Petite, les livres passaient juste après la nourriture, et par la suite, ils avaient pris la tête. (...)
Mais jamais, dans aucun livre du bibliobus, elle ne parvenait à se trouver ni à trouver sa soeur. (...) Elle avait lu des livres du XIXe, avec des personnages distinctement bons et méchants, des livres où le temps se déroulait de manière uniforme dans une vie, et puis des livres où les personnages pouvaient être les deux à la fois et où le temps changeait. Elle trouvait parfois quelques pages sur des personnages qui faisaient aussi partie de son enfance, de la ville où la vie des gens va, virevolte et s'achève. Elle aimait ses livres, elle aimait les pages remplies de compagnons quand elle était toute seule (...) (p. 75)
Fleur d'acacia, acacia-yulumbang .
Les ancêtres m'ont parlé de toutes les plantes et de tous les arbres et de la façon de les utiliser. Ils m'ont dit que les plantes étaient pleines de graines, que les plantes étaient nos mères et que je ne devais donc les utiliser que pour le Gondiwindi : pas pour les vendre, juste pour vivre. Rappelez-vous ça la prochaîne fois que vous toucherez des arbres et des plantes, où que vous soyez, rappelez-vous qu'ils sont sacrés. (p. 45)
Cette remarque de son grand-père revint à l'esprit d'August: la pluie après la sécheresse est la condition idéale pour une bonne récolte de blé, et aussi la condition idéale pour une invasion de sauterelles. Pour faire simple, disait-il, parfois il n'y a pas de bon côté des choses. (p. 40)
« La langue était le poème qu’elle avait toujours cherché , exprimant ce dont l’anglais était incapable. Elle avait atteint la Carte Rose de l’Australie , et elle était arrivée à destination .
Son grand- Père disait que les mots étaient d’une importance capitale . Qu’ils étaient comme des icebergs qui flottaient , fondaient , qu’il y avait en eux les profondeurs des océans dont ils n’auraient pas pu parler » …
Je pensais au moins pouvoir être maître de mon esprit. Apprendre à lire correctement me semblait la chose la plus sensée. Dans un pays où on n'avait pas vraiment le droit d'être, j'ai donc décidé d'être. De décrocher la lune, vous voyez ? Après j'ai rencontré ma femme. Ma très belle femme (...)
Ce qu'elle m'a enseigné de mieux, de plus important, c'était d'écrire aussi des mots; elle m'a montré que je n'étais pas qu'un homme de seconde zone élevé à la farine blanche et au christianisme. C'est ma femme, Elsie, qui m'a acheté mon premier dictionnaire. Elle savait sans doute qu'en faisant ça, elle plantait une graine, qu'elle faisait germer quelque chose en moi. Quel bon compagnon, le dictionnaire-il y a dans ce livre des histoires à vous couper le souffle. Il reste mon bien le plus précieux et je ne l'échangerais pas pour tout l'or du monde. (p. 12)
« Jolene venait leur embrasser le front, dégager les cheveux de leur visage .August faisait semblant de dormir .
C’était à ce moment exact qu’elle l’aimait le plus au monde .
Ses parents n’étaient ni méchants , ni mauvais , mais simplement distraits ,bien trop jeunes et trop niais , des BLEUS , se disait - elle » ..
August se remémora la façon dont sa famille s'était repliée sur elle-même quand Jedda avait disparu trop longtemps, leur tristesse pareille à une nature morte. Mais elle avait compris que c'était parce qu'elle-même était encore jeune et que sa grand-mère et son grand-père avaient donc une raison de ne pas sombrer dans le désespoir. Mais à présent, sans enfants dans les parages, il n'y avait plus à craindre la douleur immense qui s'empare des gens. Pourtant Elsie n'avait pas atteint le fond du désespoir, l'onde de choc provoquée par la mort de son mari ne l'avait pas encore fait complètement ployer. (p. 29)
- Tu te souviens du -Magicien d'Oz ?
-Oui
-Tu te souviens de l'Homme de Fer-Blanc ?
-Oui
-Eh bien, ce n'est pas pour rien qu'il n'a pas de coeur, chérie.
-Qu'est-ce que tu veux dire ?
-Que l'étain, ça aime rien ni personne."
(...)
Elle eut l'impression que sa mamie était jeune et vieille à la fois, mais que par-dessus tout, elle était pleine à ras bord du genre de tristesse qui donne aux gens un air surnaturel, comme s'ils revenaient du Styx. (p. 79)
« Les royaumes sans la justice ne sont que des entreprises de brigandage. »
SAINT - AUGUSTIN .
J'avais appris que beaucoup d'hommes à la ferme et dans le bush aimaient fixer leur regard sur un animal ou une machine pour cacher leur visage avant de dire leur vérité. Il a répondu : " Les arbres généalogiques des gens comme nous ne sont plus que des arbustes, maintenant, non ? quelqu'un les a drôlement taillés." Je n'oublierais jamais ces mots parce qu'ils me faisaient penser à des poèmes tristes. Et je pense que c'est vrai, parce qu'au cours de toutes les années que j'ai vécues, j'ai perdu tellement de gens qui me composent. (p. 37)