AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Steve Niles (113)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


October Faction, tome 1

Trois étoiles pour la qualité des dessins et des couleurs qui servent très bien une ambiance fantastique quelque peu confuse. On suit le fil quand même mais comme les protagonistes ont eux-mêmes pas mal d'explications à se donner sur leur passé, le lecteur peut se sentir un peu oublié.



Il arrive quand même à intégrer l'ensemble en évitant de se préoccuper de quelques détails. Pas de fin réelle puisqu'il s'agit d'un premier tome, à voir avec la suite...



Commenter  J’apprécie          600
October Faction, tome 2

Le premier tome m'avait laissé quelques espérances...



La qualité des dessins est toujours là, même si la répétition des scènes finit quand même par lasser. Pour l'histoire, je n'y ai trouvé guère d'intérêt. Les enfants veulent devenir chasseurs de monstres. Rien de neuf par rapport au premier tome. Les parents vont-ils finir par accepter?



Réponse à la fin. Inutile d'en dire plus.
Commenter  J’apprécie          590
Frankenstein : Le monstre est vivant - Intégr..

Le scénariste Steve Nils et le dessinateur Bernie Wrightson, imaginent une suite au célébrissime roman de Shelley.



Les illustrations de Wrightson ( à ce niveau, parler de dessins et hors-sujet !), sont tout simplement sublimes, dans un noir et blanc plus que maitrisé.



Malheureusement, Wrightson, décède avant de mener à terme cet ambitieux projet, c'est donc Kelly Jones qui illustre les dernières pages de ce roman graphique.



L'album des éditions Soleil, rend justice au travail des artistes, proposant un grand format bienvenu, et une galerie d'illustrations et de croquis qui constitue un véritable plus à l'ensemble.



Bravo et merci à l'équipe éditoriale qui a travaillé sur cet album, qui peut-être vu comme un hommage au grand artiste qu'était Bernie Wrightson (1948/2017).

Commenter  J’apprécie          240
30 jours de nuit

Eh ben voilà ! Ça c’est de l’histoire de vampire comme je les aime ! Finis les gitons de la Nouvelle-Orléans, place aux vrais prédateurs de la nuit. Et quel plus beau terrain de chasse pour ces prédateurs qu’une bourgade d’Alaska plongée dans la nuit pendant un mois. 30 jours sans soleil, 30 jours pour faire ripaille, et, pour les habitants, 30 jours à espérer d’être encore en vie lorsque le soleil se lèvera enfin.



Autour de cette brillante idée de départ, Steve Niles nous livre un survival horrifiquement efficace et bien rythmé. Mais ce qui fait la force de cet album, ce qui prend le lecteur par les tripes, l'avale et ne le recrache qu’à la dernière page, c’est l’excellent travail de Ben Templesmith. Certes le dessin du bonhomme est très atypique et peut sembler brouillon mais par un jeu sur les amas épais de couleurs où seuls quelques traits ressortent pour distinguer un visage, un objet, un détail du flou ambiant, le lecteur perd ses repères et étouffe dans une atmosphère oppressante et glauque.



En bref, 30 jours de nuit ne laisse pas indemne et, vraiment, si vous êtes amateur du genre ou juste curieux, lisez cette BD !
Commenter  J’apprécie          240
Frankenstein : Le monstre est vivant - Intégr..

Dès l’ouverture de ce comics, ce fut le coup de foudre pour les dessins. La pleine page qui présente le cirque Stenger’s Funland et ses représentations de Freak’s était magnifique.



Le noir et blanc va comme un gant à ce récit et augmente le côté dramatique au récit, chose que la couleur n’aurait pas si bien rendu.



Il y a une somme de détails dans chaque case, l’apogée arrivant lorsque nous visiterons l’atelier un peu spécial du docteur Ingels. Véritable bonheur pour les yeux !



Bon, assez parlé de la magnificence des dessins, passons au personnage principal et ensuite au scénario.



La créature du docteur Viktor Frankenstein n’a rien à voir avec celle vues dans les films. Ne cherchez pas des boulons ou des cicatrices vulgaires, il n’y en a pas. La créature est longue, filiforme, mais non dépourvue de muscles. Et elle est résistante.



C’est son visage qui fait dire qu’elle n’est pas vraiment humaine. Si je voulais faire une comparaison, je dirais qu’elle ressemble à Michael Jackson dans ses dernières années, surtout son nez…



Non, la créature ne fait pas si peur que ça. On peut comprendre que les spectateurs soient déçus, s’attendant sans doute à une horreur sans nom et se retrouvant devant une créature longiforme, aux longs cheveux et avec un visage d’Amérindien (le nez de Michael Jackson après opération ratée en plus). Les monstres ne sont pas toujours ceux que l’on pense…



Ce récit n’est pas l’adaptation du roman de Mary Shelley, mais plutôt une suite inventée de ce qu’aurait pu être la vie de la créature de Frankenstein. Ses souvenirs dans le Grand Nord, elle va nous les conter, poursuivie par le fantôme de son créateur qui lui crie sans cesse que sa mort sera trop douce.



Il y a peu de dialogues dans ce récit, on se retrouve face aux questionnements de la créature, à son apprentissage dans les livres du docteur Ingles, à sa solitude, à ses errements, à ses prises de conscience, à son dilemme.



Rassurez-vous, ce ne serons jamais des lamentations ou des jérémiades, mais de belles prises de conscience. Il y a une évolution dans l’état d’esprit de la créature et même si tout semble simple dans le récit, il n’en est rien, finalement, car il a de la finesse et de l’intelligence.



C’est un magnifique album que j’ai tenu entre mes mains, autant par les dessins que par le scénario, classique tout en possédant de la finesse dans le personnage de la créature.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          220
30 jours de nuit

L'adaptation cinématographique avait fait naître pour moi les vampires les plus flippants de l'histoire du 7e art. Je me devais donc d'en lire le comics. Une histoire courte un peu expédiée mais jubilatoire. Des dessins plus suggestifs que dans les détails et des couleurs contrastées sombres et vives tout à fait propices à l'ambiance froide et malsaine. j'ai beaucoup aimé et donc continuer la saga.
Commenter  J’apprécie          171
October Faction, tome 1

Vraisemblablement motivé par la sortie imminente de l’adaptation Netflix prévue pour le 23 janvier prochain, les éditions Delcourt se fendent (enfin) d’une traduction française pour October Faction.

Derrière cette série se cache le scénariste Steve Niles, surtout connu pour son 30 Days of Night en collaboration avec Ben Templesmith, qui fait cette fois équipe avec le dessinateur Damien Worm pour une présentation tout en noirceur rigolarde de la famille Allan.



La Famille Addams revue et corrigée

Comme à son habitude, Steve Niles nous plonge immédiatement au cœur du sujet et ne perd pas son temps en palabres inutiles : voici la famille Allan dont le patriarche, Fredrick Allan, est un chasseur de monstres à la retraite. Vivant confortablement dans un manoir lugubre au possible en compagnie de ses deux enfants, Geoff et Vivian, et de sa femme Deloris, il apprend que sa progéniture souhaite suivre ses pas en devenant à leur tour chasseurs de monstres. Le problème, c’est que le couple de Deloris et Fredrick semble battre de l’aile et que sa chère et tendre n’a trouvé qu’un moyen pour ranimer la flamme du désir : libérer Face de Robot, un vieux fantôme tout droit sorti du passé compliqué de son mari.

Voilà, pour la petite histoire. Comme vous l’imaginez, Niles ne tombe pas dans le verbeux et dissémine des allusions plus ou moins obscures au travail et au passé de son héros, Fredrick. Petit à petit, le lecteur fait la connaissance de la maisonnée et du meilleur ami loup-garou du papounet avant de se concentrer sur le premier antagoniste de ce volume, Face de Robot.

Comme souvent avec les premiers tomes, celui-ci introduit l’univers et pose les bases. Des bases noires et lugubres avec cette famille ultra-érudite en matière de monstres et autres noirceurs cachées du monde réel. Le ton, mi-rigolard mi-horrifique, rapproche curieusement les Allan de la famille Addams, la violence en plus.



Relations filiales

Pour accentuer encore le côté glauque de l’oeuvre, Niles a choisi de collaborer avec Damien Worm dont le style ressemble à s’y méprendre à celui de Templesmith. Les planches sont volontairement sombres, le trait râpeux et gothique. Graphiquement impressionnant, October Faction célèbre donc les relations filiales de façon théorique et littérale. Outre ce disciple avoué de Templesmith et cette galerie de personnages à l’arrière-goût Fétide, ces premiers numéros démontrent que les liens du sang ne sont pas les seuls à pouvoir former une famille, loin de là. C’est même ainsi que fonctionne le manoir des Allan, refuge de parias et d’orphelins. Reste alors le vrai méchant de l’histoire, Merle Cope, capable de revenir d’entre les morts pour une raison encore mystérieuse et dont la famille semble tout à fait répugnante... Mais que réserve-t-il vraiment aux Allan ? Une bonne question dont on espère avoir la réponse un jour avec la suite de la série.



Quelque part entre la Famille Addams, RED et Umbrella Academy, October Faction offre un nouveau terrain de jeu glauque et sanglant à Steve Niles où Damien Worm peut dévoiler l’étendue de son talent graphique. Une installation solide et fascinante dont on attend la suite avec une certaine impatience.
Lien : https://justaword.fr/october..
Commenter  J’apprécie          161
Breath of Bones: A Tale of the Golem

Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il regroupe les trois épisodes, initialement parus en 2013, écrits par Steve Niles, dessinés et encrés par Dave Wachter, sur la base d'une histoire crée par Niles & Matt Santoro. Il se termine avec 3 pages de recherches graphiques dans lesquelles l'artiste explique comment il a conçu la morphologie du golem et comment il compose ses images de couverture. Il s'agit d'une bande dessinée en noir & blanc, avec des nuances de gris.



