Ils allaient, chargés de tout leur matériel. Ce n’étaient que de photographes, des individus dont l’occupation est de regarder. Des témoins. mais ils vivaient sans le savoir entre deux guerres mondiales. La plupart avaient l’habitude de franchir les frontières dans la clandestinité. Ils n’étaient plus allemands, ni polonais, ni hongrois, ni tchèques, ni autrichiens. Ils étaient des réfugiés. Ils n’appartenaient à personne. A aucune nation. Des nomades, des apatrides qui se réunissaient presque toutes les semaines quelque part pour lire à voix haute des extraits de romans, réciter des poèmes, jouer des pièces antinazies de Bertolt Brecht, ou prononcer des conférences. Un vague romantisme les unissait.