Il y avait quelque chose d'impérissable dans les souvenirs d'enfance de mon grand-père. Toute sa vie, il s'est rappelé la chaude atmosphère de la boutique de l'apothicaire et le grand ibis rouge, sévère et muet dans sa cage. La boutique incarnait un ordre sublime, une symétrie fascinante, que le simple fait de rentrer chez soi avec le nombre requis de moutons ne suffisait pas à combler. J'imagine mon grand-père, une chaussette en tire-bouchon, en train d'observer devant le comptoir les étagères chargées de bocaux à n'en plus finir, les flacons bombés de médicaments, en se délectant de leurs promesses sereines de bien-être.