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Critiques de Stjepan Sejic (157)
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Harleen

Harleen ou comment le Dr Quinzel est tombée sous l'emprise du Joker, figure absolue du sociopathe/psychopathe manipulateur...

On croise en parallèle d'autres célèbres "villains" (et un peu Batman... quand même !), les monstres de Gotham étant ici mis à l'honneur.

Les dessins sont époustouflants, de toute beauté.

On a vraiment affaire à un comics de grande qualité.
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Sunstone, tome 2

Dans ce tome 2, on laisse de côté la pratique du BDSM pour nos comparses, le temps que dame nature aille voir ailleurs.

Ça nous laisse le temps d'approfondir la relation de chacune avec l'autre, de parler du passé de chacune d'entre elles, de leurs amis, de leurs passions et de leurs vies.

Loin d'être nianian, on s'attache encore plus aux personnages, on en découvre d'autres. On devine les sentiments sous-jacent et on s'en délecte. On espère et on croise les doigts pour la suite...

Un deuxième tome encore parfaitement réussi, graphiquement et historiquement. Go pour le tome 3!
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Sunstone, tome 3

Dans ce tome 3, on approfondi un peu plus la découverte du BDSM, de la perception de cette pratique. Le scénariste nous montre tour à tour différents personnages, qui s'intéresse au BDSM ou qui s'inflige des douleurs dans d’autres circonstances (tatouages ou perçage). On découvre également de nouveaux personnages dont certains qui vont être très important pour la suite.

Un bémol pour moi: beaucoup de nouveaux personnages, avec des traits très différenciable (comme cela à déjà été souligné dans d'autres critiques à part les cheveux et les tenues...).. Et tout ça complique un peu la compréhension de ce volume. Malgré tout, la lecture reste fluide, les dessins et les tons sont chouettes, et on suit avec attention l'évolution de Lisa et Ally!
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Sunstone, tome 4

On poursuit avec le tome 4!

On retrouve nos deux comparses prête à faire un sacré pas ensemble!

Lisa saute le pas et emménage chez Ally. Petit à petit un personnage prend de plus en plus de place dans la vie de chacun et remet en doute ce qu'Ally ressent. Les bouches parlent mais leurs disent autre chose.

Le scénariste réussit encore une fois à nous montrer ces talents via une psychologie toujours plus poussée et plus personnelle. Chacun se reconnait dans certaines situations et se remet en cause en même temps que Lisa et Ally.

Au final, on referme le livre avec un goût amer. Et on se dépêche de prendre le tome 5 pour voir comment tout ça va s'arranger!
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Death Vigil Volume 1

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 8, initialement parus en 2014/2015, écrits, dessinés et mis en couleurs par Stjepan Šejić. Cet auteur complet est également le créateur des séries Ravine et Sunstone.



Tout commence avec la mort de Samuel Lewis dans une rue de New York, un citoyen s'étant interposé dans une agression à main armée. Il a été mortellement blessé par balle, et a vu apparaître une femme à la peau blanchâtre, enveloppée dans une longue capeline noire, tenant à sa main une faux : Bernadette (dite Bernie). Avec son accord, celle-ci lui a conféré des pouvoirs. Il fait maintenant partie du groupe Death Vigil, des individus étant passés de l'autre côté, qui traquent des manifestations de monstres surnaturels, invoqués par des nécromanciens qui s'y sont liés pour devenir immortels.



12 ans après avoir été secouru par Bernie, Sam interrompt un rituel de débutant dans un cimetière. Puis il s'interpose alors que Jon vient de sacrifier Clara Jenkins (sa compagne). Il réussit à contrecarrer l'apparition du monstre invoqué par Jon, avec l'aide du corbeau Hugin, et Bernie propose à Clara d'intégrer Death Vigil (ou de mourir). Ensemble avec d'autres Death Vigil, ils vont se rendre compte que le camp adverse gagne en puissance. En particulier, Maria Benes (aidée par Wulf) a conclu un pacte avec Lord Abyss et son serviteur Gallows pour déchiffrer un codex capital, en échange du pouvoir pour faire regagner conscience à sa fille Alicia. Les nécromanciens sont en passe de réussir à ouvrir le passage à des monstres de plus grande puissance.



En suivant la carrière de Stjepan Šejić, il semble disposer d'une énergie créatrice inépuisable qui lui permet d'illustrer aussi bien des superhéros (Witchblade ou Artefacts) que de la science-fiction (IXth generation), de l'Heroic Fantasy (Ravine), et même de la comédie romantique sur fond de sadomasochisme (Sunstone). C'est donc avec grand plaisir que le lecteur se lance dans sa nouvelle création du moment, à base de surnaturel, de créatures des ténèbres, avec un soupçon de Grands Anciens à la HP Lovecraft. Le début est délicieux.



L'auteur plonge directement le lecteur au cœur du récit, avec la première apparition de Bernie. Au lieu d'une faucheuse macabre et sinistre, il s'agit d'une femme qui aime bien taquiner les autres à commencer par ce pauvre Sam à l'article de la mort. Le lecteur est immédiatement intrigué par ce personnage mystérieux et enjoué. 12 ans plus tard dans un cimetière, Šejić amuse encore son lecteur, avec un Sam détendu et condescendant vis-à-vis de ces apprentis sorciers à la mie de pain, faux gothiques. Le récit change encore de point de vue avec le dîner romantique entre Clara Jenkins et Jon, suivi par un sacrifice humain brutal dénué de tout remord.



Par la suite l'auteur présente encore d'autres membres du Death Vigil : Hugin le corbeau surnaturel, Marlene & James, Chiyoko & Vlado. Il y a également 2 nécromanciens non affiliés aux autres (Mia et son père Heirich qui se fait aussi appeler Allistor), sans oublier la gouvernante de la maison du Death Vigil, appelée Grace Willow. Le lecteur prend plaisir à faire connaissance avec tous ces personnages qui disposent pour la plupart d'une histoire personnelle développée au cours de ces 8 épisodes. Dans le camp d'en face, il fait donc connaissance avec Maria Benes et sa fille Alicia ainsi que Wulf l'homme de main de Maria, Lord Abyss et son représentant humain Gallows, plusieurs nécromanciens et leur monstre attitré.