En avril 1944, sur l'un des champs de bataille en Europe, un bataillon de soldats se bat contre les troupes allemandes dans une ville détruite par les bombardements. Noah, un jeune soldat, a bien compris ce que vient de dire leur officier : la guerre ne prendra fin que lorsqu'ils auront tué le dernier nazi. La victoire semble possible, mais il y a déjà eu tellement de morts dans leurs rangs. Le jeune se souvient de la question qu'il avait posée à son père quand il était encore un enfant : y a-t-il des monstres ? Son père était un homme qui avait toujours le sourire à la bouche, même dans l'adversité. Il avait simplement haussé les épaules. Quand il avait atteint quinze ans, Noah avait trouvé sa propre réponse à sa question. Une force maléfique avait envahi son pays, et les villages avaient succombé un par un sous les assauts de la haine de la peur et d'une terrible violence. Il y a de cela quelques années les hommes de son pays avaient commencé à défendre leurs villes, avaient été obligés de partir au champ de bataille, y compris son père. C'était il y a plusieurs années et Noah était encore trop jeune pour se battre.



Noah se souvient avoir regardé son père partir pour la guerre avec les autres hommes de la ville, presque une centaine. Il les avait suivis et leur avait fait signe de la main, tout du long, jusqu'à ce qu'ils soient happés par les ténèbres du crépuscule. Juste comme, ça, ils n'étaient plus là. Il était resté seul avec ses grands-parents. Dans son village, il ne restait plus que des vieux, hommes et femmes, des enfants et leurs mères. Noah s'était retourné vers son grand-père et lui avait demandé s'ils allaient revenir. Il avait répondu qu'il ne pouvait pas prédire le futur et que peut-être que oui, s'ils rencontraient le succès et parvenaient à tenir l'ennemi à distance. Noah avait demandé : et s'ils n'y arrivent pas ? Chaque soir les grands-parents et Noah écoutaient les informations à la radio : la nouvelle du débarquement, le risque de feintes et de diversions, la désinformation. Chaque jour, Noah allait s'assoir sur le mur faisant face à la route et regardait au loin pour voir si son père revenait. Un jour son grand-père était venu s'assoir à ses côtés pour discuter avec son petit-fils. Celui-ci avait senti que l'espoir de retour de son père n'était plus probable. Son grand-père lui avait dit que parfois les gens sont comme des tempêtes : ils peuvent être sombres et destructeurs, et ils peuvent devenir des monstres.



Steve Niles a acquis une notoriété certaine comme auteur d'histoire d'horreur avec 30 jours de nuit (2002), avec Ben Templesmith. Son écriture présente des caractéristiques particulières : une intrigue qui tient souvent sur un timbre-poste, à partir d'une idée forte, des personnages peu développés, et une grande latitude donnée à l'artiste pour qu'il contribue à l'histoire par sa personnalité graphique. Le lecteur ne s'attend donc ni à une reconstitution historique très étoffée, ni à une interprétation originale du mythe du golem, ni à une histoire complexe. De fait, le scénariste ne donne qu'une seule précision de date : la séquence d'ouverture se déroule en avril 1944. À part ça, les soldats se battent contre les nazis, mais impossible de reconnaître leur uniforme et d'en déduire le pays d'origine de cette armée. Le lieu de la bataille n'est pas plus précisé. Le lecteur s'y reprend à 3 fois pour s'assurer qu'il ne se cache pas une indication sur l'année pendant laquelle se déroule le reste du récit : effectivement elle n'est pas précisée. De même, le nom du pays où se trouve le village natal de Noah n'est pas mentionné, ni le nom du pays. Le lecteur est bon pour supposer qu'il s'agit d'un pays d'Europe centrale, au tout début de la seconde guerre mondiale, ou quelques mois avant. Il vaut mieux qu'il ne se pose pas trop de questions à ce sujet, sinon il finit par se dire qu'il n'a pas pu passer assez d'années entre les deux séquences pour que le garçon soit en âge d'être adulte avant la fin de la guerre.



De la même manière, il vaut mieux que le lecteur ne se lance pas dans le récit avec une trop grande attente sur la légende du golem. En faut, il est même préférable qu'il ne sache rien sur cette entité à la forme humanoïde constituée de terre glaise façonné pour défendre son créateur. Nulle mention des quatre sages qui inscrivent le mot EMETH sur son front, et encore moins du principe d'effacer une lettre pour composer le mot Mort. Niles se contente d'utiliser le folklore abâtardi : un corps de glaise et une volonté suffisent, aucune mention de la religion ou des croyances associées. Effectivement le scénario se résume succinctement : un officier allemand vient enquêter avec son chauffeur dans le village, suite à un nuage de fumée et au crash d'un chasseur britannique. L'armée allemande n'est pas loin, et le grand-père façonne un golem pour les défendre. Et voilà. Bon presque, il y a aussi la séquence d'ouverture en 1944, et celle en conclusion également en 1944 qui lui répond. Pour autant, cela ne veut pas dire que le scénariste prend ses lecteurs pour des idiots incapables de saisir une subtilité. Il sait évoquer en creux la tristesse du fils qui comprend confusément qu'il ne reverra jamais son père, ou le choix du grand-père de ne pas dissimuler la vérité probable à son petit-fils.



Steve Niles se montre tout aussi habile à mettre en scène le dilemme des villageois : dissimuler le pilote anglais et risquer qu'il soit découvert par les Allemands, laisser le pilote seul au village et fuir à pied vers le village le plus proche dans un véritable exode, livrer le pilote à l'envahisseur et espérer sa mansuétude. Il met en scène ce dilemme sans long discours, sans exposition pataude, dans de courts dialogues réalistes. Il utilise avec habileté les évidences d'une telle situation pour n'écrire que les particularités qui rendent son histoire unique. Il donne au lecteur ce qu'il attend : l'éveil du golem, sa relation avec Noah, et bien sûr un épisode d'affrontement entre le golem, les soldats de l'armée et les tanks. Le lecteur découvre exactement ce qu'il attend sans fioriture, sans surprise, mais avec une franchise sans chichi qui rend la lecture rapide et revigorante, une efficacité qui apporte le même contentement qu'un plat simple et bien préparé.



La carrière d'artiste de comics de Dave Wachter a commencé en 2004 : il dispose d'une certaine expérience quand il met ce récit en images. Il a donc fort à faire pour apporter de la substance à ce récit simple, pour rendre consistant une histoire rapide. Les personnages sont tous distincts et faciles à reconnaître, même si certains visages sont un peu raides parfois. La direction d'acteur est de type naturaliste, plutôt juste, permettant de croire en la réalité des différents protagonistes. Le dessinateur se tient à l'écart des stéréotypes des paysans, et il sait que les villages d'Europe centrale ont depuis longtemps dépassé le stade féodal. Le lecteur peut donc voir un village plausible, avec un urbanisme simpliste, des maisons réalistes, et des murs de pierre pour séparer les parcelles. Les nuances de gris apportent une consistance et un relief satisfaisants aux matériaux de construction et aux bâtiments. Le lecteur peut donc croire aux différents lieux : le village et ses maisons, ses fermes, sans château médiéval pseudo gothique au fond, l'intérieur de la grange reconvertie en atelier de forgeron pour le grand-père, avec les outils et la cheminée, la salle commune de la mairie où les villageois se réunissent pour décider de la conduite à adopter (se défendre ou fuir, livrer le pilote britannique ou le cacher). Il a effectué les recherches nécessaires pour dessiner correctement un avion de chasse britannique, ainsi que les chars allemands.



Bien sûr, le lecteur attend avec impatience l'apparition du golem puis son affrontement contre l'armée nazie. Dans la postface, l'artiste explique qu'il a travaillé son apparence, pour rendre compte qu'il s'agit d'un corps grossièrement modelé à partir de terre glaise, et pas un corps parfait, ce qui explique ses difformités anatomiques. Il évite également de lui donner une grande expressivité, son visage étant dépourvu de bouche et de nez : il reste indéchiffrable, le lecteur se rendant vite compte qu'il y projette une fois ou deux une émotion, alors que ce visage reste neutre. Il sait faire en sorte de toujours inclure un élément permettant de garder à l'esprit la taille du golem, que ce soit un être humain, ou un char. Les mouvements du golem sont un peu gauches ce qui est cohérent avec anatomie pas tout à fait bien proportionnée, et son absence de réelle volonté propre. Effectivement il est doté d'une force colossale et il frappe sans retenue ses opposants pour des planches dégageant une forte énergie. Cela incite tout naturellement le lecteur à le considérer comme un monstre sans émotion, et du coup il se rappelle la phrase du grand-père sur les humains qui peuvent devenir des monstres. Il peut alors établir une parallèle entre ces deux genres de monstres.



Une histoire qui se lit toute seule, rapidement, avec une pagination peu élevée. Le lecteur peut prendre ça comme un divertissement vite lu, vite oublié, de la fast-lecture sans beaucoup de substance. Il se rend compte que les deux créateurs mettent en œuvre une narration d'une fluidité remarquable, sans faute de goût que ce soit pour les villageois ou pour la religion juive. Il peut voir ça comme une preuve supplémentaire d'un récit superficiel. Il peut aussi l'envisager comme un divertissement de très bonne facture, sans prétention, si ce n'est de rendre hommage au mythe du golem de manière simple et directe.
Commenter  J’apprécie          140
30 Jours de nuit, Tome 2 : Jours sombres

Pas très convaincu par le style graphique qui parfois laisse le lecteur dans le flou. L'histoire, suite directe du tome 1, est en elle-même plutôt sympathique quoique assez banale. La toute fin donne tout de même envie de lire le 3e opus.
Commenter  J’apprécie          130
Mystery Society

Nick et Anastasia ont créé la Mystery Society pour dénoncer les complots et élucider les légendes urbaines. Alors qu’ils recrutent de nouveaux membres, ils sont confrontés à une agence gouvernementale dont ils viennent de braquer les locaux.



Je ne savais pas grand chose sur ce comics avant de l’acheter, si ce n’est le pitch très vague faisant référence à XFiles et aux Gentlemen extraordinaires. ça avait suffi à me donner envie d’y jeter un coup d’oeil et je n’ai pas été déçue par ma lecture.



Déjà, on est dans le bon gros nawak genre blockbuster, avec personnages improbables, mystères improbables et rebondissements tout aussi improbables (oui, ça fait beaucoup d’improbables 😆 ). Pour résumer: il y a beaucoup d’action, c’est fun et ça part dans tous les sens.



