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EAN : 9782351002346
176 pages
Semic (20/12/2007)
3.75/5   14 notes
Résumé :
Sous les cieux menaçants du centre des États-unis, et dans le cœur blessé de toutes les familles composant une minuscule communauté rurale, un terrible secret sommeille depuis trop longtemps. Dés lors, un jeune homme nommé Trevor doit tenter de protéger son jeune frère Will avant que celui-ci ne devienne la victime des peurs les plus incontrôlées des villageois, incapables de comprendre le secret tragique qui relie leurs familles.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Place aux jeunes
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il regroupe les 6 épisodes initialement parus en 2004, écrits par Steve Niles, dessinés, encrés et mis en couleurs par Greg Ruth qui a également réalisé les couvertures. Il se termine par 6 pages d'études graphiques de Ruth.

Quelque part dans une zone rurale des États-Unis, un endroit appelé Gristlewood Valley, au début de vingtième siècle, un enfant sort de la ferme parentale isolée en courant et s'amuse dans les champs. L'adulte qu'il est devenu se souvient et se dit qu'il lui est difficile d'exprimer ce que ces jours pouvaient signifier pour lui à l'époque. Tant de malheurs se sont produits, et tout ça parce qu'ils étaient effrayés, inquiets du passé, terrifiés du futur. Quelle façon de vivre ? le petit garçon s'amuse à tirer sur des ennemis imaginaires avec un faux pistolet. Il regarde le ciel et se rend compte que le soleil est en train de se coucher. Il doit rentrer, mais il a bien profité de ce moment de jeu. Il rentre en passant devant un groupe de pierres tombales, en pensant à l'absence de bruit d'oiseaux, juste le bruit du vent. Ses parents sont déjà attablés, sa mère Marion étant silencieuse, la tête baissée, son père Henry reposant la bouteille sur la table. Trevor Owen va s'assoir en répondant à son père lui reprochant son retard. Il se fait remettre à sa place, et se tait. Sa mère commence une phrase pour le défendre, et son mari se montre menaçant avec sa fourchette. Il se rassoit satisfait du respect craintif qu'il impose. À la fin du repas, il rappelle à Trevor qu'il doit laver son assiette, puis il lui dit qu'il doit aller nourrir son frère.

Trevor va prendre la clef accrochée sur le mur de l'entrée, et sort dans le noir, se dirigeant vers la grange. Il passe devant le tas d'ossements dans l'enclos adjacent. Il prend le seau qu'il remplit de nourriture et pénètre dans la grange. Il marque un temps d'arrêt pour allumer la lampe à pétrole. Il arrive enfin devant le corps hypertrophié de son jeune frère, et lui demande comment il va. Will répond que ça va, même s'il a froid et faim. Trevor répond qu'il essaiera de chaparder une couverture supplémentaire quand l'occasion se présentera. Il raconte à son frère qu'il est allé en ville ce jour et qu'il a vu un énorme camion tout neuf, aussi gros qu'un tracteur, d'un rouge vif. Il pense qu'il venait d'un endroit à l'extérieur de la vallée. Will demande si Trevor pense qu'à l'extérieur de la vallée c'est rouge, et ajoute qu'il a encore faim. Son frère lui répond que non, c'est le camion qui était rouge, et il pense que Will mange beaucoup pour un garçonnet de six ans. Il ajoute que parfois il voit des images dans sa tête qu'il ne peut pas expliquer, Will ajoute que c'est comme lui. Trevor indique que non, il n'est pas comme lui, que c'est Will qui n'est pas bien dans sa tête. Ce dernier lui attrape la cheville pour chahuter, Trevor parvient à se dégager, et Will est arrêté net dans son élan pour le rattraper, étant arrivé au bout de la longueur de la chaîne attachée par un collier autour de son cou. La voix du père retentit, sommant Trevor de revenir dans la maison. Il s'exécute, tout en indiquant à son frère qu'il reviendra pendant la nuit pour qu'ils fassent un tour dehors.

Au fil des années, Steve Niles est devenu le maître des récits d'horreur au rythme rapide, et à la trame simple. Il a acquis sa notoriété avec la série 30 jours de nuit, créée avec Ben Templesmith. Greg Ruth quant à lui a illustré plusieurs épisodes de la série Conan, écrite par Kurt Busiek. Il a la lourde tâche d'apporter de la consistance au scénario. En effet, l'écriture de Niles repose sur la création d'une situation à la dynamique simple, filée de manière linéaire, laissant beaucoup de place à l'artiste, ou faisant reposer une grande partie de l'histoire sur ses épaules. En l'occurrence, le jeune Trevor, pas encore un adolescent vit dans une ferme isolée, dans une région rurale des États-Unis sous la coupe d'un père abusif, et d'une mère soumise, par la force des choses. Son jeune frère est affligé d'une maladie d'origine inconnue qui a accéléré la croissance de son corps, mais pas celle de son esprit. Il est donc tenu à l'écart dans la grange et enchaîné. L'histoire raconte comment Trevor décide de s'enfuir avec son frère, et ce qu'ils découvrent dans les fermes avoisinantes, avec les efforts déployés par les adultes pour les rattraper et les abattre comme des animaux nuisibles. Et voilà. D'une certaine manière, il n'y a pas de quoi en faire 6 épisodes, sauf à décompresser la narration : il y a donc intérêt à ce que les dessins apportent quelque chose, et ne soient pas juste fonctionnels.