Stjepan Šejić a donc conçu un environnement bien peuplé. Au bout de la moitié du tome, le lecteur se rend compte que tous les personnages n'auront pas droit à un temps d'exposition suffisant. Par exemple, la gouvernante Grace Willow apparaît 2 fois pour ne plus revenir, sans qu'on n'apprenne jamais rien sur elle. De même, Clara Jenkins s'introduit dans les souvenirs de plusieurs nécromanciens qui sont racontés dans le détail, mais qu'on ne revoit pas par la suite. De même, Jane (la copine de Clara) a l'air sympathique, mais le lecteur finit par se demander pour quelle raison Šejić l'a présentée, vu qu'elle est vite reléguée dans les figurants. D'un côté, tous ses personnages sont très sympathiques, avec un sens de l'humour bien dosé, des réparties adultes, et des moqueries affectueuses. De l'autre côté, ils sont vraiment nombreux, ce qui les empêchent d'avoir la place d'exister malgré la copieuse pagination de ce tome (environ 270 pages de comics).



L'intrigue est également très fournie. Le lecteur apprend petit à petit à situer les 2 factions en lice : Death Vigil contre nécromanciens. Il place ensuite les personnages aux allégeances fluctuantes, motivés par leur propre objectif, à savoir Mia & Heirich, ainsi que Maria Benes & Wulf. Il découvre avec plaisir leur histoire personnelle et les liens qui les rattachent aux autres personnages, en plus de leurs objectifs. Il comprend pourquoi le conflit entre Death Vigil et nécromanciens prend de l'ampleur et éclate au grand jour. Il éprouve parfois l'impression que l'auteur a essayé de caser un maximum d'éléments de son univers vraiment très riche, quitte à accélérer le mouvement.



Stjepan Šejić réalise ses planches à l'infographie, tout seul. Il se sert de son outil aussi bien pour réaliser des dessins comme s'ils avaient été faits avec des outils traditionnels, avec un détourage des formes par un trait noir repassé à l'encre, que pour inclure des effets spéciaux (de textures de parchemin ou de papier peint, à des effets pyrotechniques parfaitement maîtrisés), jusqu'à un amalgame entre ces 2 techniques. Le lecteur peut ne pas prêter attention à la technique de cet artiste et se laisser porter par la narration visuelle fluide, intégrant parfaitement ces différents modes de représentation.



Ce dessinateur maîtrise parfaitement les expressions du visage, avec des moues moqueuses ou ironiques irrésistibles. Ces personnages présentent des morphologies variées. Ils ne sont pas tous musculeux, ces dames étant plutôt fines et élancées, les adolescents étant vifs et longilignes. Il fait preuve d'un savoir-faire remarquable en tant que décorateur. Chaque endroit présente des caractéristiques spécifiques, avec un niveau de détails variant en fonction de la nature de la séquence, de photoréaliste à vaguement esquissé en arrière-plan. À nouveau, à moyen d'y prêter une attention particulière, la lecture est guidée par le mode de représentation, avec un art consommé du bon dosage dans la densité d'information visuelle.



Šejić se montre tout aussi inventif et mesuré dans la conception des différents costumes des personnages, remarquables et mémorables, sans être extravagants. Il conçoit des monstres à l'apparence saisissante, avec des particularités qui les placent au-dessus d'une apparence générique et sans personnalité graphique. Il utilise les effets spéciaux propres à l'infographie pour leur conférer des textures ou des feux intérieurs peu ragoûtants. Il a l'intelligence de ne pas transformer chaque page en un festival pyrotechnique, mais de doser ses effets pour ne pas fatiguer le lecteur, et pour qu'ils conservent leur force graphique.



L'intrigue de Death Vigil est ambitieuse avec plusieurs moments de bravoure. En particulier dans l'épisode 2, Stjepan Šejić narre en parallèle la transformation en Death Vigil de Sam et celle de Clara, avec une belle élégance narrative, que ce soit dans le parallélisme des formes ou dans la construction de la mise en page. Dans l'épisode 3, Clara passe en revue les souvenirs de Lana dans 2 pages visuellement intéressantes, sans être pesantes. Dans l'épisode 5, Maria Benes tient tête à Lord Abyss, dans un face-à-face qui tient du jeu du chat et de la souris. Dans l'épisode 6, Gallows explique à un sous-fifre comment Maria a établi son plan d'attaque avec une rationalité terrifiante.



Arrivé au bout des 8 épisodes, le lecteur apprécie sa lecture pour sa richesse, son inventivité, son originalité, ses personnages, ses concepts, sa façon de s'élever au-dessus d'une simple dichotomie, son potentiel de développement ultérieur, tout en restant un tout petit peu sur sa faim. En ayant ainsi bourré à craquer sa narration, Stjepan Šejić donne parfois l'impression de ne pas finir ce qu'il a commencé et développé. Finalement la relation entre Sam et Bernie reste à un niveau superficiel, même si le lecteur a pu ressentir à l'occasion de 2 ou 3 scènes la force de l'amitié qui les lie. Finalement la motivation de Maria Benes semble bien intangible, alors qu'elle est très convaincante, parce que l'auteur n'a pas la place de montrer sa souffrance générée par la situation de sa fille. Finalement ces monstres tapis dans les ténèbres, venus du dehors restent un peu génériques et abstraits parce qu'ils restent trop premier degré, sans jamais prendre une dimension métaphorique.



Stjepan Šejić impressionne le lecteur par la virtuosité de sa narration, son élégance et sa fluidité. Il le gâte par tant de richesses dans son récit, tout en laissant un petit goût d'inachevé. Il reste à espérer que ce premier tome sera suivi d'autres qui viendront mettre à profit toutes ses potentialités.
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IX Generation, tome 1

Ce tome contient les épisodes 1 à 4 de la série du même, initialement parus en 2015, écrits par Matt Hawkins, dessinés, encrés et mis en couleurs par Stjepan Sejic. Il comprend également le numéro spécial "XIth generation: Hidden files", également écrit par Hawkins, avec des illustrations de Sejic, reprises des précédents épisodes. Cette histoire fait suite aux épisodes consacrés à Aphrodite IX dans la série du même nom : Aphrodite IX: Reborn Volume 1 et Aphrodite IX Rebirth Volume 2 et des mêmes auteurs. Malheureusement l'éditeur Top Cow (la branche d'Image Comics dévolue à Marc Silvestri) n'a pas jugé bon d'inclure le numéro spécial Aphrodite IX/Cyberforce paru en 2014, et partie intégrante de l'histoire globale.



Ce tome commence par une page en gros caractères résumant l'essentiel de la situation, puis par une page comprenant un trombinoscope des 9 héritiers apparus lors de l'Ascension, tous affublés du chiffre 9 : Aphrodite IX, Appollo IX, Ares IX, Artemis, IX, Athena IX, Hades IX, Hephaestus IX, Hermes IX, et Poseidon IX. Le récit commence en 2827, alors que des clones d'Hades s'attaquent à Aphrodite et Hephaestus. Après l'affrontement, ils se rendent sur la Lune, dans la base Sanctuary XIII, pour parler avec Velocity. Mais ils sont attaqués par une manifestation de The Darkness.