Les dessins sont sympas, avec des visages et des décors diversifiés. Ce n’est pas forcément un style que j’apprécie particulièrement, mais ça correspond bien à l’intrigue, même si j’ai trouvé que certaines planches manquaient un peu de finesse, notamment dans les détails des personnages. La mise en couleur joue sur des camaïeux qui varient en fonction des protagonistes qu’on suit et des lieux où on se trouve. Là encore, ça fait le job, mais ça manque un peu de subtilité.



Bref, une lecture très sympa et distrayante, que j’ai pris plaisir à découvrir. Je regrette qu’il n’y ait pas d’autres tomes.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
Commenter  J’apprécie          110
30 Jours de nuit, tome 4 : Au-delà de Barrow

Une horreur. Quel brouillon! Vraiment déplaisant à lire. Le traitement des couleurs que j'aimais tant dans les tomes précédents sont souvent tel le gribouillage d'un enfant. Une surenchère de style. A vouloir trop en faire, les auteurs on fait n'importe quoi. J'abandonne cette saga.
Commenter  J’apprécie          110
30 Jours de nuit, Tome 3 : Retour à Barrow

L'histoire est malheureusement répétitive et manque d'originalité. J'ai eu souvent l'impression que les dessins ont été bâclés, typique de cette saga. Le traitement des couleurs par contre me laisse toujours admiratif. Je ne suis pas pressé de lire le prochain tome mais je le ferai.
Commenter  J’apprécie          110
Freaks of the Heartland

Place aux jeunes

-

Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il regroupe les 6 épisodes initialement parus en 2004, écrits par Steve Niles, dessinés, encrés et mis en couleurs par Greg Ruth qui a également réalisé les couvertures. Il se termine par 6 pages d'études graphiques de Ruth.



Quelque part dans une zone rurale des États-Unis, un endroit appelé Gristlewood Valley, au début de vingtième siècle, un enfant sort de la ferme parentale isolée en courant et s'amuse dans les champs. L'adulte qu'il est devenu se souvient et se dit qu'il lui est difficile d'exprimer ce que ces jours pouvaient signifier pour lui à l'époque. Tant de malheurs se sont produits, et tout ça parce qu'ils étaient effrayés, inquiets du passé, terrifiés du futur. Quelle façon de vivre ? Le petit garçon s'amuse à tirer sur des ennemis imaginaires avec un faux pistolet. Il regarde le ciel et se rend compte que le soleil est en train de se coucher. Il doit rentrer, mais il a bien profité de ce moment de jeu. Il rentre en passant devant un groupe de pierres tombales, en pensant à l’absence de bruit d'oiseaux, juste le bruit du vent. Ses parents sont déjà attablés, sa mère Marion étant silencieuse, la tête baissée, son père Henry reposant la bouteille sur la table. Trevor Owen va s'assoir en répondant à son père lui reprochant son retard. Il se fait remettre à sa place, et se tait. Sa mère commence une phrase pour le défendre, et son mari se montre menaçant avec sa fourchette. Il se rassoit satisfait du respect craintif qu'il impose. À la fin du repas, il rappelle à Trevor qu'il doit laver son assiette, puis il lui dit qu'il doit aller nourrir son frère.



Trevor va prendre la clef accrochée sur le mur de l'entrée, et sort dans le noir, se dirigeant vers la grange. Il passe devant le tas d'ossements dans l'enclos adjacent. Il prend le seau qu'il remplit de nourriture et pénètre dans la grange. Il marque un temps d'arrêt pour allumer la lampe à pétrole. Il arrive enfin devant le corps hypertrophié de son jeune frère, et lui demande comment il va. Will répond que ça va, même s'il a froid et faim. Trevor répond qu'il essaiera de chaparder une couverture supplémentaire quand l'occasion se présentera. Il raconte à son frère qu'il est allé en ville ce jour et qu'il a vu un énorme camion tout neuf, aussi gros qu'un tracteur, d'un rouge vif. Il pense qu'il venait d'un endroit à l'extérieur de la vallée. Will demande si Trevor pense qu'à l'extérieur de la vallée c'est rouge, et ajoute qu'il a encore faim. Son frère lui répond que non, c'est le camion qui était rouge, et il pense que Will mange beaucoup pour un garçonnet de six ans. Il ajoute que parfois il voit des images dans sa tête qu'il ne peut pas expliquer, Will ajoute que c'est comme lui. Trevor indique que non, il n'est pas comme lui, que c'est Will qui n'est pas bien dans sa tête. Ce dernier lui attrape la cheville pour chahuter, Trevor parvient à se dégager, et Will est arrêté net dans son élan pour le rattraper, étant arrivé au bout de la longueur de la chaîne attachée par un collier autour de son cou. La voix du père retentit, sommant Trevor de revenir dans la maison. Il s'exécute, tout en indiquant à son frère qu'il reviendra pendant la nuit pour qu'ils fassent un tour dehors.



Au fil des années, Steve Niles est devenu le maître des récits d'horreur au rythme rapide, et à la trame simple. Il a acquis sa notoriété avec la série 30 jours de nuit, créée avec Ben Templesmith. Greg Ruth quant à lui a illustré plusieurs épisodes de la série Conan, écrite par Kurt Busiek. Il a la lourde tâche d'apporter de la consistance au scénario. En effet, l'écriture de Niles repose sur la création d'une situation à la dynamique simple, filée de manière linéaire, laissant beaucoup de place à l'artiste, ou faisant reposer une grande partie de l'histoire sur ses épaules. En l'occurrence, le jeune Trevor, pas encore un adolescent vit dans une ferme isolée, dans une région rurale des États-Unis sous la coupe d'un père abusif, et d'une mère soumise, par la force des choses. Son jeune frère est affligé d'une maladie d'origine inconnue qui a accéléré la croissance de son corps, mais pas celle de son esprit. Il est donc tenu à l'écart dans la grange et enchaîné. L'histoire raconte comment Trevor décide de s'enfuir avec son frère, et ce qu'ils découvrent dans les fermes avoisinantes, avec les efforts déployés par les adultes pour les rattraper et les abattre comme des animaux nuisibles. Et voilà. D'une certaine manière, il n'y a pas de quoi en faire 6 épisodes, sauf à décompresser la narration : il y a donc intérêt à ce que les dessins apportent quelque chose, et ne soient pas juste fonctionnels.



L'artiste détoure les formes en s'attachant plus à l'impression globale qu'à la précision du contour, ou au niveau de détail. Pour autant, dès la première page, le lecteur est transporté dans cette Amérique rurale, industrialisée, tout en paraissant surannée, les champs lui donnant une allure immuable. La page donne la sensation d'un environnement très concret, avec des couleurs typiques, c’est-à-dire la couleur des blés, par une journée un peu couverte. La mise en couleurs apporte donc texture, relief et ambiance lumineuse. Au fil des séquences, la mise en peinture apporte la texture et la couleur des blés, la pénombre de la nuit alors que le soleil vient juste de se coucher, et qu'il ne reste plus qu'une faible luminosité, mais pas de couleurs, la faible luminosité apportée par une lampe à pétrole, l'incandescence d'un crachat de flammes, la grisaille d'un jour incertain. L'artiste ne se sert pas de la couleur pour détourer des formes, mais pour apporter des impressions données par le ciel ou la nature du terrain, tout en respectant le détourage réalisé à l'encre. Il joue également sur les niveaux de noir, avec des zones encrées d'un noir profond et régulier, et d'autres zones peintes en noir, avec des variations d'intensité. Cela apporte une forte solidité aux dessins, un poids à chaque case, et des degrés de noirceur, parfois pour des ténèbres évoquant la violence et la méchanceté, d'autres fois plutôt une couleur rassurante, évoquant le fait que les enfants ont plutôt confiance a priori, même si le lecteur comprend bien que l'obscurité peut être aussi bien favorable qu'angoissante.



Les traits de contour sont souvent très fins, un peu irréguliers comme s'ils étaient mal assurés, mais sans jamais donner l'impression d'être rigide. La sensation de se trouver dans chaque lieu incite le lecteur à prendre du temps pour détailler les éléments représentés. Il se rend vite compte que ces dessins n'ont pas été conçus pour être lus ainsi. D'un côté, il reconnaît immédiatement chaque forme représentée, de l'autre s'il s'y attarde un peu, il se rend compte que la représentation peut être un peu naïve, ou un peu superficielle. Ce n'est qu'avec la combinaison de la couleur que chaque case devient une image complète avec une impressionnante force d'évocation. Il en va de même pour les personnages : s'il s'attarde un peu trop sur une silhouette, un visage, ou même la morphologie exacte de Will, le lecteur va se mettre à chipoter sur une proportion ou une cohérence d'une page à une autre. En revanche, s'il reste au niveau de l'impression globale, il ressent de l'empathie pour le caractère très sain de Trevor, pour l'envie de vivre de Will, pour l'accablement de Marion incapable de tenir tête à son époux, pour la colère de ce dernier.



Le lecteur prend plaisir à accompagner Trevor et son frère Will dans leur recherche de liberté. Il ne s'attarde pas trop sur le mystère de découvrir ce qui a provoqué la déformité de Will, ne sachant pas si l'auteur en donnera la raison, mais ressentant bien que cela n'a pas d'importance significative pour l'histoire. Il voit bien que Niles maintient son point d'équilibre instable entre une histoire qui est presque un reportage en temps réel, et un conte. D'un côté, Trevor et Will ont conscience qu'ils vont devoir trouver à manger, à s'abriter. D'e l'autre côté, la réaction des pères de famille est assez monolithique, sans réelle opposition, l'atmosphère de ville isolée relève du cliché de genre. Enfin le scénariste sort un ou deux rebondissements de son chapeau (le feu craché par Will) sans aucune explication, sans aucune consistance, car il n'en est plus jamais question. Dans le même temps, la narration visuelle apporte effectivement une consistance palpable à cette ambiance horrifique, ce qui est indispensable pour que la trame de Niles évolue en un récit consistant. Grâce à Greg Ruth, le lecteur s'immerge effectivement dans un environnement où l'horreur devient palpable : la maltraitance générée par l'autoritarisme de Henry Owen, la souffrance émotionnelle de Trevor qui voit son petit frère enchaîné, la haine des adultes envers les monstres, etc. Le récit devient alors une parabole poignante sur les souffrances que les adultes infligent aux enfants, sur leur peur de leur progéniture qui vient perturber leur chemin de vie tout tracé.



