservateur du domaine ne rende au lieu, en un peu moins de 30 ans, toute la majesté qu'il mérite ! Dans ce roman graphique, le réel et la fictive s'alternent pour le meilleur.

La bibliographie sur le château de Versailles est abondante, mais jamais, à mon sens, l'histoire de Versailles n'avait été abordé sous cet angle. Les dessins de Alexis Vitrebert sont magnifiques.
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Le château de mon père

Versailles château royal ! Il se dit que ce château fut construit par Louis XIV sur la base d’un pavillon de chasse que Louis XIII affectionné. Il se dit aussi que Colbert n’appréciait pas cette dépense et cette idée, pour lui, seul Le Louvre était le véritable château des rois. Qu’à cela ne tienne ! Louis XIV veut son château qui marquera le monde. C’est chose faite. En 1682 Louis XIV y emménage avec sa cour.



Des empires, une restauration, des monarchies, des révolutions, des républiques, plus tard, Versailles n’est plus que l’ombre de son soleil. Trop royal pour la Troisième République, le château est plus un embarra qu’autre chose, surtout quand une impératrice allemande désire le voir.



Cela étant, un maigre budget est alloué pour ce vieux musée qui n’intéresse plus personne, et Pierre de Nolhac vient d’être nommé conservateur sous la direction de Gosselin qui lui fait bien comprendre que ce château n’a d’intérêt que pour écrire dessus mais non travailler dessus. Toutefois, suite à une conversation Pierre de Nolhac change d’avis, et ce dit que conserver et restaurer ce château est tout aussi important. Ça sera la mission de sa vie, une mission qui lui fera oublier un peu sa famille… Nous suivons donc ici sa vie, son œuvre, son combat pour la survie de ce château.



Père médiocre, homme d’un autre temps, ne jugeons cependant pas cet homme à l’aulne de ses relations familiales - sommes toutes classiques pour l’époque -, mais plutôt sur son combat contre une République un peu trop négligente avec ses rois. Car en effet, Pierre Nolhac, c’est ce passionné qui fera tout pour réveiller l’intérêt de ce château, et de débrouille en aide providentielle il y arrivera.

Mais comme cette histoire s’étale sur le temps long forcément l’histoire de la résurrection ne se fait pas sans accro. En effet, entre les ouvriers profanateurs et les évènements mondiaux comme la Première Guerre mondiale ce château connaîtra des ralentissements dans sa régénération, parfois même d’autres fonctions.



Vous l’avez compris cette BD c’est l’histoire d’un château qui renaît et d’un homme, mais c’est aussi bien plus que cela. Effectivement, ces pages sont aussi un coup de projecteur sur l’époque où nous voyons renaître de ses cendres le Paris de la belle époque. Ce Paris qui attire les talents artistiques, les esprits les plus audacieux, les femmes les plus élégantes, les grands de ce monde. Ce Paris bouillonnant, dont le nom fait encore rêver. Les auteurs nous ont vraiment plongés dans tout un contexte qui nous aide au final à mieux appréhender l’histoire du château. L’immersion est totale.



Avant de finir un petit mot sur les dessins. Pour être franche la BD n’est pas un genre que j’affectionne particulièrement, surtout si cette dernière est en noir et blanc. Toutefois, si je ne suis pas tombé en pâmoison devant les dessins (que je trouvais parfois un peu grossiers), je dois néanmoins avouer que la retranscription de la décrépitude du château ou le faste de certaines scènes était à la mesure du sujet. Les fissures que l’on n’a pas manqué de dessiner sur les murs, les papiers qui traînent parterre comme dans une vulgaire halle aux poissons, en passant par les marques d’un poulet fumant ou encore d’un voile nuageux en blanc volant, il faut bien admettre que le travail pour plonger le lecteur dans une époque, une sensation, un instant, a fonctionné efficacement.



En résumé c’était une lecture intéressante qui remplit bien son job, juste dommage de l’avoir reçu abîmée.
Lien : http://voyagelivresque.canal..
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Le nouveau monde paysan au Québec

J'ai découvert ce livre dans ma bibliothèque, le thème des nouveaux paysans et des expérimentations dans l'agriculture m'intéresse.