En fuyant à travers la base, Aphrodite et Hephaestus se retrouvent dans une armurerie contenant des objets de pouvoir. Aphrodite IX attire à elle Witchblade, alors qu'Hephaestus s'empare de l'épée Bloodsword. Il devient évident que l'un des 9 les a trahis, et en plus, Velocity demeure introuvable.



Pour pouvoir apprécier la richesse de cette histoire, ses tenants et ses aboutissants, il vaut mieux être familier de l'univers partagé Top Cow, à savoir avoir lu la série consacrée à Aphrodite IX par Hawkins & Sejic, et avoir une idée de ce que sont les 13 artefacts, à commencer par le Witchblade, mais aussi la pièce de Salomon. Sous cette réserve, le lecteur découvre la suite du récit consacré au protocole Aphrodite, c’est-à-dire un projet ourdi sur plusieurs décennies, conduit de manière clandestine, avec une échéance à très long terme. Matt Hawkins est à la fois le gestionnaire de Top Cow Productions, et un scénariste spécialisé dans l'anticipation et la science-fiction.



Cette histoire s'inscrit dans le genre science-fiction, avec un soupçon de surnaturel (les artefacts magiques). Le scénariste projette le lecteur dans un future lointain, que 2 individus ont participé à façonner : Francesca Taylor et sa fille Carin. Elles ont conçu et implémenté un projet pour assurer la survivance de la race humaine, en développant des individus modifiés par des implants cybernétiques, et d'autres avec des gènes modifiés. 800 ans plus tard, la Terre est partagée en 9 états, chacun sous la gouvernance d'un des IX, avec un gouvernement de type dictatorial. Carin Taylor s'est retirée dans la base lunaire pour se reposer après 8 siècles passés à surveiller le bon déroulement de ce plan.



Matt Hawkins s'amuse avec la question de l'immortalité. Chacun des IX a la possibilité de transférer sa conscience dans un clone lorsque le corps qui l'habite meurt. À un premier niveau, le scénariste s'en sert pour son intrigue. Il y a quelque chose de pourri dans ce futur, et les transferts semblent infectés par une entité extérieure. Le scénario déroule un amalgame entre politique-fiction, un soupçon d'horreur, et une touche de surnaturel. En trame de fond, il utilise la liberté offerte par le genre science-fiction pour pousser à son terme la possibilité d'un complot à l'échelle de dizaines d'années, et pour évoquer les conséquences de l'immortalité pour une partie privilégiée de la population (10 personnes).



L'attrait de l'auteur pour la science-fiction ne s'arrête pas là. En tête de chaque chapitre, il a mis une citation, dont 3 d'Arthur C Clarke, faisant écho de manière explicite au récit. La première évoque l'érosion de toute forme de nouveauté, phénomène encore plus accentué pour des individus immortels. Pour eux, même une civilisation utopique peut finir par lasser. La deuxième évoque la nature de la magie, qui peut n'être qu'une forme de technologie tellement avancée, qu'elle semble être de nature surnaturelle. Dans l'appendice, Hawkins explicite qu'il souhaite appliquer ce concept aux 13 artefacts. Enfin, la dernière citation indique que le rôle de l'humanité est peut-être de créer son propre dieu. Au vu des capacités des protagonistes IX, le lecteur comprend qu'il leur échoit de s'inventer leur rôle et leurs fonctions de déité. Ces citations remplissent leur fonction d'ouvrir le récit vers une réflexion sous-jacente dans l'intrigue.



Le lecteur retrouve Stjepan Sejic pour la dernière fois (voir fin du présent commentaire) sur cette histoire. Il poursuit dans la même veine que la série Aphrodite IX, et la série Sunstone. Il abandonné le rendu très sophistiqué de la série Ravine, pour préférer une apparence plus esquissée, mais aussi plus vivante. Pour les personnages, le lecteur retrouve ces traits de contours qui semblent avoir été tracé à la va-vite, presque des traits de constructions, avec une épaisseur irrégulière et des jonctions cassées, ou légèrement décalées. Cela rend l'apparence plus spontanée. Néanmoins, ce n'est pas synonyme de précipitation.



Le trait un peu grossier dans sa forme de Sejic reste toujours aussi précis dans ce qu'il dessine. Les cases sont toujours aussi lisibles quel que soit le nombre d'éléments représentés. Les personnages présentent donc cette apparence croquée sur le vif, dans des tenues et des décors dont le degré de détail dépend de la séquence. Sejic se concentre avant tout sur la narration du récit, en choisissant de ne pas l'encombrer avec ce qui lui semble superflu. Le lecteur peut estimer que certaines cases auraient gagné à être peaufinées pour mieux décrire les habits, ou les endroits. À l'inverse, il peut aussi juger la pertinence des choix de l'artiste, dans le fait qu'il n'est pas possible d'oublier où se déroule l'action, où ce que portent les personnages.



En prenant un peu de recul, il apparaît que Sejic a effectué un énorme travail de conception graphique sur les costumes, les technologies, et les architectures. Chaque séquence comporte un grand nombre d'informations visuelles qui sont réparties dans ses cases, sans être forcément répétées à chaque fois, à l'instar de la narration portée par les mots qui par exemple ne répète pas les noms des personnages dans chaque phylactère de dialogue. En fonction de l'attente du lecteur, ce choix graphique peut irriter ou faire sens. De séquence en séquence, il constate également que Sejic n'a rien perdu de sa dextérité à l'infographie pour tout ce qui relève des effets spéciaux, magnifiques de complexité dans leur exécution, ou dans l'inclusion de certaines textures.



Le tome contient également le numéro hors-série intitulé "Hidden files" qui comprend 7 pages dessinées par Atilo Rojo, consacrée à Carin Taylor, ainsi que 4 pages consacrées aux cités des IX, et 10 pages de textes avec illustrations dans lesquelles Matt Hawkins développe son point de vue sur l'anticipation des technologies à laquelle il s'est livré. Ces explications permettent au lecteur de se faire un avis sur ses choix, leur probabilité, leur pertinence. En toute honnêteté, l'auteur a intégré un texte de deux pages et demi d'un professeur, revenant sur ses avis d'anticipation, et les démontant en apportant la contradiction. C'est la preuve d'une humilité certaine, d'une acceptation de la contradiction et du caractère discutable de sa vision d'auteur.



Pour ce premier tome de IX Generation, le lecteur découvre une intrigue bien ficelée, mêlant aventure, politique fiction et anticipation, avec une légère touche de questionnement, bénéficiant des dessins de Stjepan Sejic, mûrement réfléchi quant à leur forme narrative sur le plan visuel. 5 étoiles.