Les récits de Steve Niles sont souvent simples, avec le risque de devenir simpliste si l'artiste effectue un travail basique de mise en images. Pour ce récit, Greg Ruth fait bien plus que ça, avec une narration visuelle envoûtante, enveloppante, axée sur l'ambiance émotionnelle, très réussie. Du coup, le récit prend de l'envergure et devient une fable sur l'enfance et la peur des parents cherchant à canaliser et maîtriser ces êtres nouveaux et indépendants.
Commenter  J’apprécie          100
Dead, She Said

Ce tome comprend une histoire complète indépendante de toute autre. Il comprend les 3 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2008, écrits par Steve Niles, dessinés et encrés par Bernie Wrightson, et mis en couleurs par Grant Goleash. En fin de tome, il comprend également des dessins réalisés par Wrightson, majoritairement dans les années 1970. Cette histoire a été rééditée en noir & blanc dans The Monstrous Collection of Steve Niles and Bernie Wrightson, avec 2 autres récits : The Ghoul + Doc Macabre réalisés par les mêmes auteurs.



Joe Coogan se réveille dans la chambre de son meublé, perclus de douleur dans tout son corps. Il a l'impression que tout son matelas est imbibé d'une matière visqueuse. Coogan fait des efforts immenses pour ouvrir les yeux se demandant à quel point il était bourré la veille pour être dans un aussi sale état. Alors que la douleur dans son ventre se fait de plus en plus forte, il doit déployer des trésors d'énergie pour bouger sa main puis ses pieds, puis ses doigts. Il en est à souhaiter à ce que quelqu'un abrège ses souffrances en lui collant une balle dans la tête. Il poursuit ses efforts et parvient à se redresser sur son séant. Il pose les pieds au sol et il se tâte le ventre, y découvrant un trou, selon toute vraisemblance une blessure causée par balle. Il allume la lampe de chevet et regarde son ventre. Il se rend compte que ses intestins se sont dévidés et sont sortis de leur logement abdominal. Il se lève sans paniquer parce que vu son état il a largement passé ce stade. Il comprend que le liquide visqueux qui imbibe son matelas c'est son propre sang. Il se lève.



Coogan se dirige vers le coin cuisine. Il prend un rouleau de gros scotch rangé sous l'évier. Il retire sa veste et sa chemise et applique du scotch sur son ventre après y avoir remis ses intestins. Devant la glace, il se retourne et se rend compte que ses intestins se sont à nouveau fait la malle par la plaie béante dans son dos. Il remet à nouveau ses intestins dans leur logement et applique du scotch dans son dos. Il se rhabille, allume une clope, et prend un verre de whisky. Il décroche son téléphone et répond à l'appel : il s'agit de Walter, un inspecteur de police. Ce dernier souhaite savoir ce que Joe Coogan a fait la veille au soir car un témoin l'a vu se faire tabasser par Austin Cutlip (surnommé Sticks) que Coogan identifie immédiatement par sa description. Coogan prend son flingue dans le tiroir de la commode et sort. Il croise son propriétaire qui lui fait observer qu'il cornanche à s'en sauver. À l'extérieur de la ville, 2 enfants s'amusent à essayer d'attraper une grenouille. Pendant ce temps-là, le père est en train de terminer l'installation de la tente de camping, tout en rassurant sa femme sur le fait que tout va bien se passer, qu'elle n'a pas de raison de s'inquiéter. Alors qu'ils s'allongent dans l'herbe pour un câlin, ils sont attaqués par des fourmis géantes.



Le lecteur habitué des scénarios de Steve sait qu'il ne doit pas s'attendre à quelque chose de très compliqué. Il va s'agir d'un récit linéaire dans lequel un chasseur de monstre ou un monstre lui-même va s'en prendre à d'autres. Cependant avant même d'avoir entamé sa lecture, il lui sait grâce d'avoir concocté une intrigue pour Bernie Wrightson, pour lui avoir fourni l'occasion de se remettre au dessin, en plus pour illustrer des choses qui lui plaisent. Effectivement, comme l'annonce le titre, un individu passé de vie à trépas revient à la vie pour une raison indéterminée, sans explication de donnée dans le récit. C'est donc à lui qu'il appartient de mener l'enquête d'abord sur les circonstances de sa mort, ensuite sur une épidémie d'insectes tueurs géants. Steve Niles surprend quand même son lecteur avec le corps en train de se décomposer de Joe Coogan qui doit y parer le plus rapidement possible. Il utilise également le fait que Coogan ait été un détective privé ce qui le mêle à une enquête justifiant sa mort et son implication dans l'affaire qui s'en suit. Le scénariste rajoute un personnage féminin pour faire bonne mesure. Veronica Howard ne bénéficie pas de la même exposition que Coogan, mais elle n'est pas non plus cantonnée au rôle de potiche, et encore moins de demoiselle en détresse.



Steve Niles concocte donc un scénario sur mesure pour Bernie Wrightson afin qu'il lui soit donné de dessiner ce qu'il aime. Le lecteur retrouve donc un peu de gore (les boyaux de Coogan qui sortent de leur logement), de pauvres personnes confiantes attaquées par des insectes géants, une bibliothèque bien poussiéreuse, un laboratoire avec des cornues et une allure gothique, un monstre avec trop de bras, une séquence évoquant le bon docteur Frankenstein en train de travailler sur son monstre. En effet outre des histoires de monstres, entre autres, pour les magazines Warren , Bernie Wrightson est resté célèbre pour ses planches illustrant le roman de Marie Shelley Bernie Wrightsons Frankenstein (1983), ainsi que pour la suite Frankenstein Alive, Alive: The Complete Collection (2012-2014-2016). Avec le dessin en pleine page, le lecteur observe que l'artiste a utilisé un pinceau ou un crayon plus gros que pour les illustrations de Frankenstein, avec un rendu moins obsessionnel. Il note quand même que Wrightson a beaucoup travaillé la texture du drap imbibé de matière visqueuse, les ombres sur le mur, la texture des lattes de bois et du ciment du mur. Tout du long, il joue sur la forme des aplats de noir, un peu massifs mais très découpés, donnant de la consistance à chaque image. Il note également que Wrightson réalise des visages à la peau un peu lisse, même s'ils sont marqués de plis. La seule exception est celui de Coogan lui-même dont la peau se détériore au fur et à mesure des pages. Par contre le visage de Veronica Howard est lisse au point d'en devenir angélique.



Les personnages disposent tous de morphologies distinctes, mais les yeux sont souvent ronds. Du coup les expressions de visage ont beau être variées, elles manquent de naturel, de conviction. Wrightson a opté pour un langage corporel de type naturaliste. Il prend soin de représenter les décors avec une fréquence élevée. Le lecteur ne peut pas s'empêcher de trouver les intérieurs des appartements et des bureaux, assez quelconques, manquant de personnalité. De même les façades des immeubles manquent d'une touche gothique. Du coup, les séquences se déroulant en ville souffre du fait que le dessinateur se contient, et n'utilise pas de licence artistique pour apporter une touche expressionniste à ses descriptions. Le lecteur se résigne à une histoire un peu convenue, mais avec quelques éléments inattendus, et des dessins trop sages.



Ce n'est pas non plus une catastrophe : le lecteur peut voir la tension du corps de Joe Coogan alors qu'il essaye de bouger ses membres. Il apprécie la viscosité des intestins qu'il essaye de remettre à leur place. Il sourit en voyant la dextérité avec laquelle Wrightson met en scène le couple de campeurs, l'inquiétude sourde de la femme, l'assurance tranquille de l'homme. Il commence à se dire que l'artiste n'a pas perdu son coup de crayon avec le dessin en double page montrant le docteur Baxter s'occuper de ses pensionnaires, à la fois pour la mise en scène, à la fois pour la texture rocheuse. Il se dit même que Bernie Wrightson est au meilleur de sa forme avec un autre dessin en double page où Joe Coogan est allongé sur une table. Il retrouve en effet la minutie de ses dessins, pour les effets de texture sur la peau, les étranges bocaux en arrière-plan, l'étrange douceur de Veronica Howard qu'il est impossible d'interpréter comme la faiblesse d'une femme sans défense. Certes la narration visuelle manque parfois de conviction, de détails dans certaines cases, et peut se reposer sur des clichés… enfin des images donnant une impression de déjà-vu, ou plutôt déjà dessinés par Wrightson, c’est-à-dire déjà avec une forte personnalité graphique. Le temps d'un dessin, parfois d'une séquence, le lecteur retrouve la sensibilité si particulière à la fois horrifique et gothique des dessins de Bernie Wrightson et la magie opère comme au bon vieux temps d'Eerie & Creepy.



Cette histoire se lit rapidement, et Bernie Wrightson n'est pas au sommet de son art. Néanmoins Steve Niles a déjà écrit des histoires bien plus linéaires, et bien plus squelettiques. Il prend soin d'imaginer des séquences en phase avec les préférences de l'artiste, pour mettre en valeur ses points forts. En outre, il est possible que l'amateur apprécie de retrouver les figures classiques du mort-vivant avec une variation inattendue, du savant fou, et de la jolie demoiselle faisant bien plus que simple faire-valoir pour le personnage principal. Bernie Wrightson donne l'impression de s'appliquer jusqu'à en perdre sa saveur pour les séquences en civil, sans monstre et sans horreur. Parc contre, sa personnalité graphique revient à la surface dès que le récit s'engage dans une horreur plus graphique, plus gothique.
Commenter  J’apprécie          90
Frankenstein : Le monstre est vivant - Intégr..

