Comme à notre habitude, Gaëlle et moi vous faisons le bilan de notre lecture commune de ce mois. Et quelle lecture !
Road trip féministe, drôle et frais, "Missouri 1627" est un petit bijou young adult qui permet d'échanger autour de l'avortement, sujet encore tabou malgré un combat durement gagné.
L'avortement, sujet drôle et frais ? Alors non, il n'y a rien de bien rigolo à se faire avorter, je vous rassure. En revanche, le génie des auteur.es tient en la dédramatisation.
En mettant en scène le choix de Veronica, l'élève la plus sérieuse et brillante du lycée, la notion de choix est portée haut et fort.
Où et comment la jeune fille de 17 ans va-t-elle pratiquer cette intervention interdite aux mineurs dans son Etat ? Seule solution, faire le trajet jusqu'au Missouri, état qui lui le permet. Problème : la seule personne qui puisse l'y conduire n'est autre que Bailey, son ancienne meilleure amie...
Un road trip déjanté où règlements de compte, amitiés et interrogations portent autrement le sujet de l'avortement. Ici pas de larmes ni de doutes, au contraire, des rires et une furieuse envie de croquer la vie à pleines dents.
Un énooooorme coup de cur ! Encore des doutes ? Allez, venez, on en a fait une vidéo...
⚠ Avant de regarder cette vidéo, il est important de souligner que ce roman n'est pas une "propagande" pour l'avortement, mais un discours essentiel sur la liberté de disposer de son corps. Oui, parce que on se doute bien que les foufous coincés du slip et du cerveau vont monter au créneau...
Lien blog : https://bookncook.over-blog.com/2021/07/booktube-lecture-commune-missouri-1627-jenni-hendi-ted-caplan.html
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Tu t'enfuis au moindre problème parce que tu as peur de casser ton image. Parce que tu as besoin que tout le monde te trouve parfaite. Tu as un B à un devoir ? Tu prétends que tu étais malade et tu réclames une seconde chance. Ton mec est un connard ? Tu fais semblant d'organiser un week-end en amoureux, avec photos à l'appui, pour que tes amies ne se doutent de rien. Les parents de ta meilleure amie divorcent et elle est un peu perturbée ? Tu la largues pour des espèces de robots surdoués !
Avant de prendre ma décision, je dois savoir exactement ce que je ressens. Je dois arrêter de me mentir. Accepter de prononcer ce mot, même dans ma tête. C'est un avortement. Je vais me faire avorter.
Mon amie.
Quand elle se réveillera, je serai là. Elle fera une blague idiote et lèvera les yeux au ciel, mais elle ne pourra pas s'empêcher de sourire. Et moi non plus.
J'ai une moyenne de 18/20, je suis membre de la National Honor Society qui distingue les meilleurs élèves, et j'ai été admise à Brown University. Je suis quand même capable de pisser sur un bâton.
Dans la vie, on a tous différentes sortes d'amis. Il y a tes meilleures amis, ceux que tu côtoies par intérêt, tes amies de colonie de vacances, et bien sûr, tes amis junkies... Moi, je suis ton amie avortement.
Je suis le genre d'amie dont tu n'as pas besoin au quotidien, pour les virées shopping ou les week-end entre filles. Mais quand vient le moment de purger ton placenta... Bam! Tu appelles l'amie avortement.
La moitié du plaisir que j'éprouve à être avec Kevin, c'est de m'en vanter auprès de mes amies.
Ce sont mes meilleures amies, mais pas le genre de personnes à qui je peux parler ouvertement. Notre amitié s'est construite sur des succès, et non sur des échecs.
J'efface son texto avec des doigts tremblants, puis je bloque son numéro. Bailey lorgne l'écran.
— Laisse-moi deviner. Tu as peur qu'il te largue s'il découvre le pot aux roses ?
— Ouais. C'est con, hein ?
— Moins con que de sortir avec lui.
— Tu le détestes parce qu'il est populaire.
— Tu délires.
— Je ne délire pas ! Il m'aime. En seconde, il m'a proposé de sortir avec lui tous les jours pendant un mois avant que j'accepte. Il m'envoyait des petits mots adorables. Un soir, il est carrément venu sous ma fenêtre.
— ça s'appelle du harcèlement.
— C'était hyper romantique !
Je ne sais pas pourquoi je défends Kevin, alors que j'ai toujours envie de l'enfermer dans la chambre froide du restaurant. Probablement à cause de l'air suffisant de Bailey.
— Pour moi, ton Roméo devrait faire l'objet d'une injonction restrictive, insiste-t-elle..
J'efface son texto avec des doigts tremblants, puis je bloque son numéro. Bailey lorgne l'écran.
— Laisse-moi deviner. Tu as peur qu'il te largue s'il découvre le pot aux roses ?
— Ouais. C'est con, hein ?
— Moins con que de sortir avec lui.
— Tu le détestes parce qu'il est populaire.
— Tu délires.
— Je ne délire pas ! Il m'aime. En seconde, il m'a proposé de sortir avec lui tous les jours pendant un mois avant que j'accepte. Il m'envoyait des petits mots adorables. Un soir, il est carrément venu sous ma fenêtre.
— Ça s'appelle du harcèlement.
— C'était hyper romantique !
Je ne sais pas pourquoi je défends Kevin, alors que j'ai toujours envie de l'enfermer dans la chambre froide du restaurant. Probablement à cause de l'air suffisant de Bailey.
— Pour moi, ton Roméo devrait faire l'objet d'une injonction restrictive, insiste-t-elle.
Bientôt, mes parents, mes amis, tout le monde apprendra la vérité, et il ne restera plus rien de la Veronica Clarke d'avant.
Oubliées mes excellentes notes et mon investissement dans le conseil des étudiants.
La seule chose que l'on retiendra de moi, c'est que je me suis fait avorter.