Ce tome se termine avec les couvertures variantes (au nombre de 13 dont une photographie de cosplayeuse), et les 15 premières pages de la série suivante réalisée par Stjepan Sejic : Death Vigil qui donne très envie de la découvrir. Cela commence avec une invocation de démon dans un cimetière, interrompue par l'arrivée d'un vrai tueur de démon. Ça continue par une discussion entre cet exorciste et Bernadette la faucheuse, pour se terminer avec un dîner en amoureux et une proposition de mariage. Sejic utilise les typologies de personnages qu'il a créées, pour un prologue qui met en appétit.
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Sunstone, tome 3

Comme le titre l'indique, ce tome est le troisième de la série, et il vaut mieux avoir lu les 2 premiers avant. Il est initialement paru en 2015, sans prépublication en épisode mensuel, écrit, dessiné, encré, et mis en couleurs par Stjepan Šejić, qui a également effectué le lettrage (oui, il a tout fait).



Anne (l'artiste tatoueuse) est en train de préparer le motif pour le dos de Cassie (diminutif de Cassandra). Elle en profite pour surfer sur internet et regarder les images que remonte une recherche sur les pratiques BDSM (Bondage, Domination, Sado-Masochisme). N'étant pas préparée, elle reste perplexe quant à ce qu'elle peut voir. Ayant reçu le dessin du complexe motif de tatouage, Cassie en discute avec Lisa, avec qui elle est en train de papoter. Cette dernière accepte de l'accompagner le samedi suivant pour la première étape du tatouage.



Lisa rentre chez elle, et se prépare pour aller chez Allison Carter, en revêtant une tenue appropriée. Avant de sortir, elle reçoit la visite de Mike Williams, son frère, dont le couple bat de l'aile du fait d'une communication en constante dégradation. Pendant ce temps-là, Allison (Ally) Carter l'attend de pied ferme, dans une tenue tout aussi appropriée.



Le tome précédent avait confirmé l'orientation et la teneur de ce récit. Il est question du développement d'une relation sexuelle entre 2 individus consentants, avec une approche entre sitcom et comédie dramatique. Il est également question des particularités de ces pratiques sexuelles sortant de l'ordinaire et de la norme sociale. Les 2 premiers tomes ont permis au lecteur de se faire une opinion. Soit il trouve que ces 2 jeunes femmes sont un peu cucul dans leur manière d'aborder une relation. Dans ce cas-là, il ne s'y est pas retrouvé et il a abandonné cette lecture. Soit il estime que les sentiments sonnent justes. Il reconnaît ses espoirs et ses appréhensions dans ce qu'éprouvent Ally et Lisa, et alors il est tout conquis d'avance, de savoir qu'il va retrouver leur forme de sensibilité et de doute.



Dans ce troisième tome, Stjepan Šejić poursuit dans cette voie. Ally et Lisa sont toujours des jeunes femmes, en proie au doute. Ce dernier s'applique sur leur confiance en elle, sur l'évolution de leur relation, sur l'attente de leur amie. Il y a à a fois cette volonté de plaire, cette prise de conscience du plaisir à retrouver l'autre, et cette inquiétude du changement. Il y a également cette volonté de s'engager auprès de l'autre. L'auteur montre 2 personnes qui qualifient leur relation d'amitié avec des bénéfices, c'est-à-dire des à-côtés. Il y a là une étrange transaction : Ally et Lisa ont trouvé en l'autre, une personne qui partage leur goût pour les pratiques BDSM, et cela en fait des amies. L'une adopte la position de dominée, l'autre celle de dominante, ce qui leur apporte une complémentarité permettant de pratiquer, et d'en tirer ses bénéfices induits.



Šejić rappelle que cette forme relationnelle presque contractuelle s'est bâtie progressivement au cours d''échanges par internet, pendant lesquels ces 2 femmes ont appris à se connaître. Il continue également à mettre en scène cette prévenance, expression d'un respect mutuel. Il est possible de sourire devant quelques-uns des atermoiements et des doutes, mais ils constituent également la preuve d'un intérêt réel pour l'autre, d'un souci de son bien-être. Le lecteur apprécie la manière dont chacune se montre attentionnée, s'interroge sur ce qui ferait plaisir à l'autre, sur la manière de ne pas la décevoir. À l'opposé d'une relation égocentrique où chaque partenaire ne recherche que son propre plaisir, ou à se faire valoir au travers de l'autre, il y a une volonté de prendre en compte l'altérité de la partenaire, de ne pas imposer sa façon de faire ou de penser, d'être à l'écoute, de découvrir l'autre. La volonté de bien faire peut sembler un peu naïve, mais elle est la marque d'un désir d'apporter du plaisir à l'autre. À ce stade d'avancement, Stjepan Šejić décrit une relation basée sur la confiance et le respect, un projet de vie des plus nobles, dans le bon sens du terme.



Il est possible pour chaque lecteur de se reconnaître dans cet espoir d'un amour construit sur le partage d'une passion, et un respect mutuel. De même la question de savoir s'il faut aller plus loin (envisager la vie à 2) au risque de perdre ce que l'on a déjà (une belle amitié) se pose aussi pour tout adulte envisageant la vie en couple, avec les risques que cela comporte. Il n'est pas sûr que le lecteur se reconnaisse aussi facilement dans les pratiques sadomasos. Dans ce tome, Stjepan Šejić met en scène une séance de fessée, ainsi que les particularités d'une tenue en latex, et une mystérieuse activité avec la langue qui n'est pas montrée dans le détail. Au cours de la séance de fessée, Lisa évoque son ressenti, et le plaisir qu'elle y prend (dans des cellules de texte, comprenant ses pensées), en fonction de l'outil utilisé pour la fessée. Le port de la tenue en latex donne lieu à une description des sensations, détaillées et amusantes. La pratique linguale s'achève par un zozotement persistant.



Chaque lecteur se fera sa propre opinion sur la force de conviction des arguments de Lisa, en observant qu'ils n'ont rien de ridicule, et qu'ils ne peuvent pas être balayés avec condescendance. Šejić évoque d'autres types de pratique plus répandue qui impliquent une forme de douleur consentie. C'est ainsi que Cassie se prépare pour une longue séance de tatouage (et même plusieurs) en sachant à l'avance qu'elle génèrera une forme de douleur. Le lecteur découvre également que Valerie a les tétons piercés, ce qui évoque également une forme de douleur consentie. L'auteur ne s'étend pas sur les motivations de ces dames, mais le lecteur comprend que l'objectif est de montrer que d'autres individus s'infligent de la douleur de manière volontaire.