Ce tome contient une histoire complète mettant en scène la créature de Frankenstein, après les événements survenus dans le roman originel. Il comprend les 4 épisodes, initialement parus en 2012 (numéros 1 & 2), 2014 (numéro 3) et 2018 (numéro 4), coécrits par Steve Niles & Bernie Wrightson, dessins, encrés par Bernie Wrightson (pour les épisodes 1 à 3) qui a également appliqué les nuances de gris. Pour l'épisode 4, Wrightson a réalisé le découpage des planches 1 à 19, et réalisé les dessins et l'encrage des planches 1, 2, 8, 10 et 11. Kelley Jones a dessiné et encré les planches 3 à 7, 9, 12 à 19 pour compléter l'épisode après le décès de Bernie Wrightson (27/10/1948-18/03/2017). Cet ouvrage s'ouvre avec une introduction d'une page rédigée par Steve Niles expliquant que ce projet fait suite à leur 3 précédentes collaborations (Dead she said, The ghoul, Doc Macabre) regroupées dans The Monstrous Collection of Steve Niles and Bernie Wrightson en VO. Il indique que le sujet et l'intrigue sont l'œuvre de Bernie Wrightson et que ce dernier avait lui-même choisi Kelley Jones pour terminer le dernier épisode, quand il avait compris qu'il ne pourrait pas le faire lui-même. Il se termine avec 20 pages reprenant des pages préparatoires de Wrightson.



Quelque part dans une zone rurale des États-Unis, à la fin du dix-neuvième siècle, ou peut-être au début du vingtième, le cirque Stenger's Funland s'est installé avec ses tentes, ses maisons, ses roulottes. Les curieux se pressent pour aller voir le monstre de Frankenstein dans l'une des tentes. La créature sait ce qui l'attend : dans un premier temps les curieux seront déçus car il ne ressemble pas à ce que la légende colporte sur son apparence. Il n'a pas de vis qui sorte du cou ou de la tête et cette dernière n'est pas plate. Déçu par son apparence, un gamin lui balance une tomate en pleine tête. La Créature sait qu'il est temps pour lui de réagir : il s'élance en avant, les bras grands écartés en poussant un cri. Tous les spectateurs sortent de la tente en hurlant, considérant qu'ils en ont eu pour leur argent, mais aussi réellement effrayés. Après la représentation, Frank (c'est ainsi que l'appellent les autres) rejoint ses collègues dans la grand tente. Ils l'ont accepté sans question, sans appréhension quant à son apparence. Il se souvient du moment où il se tenait dans le grand nord, sous la neige, devant un océan glacial, songeant à en finir avec la vie. À ce moment-là il avait entendu la voix du Baron Victor Frankenstein, l’interpellant en jugeant que c'était une issue trop facile pour sa créature. Il avait fini par se coucher dans la neige, et se laisser recouvrir d'une gangue de glace, en repensant à la manière dont il avait pris conscience de sa nature monstrueuse.



Des jours, des mois plus tard, sa tombe de glace avait fini par fondre et il avait repris conscience. Les morts qu'il avait causées lui pesaient toujours sur la conscience. Il avait repris sa marche, avec toujours l'idée d'en finir et le spectre de son créateur lui était apparu à nouveau. Cette fois-ci, la Créature s'approche d'un volcan en activité, tout en discutant avec son créateur de leurs échecs réciproques, l'un d'avoir donné la mort, l'autre de ne pas avoir réussi à créer un être parfait. Son corps finit recouvert par une coulée de boue qui forme une gangue protectrice autour de lui. Plusieurs mois plus tard, il est retrouvé par les membres d'une expédition et ramené dans la demeure du docteur Simon Ingles. Là, le docteur lui fait visiter toute une aile de son imposante demeure, et il y découvre une bibliothèque dont il va se plonger dans les ouvrages, profitant de cette hospitalité dépourvue de crainte.



En 1983, l'éditeur Marvel publie une édition de Frankenstein ou Le Prométhée moderne (1818) par Mary W. Shelley, comprenant une cinquantaine d'illustrations réalisées par Bernie Wrightson, sous le titre Bernie Wrightson's Frankenstein. L'artiste indique qu'il a passé 7 ans à réaliser ces somptueuses illustrations s'inspirant de l'œuvre d'artistes comme Franklin Booth, J.C. Coll et Edwin Austin Abbey. Lorsque l'éditeur IDW annonce le présent projet, il précise qu'il s'agit d'une suite directe du roman de Shelley tel qu'illustré par Wrightson. Dans son introduction, Steve Niles précise qu'il s'agit du projet de Wrightson qu'il n'a fait qu'aider à réaliser. Les auteurs effectuent bien la liaison avec le roman, la Créature éprouvant un dégoût de lui-même et cherchant à en finir. Ils utilisent des motifs propres à faire ressortir sa dimension gothique comme la manifestation du spectre de Victor Frankenstein, les individus au corps difforme du cirque montrés comme des monstres, les éléments déchaînés comme la mer ou la neige, l'imposante demeure du docteur aux pièces innombrables présentant des dimensions plus expressionnistes que réalistes. Il donne au lecteur, l'accès aux pensées de la Créature, distillant un état d'esprit désabusé sur sa capacité à avoir un comportement moral, désabusé quant à sa condition et à la réaction des êtres humains vis-à-vis de lui. Pour autant, il ne transforme pas son monologue intérieur en une succession de jérémiades, ou en un soliloque dépressif.



S'il a déjà lu des comics de Steve Niles, le lecteur sait qu'il va trouver une histoire linéaire simple, à l'intrigue légère. Au vu de ce qu'il découvre, il se dit que Bernie Wrightson a dû y contribuer car elle s'avère moins basique que du pur Steve Niles. Par contre, ils n'ont pas souhaité reprendre la structure de récits enchâssés du roman. Avec un peu de recul, le lecteur se dit que le premier épisode sert de transition entre le roman et l'histoire proprement dite de cette minisérie. Il s'agit d'établir l'état d'esprit du monstre et son évolution, ainsi que de montrer comment il passe de la falaise battue par la neige, à la demeure du docteur Simon Ingles. Il n'en reste pas moins que le lecteur est d'abord venu pour les dessins. S'il a suivi la carrière de Bernie Wrightson, il sait qu'il y a peu de chance qu'il retrouve les exquises illustrations de 1983 pour le roman. Il découvre la couverture sympathique et passe à la première page. La vue du ciel de l'installation du cirque montre des constructions assez simplifiées. Les 2 cases avec les gamins se précipitant vers la tente sont sympathiques, sans avoir le degré de détail obsessionnel des illustrations pour le roman. Les poses du présentateur sont assez convenues dans les 2 cases d'après. L'illustration suivante occupe une double page pour la révélation de la Créature devant le public. L'artiste s'est appliqué mais il n'a pas retrouvé la finesse des traits, ni même la richesse des compositions. Le lecteur revoit ses attentes à la baisse et se laisse porter par une narration visuelle efficace à raison de 3 ou 4 cases par pages, avec une Créature pas vraiment monstrueuse. Il établit tout de même la comparaison de ces dessins avec ceux de l'épisode 4 réalisés par Kelley Jones et il constate que Wrightson s'est plus investi dans les détails.



Dès la quatrième page de bande dessinée, le lecteur retrouve la sensation des pages de bande dessinée de Bernie Wrightson datant des années 1970/1980. Le choc de l'horreur visuelle est moins efficace, mais le goût de l'artiste pour les monstres reste évident. Puis la page 7 le transporte au bon vieux temps, avec la Créature de dos contemplant la mer agitée. Sans retrouver la myriade de petits traits fins, ou l'élégance des aplats de noir, le lecteur voit une composition saisissante : le positionnement des grandes masses et le rendu des textures, ainsi que l'attention portée à chaque centimètre carré de la page. Cette qualité se retrouve sur les 5 pages de la séquence. Bernie Wrightson change un peu sa manière de dessiner, ou plutôt de peaufiner ses cases dans les pages suivantes avec l'évocation du passé de la Créature. Là le lecteur retrouve la méticulosité du grand Wrightson donnant une consistance extraordinaire à chaque élément au point que le lecteur ressent l'impression d'être en train de les toucher. Il ne s'agit pas d'une séquence miraculée, car les compositions en double page dans l'intérieur de la demeure du docteur sont tout aussi somptueuses. Le rendu est un peu différent des illustrations du roman, car Wrightson fait usage de nuances de gris, mais aucunement pour cacher la misère. Les deux tiers des épisodes 2 & 3 ramènent ainsi le lecteur au bon vieux temps, mais plus simplement le projette avec une force de conviction remarquable dans ces endroits portant la marque des obsessions de son propriétaire. Les autres séquences de ces 3 épisodes bénéficient d'une narration directe, avec des dessins qui restent dans le registre de ces compositions en double page, même s'ils ne présentent pas le même degré de méticulosité.



Avec le quatrième épisode, le lecteur regrette bien sûr que sa santé n'ait pas permis à l'artiste de terminer son œuvre. Il se rappelle que l'influence de Bernie Wrightson était manifeste dans les premiers comics cde Kelley Jones au point d'y voir son fils spirituel sur le plan artistique. Jones s'appuie plus sur les nuances de gris pour finir les dessins. Il respecte l'esprit des croquis de Wrightson, sans y apporter le fini de l'artiste. Du coup, le lecteur prête plus d'attention à la structure des pages, à la manière dont Wrightson agence les cases et les prises de vue pour raconter son histoire. Il peut ainsi constater comment le positionnement et les postures des personnages participent à guider l'œil d'une case à l'autre, pour une lecture très fluide. Ainsi absorbé par la narration visuelle, il en vient presqu'à oublier l'intrigue. Wrightson sait doser les éléments réalistes et les éléments bénéficiant de la licence artistique pour renforcer les ambiances, souligner l'état d'esprit d'un personnage, jouer sur les émotions du lecteur. Sans être très originale, l'intrigue réserve quelques surprises et joue sur la dualité humain/monstre, et la relativité de ces deux conditions.



Pas forcément complètement confiant de la qualité de l'ouvrage, le lecteur ne peut résister à la tentation de retrouver ou de découvrir la Créature de Frankenstein mise en scène par Bernie Wrightson, maître de l'horreur gothique. Si l'entrée en matière peut lui sembler convenue et en deçà de ses espérances esthétiques, il découvre de fort belles pages de Bernie Wrightson, certainement pas venu pour cachetonner, mais totalement impliqué pour donner vie à sa vision de la Créature, pour opposer une forme de pragmatisme à l'avidité, et pour réaliser des planches habitées par une vision créatrice à la personnalité intacte.
Commenter  J’apprécie          90
Frankenstein : Le monstre est vivant - Intégr..