L'artiste détoure les formes en s'attachant plus à l'impression globale qu'à la précision du contour, ou au niveau de détail. Pour autant, dès la première page, le lecteur est transporté dans cette Amérique rurale, industrialisée, tout en paraissant surannée, les champs lui donnant une allure immuable. La page donne la sensation d'un environnement très concret, avec des couleurs typiques, c'est-à-dire la couleur des blés, par une journée un peu couverte. La mise en couleurs apporte donc texture, relief et ambiance lumineuse. Au fil des séquences, la mise en peinture apporte la texture et la couleur des blés, la pénombre de la nuit alors que le soleil vient juste de se coucher, et qu'il ne reste plus qu'une faible luminosité, mais pas de couleurs, la faible luminosité apportée par une lampe à pétrole, l'incandescence d'un crachat de flammes, la grisaille d'un jour incertain. L'artiste ne se sert pas de la couleur pour détourer des formes, mais pour apporter des impressions données par le ciel ou la nature du terrain, tout en respectant le détourage réalisé à l'encre. Il joue également sur les niveaux de noir, avec des zones encrées d'un noir profond et régulier, et d'autres zones peintes en noir, avec des variations d'intensité. Cela apporte une forte solidité aux dessins, un poids à chaque case, et des degrés de noirceur, parfois pour des ténèbres évoquant la violence et la méchanceté, d'autres fois plutôt une couleur rassurante, évoquant le fait que les enfants ont plutôt confiance a priori, même si le lecteur comprend bien que l'obscurité peut être aussi bien favorable qu'angoissante.

Les traits de contour sont souvent très fins, un peu irréguliers comme s'ils étaient mal assurés, mais sans jamais donner l'impression d'être rigide. La sensation de se trouver dans chaque lieu incite le lecteur à prendre du temps pour détailler les éléments représentés. Il se rend vite compte que ces dessins n'ont pas été conçus pour être lus ainsi. D'un côté, il reconnaît immédiatement chaque forme représentée, de l'autre s'il s'y attarde un peu, il se rend compte que la représentation peut être un peu naïve, ou un peu superficielle. Ce n'est qu'avec la combinaison de la couleur que chaque case devient une image complète avec une impressionnante force d'évocation. Il en va de même pour les personnages : s'il s'attarde un peu trop sur une silhouette, un visage, ou même la morphologie exacte de Will, le lecteur va se mettre à chipoter sur une proportion ou une cohérence d'une page à une autre. En revanche, s'il reste au niveau de l'impression globale, il ressent de l'empathie pour le caractère très sain de Trevor, pour l'envie de vivre de Will, pour l'accablement de Marion incapable de tenir tête à son époux, pour la colère de ce dernier.

Le lecteur prend plaisir à accompagner Trevor et son frère Will dans leur recherche de liberté. Il ne s'attarde pas trop sur le mystère de découvrir ce qui a provoqué la déformité de Will, ne sachant pas si l'auteur en donnera la raison, mais ressentant bien que cela n'a pas d'importance significative pour l'histoire. Il voit bien que Niles maintient son point d'équilibre instable entre une histoire qui est presque un reportage en temps réel, et un conte. D'un côté, Trevor et Will ont conscience qu'ils vont devoir trouver à manger, à s'abriter. D'e l'autre côté, la réaction des pères de famille est assez monolithique, sans réelle opposition, l'atmosphère de ville isolée relève du cliché de genre. Enfin le scénariste sort un ou deux rebondissements de son chapeau (le feu craché par Will) sans aucune explication, sans aucune consistance, car il n'en est plus jamais question. Dans le même temps, la narration visuelle apporte effectivement une consistance palpable à cette ambiance horrifique, ce qui est indispensable pour que la trame de Niles évolue en un récit consistant. Grâce à Greg Ruth, le lecteur s'immerge effectivement dans un environnement où l'horreur devient palpable : la maltraitance générée par l'autoritarisme de Henry Owen, la souffrance émotionnelle de Trevor qui voit son petit frère enchaîné, la haine des adultes envers les monstres, etc. le récit devient alors une parabole poignante sur les souffrances que les adultes infligent aux enfants, sur leur peur de leur progéniture qui vient perturber leur chemin de vie tout tracé.