Šejić continue de réaliser ses dessins à l'infographie. Les personnages sont majoritairement détourés avec ce qui ressemble à des coups de crayon un peu rapide, pour conserver une impression de spontanéité. Cette manière de dessiner n'est pas incompatible avec des contours précis et des éléments détaillés. L'artiste s'en donne à cœur joie avec les tenues en latex, avec la précision exquise du motif de tatouage proposé par Valerie, avec les lattes de parquet du salon de Valerie. De temps à autre, il intègre soit un personnage, soit un arrière-plan dessiné en mode hyper réaliste, pour attirer l'attention du lecteur sur cet élément, ou pour un effet comique (Ally en tenue de dominatrice, aspergée d'eau). Cette approche graphique apporte de la vie dans la représentation des personnages. Elle permet à Šejić d'exagérer des expressions de visage à des moments bien choisis, pour un effet comique réussi (Ally et les cheveux en bataille après avoir récupéré le chat).



De séquence en séquence, le lecteur observe que certaines ne sont constituées que de dialogue entre 2 personnages. Šejić conçoit sa prise de vue de manière à varier régulièrement l'angle de vision, pour insuffler un peu de mouvement dans ces scènes plutôt statique. Néanmoins, ça ne suffit pas toujours à éviter l'effet sitcom de la parlotte. Lors d'autres occurrences, il ajoute un accessoire (un chat par exemple) qui génère une dynamique visuelle, ou alors des mouvements des personnages (répondre à un texto) qui rendent la scène plus intéressante sur le plan visuel. Le lecteur remarque également que toutes ces jeunes femmes ont une silhouette identique, pour une raison inexpliquée et qui ne fait pas sens d'un point de vue narratif.



Le lecteur constate que Šejić a évolué dans sa représentation de la nudité. Son choix narratif de mettre en scène un amour saphique le conduit à dessiner majoritairement des corps nus de femme, et quasiment pas d'homme (à une exception près). Par comparaison avec le premier tome, il ne représente plus de toison pubienne, cette région du corps restant hors champ, ou masquée par quelque chose (par exemple un pied). Les tétons sont également représentés de manière esquissée, neutralisant tout effet érotique. Comme dans les tomes précédents, il ne dessine pas de pénétration, et coupe les séquences après les préliminaires. Le bâillon-boule revient le temps d'une séquence, et les pinces à téton font leur apparition (du coup le lecteur est plutôt soulagé que l'artiste n'aille pas dans le détail de la chair maltraitée).



Avec ce troisième tome, Stjepan Šejić poursuit sa description du développement de la relation entre Allison Carter et Lisa Williams. Il joue avec justesse sur le décalage entre ce que pense l'une et ce que pense l'autre. Allison se met dans un état proche de l'angoisse du fait de ce qu'elle souhaite proposer à Lisa (non, ce n'est pas sexuel), de la manière de le présenter sans offusquer son amie. Il ne diminue pas l'importance des pratiques sadomasochistes, tout en prenant le temps et la peine de faire s'exprimer Lisa sur le plaisir qu'elle en retire. Il incorpore des touches humoristiques, sans se moquer de ses personnages. En tant qu'auteur, il évoque d'autres pratiques plus courantes qui impliquent une douleur que l'individu accepte de se faire infliger, mais sans la dimension tabou du sadomasochisme. Il fait apparaître Mike Williams qui évoque la dégradation de sa relation de couple avec sa femme, pour rappeler que l'amour n'est pas plus évident dans un couple hétérosexuel que dans un autre. Si le lecteur est investi émotionnellement dans le couple formé par Lisa & Ally, ce troisième tome mérite ses 5 étoiles. S'il l'est moins, il est possible qu'il trouve 2 ou 3 scènes un peu platounettes. 4 étoiles.
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Sunstone, tome 2

Ce tome fait suite à Sunstone Volume 1 qu'il vaut mieux avoir lu avant pour saisir les allusions au début de la relation entre Lisa et Ally. Il contient la suite de l'histoire de cette relation ; il a été publié en 2015, sans prépublication mensuelle pour le récit. Il est écrit, dessiné, encré et mis en couleurs à l'infographie par Stjepan Šejić qui a également réalisé le lettrage. Il met en scène 2 jeunes femmes amoureuses l'une de l'autre et pratiquant le sadomasochisme (BDSM = Bondage, Discipline, Domination, Soumission, SadoMasochisme).



Dans la scène d'introduction, Lisa Williams évoque la confiance nécessaire entre partenaires, pour pouvoir entretenir une relation BDSM. La scène passe ensuite au club BDSM Crimson, dans lequel Alan et Chris (associés dans une entreprise artisanale de fabrication d'ameublement et dispositifs BDSM) prennent un verre pour voir comment Jane et Christine utilisent leur dernière réalisation sur scène. Parmi les clients, se trouve également Tom (le mari de Cassandra la sœur de Chris), attablé avec Anne une artiste tatoueuse.



Après une longue semaine d'attente, Lisa Williams retrouve enfin Allison Carter à son domicile. Mais Lisa est un peu déçue car les anglais ont débarqué. Au cours de la soirée, Ally raconte à Lisa comment elle a rencontré Alan. Le lendemain soir, les 2 jeunes femmes sortent au Crimson (le club BDSM) où elles retrouvent Chris, Tom et Cassandra. Lisa est fascinée par le spectacle.



C'est avec grand plaisir que le lecteur retrouve ces 2 charmantes amoureuses encore au tout début de leur relation (dans les apartés Lisa précise qu'elle écrit ce récit alors que leur relation dure déjà depuis 5 ans). Les dessins présentent la même apparence que dans le premier tome. Šejić détoure les formes avec des traits donnant l'impression d'avoir été rapidement tracés, un peu tremblés, d'une épaisseur qui n'est pas uniforme, pas toujours jointifs, comme si l'artiste n'avait pas pris la peine de repasser ses traits pour le dessin définitif.



Malgré tout cette apparence ne provoque pas un ressenti désagréable car il ne s'agit pas non plus de traits de construction ou d'esquisse. Les dessins présentent une apparence finie, juste un peu brut de décoffrage par endroit. Alors que ce tome fluctue entre comédie dramatique et comédie de situation, les compétences professionnelles de l'artiste n'en ressortent que plus. En particulier, Šejić fait preuve d'un vrai talent de metteur en scène pour les dialogues. Le lecteur n'éprouve jamais l'impression de se taper des pages entières de têtes en train de parler, grâce à un véritable jeu d'acteurs, à des cadrages qui permettent de ne jamais oublier où se situe la scène, et un langage corporel parlant, avec des visages expressifs.



