Ce petit livre est composé de douze chapitres, textes courts d'une page, qui fait face à la page de droite composée pour sa part de petites photographies ayant un rapport plus ou moins lointains avec l'écrit.
Les thèmes des douze textes sont les suivants : les plantes, les animaux, les portraits, l'eau, les arbres, les aliments, les matériaux, l'architecture, les machines, la fête, la sculpture, les mains. Malgré le caractère apparemment hétéroclite des sujets abordés, des liens subtils sont tissés entre ces textes dont l'objet est de décrire un aspect du monde. On y retrouve des éléments récurrents qui forment un système d'échos et un jeu de miroirs assez captivant. On est là dans une approche qui rappelle celle des poètes objectivistes.
Ce poème en douze chants de Suzanne Doppelt est une manière de rendre compte du monde, dans sa diversité infinie et sa muabilité permanente quoique souvent invisible, mais aussi de rendre compte de la façon dont les êtres humains s'y prennent pour connaître le monde, comment ils organisent et classifient leur connaissance. Chaque texte fait ainsi référence à des scientifiques, des artistes, des écrivains qui ont produit un outil de connaissance sur le thème développé dans le texte. Le système de connaissance qui est mis en avant m'apparaît souvent comme pré-moderne, au sens où il repose sur des relations d'analogie entre les objets à connaître (analogie entre le végétal et l'animal, entre l'homme et la machine, entre la partie – le visage ou la main- et le tout – l'homme) et non sur une démarche scientifique telle que nous la pratiquons aujourd'hui. Faut-il voir un exemple de connaissance poétique dont Suzanne Doppelt se ferait le chantre?
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