Les récits de Steve Niles sont souvent simples, avec le risque de devenir simpliste si l'artiste effectue un travail basique de mise en images. Pour ce récit, Greg Ruth fait bien plus que ça, avec une narration visuelle envoûtante, enveloppante, axée sur l'ambiance émotionnelle, très réussie. du coup, le récit prend de l'envergure et devient une fable sur l'enfance et la peur des parents cherchant à canaliser et maîtriser ces êtres nouveaux et indépendants.
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Un village isolé, des enfants monstres enfermés et cachés par les gens du village, voilà la situation.
Le frère d'un des enfants monstre ne supporte plus tout ça et surtout ne supporte plus que son père frappe et menace son frère à tout va, la suite c'est à vous de la lire mais franchement ça vaut le coup.
C'est une histoire étrange et assez dure c'est vrai, mais au delà de ça c'est surtout une histoire sur la différence et la tolérance, dommage que les textes et dialogues ne soit pas plus développés car ici tout est fait de phrases courtes qui on tendance à nous faire tourner les pages plus vite et de finir rapidement notre lecture.

Visuellement assez bon, ce One-shot de 100 pages est tout en teintes allants vers le sépia. Un carnet de croquis d'une quinzaine de pages est présent en fin de livre.
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D'entrée, la couverture découpée de cet album, laissant apercevoir une silhouette dessinée en première page, intrigue.

L'histoire de cette minisérie repose pourtant sur les poncifs du genre horrifique. Un petit bled perdu où vit une communauté totalement repliée sur elle-même. Une Amérique profonde qui, tout comme dans "Missing" ou "Welcome to Hope", se prête particulièrement bien au développement de récits sombres. Une ambiance rurale du fin fond des States propice au cauchemar et une petite bourgade isolée qui, au fil des pages, distille son lot d'abominations et d'horreurs qui se cache derrière ce décor typiquement américain.

Steve Niles ("30 jours de nuit", "Criminal macabre"), n'a pas l'habitude de faire dans la dentelle et livre ici à nouveau une ambiance sombre et oppressante et des personnages qui ont l'habitude de régler leurs problèmes et différents à coups de fusil. Pourtant, l'auteur nous livre ici un récit plus intimiste que d'habitude en mettant en scène deux frères à l'amitié touchante
et en abordant des thèmes tels que la tolérance et la différence. Car si Niles utilise à merveille ce cadre rural propice au drame, il exploite également le côté isolationniste de ces villageois terrifiés par l'inconnu.

Graphiquement, le travail de Greg Ruth est splendide. de véritables peintures qui mettent en place un décor rural extrêmement réaliste et par-dessus des flashs de violences et une alternance de couleurs en phase avec cette intrigue emplie de fantastique.

Bref, une trame classique mais très efficace, mêlant horreur, surnaturel et réalisme, et deux personnages centraux qui dans leur dissemblance font un peu penser à la Belle et la Bête.
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C'est toujours bon de découvrir de nouveaux auteurs dans un genre qui n'est pas de prédilection. le graphisme en aquarelle m'a littéralement envoûté par son côté à la fois réaliste et mature.

Pour l'histoire, on a droit à une n-ième version de l'enfant difforme qu'on cache dans une grange dans une ferme isolée d'une vaste campagne. Les habitants sont de véritables boeufs incultes. Heureusement que l'enfance conserve son humanité face à une situation totalement intolérable. La haine ou la honte peuvent aveugler. Les monstres ne sont pas ceux qu'on pense. Bref, des thèmes qu'on connait tous déjà par coeur.

Ce qui fait la différence en l'espèce, c'est à la fois un traitement graphique impeccable ainsi qu'une efficacité dans les scènes. On ne s'ennuie pas une seconde entre drame et horreur. La lecture est très agréable. Elle sera donc conseillée même à l'achat car l'objet est très beau avec un soin particulier pour la couverture qui bénéficie d'un véritable effet d'optique.
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Je serai la note discordante dans ces avis plutôt positifs, mais je ne suis vraiment pas tombé sous le charme de cette BD. le souci, c'est qu'elle a de beaux atouts dans sa manche mais qu'elle ne s'en sert pas. Et que le tout est alourdi par de gros défauts.
Le premier de ceux-ci, et le plus remarquable, c'est que le scénario sent assez fortement le déjà-vu, et qu'il est par ailleurs plutôt bref. On ne s'en rend pas compte lorsqu'on le regarde de l'extérieur, mais au final le livre est très peu épais, et l'histoire s'achève alors qu'on pensait qu'elle se lançait justement. C'est fini et résolu très vite, avec une fin qui laisse plein de pistes inexploitées et qui ne résout que la trame du personnage principal. Et c'est vraiment dommage, il y avait moyen d'aller plus loin avec un tel sujet.
Je rajouterai que les personnages ne sont vraiment pas dans la subtilité, le tout étant très manichéen tout de même.

Niveau dessin, par contre, c'est du très bon, retranscrivant bien l'atmosphère du lieu et l'ambiance de l'ensemble. C'est d'autant plus dommage que l'histoire soit si oubliable au final, il y avait vraiment moyen de faire quelque chose de plus développé, de plus recherché. Là, j'ai vraiment l'impression de lire une histoire sans originalité et qui se finit bien trop vite pour exploiter ce qui aurait pu l'être. Dommage, vraiment dommage.
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critiques presse (1)
BDZoom
24 avril 2017
Comme quoi, il est des histoires qui passent bien le temps et qui mériteraient d’être rééditées.
Lire la critique sur le site : BDZoom
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La faim chasse le loup du bois.
Commenter  J’apprécie          40

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