Sur ce dernier point, Stjepan Šejić explique en fin de volume qu'il a modifié ses dessins par rapport à leur première version parue sur devianart, en atténuant les expressions faciales pour leur faire perdre leur exagération comique, et les ramener dans un registre plus naturel. En ce qui concerne les décors, l'artiste varie le degré de précision du dessin, en fonction de la nature de la scène. À condition d'y prêter attention, le lecteur peut constater que les arrière-plans peuvent aller de la précision quasi photographique (la bibliothèque où Ally montre son torse à Alan), jusqu'à des fonds de couleur uniforme, en passant par des aménagements grossièrement esquissés par 3 ou 4 gros traits de pinceaux très épais. S'il n'y prête pas attention, il ne s'en apercevra pas car Šejić ajuste cette précision en parfaite adéquation avec la séquence.



À quelques rares reprises, le dessin peut repasser dans un registre quasi photographique (y compris pour les personnages), créant ainsi un effet saisissant de réalisme, impliquant le lecteur dans le concret de ce qui est représenté. Pour ce tome, Stjepan Šejić a choisi de recourir de manière limitée à la nudité (essentiellement des poitrines féminines et en petit nombre). Cela ne signifie pas pour autant que la dimension sexuelle du récit s'en trouve diminuée. Dès la page 3, le lecteur a droit à un dessin pleine page représentant une bouche avec un bâillon-boule (avec un excès de la salive en train de couler), caressée par un pied gainé dans un bas. Il n'y a pas besoin de nudité pour évoquer cette pratique BDSM. La page suivante montre les 2 professionnelles, l'une étant sanglée et suspendue dans un portique conçu et réalisé par Alan et Chris.



Ainsi dès la deuxième scène, Stjepan Šejić rappelle à son lecteur que la dimension sadomaso constitue une part essentielle de la relation entre Ally et Lisa, mais aussi avec les autres personnages qui gravitent eux aussi dans ce milieu, ou en périphérie. L'auteur s'amuse avec des tenues moulantes et latex, avec des modèles de bâillon-boule élaborés, avec des pratiques de shibaru (ou kinbaku, art d'entraver avec des cordes), réalisant des bordures de cases en corde. Une image représente Ally attachée, avec des pinces à téton, ne laissant pas de doute quant à la douleur ressentie. Il s'agit toujours de pratiques consenties, mais pas anodines pour autant. Šejić évoque d'ailleurs la formation nécessaire pour les pratiquer en toute sécurité, sans mettre en danger la santé du soumis.



À la lecture du premier tome, le lecteur se demandait quelle orientation l'auteur donnerait à son récit. L'âme de l'histoire réside toujours dans la relation amoureuse entre Ally et Lisa. Cette dernière écoute sa partenaire lui raconter sa rencontre avec Alan, comment ils ont pu échanger sur un tabou tel que la sexualité, et plus difficile encore sur des pratiques jugées déviantes. Šejić met en scène avec délicatesse et sensibilité les hésitations à entrer en contact avec un autre, les efforts à fournir pour vaincre sa réticence (superbe surprise qu'Ally réserve à Alan pour le convaincre).



Comme dans le premier tome, le lecteur peut également constater que les difficultés de parler d'une pratique comme le bondage sont identiques à celles concernant n'importe quelle activité sortant peu ou prou de la norme sociale (la lecture de comics passé l'âge canonique de 15 ans par exemple). Šejić ne se contente pas d'une démarche démagogique pour flatter son lectorat, il met en lumière avec justesse les mécanismes psychologiques et affectifs qui entrent en jeu : l'obligation subie de ne pas pouvoir parler de sa passion avec le premier venu, la détermination à capter l'attention d'une personne qui s'adonne à la même passion.



Dans le cadre du développement de la relation entre Ally et Lisa, Šejić montre aussi le moment où Lisa prend conscience qu'Ally a sa propre histoire personnelle, son propre vécu, que ce n'est pas une personne neuve qui n'attend qu'une autre personne pour pouvoir exister. Comme dans le premier tome, il sait montrer et faire partager les moments d'intimité émotionnelle, les moments de réconfort affectif, et les moments de gêne (quand Lisa se rend compte que c'est la période de ses menstruations). Il fait preuve d'une sensibilité inattendue à plusieurs moments, y compris dans les instants les plus banals (par exemple quand Lisa s'aperçoit qu'elle a oublié ses serviettes hygiéniques et qu'elle doit en demander à Ally).



L'auteur surprend son lecteur à mi-parcours de ce tome avec une longue discussion dans laquelle Allison s'épanche longuement sur une séance BDSM (avec une certaine Marion) dans laquelle des complications sont apparues. La première surprise est que cette séquence est amenée avec de grosses ficelles : traumatisme revenant du fait d'une stimulation trop importante mise en œuvre avec de gros sabots, longue discussion artificielle dans les toilettes. La deuxième surprise est que Šejić aborde les pratiques SM par un angle que le lecteur n'attendait pas et qu'il réussit à retenir l'attention du lecteur par la justesse et la finesse du propos, malgré le dispositif artificiel.



L'auteur met en évidence l'une des responsabilités qui va de pair avec une position dominante, et une forme de perte de contrôle inattendue dans sa nature. Il évite les clichés et montre avec adresse une facette psychologique de la soumission, et une autre de la domination, dépassant ainsi la simple dimension de divertissement de cette pratique, et de sa qualité de dispositif narratif.



Avec ce deuxième tome, Stjepan Šejić confirme la bonne surprise du premier. Ally et Lisa conservent tout leur capital sympathie, leur relation continue de se développer conformément aux schémas amoureux classiques, avec une vraie sensibilité affective. Il continue d'éviter de tomber dans les clichés du voyeurisme, sans pour autant rendre inoffensives les pratiques BDSM. Dans la deuxième partie, la narration perd du naturel dans un dispositif de confession artificiel, mais gagne en profondeur et en gravité par l'intelligence du propos sur un aspect des pratiques BDSM. L'aspect visuel est toujours aussi gracieux et finement soupesé, même si tous les personnages sont élancés et graciles.
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Harleen

L'ambiance de Gotham que j'affectionne particulièrement ! Quel plaisir de la retrouver dans les dessins de Stjepan.



L'histoire est sans grandes surprises, une grande majorité connait le sort d'Harleen. Après Breakinglass, qui fut catastrophique pour moi à lire, j'ai été comblée de retrouver une Harley conforme à la vision que je me fais d'elle. Une femme déterminée, pleine d'envie d'aider et de la naïveté de croire que le monde peut être changé en un quasi claquement de doigt.



Dans ce récit on voit ses espoirs fondre au fur et à mesure que la folie la gagne. La folie était à la fois de croire qu'elle pourrait sauver le Joker et à la fois de s'embourber dans un plan tout autant immoral que dépourvu de réussite.