Cet ouvrage fascinant est d'une force rare et à apprécier à sa juste valeur. Le dessin, l'ancrage de Bernie Wrightson est hallucinant, la finesse et la sensibilité de ses illustration, la précision et la méticulosité... C'est bien ce qu'on retient en premier, mais il ne faut pas sous estimer le travail de Steve Niles, qui livre des textes très lumineux qui illustrent à merveille la poésie désespérée qu'inspire l'image, et l'univers de Mary Shelley.

Un ouvrage à avoir, à lire, à relire... Pour tous les amateurs de bande dessinée.

Commenter  J’apprécie          80
Criminal Macabre: The Big Bleed Out

Ce tome contient une histoire complète qu'il est possible de lire sans rien connaître du personnage. Il regroupe les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2019/2020, écrits par Steve Niles, dessinés, encrés et mis en couleurs par Gyula Németh. Seul le lettrage a été réalisé par quelqu'un d'autre Nate Piekos du studio Blambot. Le précédent tome de la série est Criminal Macabre: The Third Child (2015) qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Les autres aventures (ou déboires) de Cal McDonald ont été regroupées dans 3 omnibus : Criminal Macabre Omnibus Volume 1, Criminal Macabre Omnibus Volume 2, et Criminal Macabre Omnibus Volume 3.



Mo'Lock, un goule et l'assistant de McDonald, arpente les trottoirs d'un quartier défavorisé de Los Angeles, en montrant la photographie de son patron aux sans arbis attendant pour la soupe populaire. Sa tronche ne dit rien à personne. Il avise un camp de tentes en toile, dans une parcelle grillagée. Il y entre par acquis de conscience et il aperçoit un groupe de clochards en train de s'acharner sur un homme à terre. L'individu les encourage à frapper plus fort en les traitant de mauviettes. Mo'Lock entrechoque le crâne de deux d'entre eux, et suggère aux autres de se disperser. Il apprécie leur promptitude à obtempérer. Il s'approche de Cal McDonald qui fait mine de ne pas le reconnaître. Il décoche une bonne gauche à son patron, le rendant inconscient et le charge sur son épaule droite, en sac de patate. Il s'en va avec son chargement sous les yeux des sans-abris qui le regardent médusés, sans proférer une seule parole. Puis ils reprennent progressivement leurs activités.



Mo'Lock dépose son patron dans la baignoire de son petit pavillon de banlieue, et il ouvre le robinet d'eau froide. Cal McDonald gueule un bon coup, capitule et indique qu'il va se débrouiller tout seul. Quelques temps plus tard, il ressort propre et rasé de près de la salle de bain. Il décoche une bonne gauche dans le visage de Mo'Lock pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Ce dernier lui explique qu'il commençait à être inquiet car ça faisait plusieurs semaines que son patron avait disparu sans donner signe de vie. Il lui demande de lui raconter ce qui s'est passé. McDonald se fait prier parce que ça n'apportera pas grand-chose, mais il finit par raconter. Il y a donc plusieurs semaines de ça, il déambulait dans les rues de Los Angeles, boulevard Ventura, au volant de sa voiture, à la recherche d'une embrouille pouvant déboucher sur une affaire rémunérée. En passant devant une boîte de nuit, il a entrevu une magnifique femme rousse en train d'y entrer. Il s'est stationné dès qu'il a pu et il s'est présenté devant le videur à l'entrée de la boîte. Il ne lui a pas fallu parlementer beaucoup pour le convaincre de le laisser entrer. Dès qu'il a pénétré dans le bar, il a compris que toute la clientèle était des vampires. Pourtant aucun d'entre eux ne l'a attaqué. N'étant pas du genre à renoncer, il a commencé à gravir l'escalier en fond de salle, les vampires le regardant en lui souhaitant tous les malheurs du monde. À peine entré dans le boudoir de Victoria, la belle rousse, la porte s'est automatiquement refermée derrière lui.



Les lecteurs connaissant la série le savent déjà, ceux qui la découvrent s'en rendent compte très vite : Steve Niles est adepte de la série B, voire de la série Z. sa narration va droit à l'essentiel, sans s'embarrasser de quoi que ce soit. Il met en œuvre des clichés avec une régularité et une largesse sans borne : privé revenu de tout, enclin à des comportements à risque, et à la déprime louvoyant avec la dépression, se mettant en danger au prix de son intégrité physique et n'hésitant pas à cogner fort, voire à tirer sur son opposant, sans que cela ne dérange sa conscience le moins du monde. Il tombe bien sûr sous le charme d'une femme fatale, qui plus est une vampire, alors que l'autre facette de son métier de détective privé est de débiter tous les monstres qu'il croise sur sa route. Pour faire bonne mesure, le scénariste ajoute encore quelques autres clichés : des SDF sans identité propre et sans empathie, un amoureux transis prêt à faire feu sur son rival, la consommation excessive de clopes et d'alcool, une créature monstrueuse qui vit dans les égouts et qui y emmène ses victimes humaines, une course-poursuite en voiture, et, pour un soupçon d'originalité, un chasseur de vampire nommé Larry van Helsing. À ce niveau-là, ce n'est plus un hommage ou un récit de genre, c'est une convention fréquentée par tous les clichés imaginables du genre.



Le lecteur ayant accompagné Cal McDonald dans ses précédents déboires sait aussi que la narration visuelle est souvent en phase avec les caractéristiques d'écriture de Steve Niles, assez brut, parfois un peu fauchée. Il découvre le nom d'un artiste hongrois dont c'est le premier comics. L'apparence de ses pages colle bien avec la nature de la série : un trait de contour encré de manière un peu irrégulière pour faire ressortir l'âpreté de la réalité dans laquelle vit Cal McDonald, l'agressivité du monde qui l'entoure, l'usure provoquant des irrégularités, rien ne pouvant rester neuf ou intouché, même pas la femme fatale. Le lecteur peut voir les marques d'usure ou de saleté sur les vêtements des sans-abris, de Mo'Lock, de McDonald, de l'amoureux transi. Il perçoit les mêmes marques du temps qui passe sur les décors, que ce soit le pavillon très bon marché de McDonald, ou même le boudoir de Victoria. Sous une apparence qui peut paraître un peu esquissée par moment, l'artiste sait conférer une réelle personnalité visuelle à chaque protagoniste : l'élégance de Mo'Lock malgré sa son visage parfois un peu idiot et ses yeux rouges, l'aspect négligé de Cal McDonald mais aussi la tension permanente de son corps, la beauté gracile de Victoria, l'allure mangée aux mites de son amant, le monstre bien gluant dans les égouts, etc. Il ne s'agit pas de dessins à l'économie, ou réalisés à la va-vite, mais d'une apparence crue réalisée sciemment.



Le lecteur remarque ici et là comment Németh fait se compléter entre eux les traits encrés et la mise en couleurs. Il le constate avec les motifs imprimés de la robe d'une SDF dans l'épisode 1. Il en observe une démonstration éclatante avec les reflets orangés des lumières artificielles de la ville sur la carrosserie de la voiture de McDonald dans l'épisode 3. En continuant à y prêter attention, il voit que l'artiste installe une ambiance particulière dans certaines scènes en privilégiant une couleur déclinée en plus nuances : le gris du campement des sans-abris, le rouge carmin du boudoir, le vert de gris pour les égouts, etc. Le lecteur remarque que l'artiste ne s'économise pas sur la représentation des décors alors qu'il pourrait le faire discrètement avec des camaïeux de couleurs, ce qui permet de se projeter dans le pavillon à bas prix de Cal, dans le bar, dans les égouts, dans les rues de Los Angeles, dans un étrange bâtiment sans fenêtre. Il lui revient aussi de donner à voir l'horreur et il est très convaincant dans ce domaine : la déchéance physique de l'amoureux transi, les victimes du monstre des égouts, la boucherie dans le bar.



Le lecteur ne peut pas s'empêcher de noter que cette histoire se lit vraiment très vite, ce qui atteste à nouveau d'une intrigue linéaire, et d'une narration qui mise tout sur l'efficacité en jouant la carte du dépouillement. Cal McDonald tombe amoureux d'une vampire et ça se passe mal. Il ne faut pas s'attendre à une étude psychologique d'un personnage ou d'un autre, ou à une thématique philosophique ou métaphysique habilement entrelacée dans l'intrigue. Pourtant l'histoire ne peut pas être réduite à une collection de clichés de genre assemblés à la diable. Steve Niles est en forme et sait assembler ces clichés et ces stéréotypes d'une manière cohérente, construite et logique pour une vraie histoire, au cours de laquelle le comportement de Cal McDonald tient la route, ainsi que celui des autres personnages. En outre la narration visuelle apporte une réelle consistance à chaque scène, à chaque situation. Le lecteur se remet à douter le temps des dernières pages de l'épisode 3 en ne voyant pas comment Niles peut réussir à boucler son intrigue en seulement 1 épisode, alors qu'il est encore très loin du point de conclusion annoncé dans la première scène : McDonald dans un campement de fortune en train de se faire latter par des sans-abris. Pourtant il y parvient bel et bien, de manière satisfaisante, avec encore deux pages pour rappeler le degré d'égoïsme de McDonald complètement focalisé sur son malheur, incapable de prendre le temps de demander à Mo'Lock comment ça s'est passé pour lui pendant ce temps-là.



Décidément, Steve Niles n'est pas un scénariste comme les autres. Il est le roi de l'intrigue timbre-poste, à partir d'une idée originale, et de l'efficacité qui doit primer sur tout, y compris la consistance du récit. Le lecteur le ressent à la vitesse à laquelle il tourne les pages, et à la collection de clichés. Pourtant, cette bande dessinée est une excellente série Z, au point même d'en devenir une série B très satisfaisante, grâce à une narration visuelle très adaptée et consistante, et un scénario finalement un peu plus étoffé qu'à l'accoutumée.
Commenter  J’apprécie          80
October Faction, tome 1

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il contient les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2014/2015, écrits par Steve Niles, dessinés, encrés et mis en couleurs par Damien Worm, avec l'aide de Alyzia Zherno pour les couleurs de l'épisode 6, et avec un lettrage réalisé par Robbi Robbins & Shawn Lee.



