Il n'y a pas d'"attitudes justes" à l'égard d'une personne qui souffre, seulement une attitude qui "s'ajuste", qui s'accorde. Cela suppose de la personne accompagnante une certaine humilité et maturité : "être capable d'écouter, sans angoisse, l'angoisse de l'autre" ; être en paix avec la conscience de sa propre condition mortelle pour qu'une "transfusion de sérénité" devienne possible.
Accompagner n'est pas forcément poser une parole. C'est plus souvent habiter ce silence dans lequel quelque chose se dit, qui nous échappe pourtant et accepter que cela nous échappe.
Des bavardages abrutissants aux silences étouffants, des faux-semblants aux faux-fuyants, des sourires forcés aux larmes ravalées, l'espace de rencontre avec le mourant est aujourd'hui plus fait de rendez-vous manqués que de cœur à cœur sincères. On peut mourir seul tout en étant très bien "entouré".
Mes enfants sont des malades affectifs, me confie-t-elle. Elle souffre de les voir aussi attachés à elle, dépendants d'elle. Elle se retient de mourir de peur de les écorcher vifs.
L'empathie vise à comprendre pour ensuite tenter de soulager ; c'est en quelque sorte un outil diagnostique et thérapeutique. La compassion vise à partager, pour signifier la fin d'une solitude, mais ne prétend pas soulager ; elle est un élan du cœur, pas un procédé relationnel.