Cette histoire démontre une fois de plus les qualités de manipulateur du Joker. Les illustrations ingénieuses et pleine de puissance de Stjepan subliment toute la dimension psychologique de l'intrigue.
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Sunstone - Mercy, tome 2

Cinq tomes au compteur pour la série originelle, qui raconte les aventures d’Ally et Lisa, la première dominatrice, la seconde fantasmant sur la soumission. Plutôt qu’un bête bourrinage d’orifices à la whippedass.com, Sunstone mise sur le feutré, l’élégance et les sentiments. Une romance érotique, soft et évocatrice dans ce qu’elle montre, intelligente et humaine dans les personnages qu’elle dépeint. Šejić se concentre sur le relationnel entre Ally et Lisa, personnages attachants dans tous les sens du terme, leur rencontre, leurs jeux, leurs sentiments, leurs doutes, l’évolution de leurs rapports… toutes choses qu’on trouve dans n’importe quel couple, ce qui donne à la série une portée plus large que son strict sujet BDSM lesbien. Si le propos flirte souvent avec l’eau de rose, il se rattrape grâce à ses traits d’humour et son ambiance raffinée.

Le dessin est à tomber par terre, dans un style qui emprunte beaucoup à l’esquisse et au manga sans donner l’impression d’un brouillon ou d’un copier/coller japonisant. Les couvertures supra parlent d’elles-mêmes ; l’intérieur des volumes est du même tonneau, classieux et sans vulgarité.

À la série de base est venu se greffer un nouvel arc narratif baptisé Sunstone Mercy. Ce spin-off démarre comme une préquelle en revenant sur la façon dont les personnages principaux (Ally, Lisa, Alan) se sont rencontrés et en profite pour développer d’autres protagonistes.
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Harleen

Gros coup de cœur. J’aimais déjà avant Harley et le Joker mais là c’est très intéressant de voir Harleen devenir Harley. J’admire les illustrations tout autant que l’histoire qui est très prenante.

Ce qui est intéressant c’est la « galerie » à la fin où l’on peut y voir des essais et la manière de travailler de Stjepan Sejic
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Harleen

Les illustrations, dont le lecteur peut ne pas aimer le style, soulignent et complètent parfaitement le texte de ce comics. L'ensemble happe directement le liseur et plonge celui-ci dans un univers sombre et ensorcelant. Le scénario est bien pensé car, sans trop en faire, il dépeint la situation psychologique d'Harleen ainsi que la manipulation dont elle va être victime. Ce mélange la mènera à craquer pour le Joker et à perdre son innocence. Cela prouve bien que rien n'arrive par hasard ; tout à une explication. Une fragilité de la protagoniste bien travaillée qui fera voler en éclats ses bons sentiments et ses illusions.

Une histoire qui reprend les origines du personnage d'Harley Quinn et décortique la noirceur de l'âme humaine. Une lecture entêtante !



Le petit plus ? Il s'agit d'un one-shot !

Le second petit plus ? La couverture ! Elle est magnifique et représente tellement bien la détresse du personnage principal à travers son regard.
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Harleen

Après ma fabuleuse découverte de "Joker : Killer Smile" il y a quelques semaines, je continue sur ma lancée en ce qui concerne la lecture de comics. Cette fois je me suis attaquée à Harleen et.... Olala ce coup de cœur !!!



Ce one-shot met en avant Harleen Quinzel, une brillante psychiatre pleine d'ambition qui intègre l'asile d'Arkham afin d'y étudier et d'aider les plus grands criminels de Gotham.



J'ai adoré cette histoire, crédible et mature, qui nous entraîne au cœur de la psychologie d'Harley. D'abord pleine de craintes à l'idée de devoir suivre le Joker, elle va au fil des séances, faire une fixation sur lui. Ses cauchemars se transformant en fantasmes, on va être témoin de sa lente descente aux enfers. Cette histoire nous permet de comprendre comment Harleen Quinzel est devenue la Harley Quinn qu'on connaît et c'était super intéressant ! On voit également une autre facette du joker, ça m'a beaucoup plu !



Graphiquement c'est une grande réussite, la couverte est juste de mante et les planches, mamamia... Tout bonnement sublimes !



Ce comics est une merveille, il a beaucoup fait parler de lui ces derniers mois et je comprends pourquoi ! S'il y a bien un comics qu'il faut avoir lu dans sa vie, c'est bien celui là !
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Harleen

J’ai tout simplement adoré cette immersion dans la tête du docteur Harleen Quinzel et son histoire avant la rencontre du Joker, jusqu’à sa chute. Le récit est bien monté et les dessins magnifiques, si on aime le « dark » évidemment. Un superbe ouvrage à découvrir au plus vite.
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Harleen

Harleen de Stjepan Šejić est un de mes comics préférés !

La qualité d'écriture est très appréciable. Nous en apprenons davantage sur les éléments qui ont poussé ce personnage iconique à devenir un super-vilain. D'ailleurs le titre est très bien choisi car le récit est centré sur l'histoire de Harleen Quinzel et non pas sur les aventures déjantées de Harley Quinn.



Les dessins frôlent la perfection. Ils sont immersifs, envoutants et nous plongent au plus profond du récit. Les couvertures alternatives en fin d'album constituent de véritables tableaux à admirer sans modération.



D'autres personnages de la Bat-family sont à l'honneur ce qui donne encore plus de consistance à cette histoire.



En résumé, j'ai adoré ce comics qui a un côté très innovant qui n'est pas pour me déplaire !
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Harleen

Harleen Quinzel est psychologue spécialiste en criminalité. Elle mène une étude sur l’absence d’empathie chez les psychopathes, et se fait embaucher à l’asile d’Arkham. Un patient fraîchement interné va particulièrement l’intéresser. Peut-être un peu trop…

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Cela faisait longtemps qu’Harleen et moi on se tournait autour en librairie. Je n’avais jamais osé l’approcher, sans doute de peur que ce récit résonne un peu trop bien dans ma tête. Mais réconciliée avec mes vieux démons, j’ai enfin réussi à découvrir son histoire. Leur histoire.

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Et je dois vous prévenir, ceci n’est PAS une histoire d’amour. C’est le récit de la folie d’un homme qui déteint sur une femme, prête à tout pour essayer de le rendre meilleur. Même à croire que c’est possible. Mais ce n’est pas si simple pour elle de dire stop. Parce qu’il est très fort ce Joker, tellement doué, que même lui ne sait plus trop démêler le vrai du faux.

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Le sujet des relations toxiques est très bien traité puisqu’il n’est pas dissimulé, ni même fantasmé. Le lecteur se rend parfaitement compte de la descente aux enfers d’Harleen et de sa transformation.

