Citations de Stéphanie Félicité de Genlis (50)
Entreprendre de consoler quelqu'un qui veut être inconsolable, c'est lui disputer la seule consolation qui lui reste.
" On serait bien heureux si on pouvait s'abandonner soi-même comme on peut abandonner les autres. "
Quand on satisfait une véritable passion, on peut facilement se passer de renommée.
p.28
Les sots parlent beaucoup du passé, les sages du présent et les fous de l'avenir.
On s'étonne trop de ce qu'on voit rarement et pas assez de ce qu'on voit tous les jours.
Les passions se forment et s'enflamment plus facilement dans le monde que dans la retraite; mais c'est dans la solitude qu'elles se nourrissent : c'est là qu'il est dangereux de porter l'amour; il n'y guérit point. p.64
[...] elle sut trouver de grandes ressources dans l'adversité.
p. 20
La condition des femmes est, ainsi que toutes les autres, heureuse quand on a les vertus qu'elle demande; malheureuse, quand on se livre aux passions violentes, à l'amour qui nous égare, à l'ambition qui nous rend intrigantes, à l'orgueil qui nous corrompt et nous dénature. L'homme qui désirerait être une femme serait un lâche, la femme qui voudrait pouvoir devenir un homme ne serait déjà plus une femme.
(...)
Ne faites donc jamais imprimer vos ouvrages, ma chère Natalie; si vous deveniez auteur, vous perdriez votre repos et tout le fruit que vous retirez de votre aimable caractère. On se ferait de vous la plus fausse idée.
(...)
Vous perdriez la bienveillance des femmes, l'appui des hommes, vous sortiriez de votre classe sans être admise dans la leur. Ils n'adopteront jamais une femme auteur à mérite égal, ils en seront plus jaloux que d'un homme.
(...)
La gloire pour nous, c'est le bonheur; les épouses et les mères heureuses, voilà les véritables héroïnes. p.27
Moqueuse avec les gens ridicules, distraite et silencieuse avec les sots, elle se fit un grand nombre d'ennemis […].
p. 22
Dorothée fut toujours, dans tous les temps, plus heureuse que sa sœur, parce qu’elle eut une prudence parfaite et une raison supérieure ; elle n’eut point de renommée ; ses aventures ne furent point romanesques ; elle n’inspira point de grandes passions, on l’aima sans emportement, mais avec constance ; son nom, inconnu dans les pays étrangers, ne fut jamais prononcé dans le sien qu’avec estime et vénération ; elle fut utile à ses amis, elle fit le bonheur de sa famille ; tout cela vaut bien un roman : et cette félicité si pure vaut bien la célébrité d’une femme auteur. (p.99)
La grandeur d'âme qui s'élève au-dessus de l'envie et de la jalousie excite la surprise et l'admiration dans les hommes, et touche dans les femmes; il semble que toutes les vertus généreuses ne peuvent leur coûter d'efforts; elles ont en elles plus de charme que d'éclat, on les confond avec leurs grâces. p.56
"Grand Dieu ! s'écria -t-il, est-ce la petite fille, l'élève de la sage Mélinda que je viens d'entendre ? Quoi, sans aucune idée du monde, et sans vous mettre sous la sauvegarde d'un époux, vous voulez, à dix-sept ans, vous aller jeter dans le tourbillon de la cour !....."Cette espèce de reproche blessa Inès.
Je poursuivrai avec calme, persévérance et fermeté, ce que j’ai commencé. L’injustice et la calomnie ne pourront ni m’abattre ni me décourager (pp.86/87)
De la romance que j'ai chantée, de la sonate que j'ai jouée sur la harpe, rien ne reste ; ces plaisirs qui ne laissent aucune trace ressemblent trop à des illusions, il m'en faut d'autres.
[…]
-Pourquoi ? Si par la suite je devenais capable de faire des ouvrages utiles à la jeunesse, à la religion et aux mœurs, ne serait-ce pas un devoir de les rendre publics ?
p. 23-24
L'amour est fait pour être indiscret, la prudence même le trahit.
"Si vous deveniez auteur, vous perdriez la bienveillance des femmes, l'appui des hommes, vous sortiriez de votre classe sans être admise dans la leur."
- Je vous entends : vous pensez qu’une femme, en devenant auteur, se travestit aussi, et s’enrôle parmi des hommes. (p.25)
On s'étonne trop de ce qu'on voit rarement et pas assez de ce qu'on voit tous les jours.
L'amour n'apprécie que le temps présent, c'est de tous les sentiments celui qui s'occupe le moins de l'avenir; il craint d'y jeter les yeux, il n'est jamais sûr de s'y retrouver. p.60
L'homme qui désirerait être une femme serait un lâche, la femme qui voudrait pouvoir devenir un homme ne serait déjà plus une femme.