À Gristelwood, une petite ville des États-Unis, Geoff Allan vient de sortir de l'herboristerie. Il voit sa mère monter dans une belle voiture de sport en compagnie d'un bel homme. Alors qu'il essaye en vain d'attirer son attention, il se fait héler par Phil, un camarade de classe qui commence à se montrer agressif envers lui en sous-entendant que ce type d'achat le classe d'office parmi les homosexuels, ce qui pour Phil constitue une insulte. Loin d'être intimidé, Geoff Allan le remet à sa place en sous-entendant qu'il sait très bien ce qui s'est passé lors de l'accident de voiture dans lequel Phil a été impliqué et qu'il a menti dans sa déposition. Pendant ce temps-là, le professeur Frederick Allan (le père de Geoff) termine son cours d'introduction sur les créatures surnaturelles en indiquant qu'elles sont tout autant d'actualité maintenant, qu'elles purent l'être dans la littérature passée. En sortant, il constate qu'il est attendu dans le couloir par Lucas, son ancien associé. Ce dernier lui propose d'aller prendre un verre, tout en lui demandant pourquoi il n'a pas profité des sommes gagnées lors de l'enquête sur la famille Harlow pour prendre sa retraite. Allan fait remarquer à Lucas que lui non plus n'a pas pris sa retraite.



Après avoir évoqué le bon vieux temps, Lucas lâche le morceau à Frederick Allan : il est également venu le voir parce qu'il a vu sa femme Deloris Allan prendre un verre en terrasse avec Merle Cope, et que celui-ci lui a subrepticement remis une clé dans sa main. Frederick Allan estime qu'une affaire extraconjugale aurait été moins alarmante. Ils se quittent en se serrant la main. De son côté, Vivian Allan est revenu à pied à la demeure familiale. Elle salue Saunders, la gouvernante, en entrant. Elle monte voir Son frère Geoff dans sa chambre. Il est tout excité en lui montrant un pentagramme tracé sur le sol. Il lui déclare avoir réussi : conjurer et faire apparaître un revenant. Vivian demande à en avoir la preuve ; son frère lui indique le placard de sa chambre. Elle l'ouvre et effectivement, il y a une revenante à l'intérieur. Ils estiment que cette réussite va leur permettre de convaincre leur père qu'ils sont prêts pour reprendre l'affaire familiale, lui succéder en tant que chasseurs de monstres.



En créant 30 days of Night avec Ben Templesmith en 2002, Steve Niles a entamé une prolifique carrière de scénariste de comics, spécialisé dans l'horreur. Il a par exemple créé un détective privé travaillant avec un goule dans Criminal Macabre également avec Ben Templesmith à qui a succédé Christopher Mitten. Il a également collaboré avec Bernie Wrightson pour Dead she said, The ghoul, Doc Macabre, regroupées dans The Monstrous Collection of Steve Niles and Bernie Wrightson. Il l'a aidé à réaliser Frankenstein Alive, Alive. S'il a déjà lu certaines de ces séries ou d'autres histoires écrites par Steve Niles, le lecteur sait à quoi s'attendre : une histoire directe et linéaire, racontée avec simplicité. Il est donc un peu surpris de voir que le scénariste prend son temps pour installer ses personnages, n'allant pas aussi directement au but qu'à son habitude. Il fait apparaître les 4 membres de la famille les uns après les autres, en évoquant le passé du père et de la mère par allusions légères. Frederick Allan est défini par une forme de nostalgie pour son passé, mais aussi un refus assumé de reprendre ses activités. Sa femme est définie par la suite avec un seul trait de caractère. Ses enfants ne bénéficient pas de beaucoup plus de caractéristiques. Le lecteur reconnaît bien là ce scénariste qui ne s'embarrasse pas de détails. Finalement, c'est Dante, leur premier ennemi dont l'histoire personnelle est la plus étoffée.



Steve Niles se focalise donc sur l'intrigue. Contrairement à son habitude, il sa narration est un peu moins linéaire, puisqu'il met en scène 5 personnages principaux, et un personnage secondaire important. La découverte de la situation se fait donc par les propos de ces différents personnages, et pas uniquement par un seul. En plus, il laisse planer un mystère quant à la motivation de Dante, son réel objectif, et la responsabilité que porte Frederick Allan dans son comportement. Au vu du court texte de quatrième de couverture et du premier épisode, le lecteur se dit qu'il va découvrir une histoire basée sur la chasse aux monstres, avec une fibre successorale pour les enfants souhaitant marcher dans les traces de papa. Il y a bien une demi-douzaine de monstres, mais il n'est pas vraiment question de les pourchasser, et la transmission des parents vers les enfants ne s'effectue pas comme annoncé. Le scénariste procède plutôt par petites touches en se faisant rencontrer les différents personnages progressivement, avec quelques informations à chaque fois, mais en nombre assez restreint. Cette manière de procéder laisse donc plus de latitude à l'artiste pour raconter l'histoire.



En découvrant la couverture et les premières pages, le lecteur se dit que Steve Niles a choisi Damien Worm pour la similitude de ses pages avec celles de Ben Templesmith. Il retrouve la même manière de dessiner des formes simplistes, parfois enfantines, le même intérêt limité pour les décors, et la même façon de construire des camaïeux à la texture un peu particulière pour remplir les fonds de case, ou plutôt pensés à l'échelle de la page pour immerger les cases dans une ambiance similaire. En y regardant de plus près, le lecteur observe des différences avec Templesmith. Pour commencer, la mise en couleurs n'est pas aussi sophistiquée. Les camaïeux sont plus uniformes avec moins de couches, et le plus souvent avec une approche plus naturaliste, en tout cas plus calquée sur les formes détourées, que pensée comme une couche venant se superposer aux dessins, sans s'astreindre à colorier dans les lignes. La narration visuelle s'en trouve moins expressionniste, et plus descriptive, tout en conservant cette sensation intense d'immersion dans une ambiance. De manière étrange, l'artiste peut changer de mode d'application des couleurs le temps d'une séquence ou d'une autre, sans raison narrative discernable. Il bascule d'un mode de représentation avec une apparence de photographie fortement altérée, à des dessins plus classiques avec des forme détourées à l'encre et des couleurs plus sages, plutôt que des textures.



Dans le même ordre d'idées, les personnages ne donnent pas l'impression d'avoir été rapidement gribouillés par un enfant de 5 ans (le tour de force de Ben Templesmith étant de donner vie à de telles représentations de personnages). Damien Worm représente ses personnages, avec des traits de contours assez frustes, sans lissage, sans réalisme, les noyant souvent dans les couleurs, sans que le lecteur puisse les détailler précisément. Toutefois, ils disposent tous de caractéristiques visuelles spécifiques, que ce soit leur coiffure, la forme de leur visage, leur tenue vestimentaire. Le lecteur peut donc facilement les identifier, même quand une sorte de filtre semble les recouvrir, rendant les détails un peu flous. Ce mode de représentation donne beaucoup de libertés à l'artiste : exagérer un peu les expressions de visage pour mieux faire ressortir une émotion ou un état d'esprit, leur attribuer des postures rigides pour marquer un comportement social codifié, ou au contraire leur donner des postures de pantins désarticulés pour rendre compte de leurs gestes brusques pendant les scènes d'action. Cela lui permet aussi d'intégrer des déformations monstrueuses sans solution de continuité avec des personnages normaux. Le lecteur se rend compte qu'il se laisse emporter par ces individus habitant un monde imbibé de surnaturel.



Toujours comme Ben Templesmith, Damien Worm ne manifeste qu'un intérêt poli pour les décors, et il ne se sent pas tenu de représenter. Il peut très bien se contenter des camaïeux en fond de case, voire en fond de page pour tout arrière-plan pendant une discussion. Le lecteur n'en est donc que plus surpris quand l'artiste investit du temps à représenter un environnement. En fait, Worm s'y intéresse dans le premier épisode, que ce soit une vue en pied de l'impressionnante demeure de la famille Allan, ou un étrange pendule en forme de lame qui rappelle une nouvelle d'Edgar Allan Poe. Ce n'est qu'à partir de l'épisode 2 qu'il passe moins de temps sur les décors. Mais les camaïeux installent une ambiance si forte que le lecteur en vient à ne pas remarquer l'absence des décors. Avec quelques éléments simples, Worm sait indiquer où se situe l'action, situer les personnages les uns par rapport aux autres, donner des indications sur le volume et la géométrie des lieux. Par ailleurs, de temps à autre, le lecteur découvre un décor plus fouillé aux caractéristiques inattendues comme la salle à manger des Allan, un jardin où se déroule une fête d'anniversaire pour des enfants, le salon des Allan, une pièce souterraine dévolue aux soins médicaux artisanaux. La narration visuelle de Damien Worm fonctionne donc bien, et le lecteur sourit régulièrement devant une exagération qui capture bien l'esprit second degré des scénarios.



Damien Worm n'est donc pas Ben Templesmith, mais ses dessins possèdent leur charme propre, différent, même si l'approche visuelle est moins sophistiquée, moins sarcastique et moins cruelle que celle de Templesmith. Le lecteur se laisse donc emporter par cette histoire de famille spécialisée dans le surnaturel, avec un père qui souhaite se retirer des affaires, et des enfants qui font tout pour qu'il leur transmette son savoir. Le récit est alors moins horrifique et moins sarcastique que prévu, recelant une chaleur humaine inattendue. L'intrigue de ce premier tome est moins linéaire que les histoires habituelles de Steve Niles, avec des surprises, des enjeux qui se développent progressivement, un récit focalisé sur la présentation du lien familial un peu élargi, avec une différence d'aspiration entre les 2 générations. À l'issue du tome, le lecteur se dit qu'il reviendra bien volontiers pour le tome 2 afin d'en découvrir plus sur Opal et les revenants, et pour se replonger dans cette narration visuelle décalée. 4 étoiles du fait d'une impression de prologue.
Commenter  J’apprécie          80
Kick Ass - The new girl, tome 2

Ce tome fait suite à Kick-Ass: The New Girl Volume 1 (épisodes 1 à 6, par Mark Millar & John Romita junior) qui introduit la nouvelle porteuse du costume, après Dave Lizewski. Il contient les épisodes 7 à 12, initialement parus en 2018, écrits par Steve Niles, dessinés et encrés par Marcelo Frusin, avec une mise en couleurs réalisée par Sunny Gho.