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Une très belle lecture et encore une réussite sur la route de mon apprentissage graphique.
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Harleen

🧐 Gros coup de coeur pour cette BD incroyable ! Bon déjà je l'avais repéré pour sa couverture que j'ai envie d'agrandir et d'encadrer !! Mais vraiment l'intérieur est un véritable bonbon que l'on laisse fondre lentement ...



🙋Tout le monde connait de près ou de loin l'histoire d'Harley Quinn surtout ces derniers temps avec les films "Suicide Squad" ou encore "Bird of Prey", mais peu d'auteurs ou de scénaristes se sont penchés sur la période où la jeune et brillante psy tombe dans les bras du Joker et des vicissitudes de Gotham.



❤️ Ce qui est assez perturbant c'est que finalement on s'attache aussi au Joker, on cautionne pas forcément mais on comprend que dans un monde comme celui de Gotham seule la folie est salvatrice et c'est d'ailleurs ce qui arrive à Harleen lorsqu'elle va totalement lâcher prise et prendre conscience que la vraie Elle c'est Harley Quinn et non plus Harleen Quinzel



👌Une mention aussi pour les dessins qui sont absolument parfaits, chaque planche est différente et donne du dynamisme à la lecture. Les personnages y sont représentés à merveille (d'ailleurs Poison Ivy est sublimissime dedans), et l'ambiance froide et malsaine de gotham est bien présente également.
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Harleen

Sincèrement, je crois que c'est le 1er comic lié à un univers DC ou Marvel que je lis. C'est d'habitude pas du tout mon genre, car je me sens rapidement perdue dans les multivers comics. Oui, des multivers, car entre les histoires principales, secondaires, tertiaires, réécrites, parallèles… c'est à en perdre la tête. Et si j'aime bien regarder les blockbusters de Hollywood, je ne suis pas assez passionnée par la cause "Super-héros" pour me pencher sur les récits de leurs créations.

Ce comic, il est à une amie et elles sont deux à l'avoir lu et apprécié. Ça plus les belles critiques que j'ai pu lire sur des sources de chroniques littéraires, je me suis dit que je ne risquais pas grand-chose. En plus, c'est un one-shot, donc pas d'engagement à long terme, et on se concentre sur un personnage, donc pas d'innombrables figures à retenir. Ben c'était bien sympa, je dois reconnaître.

L'un des facteurs qui m'a décidé de lire ce one-shot, c'est aussi le dessin. J'ai tendance à être peu attirée par les styles que je croise dans les comics de super-héros, mais là… c'est beau, soigné, la mise en scène est osée et bien pensée. Le style en lui-même me plaît beaucoup et la colorimétrie complète très bien. Le comics n'est pas intégralement dans les mêmes tons, mais il n'abuse pas non plus des changements d'ambiance. Le rouge et le brun/noir prédominent par logique, mais on a aussi du vert, jaune, un peu de bleu/gris (surtout avec les scènes de Batman). Graphiquement, j'ai donc été séduite et convaincue.

Côté scénario, ça a les qualités et les défauts d'un one-shot. Le gros défaut que j'ai pu retrouver, c'est que la fin m'a semblé un peu rapide, avec quelques notions du temps pas toujours claire. Peut-être que ça ne m'aurait pas plus marquée si le début et le milieu n'avaient pas été si soignés, si bien travaillés. J'ai été agréablement surprise que ce tome unique prenne si bien le temps de développer le background de Harleen Quinzel, son rôle en tant que psychologue et sa détresse psychologique. Le personnage de Harley Quin est un personnage que j'ai jamais beaucoup plus aimé qu'un autre. J'avais des aprioris sur son personnage et l'histoire qui l'a menée auprès du Joker. Harleen a l'avantage de ne pas faire dans le fantasme ou le fan-service. Ici, la déchéance de Harleen Quinzel débute dès ses études de fac et nombre d'événements de sa vie personnelle auront des échos dans son futur de psychologue et son futur de "méchante", alliée du Joker. Vraiment, j'ai été convaincue du développement de son psyché, de ses attentes professionnelles comme personnelles, de ses observations sur Gotham, sa politique judiciaire, les hautes figurent qui hantent cette cité… Harleen semble écrasée par ses responsabilités et son impuissance du début. Elle grandit et se transforme au fil des pages et le Joker, s'il tient un rôle sûr, n'est pas non plus le tremplin de cette évolution. Harleen est vraiment son propre moteur, mais certaines pièces manquaient d'huile ou d'entretien pour tourner correctement.

A savoir aussi que ce one-shot ne retrace pas la vie complète de Harley Quin. Il y a une coupure assez pertinente pour moi au moment où elle prend conscience que son futur ne constituera pas à être assise sur une chaise à écouter des patients et qu'il est temps qu'elle rejoigne l'un des camps. J'ai bien aimé que l'histoire s'arrête là, que l'auteur ne nous présente pas la Harley d'après, celle qui semble aussi dérangée que le reste de ses collègues. Peut-être que ça aurait été trop complexe de le scénariser.

Enfin, mention spéciale à l'auteur dont on sent les recherches sérieuses sur les théories psychologiques, les troubles neurologiques… c'était agréable de lire une histoire qui s'appuie sur de la science, des observations de chercheurs, plutôt que sur des fantasmes à propos des "malades mentaux".


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Sunstone, tome 1

Aillant pris un livre au pif dans la bibliothèque de mon copain de l'époque, j'étais tombé sous le charme de la couverture. En le feuilletant, je suis tombé sur des dessins magnifiquement encrés.

Alors je me suis dis.. Go!

Très belle surprise.

Ally et Lisa, sont deux femmes chacune désirant une chose que personne n'est en mesure de satisfaire. La première souhaite assumer pleinement son rôle de dominante et la seconde la joie d'être attachée. Quand les deux se rencontrent.. Attention aux étincelles!

L'histoire, que l'on pressent un peu bateau, histoire d'amour à l'eau de rose.. Et bah oui. Elle est là, mais tellement bien scénarisée qu'au final on s'en fiche. On découvre le talent d'écriture de Lisa, le BDSM (n'aillons pas peur de mots) auprès d'Ally. Et petit à petit leur relation naissante.

Le tout dans des couleurs et des détails très appréciable.



On dévore ce premier tome et on enchaîne avec le suivant!

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Sunstone, tome 5

Enfin le dernier opus ! J'ai adoré cette histoire d'amour entre deux héroïnes qui se cherchent, jouent les faux-semblants et laissent tomber le asque finalement. Une série d'égale splendeur au niveau des dessins et un scénario bien ficelé pour cette romance moderne.

J'espère découvrir le talent de l'auteur dans d'autres genres pour retrouver son dessin qui allie dynamisme et esthétisme.
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