J'ai bien aimé cette bande dessinée qui présente différentes personnes ayant une activité agricole au Québec : l'ail, le miel, le maraichage, les insectes (!). C'est une succession de portraits de néo-paysans qui présentent leur projet, leur ferme. On y suit aussi les interactions avec les gens de la ville, à travers les commandes et également les chantiers participatifs à la ferme.
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Le château de mon père

Un Auvergnat, Pierre de Nolhac, a sauvé le château de Versailles ! Par son acharnement, ses compétences et une volonté admirable, cet homme a redonné vie au château. C’est grâce à lui que, depuis plus de cent ans, nous pouvons admirer ce que Louis-Philippe avait transformé en musée de l’histoire de France…



Maïté Labat et Jean-Baptiste Véber pour le scénario, Stéphane Lemardelé pour le storyboard et Alexis Vitrebert aussi pour le storyboard mais surtout pour le dessin, sont les auteurs d’une belle réussite, un superbe album lauréat du Prix BD attribué par Lecteurs.com et édité par La Boîte à Bulles et le Château de Versailles que je remercie.

Les auteurs ont eu l’idée de faire raconter l’histoire par Henri, un des fils de Pierre et Alix de Nolhac. Par un dimanche de mai 1935, Henri rend visite à son père, fatigué, qui dirige le musée Jacquemart-André, à Paris et rédige ses souvenirs du fameux château.

L’histoire est découpée en trois grandes parties : L’arrivée à Versailles, de 1887 à 1892 ; La redécouverte de Versailles, de 1892 à 1900 et Versailles à la mode, de 1900 à 1936.

Avec du rythme, des rebondissements, beaucoup de tension, l’histoire de Pierre de Nolhac, dans cet immense château qui lui capte toute son énergie, m’a captivé et beaucoup appris sur ce qui fut la véritable mise en valeur de ce joyau de l’architecture.

Henri intervient souvent pour rappeler aussi ce que fut leur vie de famille, les naissances des de ses frères et sœurs qui grandissent dans ce cadre somptueux. Hélas, ce cadre les dévore aussi. Le malaise va grandissant entre Pierre et Alix qui lui reproche d’avoir toujours mieux à faire et de la laisser seule avec ses enfants.

Pourtant, grâce à toute l’énergie qu’il déploie, Pierre de Nolhac qui se révèle assez psycho-rigide vis-à-vis de ses enfants prenant de l’âge, réussit à renverser les barrières dressées par ceux qui veulent que rien ne bouge.

Devenu Conservateur du château, fin 1892, il a les mains libres pour remettre au grand jour les œuvres oubliées, éliminer les copies, résister aux architectes pour les empêcher de dénaturer les lieux qui serviront de cadre à la signature de la paix, le 28 juin 1919.

L’épreuve de la Première guerre mondiale était surmontée. Le Grand Canal avait été camouflé et les verrières peintes pour ne pas attirer les avions ennemis alors que beaucoup de chefs-d’œuvre avaient été embarqués dans le Midi et d’autres cachés dans les caves.

Le château de mon père, Versailles ressuscité m’a passionné grâce à toutes les informations que cet album contient mais mon regard a aussi été captivé par la qualité de ses dessins et leur mise en page. Le choix du noir et blanc m’a un peu déçu, moi qui adore la couleur, mais je reconnais que ce choix a été judicieux car cela donne force et expressivité au dessin. Les images, les nuances de gris, la remarquable grandeur des bâtiments ou des salles est impressionnante. L’image montrant Pierre seul dans la Galerie des Glaces est prodigieuse !



Enfin, un dossier complète l’album et j’ai été très ému de découvrir toutes ces photos parfaitement légendées. Reflets d’une époque pas si lointaine et d’une famille, elles témoignent de l’importance et de l’intérêt de ce bel album dont le titre lance un clin d’œil complice à Marcel Pagnol.


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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