Suite à ses débuts dans le costume de Kick-Ass, Patience Lee (vétéran de la guerre en Afghanistan) continue de nettoyer son quartier dans la ville d'Albuquerque, au Nouveau-Mexique. Ce soir-là, avec son gang, elle investit un laboratoire clandestin de crack appartenant à Hector Santos. Des femmes en bikini préparent la poudre sous la surveillance d'hommes armés. Kick-Ass fait irruption et envoie un direct du droit dans le visage du garde le plus proche. Cela ouvre un échange de coups de feu entre ses hommes et les gangsters, les premiers prenant garde de mettre les femmes à l'abri. La destruction du site se déroule sans difficulté particulière. Le responsable va rendre compte à Hector Santos qui l'abat d'une balle en plein front et qui charge son second Wallace d'enquêter sur elle. Il retient également son idée que ce Kick-Ass doit déjà s'être fat d'autres ennemis. Juste après, Patience Lee s'est rendue au diner où elle a un boulot de serveuse. Alors qu'elle finit sa journée, sa sœur Edwina entre dans l'établissement. Elle lui explique qu'elle craque parce que son mari Maurice est toujours dans le coma, ce qui réconforte Patience en son fors intérieur, à la fois parce qu'elle responsable de son coma, à la fois parce qu'il connaît son identité secrète, et qu'en plus c'était un des hommes de main d'un caïd local.



Edwina ayant refusé son invitation à venir manger chez elle, Patience Lee rentre chez elle. Un soir suivant, en tant que Kick-Ass, elle mène à nouveau ses hommes dans un raid contre une maison de passe tenue par l'équipe d'Hector Santos. À nouveau, ils font le nettoyage par le vide, abattant tous les truands présents sans faire de tri, et libérant les femmes se prostituant, pour les emmener dans un refuge spécialisé. Kick-Ass mène l'assaut et progresse plus rapidement que son équipe dans le bâtiment. Elle se retrouve bien vite à l'étage, alors que les autres sont encore en bas. Quand ils font sortir les prostituées, ils se font canarder par des mecs en embuscade. Ils abattent tout le monde sauf un (Benson) qu'ils capturent et emmène. Kick-Ass comprend qu'elle est coincée dans une souricière.



Mark Millar & John Romita junior y avaient été franco pour cette nouvelle version de Kick-Ass : une femme noire et mère célibataire, vétéran de guerre avec un emploi de prolétaire, sœur mariée à un truand, habitant un quartier pourri. Ils avaient ainsi redéfini leur personnage, et chargé la barque en termes de définition sociale d'un individu prisonnier d'une forme de sous-prolétariat, esclave d'un boulot lui permettant à peine de joindre les 2 bouts. Pour autant Patience Lee s'était avérée d'une rectitude moral exemplaire. Les créateurs l'avaient laissé à la tête du gang dont elle avait exécuté le chef, et également laissée à une autre équipe créative. Steve Niles est un scénariste aguerri créateur et auteur de séries comme 30 days of night avec Ben Templesmith, Criminal Macabre avec Christopher Mitten, ou encore assistant pour Frankenstein Alive, Alive: The Complete Collection avec Bernie Wrightson. Le lecteur sait qu'il peut attendre de lui un scénario avec une intrigue linéaire et directe, une forme de narration dur-à-cuire, et des scènes d'action sèches et pragmatiques. Effectivement, il reprend les éléments caractéristiques conçus par Millar & JRjr, et continue dans la droite lignée.



Avec Niles, Patience Lee reste une jeune femme d'une rectitude irréprochable, ne se servant qu'un salaire de soldat sur les butins qu'elle confisque aux criminels, continuant à travailler comme serveuse, et attentive à sa fille, ainsi qu'à la détresse de sa sœur dont le mari est dans le coma. Le lecteur n'a pas besoin d'en savoir plus, et d'ailleurs la personnalité de Patience Lee n'est pas plus développée dans ces 6 épisodes. Le seul moment sortant vraiment du lot se passe quand elle va s'inscrire à l'université avec sa fille. Côté intrigue, le lecteur trouve un solide fil conducteur : Kick-Ass a décidé de continuer à nettoyer son quartier des différentes activités illicites et elle continue à foncer dans le tas, et à réfléchir après. Ce n'est pas une tacticienne : le lecteur peut donc comprendre qu'elle commette la même erreur plusieurs fois de suite, ou trouver qu'elle aurait dû apprendre de ses erreurs. En face, les criminels apparaissent vite comme peu compétents. Ils la ratent une première fois parce qu'ils n'ont pas bien apprécié sa détermination, et parce qu'ils ne disposent pas de son entraînement de soldat. Lorsqu'elle se retrouve en face à face avec Wallace, le lecteur tique un peu qu'il n'arrive pas à la blesser plus grièvement. À partir de là, il est entendu pour le lecteur qu'elle va continuer à foncer dans le tas et à triompher en persévérant, quels que soient les assaillants, peu importe à quel point les apparences semblent contre elle. Steve Niles respecte le cahier des charges imposé par Millar : de l'action, une femme que rien n'impressionne, un soupçon de tension dramatique avec les membres de sa famille, et le retour d'un autre vétéran. Arrivé à l'épisode 12, le lecteur est tenté de passer complètement en mode second degré tellement le gros méchant en armure se fait avoir comme un débutant, et comment Hector Santos se fait avoir encore plus bêtement.



Le lecteur se fait un plaisir de retrouver les dessins de Marcelo Frusin qui avait illustré la série Hellblazer pendant quelques années : John Constantine, Hellblazer Vol. 14: Good Intentions avec Brian Azzarello ; John Constantine, Hellblazer Vol. 16: The Wild Card avec Mike Carey, et qui avait réalisé une autre série avec Azzarello : Loveless VOL 01: A Kin of Homecoming, un western. À l'époque, il semblait très influencé par Eduardo Risso, avec de larges aplats de noir, aux formes fluides. Il apparaît rapidement que l'artiste réalise des dessins avec une plus grande densité descriptive, et moins d'aplats de noirs, préférant un registre narratif plus classique. Cette apparence est renforcée par la mise en couleurs très travaillée de Sunny Gho. Il utilise une approche naturaliste, avec une volonté systématique de nourrir chaque surface par des variations de nuances qui viennent à la fois rehausser le relief de chaque élément détouré, donner des informations sur la texture et sur l'éclairage, tout en accentuant discrètement le contraste entre les surfaces pour qu'elles ressortent mieux les unes par rapport aux autres. Cette mise en couleurs nourrie prend souvent le pas sur les traits encrés dans l'impression générale, apportant une continuité visuelle dans toute les séquences, sans tomber dans l'uniformité, et supplantant parfois la force des traits encrés pour devenir prépondérante dans l'impression générale d'une case.



Il faut donc un peu d'attention au lecteur pour apprécier les dessins de Marcelo Frusin, pour les déconnecter de la mise en couleurs. Il apprécie rapidement sa capacité à donner vie à des personnages bien distincts, avec une réelle plausibilité pour les civils normaux (Edwina la sœur de Patience, la fille de Patience, les figurants dans le restaurant ou à l'université), avec une touche discrète de genre pour les criminels. Frusin ne se montre pas moqueur envers ces derniers : il ne les caricature pas. Il se contente d'appuyer un petit détail par ci, un autre par là : Wallace semble impassible en toute circonstance derrière ses lunettes de soleil, Violencia encaisse la douleur sans un signe visible sur son visage, Hector Santos regard les pires violences avec un détachement étudié, etc. Le lecteur voit bien que ce sont des criminels endurcis, ayant une solide expérience dans l'usage de la force et du sadisme, affranchis de toute empathie à tel point qu'ils en deviennent difficiles à croire au premier degré. Par ailleurs, l'artiste réalise un travail soigné : des décors présents avec une bonne régularité dans les cases, réalistes avec un bon niveau de détails ce qui permet au lecteur de croire à chaque endroit. Il sait mettre en scène les affrontements, de manière à ce que la succession de coups portés soit logique et compréhensible, sans pour autant aller jusqu'à la chorégraphie esthétique. Les coups portés font mal, laissent des traces, des blessures. Les balles d'arme à feu perforent la chair et laisse des trous nets, sans exagération de recul ou de déchiquetage des victimes.



Steve Niles & Marcelo Frusin prennent la succession de John Romita junior & Mark Millar, en respectant à la lettre le cahier des charges de la série. Le lecteur sait ce qu'il est venu chercher et c'est exactement ce qu'il trouve : une histoire violente de règlements de compte, avec une héroïne dont il est sûr qu'elle triomphera sans y laisser trop de plumes. Sur la base de ce contrat tacite, il a le plaisir de lire une histoire de construction classique, rapide et sans intellectualisation, avec des dessins soignés et compétents, complémentés par une mise en couleurs généreuse et appropriée. 4 étoiles pour un récit de divertissement, sans second niveau de lecture social ou psychologique, une forme de violence cathartique sans prétention.
Commenter  J’apprécie          80
Freaks of the Heartland

Un village isolé, des enfants monstres enfermés et cachés par les gens du village, voilà la situation.

Le frère d'un des enfants monstre ne supporte plus tout ça et surtout ne supporte plus que son père frappe et menace son frère à tout va, la suite c'est à vous de la lire mais franchement ça vaut le coup.

C'est une histoire étrange et assez dure c'est vrai, mais au delà de ça c'est surtout une histoire sur la différence et la tolérance, dommage que les textes et dialogues ne soit pas plus développés car ici tout est fait de phrases courtes qui on tendance à nous faire tourner les pages plus vite et de finir rapidement notre lecture.



Visuellement assez bon, ce One-shot de 100 pages est tout en teintes allants vers le sépia. Un carnet de croquis d'une quinzaine de pages est présent en fin de livre.
Commenter  J’apprécie          80




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Steve Niles (293)Voir plus

Quiz Voir plus

Les Fourberies De Scapin.

Qui est Octave pour Hyacinte ?

Son frere
Son pere
Son amant
Son valet

8 questions
464 lecteurs ont répondu
Thème : Les fourberies de Scapin de MolièreCréer un quiz sur cet auteur

{* *}